Chapitre 19 | 3
"What on earth are we here for?
What happens next?
For all the things I think I know,
There's so much I don't get."
I Do Too – The Recklaws. (En média).
Liv lovée contre ma peau, je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir. Je m'en veux parce que je me sens bien, là, dans ce lit, à caresser le bas de son dos alors que son oreille est posée sur mon cœur. Je m'en veux parce que j'ai aimé ce qui vient de se passer et que ça ne me dérangerait pas que ça arrive encore. Qu'est-ce qui m'a pris ? Qu'est-ce qui nous a pris ? Je ne pourrai plus jamais regarder Wayne en face.
— Liv...
— Mais oui, t'en fais pas, moi aussi, ça m'a plu, me coupe-t-elle avec un sourire dans la voix.
Surpris par sa remarque, je reste interdit. Elle lève la tête vers mon visage, embrasse ma mâchoire, et je soupire en fermant les yeux. Pourquoi est-ce que cette simple marque d'affection me fait autant de bien ? Je devrais me détester, la repousser, ne rien ressentir du tout quand la chaleur de son corps irradie contre le mien. Pourtant je n'y arrive pas. J'ai envie qu'elle reste là, pelotonner contre moi. J'ai envie de garder cette sensation à la limite du supportable qu'elle provoque dans mon ventre et au creux de ma poitrine quand la pulpe de ses doigts dessine des cercles sur mon torse.
— À moins que tu ne sois en train de me comparer à ton ex ?
— Quoi ? m'esclaffé-je.
— On sait jamais, tu pourrais faire partie de ce genre de mecs.
Je me mets à rire de plus belle.
— Ça risque pas, j'ai pas couché avec mon ex-copine, lâché-je, amusé.
Et puis ça me viendrait pas à l'idée de te comparer à Storm.
— Comment ça ?
— Elle avait 16 ans quand je l'ai rencontrée, elle en avait pas envie. Elle voulait que ce soit spécial entre nous. Du coup on a rien fait, on s'est juste aimés.
Enfin moi, je l'ai aimée, en tout cas. Je ne sais pas si ça a été son cas. Je ne sais pas si elle voulait réellement que ce soit spécial entre nous. Je la laissais dire parce que j'étais persuadé qu'elle avait peur. Peur que je sois comme tous ces enfoirés d'Eleven Stars. Ceux qui lui promettaient qu'elle monterait en grade ou qu'elle intégrerait une certaine équipe si elle acceptait de leur faire ce qu'ils voulaient. Savannah en a bavé, là-dedans. Après avoir arrêté la drogue, c'est dans mes bras qu'elle venait pleurer quand elle se sentait sale. Quand ces connards se foutaient qu'elle change d'avis ou qu'elle dise non. Je ne crois pas qu'elle attendait que notre couple devienne spécial, je pense qu'elle souhaitait juste connaître autre chose, qu'elle avait besoin que quelqu'un la voie autrement que comme un morceau de chair à utiliser. Notre relation a peut-être foiré, je n'ai peut-être pas été le type qui lui fallait, mais j'espère au moins que j'ai pu lui apporter ça. Qu'à mes côtés, elle se sentait respectée, en sécurité.
— Donc rien à comparer ?
L'image de Ninnah s'estompe un peu de mes pensées alors que je me recentre sur Liv, qui me fixe.
— Pourquoi, t'as peur de pas être un bon coup ? plaisanté-je.
— Pas trop, non.
Narquoise, elle sourit.
— Tes gémissements étaient plutôt éloquents, termine-t-elle avec fierté.
Un rictus désabusé s'échappe de ma gorge.
— J'ai beaucoup aimé ce qui s'est passé entre nous, Liv. C'est juste que...
— Wayne et moi, on est plus ensemble, me coupe-t-elle en replaçant sa tête contre ma poitrine.
Un drôle de soulagement se propage dans mes veines. Personne n'a trahi personne.
— Alors quoi, t'as couché avec moi pour te réconforter ?
— Et toi, t'as couché avec moi pour oublier la fille qu'on est allés voir ?
Touché.
— On a peut-être pas fait ça pour les bonnes raisons, lâche Liv d'un ton morose.
— Tu regrettes ?
Mon cœur se serre, et quand la cause de mon désarroi se redresse pour planter ses prunelles dans les miennes, j'ai du mal à soutenir son regard.
— Non, Gale. Pas du tout. J'espère juste que la prochaine fois, on le fera pas pour se libérer de quelqu'un d'autre.
