Chapitre 21 | 2

"The constant pressure that keeps hanging over me,

It makes me feel so empty.

It's more than anything that I could ever be.

What else could you take from me?"

There's No Solution – Sum 41. (En média). 


Le silence qui nous enveloppe est court, mais j'ai l'impression qu'il nous écrase de tout son poids. L'atmosphère s'alourdit encore et encore, pourtant Wayne ne fléchit pas, il affronte son père la tête haute. Ce dernier finit par reposer son attention sur son fils, et lâche un rire mauvais.

— Ça ne te va pas de mentir, fiston, même pour protéger ta sœur, lâche le cinquantenaire, glacial.

Le coin des lèvres de mon binôme frémit, et je peux lire son expression comme un livre ouvert. Je le vois sur chacun de ses traits, qu'il rêve de lui répondre que ce n'est pas son premier mensonge. Que ça fait bien longtemps qu'il ne le connaît plus, qu'il a arrêté d'être le gamin qu'ils ont toujours cru qu'ils avaient, lui et sa femme.

— Je ne mens pas.

Wayne attrape la main que je gardais sur son genou et entrelace ses doigts aux miens. Surpris, je fais tout ce que je peux pour rester imperturbable quand de légers frissons s'éparpillent sur ma peau. Il brandit notre lien aux yeux de tout le monde et le mec de tout à l'heure, un certain Mark, se focalise sur le père de Wayne comme s'il tentait d'anticiper la fin du monde. Sa fiancée ne me lâche pas des yeux, mais je ne ressens aucune animosité dans son regard vide. Elle n'a pas l'air enchantée par ce qu'elle voit, pourtant elle ne semble pas révoltée non plus. Je crois qu'en fait, elle s'en fiche complètement. La mère de mon coéquipier, elle par contre, ne voit pas ça du même œil. Son air horrifié me rappelle ceux de mes oncles et tantes, de mes cousins, de tous ces gens qui nous dévisageaient avec dégoût au gala tout en faisant comme si je n'étais rien. Comme si je n'étais qu'un inconnu, un déchet qui ne ferait pas partie de leur famille dégueulasse.

— J'aime ce garçon, continue Wayne, implacable. J'ai eu une relation avec lui. Une relation amoureuse.

— Dieu du ciel...

Choquée par les propos de son fils, la brune porte sa main sur sa poitrine au moment où mon cœur s'arrête. Trop occupé à défier son père avec une férocité qui ne lui ressemble pas, Wayne ne prête pas attention à la prière sourde qui vient d'échapper à sa mère ou de l'explosion que ses mots ont provoquée à l'intérieur de moi. Il m'aime. Il m'aime toujours. Je lui jette un coup d'œil à la dérobée, mais il reste fixé sur sa cible comme s'il avait besoin de mener ce combat jusqu'au bout. Comme si tout se jouait maintenant.

— À vrai dire, nous étions déjà en couple la dernière fois que vous avez rencontré West, ajoute Wayne sans briser le contact qu'il a créé entre nous. Je ne défends pas Savannah, pas cette fois. Je te prouve simplement que tu as passé ta vie à détester ta fille, sans jamais connaître ton fils.

— Ferme-la ! s'énerve le cinquantenaire en faisant un bond. C'est n'importe quoi, n'importe quoi !

Debout, il frappe brutalement sur la table alors que sa chaise s'éclate sur le sol dans un fracas tonitruant, et je me lève par réflexe. Un bras tendu devant mon ancien amour, je casse notre lien en fusillant du regard la furie qui risque de perdre le contrôle. Rouge de rage, le père de Wayne s'approche de moi à grands pas en attrapant sa ceinture, qu'il retire de son pantalon. Ma réaction semble avoir décuplé la colère qui lui vrillait déjà le cerveau.

— Et toi, ne te mêle pas de ça ! Qu'est-ce que tu as fait à mon garçon ? Qu'est-ce que t'es allé lui mettre dans le crâne, hein ? Réponds !

