Chapitre 25 | 3

"No matter where you go, I'll find you.

Hold on for your life,

It can't be time, I won't say goodbye."

Hold On For Your Life – Tommee Profitt ft Sam Tinnesz. (En média).


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ATTENTION : La suite de cet avertissement peut contenir un élément de spoil, donc si vous n'avez pas besoin de trigger warning pour poursuivre votre lecture, ne lisez pas cette suite. Pour les autres, sachez que cette partie de chapitre va aborder le sujet de la mort, ainsi qu'une scène explicite de décès. Faites bien attention à vous si ce sont des sujets sensibles pour vous.

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Mon cœur tambourine violemment. Mes mains moites se mettent à trembler. Une sueur froide coule le long de mon échine. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je n'ai jamais eu peur de mourir, je n'ai aucune raison d'angoisser maintenant. Je m'accroche quelques secondes au visage horrifié de mon frère, et tente de lui envoyer tout l'amour que j'ai pour lui en un regard. Comprenant que ma décision est déjà prise, Gale secoue la tête alors que son souffle s'affole. J'arme mon calibre, le fixe un instant puis inspire un grand coup en me concentrant une dernière fois sur Gale.

— Veille à ce que Wayne sorte d'ici vivant, okay ?

— West.

— Continue de prendre soin de lui, Gale...

De nouvelles larmes coulent sur mes pommettes.

Dis-lui que je l'aime, que j'ai jamais cessé de l'aimer, que pour moi y'a toujours eu que lui.

— West, arrête tes conneries.

La voix de mon frère déraille, mon estomac se noue, mais je ne flanche pas. Je ne peux pas flancher. Pour garder contenance et ne pas me laisser noyer par les émotions de mon meilleur ami, j'adresse une ultime requête à James :

— Si je fais ça, promets-moi que la dette sera payée.

— Tu n'es pas en position de négocier il me semble, Hutchins, intervient Lola, que j'ignore.

— Promets-moi que tu ne t'en prendras pas à Sky, James. Un mort pour un mort. Laisse-la vivre.

— West, putain de merde ! s'emporte Gale en essayant de faire un pas dans ma direction.

Plus vive que lui, Lola lui balance trois coups de crosse dans les côtes. Mon meilleur ami ravale ses gémissements alors que ma patronne s'approche de son oreille en le tirant par les cheveux pour qu'il se redresse. Je n'entends pas ce qu'elle lui murmure, mais à en juger par la tête qu'il fait, je pourrais parier sur la vie de n'importe qui qu'elle vient de me menacer. De lui rappeler que moi aussi j'ai une arme pointée dans ma direction et qu'au moindre faux-pas de sa part, James peut mettre fin à mes jours en un claquement de doigts.

— Sky a tiré sur Tom, c'est vrai, me répond James avec sang-froid. Mais c'est à cause de toi qu'il est mort. Sky ne risque rien.

— Donne-moi ta parole.

— Je te donne ma parole, West. C'est toi que je veux. Ta souffrance, ta mort, celles de personne d'autre.

À moitié convaincu, j'acquiesce malgré tout. Je n'ai pas d'autre choix que de le croire. Je n'ai pas d'autre espoir que de me dire qu'il a encore un peu de loyauté en lui, et qu'il n'ira pas s'en prendre à Sky pour ce qu'elle a fait à ma place ce jour-là. Lentement, je place le canon de mon calibre sous mon menton et sens mon rythme cardiaque s'emballer petit à petit. Gale s'agite, il s'énerve, il m'ordonne de tout arrêter sur-le-champ mais je reste absorbé par ma tâche. Si je le laisse m'atteindre, je n'aurai jamais le cran d'appuyer sur cette détente. Inspire. Expire. Mes paupières se ferment, mais un cri de désespoir bloque mon geste final.

— Jamesy ! Jamesy, putain... le laisse pas faire ça !

En rouvrant les yeux, je tombe nez à nez avec la tristesse déchirante qui noie les joues de mon frère. Mon ventre se tord. Gale ne craque devant personne, jamais.

— On était une famille, tous les trois, tu te rappelles ? gémit-il alors que j'ai l'impression de le voir suffoquer. On est trois contre une, on pourrait tous sortir d'ici vivants, Jamesy. S'il te plaît... Tu peux pas faire comme si notre passé existait pas, tu peux pas avoir oublié tout ce qu'on a vécu ensemble... On est amis...

Je baisse les yeux, persuadé que rien ne peut passer la carapace rancunière de James. Quant à Lola, elle profite patiemment du spectacle, l'air victorieux.