Une chaleur inattendue éclate dans ma cage-thoracique.
— Parce qu'il y aura une prochaine fois ? raillé-je, un sourire dépravé plaqué sur la figure.
Liv glousse alors que ses pommettes prennent une teinte rosée que je n'avais jamais vue sur elle. Une teinte rosée qui me plaît assez. Qui me plaît beaucoup, même. Attendri, je lutte contre mon envie de d'effleurer sa joue avec mes doigts, contre mon envie de replonger dans la douceur de sa peau claire.
— Ça dépend, ça te dirait ? murmure-t-elle en mordillant sa lèvre inférieure.
Même si sa timidité si soudaine me touche, je ne peux pas m'empêcher de constater que ce petit mouvement de ses dents suffit à rallumer l'étincelle de désir qui m'aimantait à elle, une heure auparavant. Lentement, je m'appuie sur un coude pour approcher mon visage du sien, puis dépose ma paume dans le creux de son cou en caressant sa mâchoire avec mon pouce. Je lorgne sur sa bouche quelques secondes, déglutis, et me refocalise sur l'intensité qui brûle désormais dans ses yeux.
— Je peux ? chuchoté-je en l'obligeant à lâcher sa lèvre.
Liv opine, et je finis par l'embrasser. Ma langue joue avec la sienne, nos souffles s'entremêlent et nos corps s'attirent irrémédiablement. Accrochée à ma nuque, la fille la plus insupportable que je connaisse se rallonge, me laissant reprendre place au-dessus d'elle. Je pourrais passer des journées entières comme ça. Juste comme ça, à l'avoir contre moi et à me brûler avec nos baisers presque incontrôlés. Malgré tout, après quelques minutes à me délecter de cette sensation qui réanime la vie qui semblait avoir déserté ma cage-thoracique, je mets un terme à la puissance de notre étreinte sans pour autant me décoller d'elle.
— Ça me dirait carrément... chuchoté-je en frôlant le lobe de son oreille gauche. Mais sache que tout à l'heure, je n'oubliais personne. Je n'avais que toi en tête. Toi et tes soupirs. Toi et ta chaleur. Toi et ta douceur. Toi. Rien que toi.
Liv place ses deux mains autour de mon visage pour m'obliger à la regarder, et je remarque que ses yeux brillent. Ils brillent d'une lueur indescriptible qui me coupe en deux. Mais je n'ai pas le temps de lui poser la moindre question que sa bouche s'écrase contre la mienne.
***
— Gale...
Un peu dans les vapes, il me faut quelques secondes pour ouvrir les yeux et resserrer ma prise autour du nuage délicat qui me rappelle que le ciel n'est pas rythmé que par les orages. La tête sur mon épaule, Liv me paraît plus fragile que jamais. Son intonation est incertaine, sa façon de se blottir un peu plus contre moi, emplie d'inquiétude.
— Qu'est-ce qui se passe ? murmuré-je en fixant le plafond de cette chambre qui renferme déjà beaucoup trop d'explosions.
— Quand ils rentreront, Wayne et ton pote, ça changera un truc entre nous ?
Sa vulnérabilité me retourne l'estomac, pourtant mon premier réflexe est de lui dire que je n'en sais rien. En vérité, je ne me suis pas posé la question. Tout est allé si vite... j'étais loin d'imaginer que cette journée se terminerait comme ça. La seule chose qui me consumait le cerveau, c'était le sort de West. Est-ce qu'il va revenir ? Est-ce qu'il va s'en sortir indemne ? Est-ce que je vais le revoir ? Je n'avais rien d'autre dans le crâne, et encore maintenant, j'ai du mal à penser à un quelconque autre problème. D'ailleurs, pour moi, cette relation... ou le début de ce qui est en train d'arriver entre Liv et moi n'est pas un problème. Wayne et elle ne sont plus ensemble, je suis majeur et consentant, elle aussi ; on a rien à se reprocher.
— Ça dépend, tempéré-je.
Liv se raidit contre ma peau.
— Ça dépend de toi.
Elle se fige, comme si elle s'attendait à tout sauf à ça. Comme si elle pensait qu'après l'avoir eue dans mon lit, j'aurais pu la rejeter comme une malpropre pour éviter tout conflit avec Wayne.