Le morceau de cuir prend son envol alors que la boule de haine me hurle ses questions à la figure encore et encore. Il m'en veut, il me déteste, il me tient pour responsable, mais je ne rentre pas dans son jeu. Immobile, je n'ouvre pas la bouche. Sa violence ne m'intimide pas. Quelque chose apparaît soudain dans mon champ de vision, et j'aperçois Mark se ruer sur mon assaillant, le visage marqué par une profonde inquiétude. Il n'a pas le temps d'arriver à notre hauteur que Wayne s'interpose entre le coup et moi. D'une poigne solide, il bloque le bras de son père. J'entends sa mère supplier son mari, je distingue la grande blonde se jeter à la poursuite de son fiancé, mais ce qui me cloue vraiment au sol, c'est la dureté de Wayne. Même de dos, je peux ressentir toute sa ténacité, tout son ressentiment, toute cette fureur qu'il ne laisse pas éclater. Ferme, stoïque, amer, j'ai l'impression qu'il a attendu ce moment toute sa vie. Peut-être que finalement, je me suis trompé sur ses intentions quand il a voulu apprendre à se battre, à se défendre. Peut-être qu'il n'a pas passé toutes ces heures à s'entraîner avec moi juste pour se rassurer et avoir un moyen de faire face si jamais le cauchemar d'Eleven Stars recommençait. Peut-être que s'il s'acharnait autant, c'était aussi pour espérer pouvoir un jour rivaliser avec son père. Ce père qui, d'après ce que j'ai compris, usait beaucoup trop souvent de la force avec ses enfants.

— Ne le touche pas, menace Wayne d'un ton qui pourrait faire froid dans le dos à n'importe qui.

Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi invulnérable, aussi sûr de lui, aussi inébranlable, et je n'ai pas l'air d'être le seul. Mon assaillant semble encore plus étonné que moi, puisqu'il ne réagit pas tout de suite. Ses sourcils se froncent, il paraît avoir du mal à réaliser la situation et ce court instant permet à Mark de l'agripper par les épaules pour l'éloigner un peu. Alors que la blonde tente de le raisonner, le père de Wayne lutte pour revenir vers nous en enrageant encore un peu plus à chaque échec cuisant.

— Sortez d'ici, je ne veux pas de ça sous mon toit ! Finit-il par crier quand il se rend compte qu'il a perdu.

— Très bien.

La voix de mon binôme est froide, si froide que j'en viens même à douter que c'est bien la sienne. Acide, il m'entraîne avec lui vers la sortie sans un regard pour sa mère en larmes qui essaie de le retenir.

— Attends, mon chéri, attends ! Ne t'en va pas, on peut t'aider, on peut aller parler au pasteur ensemble !

Ses supplications désespérées en seraient presque touchantes si elles ne sous-entendaient pas qu'aimer était un péché.

— Je n'ai pas besoin qu'on m'aide.

***

Les yeux rivés sur le parquet de cette chambre pourtant chaleureuse, je ne tiens pas en place. Ça doit faire une heure qu'on est ici, et trente minutes que je poireaute comme un abruti sans avoir aucune idée de comment va Wayne. Mark et sa femme Katy nous ont proposé de loger chez eux le temps des funérailles du petit Charlie, mais ont prétexté en arrivant dans leur maison londonienne qu'une douche me ferait le plus grand bien pour que je les laisse seuls à seuls avec leur neveu. Docile, j'ai accepté d'embarquer nos affaires jusque dans la chambre d'amis et me suis laissé entraîner dans la salle de bain sans trop qu'on ait réellement à me forcer. L'eau chaude m'a un peu détendu, elle m'a lavé d'une partie de la tension que j'avais emmagasinée ces derniers jours, pourtant en sortant de cette faille temporelle humide, je n'ai pas pu m'allonger et rattraper les heures de sommeil que je n'ai pas réussi à rattraper malgré les six heures d'avion qu'il a fallu supporter pour arriver jusqu'ici. Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter. Est-ce que l'oncle et la tante sont en train de rabâcher à Wayne qu'il est malade et qu'il faut qu'il se fasse soigner ? Est-ce que son attitude face à ses parents va lui coûter cher ? Est-ce que...