— Je n'ai pas oublié notre passé, Gale. Et c'est pour cette raison qu'on en est là. Vous m'avez abandonné là-bas, vous vous rappelez ?

— Mais putain, tu venais de nous trahir ! grince Gale. J'ai cru que j'allais mourir quand t'as foutu le fer sur ma peau !

— Et qu'est-ce que tu penses, que je l'ai fait de gaieté de cœur ?! Tu crois que Robinson ne me tenait pas, moi aussi ? Tu crois que j'aurais fait un truc pareil s'il avait pas fait pression sur moi ?!

Face à son propre haussement de ton, James serre les dents puis passe sa main libre sur son visage.

— Je ne vous en veux pas d'être partis sans moi, continue-t-il, avec bien plus de flegme. J'ai compris pourquoi vous l'aviez fait. Vous m'en vouliez, vous ne me faisiez plus confiance, et vous aviez raison. Mais à ce moment-là, il n'était déjà plus question d'amitié, Gale. J'ai détruit nos liens en cédant face au chantage de mon oncle. Peu importe qui on a pu être quand on était gamins, aucun d'entre nous n'est encore l'une de ces personnes. Il n'y a plus de famille.

— Tu peux pas juste le regarder mourir, c'est pas toi, Jamesy ! T'es pas comme ça !

— Les gens changent, mon grand, se délecte Lola

La colère fuse dans les prunelles de mon frère, et je comprends tout de suite qu'il s'apprête à faire quelque chose qui pourrait lui coûter la vie quand son corps prend de l'élan pour se retourner.

— Toi tu fermes ta put...

— Ça va aller, grand-frère.

Ma voix le stoppe net.

— West...

Il se focalise sur moi et la supplication que je lis sur ses traits me ravage. J'aurais tellement voulu qu'il n'assiste pas ça...

— Tout va bien se passer, Gale.

Mon meilleur ami panique. Son langage corporel, ses gestes négatifs deviennent presque convulsifs.

Please come back home... murmuré-je en reprenant les paroles de cette chanson qui nous a toujours sauvés, mais qui cette fois, ne devra sauver que lui.

— Je peux pas te laisser faire ça, West... Je peux pas...

Son intonation s'étouffe dans un sanglot, et j'ai la sensation qu'on poignarde en plein cœur.

— Ça suffit maintenant, s'impatiente Lola. Il est temps de passer aux actes. C'est lui, Singer, ou toi.

— Ce sera moi, rétorqué-je, impassible.

Ses pupilles se chargent de défi, et je replace le flingue contre ma peau. Cette fois, je ne m'arrête pas. Mon index émet une légère pression sur la détente, l'angoisse me prend aux tripes, et j'implore intérieurement Wayne de me pardonner en priant pour qu'il s'en sorte.

— West, West, West, attends ! Laissez-moi lui dire un dernier mot, s'il vous plaît ! Pitié, James, accorde-moi au moins ça ! T'aurais pas voulu pouvoir t'adresser à Tom encore une fois avant sa mort ?

— Le Prodige, ne tire pas, me somme James après avoir obtenu l'aval de Lola. T'as trente secondes, Gale.

Les jambes en compotes, je fixe mon grand-frère sans bouger d'un millimètre.

Plus on va faire durer, plus ce sera dur, Gale, putain...

— Je suis désolé, petit frère... souffle-t-il. Je suis tellement désolé...

Je fronce les sourcils sans comprendre.

— C'est pas de ta faute, Gale. Tout va bien. Je suis prêt. Ça va aller, ça va aller...

Même moi, je n'en crois pas un seul mot, et mon meilleur ami le sait, il le voit. Jusqu'à la fin, je n'aurai jamais rien pu lui cacher.

— West, écoute-moi, je veux que tu respires, okay ?

— Qu... quoi ?

— Respire, West. Respire...

D'un mouvement aussi violent qu'inattendu, Gale se jette par-dessus le muret de sécurité en emportant Lola avec lui. Il se jette dans le vide. Le temps que je réagisse, leurs deux corps ont déjà disparu. Je crois que je crie, que je me précipite contre le rebord à moitié défoncé qui n'était plus en mesure de protéger personne de la chute. En contre-bas, rien ne remue, tout est figé. Non. Non, pas ça. Non. Putain, non. Bloqué sur les ombres qui gisent à quelques mètres sous mes pieds, je ne parviens pas à bouger. Je ne suis même pas certain de savoir si je m'égosille toujours ou non.