— Si t'as envie de prendre le risque de supporter la réaction de Wayne pour que ce truc entre nous continue, si t'es prête à te faire à l'idée que Wayne a passé quelques jours avec West et qu'il est possible qu'eux aussi, ils aient pu se rapprocher. J'ai pas envie que tu me gardes près de toi simplement pour sortir Wayne de tes pensées, je veux pas te voir observer Wayne et mon frère avec de la douleur dans les yeux alors que t'es censée avoir un truc avec moi, maintenant. Si tu veux qu'on arrête quand ils se pointent, on arrêtera. Si tu veux essayer quelque chose avec moi, je ferais tout ce que je peux pour pas être un mec trop merdique, soufflé-je avec un peu d'appréhension.
Je ne sais pas ce que je crains le plus ; qu'elle me dise que c'est fini, que c'était juste une aventure involontaire, ou qu'elle me propose d'aller plus loin. Est-ce que ça poserait un problème à West de me voir avec une fille qu'il doit sans doute détester ? Est-ce que ça pourrait détruire mes liens avec Wayne ? Est-ce que je suis prêt à leur tenir tête à tous les deux pour elle ? Pour cette fille que je connais depuis deux ans et avec laquelle j'ai toujours été en conflit ?
— Tu crois qu'il nous en voudrait, Wayne ?
— Et toi, tu lui en voudrais s'il se passait un truc entre lui et West ?
— Je crois que oui, lâche-t-elle avec amertume.
Dans mon ventre, quelque chose se noue, mais je ne réagis pas. Je la laisse développer sa pensée. Après tout, elle ne me doit rien. Elle ne peut pas oublier son amour en un claquement de doigts, en une journée passée dans mes bras.
— Je lui en voudrais parce que je me sentirais utilisée. Je me sens déjà comme un bouche-trou, chuchote-t-elle pour masquer sa voix qui déraille. Il a suffi que ton pote débarque pour que Wayne m'écarte de sa vie. Je sais que la drogue n'a pas joué en ma faveur, mais je suis sûre que je l'ai perdu à la seconde où il a revu West en bas des escaliers. J'aurais dû le comprendre en entendant tout le désespoir qu'il y avait dans ses supplications quand il a compris que West repartait, mais j'ai rien voulu voir. Je me suis accrochée à quelqu'un qui n'a jamais vraiment voulu de moi.
Mon cœur se serre. Même si elle tente de la dissimuler comme elle peut, j'ai l'impression de me prendre sa douleur en pleine face.
— Dis pas ça... Wayne a des sentiments pour toi, c'est juste que...
Mes phrases de réconfort s'évaporent les unes après les autres. Peut-être qu'elle a raison...
— C'est juste qu'avec West... hésité-je. Avec West, c'était vraiment fort. Ils ont vécu tellement de merdes ensemble... tellement de...
— Tu peux me parler d'eux ? De votre histoire, de ce qui s'est passé ?
Je soupire. Je ne sais pas si mon frère apprécierait que je fasse ça, mais j'ai promis à Liv que je lui parlerais. Je tiens toujours mes promesses.
— West et moi, on est pas ce qu'on pourrait considérer comme des mecs biens. On est plutôt du mauvais côté de la barrière, du mauvais côté de la loi. On travaillait tous les deux pour Ele... pour un gang de mafieux surpuissant, presque intouchable dans le milieu. On y a passé la moitié de nos vies tous les deux, mais West connaît ça plus que moi. Il y est depuis plus longtemps, et il s'y est noyé tellement jeune, qu'il s'est construit là-dedans. Tous ses repères sont dans cette merde.
Ma gorge se serre, ce n'est qu'en l'exprimant à voix haute que je me rends compte à quel point j'ai eu de la chance, comparé à lui. À quel point lui, il est ancré dans le fonctionnement d'Eleven Stars.
— Enfin bref, abrégé-je pour éviter de craquer. Wayne est entré là-dedans presque par hasard. Sur un coup de culot monstrueux. Sa petite sœur était coincée dans l'entreprise, alors il s'est dit que c'était une idée lumineuse de la suivre et de débouler dans l'entreprise comme une fleur pour menacer le mec qui s'occupait de la branche de New York sous la supervision de la fille du grand patron. Cet abruti s'est pointé dans la gueule du loup sans plan, sans renfort et sans arme, un putain de génie.
Liv lâche un petit rire.
— C'est tout à fait son genre de foncer tête baissée et de réfléchir après, s'attendrit-elle.