Un bruit sourd interrompt mes angoisses et la porte qui s'ouvre me fait sursauter. Face à moi, Wayne semble épuisé. Une serviette blanche sur une épaule, il passe une main tremblante dans ses cheveux trempés alors que quelques perles d'eau dégringolent sur sa peau pour s'écraser sur son torse-nu et dégouliner le long de ses pectoraux. Hypnotisé par ce spectacle captivant, je ne remarque l'air amusé de mon équipier que lorsqu'un léger rire passe la barrière de ses lèvres.

— Tu veux bien me laisser passer ? murmure-t-il avec un sourire.

Toujours dans un état second, il me faut un temps infini pour comprendre que je suis en plein milieu du passage et qu'à cause de la grande armoire en bois foncé qui me surplombe de toute sa hauteur sur ma droite, il est bloqué à l'entrée de la chambre.

— Euh ouais... ouais, bien sûr, balbutié-je en me collant presque au mur de gauche pour qu'il puisse accéder à la pièce habillée de couleurs chaudes.

Quand il se dirige vers le lit recouvert de draps mauves un peu kitchs, une douce odeur florale s'empare de mes narines et une sévère envie de m'y plonger m'étreint la poitrine. Je ne devrais pas m'attarder sur les images qui me reviennent en tête, mais je m'imagine quand même avancer vers lui, retirer mon tee-shirt et coller mon torse contre l'épiderme bouillant de son dos parfaitement sculpté comme je le faisais toujours quand il sortait de la salle de bain sans encombre. La chaleur qui se propageait dans mes veines, son corps qui se détendait à mon contact, ses doigts qui caressaient les miens alors que je parcourais son abdomen de mes mains m'engourdissent. J'ai presque la sensation de pouvoir le sentir dans mes bras encore une fois. Pourtant je me contente de l'observer. De détailler avec toute l'attention du monde ses épaules plus musclées qu'il y a quelques années, sa peau claire dépourvue de toute trace de souffrance, son jogging gris qui dévoile la forme de ses hanches et laisse sans doute apparaître sa discrète ceinture d'Apollon.

Après un moment de recherche, Wayne finit par s'asseoir sur le matelas, déposer ses coudes sur ses genoux et souffler. Longuement. Comme s'il essayait d'expulser toutes ses émotions de ses poumons pour avoir une chance de respirer à nouveau. D'abord interdit, je ne fais pas le moindre geste. Mais quand je me rends compte que ses tremblements ne se sont toujours pas calmés, j'oublie mon appréhension, fais le tour du lit et m'agenouille derrière lui. Dans la retenue, je fixe un instant la racine de ses cheveux avant d'enfin envoyer mes hésitations se faire foutre et émettre une légère pression sur ses omoplates. À l'image des souvenirs incroyables qui défilent dans mon esprit, je masse mon binôme sans arrière-pensée et me délecte de la sensation que me procure ses muscles qui se décontractent sous mes doigts. Suite aux longues heures que nous avons passées dans l'entrepôt face à Ian et James, Wayne n'a jamais vraiment pu ressortir la tête de cette bassine d'eau qu'ils ont utilisée pour le torturer. Il n'a jamais vraiment réussi à se réapproprier l'oxygène que lui offrait cet élément qu'il utilisait avant comme exutoire.

Pendant des mois et des mois, il était incapable d'affronter l'épreuve de la douche sans flancher. Pendant des mois et des mois j'ai dû la passer avec lui, lui assurer qu'il ne risquait rien, qu'il avait échappé à cette situation, que tout cet enfer était terminé. Et pendant des mois et des mois, j'essayais de le détendre avec des massages improvisés pour lui éviter d'avoir encore à en parler. Wayne inspire à nouveau, mais cette fois son soupir semble moins empreint de détresse. Il pivote vers moi, m'obligeant à lâcher ses épaules.