Une pression sur mon épaule me fait sursauter, et quand je tombe sur le visage peiné de James, mon cerveau disjoncte. Je m'éloigne de ce contact qui me brûle la peau alors que cette ordure s'approche de moi sans la moindre crainte. Je pourrais lui sauter dessus, le massacrer, lui coller toutes les balles de mon chargeur dans la tête, pourtant je n'en fais rien et le fait qu'il n'en ait pas douté un seul instant m'embrase encore plus.

— Maintenant, on est quittes.

Ces quelques mots résonnent en moi comme un électrochoc et je sors de ma paralysie. Sur mon passage, je cogne brutalement l'épaule de James pour me ruer dans les escaliers sans plus rien ressentir. Quand j'accours vers mon frère, je me rends compte que Lola est affalée sur lui. D'un geste rageur, je vire cette garce du seul être sur cette planète qui a su me montrer que la vie n'était pas toujours synonyme de cauchemar et tombe à genoux à ses côtés.

— Gale, Gale, Gale... Gale, je t'en prie... Gale !

Mes sanglots éclatent. Ils m'arrachent la gorge. Je n'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie.

— Gale, ouvre les yeux... Je t'en supplie, putain, je t'en supplie...

Je glisse mes doigts dans sa nuque et une matière chaude en découle. Ma poitrine explose. La douleur dévaste tout sur son passage.

— Gale, par pitié ! Tu peux pas me faire ça, tu peux pas !

Un râle trop aigu pour provenir de mon frère s'élève devant moi, alors que j'entends tousser. Je lance un coup d'œil à Lola par réflexe et remarque qu'elle a survécu. Pourquoi elle et pas lui ? Pourquoi elle et pas lui, putain ? De fureur, je saute sur mes pieds et avance vers elle.

— Eh, Lola !

Ses paupières s'ouvrent avec difficulté alors qu'elle grimace.

— Regarde-moi, espèce d'enflure ! hurlé-je.

Elle prend son temps, mais finit par s'exécuter. Sans la moindre hésitation, je pointe l'arme dans sa direction, et tire. Une fois. Deux fois. Trois fois. Encore, et encore, et encore. Les coups de feu s'enchaînent, et quand les munitions viennent à manquer je m'acharne sur la gâchette en lâchant toute ma colère, toute ma détresse, tout mon désespoir. Je m'époumone, jusqu'à épuisement, puis me laisse retomber près de mon frère. Le front sur son torse qui ne se redresse plus, je lâche tout ce que j'ai. Je pleure, je pleure, je pleure... je ne peux plus m'arrêter. Accroché à son tee-shirt que je tache de son propre sang, j'implore l'univers de me venir en aide. De me forcer à me réveiller en sueur à l'hôtel. De me rendre ce qu'il vient de m'arracher.

— West ? West, qu'est-ce que... oh mon Dieu... 


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Coucou tout le monde, 

Je vous demande pas si ça va, et je vous demande pas si vous me détestez non plus. Ce chapitre a été l'un des plus difficiles à écrire de tous les chapitres que j'ai pu écrire parmi tout ceux que j'ai eu à écrire, toutes histoires confondues. J'avoue que je n'avais pas trop envie de le poster, parce que le poster voulait dire le relire, et vous connaissez mon amour incommensurable pour ce personnage... alors j'ai pris du temps à me décider à poster. Et je me suis donné un peu de courage en plongeant dans ma lecture du moment. Mais me voilà, alors j'espère que ce chapitre a pu vous faire ressentir deux, trois petites choses, et qu'il ne vous coupe pas envie de lire la suite et de savoir comment tout va se terminer. 

Bref, bref.

West a bel et bien tué de sang-froid. Qu'est-ce que vous pensez de ça ? Est-ce que vous l'excusez au vu des circonstances ou est-ce que tuer reste quelque chose d'indéfendable pour vous ? 

À votre avis, comment va-t-il s'en sortir après ça ? Est-ce qu'il va réussir à se relever de cette perte ?

Et pour vous, va-t-il devoir se cacher de la police ? Ou des hommes de Eleven Stars ? 

Quant à la musique, je me rappelle l'avoir mise un jour dans ma story Instagram comme un indice à ce qui pourrait arriver à la fin de ce tome, donc ça fait très très longtemps que je sais que ce sera celle-ci. Elle vous plait ?

Voilà, c'est tout pour moi. 

Si ce chapitre a été difficile pour vous au vu du sujet abordé, n'hésitez pas à en parler, ou à vous exprimer à votre façon pour vous soulager. Je sais que certaines lectures peuvent avoir beaucoup d'impact sur notre moral. 

Nous, on se retrouve jeudi pour la suite, et je suis disponible en DM pour quiconque en aurait besoin. 

Prenez bien soin de vous, les potes. 

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