Je souris. C'est vrai. C'est carrément son genre. C'est même l'un des plus gros traits de sa personnalité. Combien de fois est-ce qu'il a débarqué au bar en me hurlant dessus pour savoir où était West et se planter devant Ian parce qu'il supportait pas de savoir mon frère en danger alors qu'il avait aucun réel moyen de l'aider...
— Ouais... sauf que tu vois, Wayne est pas comme nous. Comme mon frère et moi, je veux dire. Cet environnement-là, c'est pas fait pour lui. Ça le fracasse trop. Il supporte pas. Et c'est normal, personne devrait pouvoir vivre là-dedans sans sourciller, mais en gros, ça lui a valu d'avoir envie de se faire la malle même pas un an après son admission dans le gang. Il en a parlé à West et, je sais pas pourquoi, mais West a voulu l'aider à se sortir de là. J'ai jamais su ce que Wayne avait de si spécial pour lui, mais il a fait jouer ses relations dans la police pour tenter de faire tomber l'entreprise mafieuse.
— Et il a réussi ? me coupe Liv comme si elle ne connaissait pas déjà la fin de l'histoire.
— Plus ou moins. West savait qu'Eleanor, celle qui s'occupait de la branche de New York, était le maillon faible de l'entreprise. C'était la plus jeune fille du grand patron, une gamine d'à peine quatre ans de plus que mon frère qui n'était pas assez formée et qui gérait mal ses équipes. Elle se pensait invincible parce que c'était la fille d'un criminel que personne ne pouvait approcher, alors elle se mettait en avant, elle jouait avec ses hommes en faisant des mises en scène spectaculaire qui mettaient sa discrétion à mal. Elle contrôlait pas tant que ça les nouveaux arrivants non plus... Y'avait pas de test d'admission, pas de vérification des identités des gens, elle cachait même pas la sienne. Ce qui l'a sauvée pendant tout ce temps, c'était la réputation de son père, rien d'autre, et West le savait. Il savait qu'il avait une chance de faire tomber Eleanor, et il savait aussi que si Eleanor tombait, Gambino risquait de tomber avec elle. C'était tout bénéf' pour la police, tout bénéf' pour Wayne qui allait pouvoir retrouver sa vie, mais pour lui, c'était hyper dangereux.
— Pourquoi ? Lui aussi il aurait pu avoir une vie normale.
J'ai envie de lui rire au nez. De lui balancer une réflexion caustique à la figure. Tu te crois où ? Dans un putain de monde de Bisounours ? Pourtant, cette fois, je me ressaisis. Elle ne connaît rien à ce monde, elle non plus. Elle ne connaît rien des rouages de ce gang. Elle ne peut pas savoir à quel point West a scellé son destin le jour où il a décidé de parler aux flics.
— Il aurait pu, c'est vrai. Si l'entreprise n'avait pas été celle qu'elle est, il aurait pu. Mais West savait qu'en faisant tomber Eleanor, il se mettait en danger. Pas seulement parce qu'il devenait un traître et que si l'opération foirait on s'en prendrait à lui, mais parce que même si l'opération du FBI fonctionnait, il resterait une cible pour le reste du gang. Cette organisation mafieuse s'étends sur bien plus d'états qu'on ne le pense, probablement même bien plus d'états que moi je ne le pense. West savait qu'en s'en mêlant, il se mettrait tout le monde à dos. Pire encore, qu'il se mettrait Lola à dos. Et ça, crois-moi, c'est une autre histoire que la petite Eleanor.
— Mais c'est qui, cette Lola ? Qu'est-ce qu'elle a de plus que les autres ? s'enquiert Liv, alors que je sens le stress contracter ses muscles un par un.
— Lola, c'est la première apprentie de Gambino. Son vrai bras droit. La meuf la plus formée de toutes les personnes qui bossent pour lui. Elle, elle a été façonnée par Gambino, à la dure. Elle, c'est une ombre. Rares sont les personnes qui ont vu son visage et qui respirent encore. Personne ne connaît son nom de famille, personne ne sait même si Lola est son vrai prénom. Après Gambino, c'est la personne la plus influente de toute l'entreprise. Certains disent même qu'elle a surpassé le maître. Elle est dangereuse. Extrêmement dangereuse. Elle est intelligente, réfléchie, stratégique. Si Lola t'a en ligne de mire, t'es foutue. Elle tire comme un putain de sniper. De loin, mais avec une précision inégalée. Sa discrétion et sa façon millimétrée de gérer ses équipes lui permettent de passer sous les radars des keufs, mais aussi d'avoir une réputation de fantôme dans les gangs adverses. Aucun ennemi n'a jamais réussi ne serait qu'à l'apercevoir.