— Désolé... marmonné-je en baissant les yeux.

— Merci, West.

Étonné, je relève tout de suite le nez vers lui, et Wayne m'adresse un autre sourire, auquel je peine à répondre.

— T'as faim ? lance-t-il à brûle-pourpoint. Mark et Katy m'ont dit qu'il y avait des restes dans le frigo, si jamais on voulait quelque chose.

— Pas trop, grimacé-je.

À vrai dire, j'ai plutôt envie de tout, sauf d'ingurgiter quoi que ce soit.

— Je suis juste crevé, je crois, ajouté-je.

— T'as pas dormi du tout, dans l'avion ?

Je secoue la tête pour toute réponse, puis Wayne acquiesce avec une petite moue.

— Alors viens, rétorque-t-il en se glissant sous la couette.

— T'es sûr ? Tu veux pas plutôt que...

— Que quoi ? Tu préfères le canapé, devant Mark et Katy ?

Pas du tout emballé par cette idée, j'ai du mal à retenir mon froncement de sourcil réprobateur, et Wayne me lance un regard amusé.

— C'est bien ce que je pensais, s'esclaffe-t-il à moitié.

— Non, mais je peux dormir par terre si jamais... Enfin si nous deux c'est...

— Ne raconte pas n'importe quoi, West. Allez, viens.

Je réfléchis encore quelques secondes, mais la fatigue a bien vite raison de moi et je finis par céder. Installé dans ce qui me paraît être le lit le plus confortable de la planète, je regarde Wayne se lever pour refermer les longs rideaux rouges sur la lumière du jour puis se glisser dans les draps à mes côtés. Il éteint la lumière en appuyant sur un interrupteur blanc qui juxtapose la table de chevet, et tire sur la couverture. Un étrange silence se diffuse dans la chambre, j'ose à peine respirer.

— West, est-ce que ça va ? s'enquiert Wayne dans un chuchotement.

Les dents serrées, je revis mon entrevue avec le vieux Hutchins et mon univers tout explosé me revient à la figure morceau par morceau. Mon père était un criminel. Mon père a créé Eleven Stars. Mon père est la cause de toutes les putain de tornades qui ont ravagé ma vie.

— Non, lâché-je, la gorge nouée. Et toi ?

— Non. Mais mon oncle m'a dit qu'il se fichait de qui j'aimais, qu'il aurait juste préféré que je ne l'annonce pas comme ça. Pas maintenant. Est-ce que tu crois que..

Par réflexe, je tourne la tête vers mon binôme dans l'obscurité, comme pour l'inciter à continuer sa phrase sans qu'il ne puisse le voir.

— Est-ce que ça fait de moi un monstre si, même dans cette situation, j'arrive à être fier de moi ? Est-ce que ça fait de moi un monstre d'être heureux d'avoir tenu tête à mon père alors que je viens probablement de déchirer encore un peu plus cette famille ?

— Non, ça fait pas de toi un monstre. Au contraire, j'admire ce que t'as fait. Moi, j'en ai été incapable, lâché-je avec amertume.

Pas une seule fois je n'ai rembarré les connards qui nous dévisageaient. Pas une seule fois je ne les ai remis en place quand j'entendais les critiques discrètes qu'ils marmonnaient dans leur putain de français. Pas une seule fois je ne me suis imposé face à eux. Même pour défendre Wayne, j'ai pas été foutu d'essayer. Ils m'ont trop bien habitué à la fermer, trop bien dressé. Tout près de moi, Wayne remue, et je crois qu'il se met sur le flanc pour me faire face. Comme si, malgré la noirceur qui nous aveugle, nos âmes étaient quand même en mesure de s'observer, de se sentir, de s'effleurer.

— Qu'est-ce qu'ils ont de spécial, ces gens ? m'interroge-t-il alors que je lève un sourcil. Je veux dire... Pourquoi ils te traitent comme ça ? Et surtout, pourquoi tu les laisses te traiter comme ça ? Je t'ai déjà vu dans des positions bien moins avantageuses, et tu arrivais encore à trouver le moyen de provoquer le monde. Alors pourquoi avec eux tu perds cette insolence, cette nonchalance qui t'ont parfois valu de sacrées raclées ?