Liv frémit, mais elle ne se dégonfle pas. Elle a besoin de savoir.
— Mais c'est quoi le rapport avec West ? Si elle est si efficace que ça, pourquoi elle ne le tue pas tout simplement pour lui faire payer sa trahison ?
Sa question me hérisse le poil. On dirait presque qu'elle préférerait que Lola fasse la peau à West pour cette histoire se termine. Pour être enfin tranquille. Je mords l'intérieur de ma joue. Calme-toi. Respire. C'est juste une question, rien d'autre.
— Lola et West ont... un passif bien chargé.
Les paroles de Storm résonnent dans mon esprit, et je me crispe. Peut-être même bien plus chargé que je ne l'aurais imaginé. Une nausée violente remonte le long de mon œsophage et le mouvement de Liv contre mon corps tremblant de rage me ramène à la réalité dans une délicatesse apaisante. Le nez levé vers moi, elle m'interroge d'un regard aussi curieux que compréhensif.
— Quand on était gosses, West et moi, on était en foyer au New Jersey. Dans un foyer où il s'est passé des trucs sales. Des trucs horribles. C'était l'enfer sur terre, là-bas. Et celle qui est venue sortir West de là, c'était elle. C'était Lola. Elle s'est pointée le jour des visites, comme si elle était là pour adopter un gosse comme un adopte un clebs à la fourrière. Avec le recul, c'était étrange. Eleven Stars recrutait pas de gamins à cette époque-là, encore moins aussi jeunes que West. Les gosses, c'était trop risqué. C'était un taux d'erreurs incroyablement élevé. D'ailleurs Lola a jamais retravaillé avec des moins de quinze ans, le seul qui l'a intéressée, c'est West. Elle s'est approchée de lui d'un coup, sans aucune hésitation, comme si...
Comme si elle savait qui il était. Comme si elle était là pour lui. Mon estomac se retourne. Non, c'est pas possible. Je dois me tromper. C'était il y a trop longtemps, j'invente des détails qui ne se sont pas produits, c'est obligé. Elle ne pouvait pas avoir qui était West. Mon frère n'avait aucune raison d'avoir un quelconque lien avec ces enfoirés. Pas si jeune.
Je me racle la gorge.
— Enfin bref, elle lui a proposé de sortir de ce foyer à la con, et West a accepté. Je crois pas qu'il ait compris ce que ça impliquait sur le moment, je pense qu'il aurait dit oui à n'importe quoi si ça lui avait permis de quitter cet endroit de malheur. Alors il est parti avec elle en me promettant qu'il reviendrait me chercher. C'est à ce moment-là que Lola a commencé à le former. À la dure, comme elle avait été formée avant lui. Gambino et elle l'ont pris sous leur aile sans que personne sache pourquoi. Il vivait avec eux, il s'entraînait avec eux, et grâce à son éducation criminelle poussée, il a vite grimpé les échelons. Il est vite devenu « le prodige » de l'entreprise. Le plus jeune mec du gang, mais aussi le plus puissant après Gambino, sa fille, et Lola.
— Et toi, alors ?
Je hausse un sourcil, presque étonné qu'elle se soucie du sort du mioche émietté que j'étais à l'époque.
— Moi, je suis resté plusieurs mois, seul, au foyer. West revenait souvent me voir. Il escaladait le mur du dortoir, se glissait dans mon lit et me rappelait qu'il était toujours là pour moi, même si on était séparés.
Une émotion irrépressible me ravage la poitrine alors que des larmes perlent au coin de mes yeux. Ne pleure pas, putain. Sois un homme. La voix de mon vieux tente de me hanter, mais je reprends mon monologue pour me raccrocher à Liv et m'en protéger.
— Il se pointait parfois dans des états pas possibles. J'ai jamais vraiment su ce qu'on lui faisait, là-bas. Même une fois que j'étais dans le business avec lui, j'avais pas accès aux mêmes choses que lui. Tout ce que je savais, c'est qu'il passait le plus clair de son temps avec Lola, jusqu'à ce qu'elle soit affectée à la branche de Chicago, la branche où tout a commencé, d'après ce que m'a dit West. Il faisait souvent des allers-retours là-bas, mais après, il est devenu le bras droit d'Eleanor et c'est quand elle piqué sa crise pour avoir une branche toute à elle que West a été envoyé à New York. Heureusement, il s'était démerdé pour qu'on m'y expédie quelques mois avant lui pour qu'on reste ensemble et la suite, tu la connais. Wayne et West sont arrivés à Manhattan à quelques jours d'écart, et tout a basculé. Donc, je peux pas m'avancer parce que je connais pas toute l'envergure de la relation entre Lola et West, mais je pense que Lola l'a pas tué parce qu'elle veut lui faire payer. Et quelqu'un de mort, ça souffre pas. C'est pas intéressant.
— Tu crois qu'il se passerait quoi s'il décidait de s'enfuir, de pas revenir de là où il est ?
Je fronce les sourcils.
— Il ferait pas ça.
— Pourquoi ? Il est bien parti une fois.
— Ouais, pour nous protéger, lâché-je sèchement. Là, il risquerait nos vies.
— Et alors ? Il doit pas en avoir grand-chose à foutre que je me fasse tuer.
Ma colère s'efface d'un seul coup. Elle a peur que Lola s'en prenne à elle.
— Alors, déjà, c'est pas parce qu'il ne te porte pas dans son cœur qu'il te laisserait mourir sciemment, et ensuite, si tu le crois pas capable d'empathie envers toi, sois sûre que moi, il me laisserait pas clamser.
— Ouais mais... sa voix s'éteint. Mais s'il devait sacrifier quelqu'un, ce serait moi.
Je me redresse, fais en sorte de regarder Liv droit dans les yeux, et caresse sa joue avec assurance.
— Même si je suis pas d'accord avec ce que tu dis, t'as rien à craindre, Liv. Je suis avec toi maintenant. Je laisserai personne te sacrifier, même pas West.
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Coucou tout le monde, comment ça va ?
Moi, en ce moment, j'avance plutôt bien. J'ai terminé le chapitre 22 et je sais ce qu'il se passe dans les derniers chapitres et combien il devrait y en avoir. Donc je vous annonce (même si je l'ai déjà fait sur Instagram) que ce tome devrait contenir 27 chapitre + un épilogue. Sachant qu'aujourd'hui, j'ai eu une révélation quand j'étais sous la douche et que donc je sais ce qu'il se passe dans l'épilogue (que jusque là je n'avais pas). Ce qui veut dire que je sais ce qu'il se passe dans chacun des chapitres que je dois écrire. La fin se rapproche, et même si j'ai hâte d'écrire la suite, je pense que pendant que je vais poster LMS (le prochain roman que je vais poster ici en attendant de pouvoir poster la suite de cette saga) mes lascars vont me MANQUER.
Bref, j'espère que cette partie vous a plu, même si elle était un peu plus longue que les autres et que vous serez au rendez-vous pour lire LMS avant de pouvoir avoir la suite de la Fear Series. (Ou alors que vous reviendrez quand je posterai la suite de la Fear Series). De toute façon, je vous l'annonce, dans LMS, il y aura des éléments en lien avec N'aie Pas Peur, donc si vous voulez avoir des réponses à certaines de vos questions, venez lire LMS...
Allez, j'arrête de teaser, et je vous laisse la parole.
Vous croyez que Wayne et West vont réagir comment quand ils vont apprendre pour Gale et Liv ? D'ailleurs, Liv aura-t-elle le courage de continuer cette relation, selon vous ? Ou est-ce qu'elle va tout arrêter comme lui propose de faire Gale ?
Concernant Lola, vous pensez quoi de tout ce qui a été dit ? Est-ce qu'elle connaissait West ? Est-ce qu'il a été choisi et pas pris aléatoirement ? Est-ce qu'elle lui a fait du mal comme le croit Gale à cause des paroles de Storm ?
Liv a peur que West se barre, comme il l'a fait il y a trois ans, Gale est persuadé qu'il ne le fera pas, et vous, vous êtes dans quel camp ? West va-t-il revenir ? West va-t-il pouvoir revenir ?
Et la musique alors ? On aime bien ? Je l'ai découverte en même temps que la précédente, et j'ai adoré, je la trouvais cool pour cette partie.
Voilà voilà, c'est tout pour moi. Je vous laisse et vous retrouve mardi pour la suite.
Je vous envoie plein de bonnes ondes et plein de courage en ces moments compliqués. Ne lâchez rien, les potes.
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