Je souris. Wayne a toujours détesté cette partie de moi. Celle qui se fout de tout et qui n'hésite pas à chercher la merde même quand ça doit me valoir un flingue sur la tempe ou un bel uppercut dans l'estomac. Quand je déchaînais la colère de Ian, de Peter ou de n'importe quel mec potentiellement dangereux, mon binôme se décomposait. Il avait envie de m'étriper à chaque fois, de m'obliger à la fermer pour éviter les ennuis que je m'attirais tout seul.

— J'en sais rien, Wayne. J'ai été élevé d'une certaine manière, et je crois que quand ils sont devant moi, j'arrive plus à me détacher de cette éducation, de tous ces trucs que je fais par automatisme. Ils m'ont appris des règles, et je les suis à la lettre, c'est tout.

J'en ai déjà brisées bien plus que je ne l'avais jamais fait en 21 ans d'existence, au gala.

— Mais pourquoi ils sont comme ça avec toi ? Mes parents sont comme ça parce qu'ils croient dur comme fer aux idioties que de mauvais religieux leur ont mis dans le crâne, parce qu'ils ont trop écouté Trump déblatérer à la télé et qu'ils sont pas fichus de se remettre en question. Mais chez toi alors, c'est quoi l'excuse ? Pourquoi ils te regardent tous de haut, comme s'ils étaient supérieurs à toi ? Pourquoi tu as appelé ta grand-mère madame ? Pourquoi...

Un soupir m'échappe, coupant Wayne sur sa lancée. Je crois que de toute façon, si je n'avais pas réagi, il n'aurait jamais cessé de parler. Il a beaucoup de trop de questions, il a vu beaucoup trop de choses, et peut-être bien qu'il cherche aussi un moyen de ne pas penser à ce qui l'attend demain.

— Tu comprends le français ? éludé-je.

— Pas assez pour avoir compris toute votre conversation, mais un peu. J'avais pris des cours avant de quitter l'université.

J'opine comme un crétin, puis glisse mon bras sous ma tempe en me positionnant en chien de fusil.

— Ils ne me regardent pas comme s'ils étaient supérieurs, ils le sont vraiment.

Un peu honteux d'admettre que je fais partie de la branche inférieure de la famille, j'imagine Wayne s'outrer devant mon discours et un petit rictus fait remonter un coin de mes lèvres.

— Chez les Hutchins, c'est un peu comme chez les aristocrates : on évite de se mélanger. Les Hutchins doivent se marier et avoir des enfants avec des personnes de bonne famille, des personnes riches, des personnes avec de la renommée. Mon père a dérogé à la norme. Il avait la vie idéale au bras d'une femme qui rentrait dans tous les critères de sélection des Hutchins et avec laquelle il avait eu une petite fille magnifique. Mais il est tombé amoureux d'une fille pauvre qui a grandi à Brooklyn et qui bossait comme serveuse dans un Diner miteux du New Jersey pour aider ses parents à payer les factures. On est loin de l'idylle parfaite que le clan Hutchins attend de ses membres, et cerise sur le gâteau, ma mère est tombée enceinte de moi alors que mon père avait pas encore finalisé son divorce avec la mère de Beth, ma grande sœur. Donc ma mère a été considérée comme une pestiférée, puis moi comme le fils bâtard qui n'aurait jamais dû naître. Et comme tous les gosses qui n'étaient pas issus d'un mariage entre personnes importantes, de sangs purs comme on disait quand on était gamins, j'avais certaines obligations. Certains trucs que je devais faire et pas les autres, ou que je pouvais pas faire comme les autres. Parmi ces trucs, y'avait le fait d'appeler tous les membres de la branche supérieure monsieur ou madame.

— Mais ils se prennent pour qui ? Pour une royauté ?

Je pouffe malgré moi, mais Wayne, lui, n'a pas du tout l'air d'humeur à en rire.

— Tu n'es pas inférieur à qui que ce soit, West, m'assure-t-il avec une conviction qui me fait chaud au cœur. Tu es une personne en or. D'ailleurs je suis certain que tu vaux bien plus que les trois-quarts de ces gens, même si ta mère n'était pas une riche femme d'affaires née dans une grande famille de renom.

— Je... j'en sais rien.

Il a sans doute raison, mais je n'arrive pas à me l'avouer. J'ai vécu beaucoup trop longtemps avec la certitude de n'être qu'un moins-que-rien comparé à mes cousins ou même à ma sœur. J'ai détesté ma mère si longtemps d'avoir été qui elle était et d'avoir fait de moi un membre de la branche inférieure, que je n'arrive pas à me convaincre qu'en réalité, tout ça n'est peut-être qu'une façon supplémentaire de me manipuler. En douceur, une caresse réparatrice se dépose sur ma tempe à tâtons, pour ensuite glisser jusqu'à ma joue et finir par se déposer dans mon cou.

— Tu as de la valeur, West. Que tu sois fils de n'importe qui. Ce qui fait ta valeur, ce n'est pas d'où tu viens, c'est celui que tu es. Celui que tu choisis d'être. J'ai longtemps laissé mes parents décider pour moi qui j'avais le droit de devenir, qui j'avais le droit d'aimer, qui j'avais le droit de côtoyer, ne fais pas la même erreur. Ne les laisse pas t'enfermer dans l'image qu'ils ont de toi. Tu es bien plus que ce qu'ils croient que tu es, que ce qu'ils ont envie que tu sois. Prouve-leur, montre-leur à quel point ils ont tort.

Le front de Wayne se dépose contre le mien alors que son souffle effleure mes lèvres.

— Libère-toi d'eux, West. Tu es bien plus que le fruit d'une simple union entre une femme pauvre et un homme riche. Tu es toi, et c'est plus que suffisant. 


__________________

Coucou tout le monde, 

Comment ça va ? 

Puisque j'étais pas là dans la journée de samedi, je vous poste ça maintenant. J'espère que cette partie vous plaira. Je vous avoue que j'aime bien ce chapitre donc j'espère qu'il vous tient en haleine et qu'il vous donne toujours autant envie de découvrir la suite, même si on se rapproche de la fin. 

Je n'ai pas grand chose à vous raconter parce que je travaille beaucoup sur ma bêta actuelle (bon, vous savez laquelle c'est maintenant, c'est plus un secret) donc je n'ai pas trop pris le temps d'écrire, du coup je vais passer directement au blablatage. 


L'homophobie des parents, et plus particulièrement du père de Wayne n'est plus une surprise et n'est plus à prouver, mais qui s'attendait à ce que Wayne se rebelle (enfin ?) contre lui ? Est-ce que cette évolution dans son caractère est bien marquée, selon vous ? Est-il vraiment différent du Wayne du premier tome ? 

Le rapprochement entre Wayne et West et le petit reluquage a plu à qui ? Qui croit encore à la réunification de nos deux lascars ? De leur couple ? Qui parie quoi sur la fin de l'histoire ? (Uniquement concernant leur couple, pas sur ce qui se passe à la fin réellement). 

Et du coup, la famille de West, on en pense quoi ? On pense quoi de leurs traditions et de leurs agissements ? Est-ce qu'il faut se méfier de ces gens ? 

Et la musique, alors, on aime ? Je suis un peu retombé dans Sum 41 ces derniers temps, et je crois que je tombe amoureux. J'adore ce qu'ils font. 


Voilà, voilà, c'est tout pour moi. Jeudi je tacherai d'être dans les temps (plus de vaccin pour me mettre KO donc j'ai une chance de poster à l'heure). 

En attendant je vous envoie plein de bonnes ondes, plein de courage pour celleux qui en ont besoin, et je vous retrouve sur mon Instagram avec un concours pour gagner mon livre le 14 février ! 


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