Chapitre 19 | 2
"Faith is running low,
Tension's running high,
I've never been so scared in my whole life.
This could all go wrong,
But what if it goes right?"
What If It Goes Right – Greg Duffy ft Benny Levs. (En média).
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ATTENTION : La suite de cet avertissement peut contenir un élément de spoil, donc si vous n'avez pas besoin de trigger warning pour poursuivre votre lecture, ne lisez pas cette suite. Pour les autres, sachez que cette partie de chapitre contient une scène de sexe consenti. Faites bien attention à vous si c'est un sujet qui vous met mal à l'aise.
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Alors que nous progressons dans l'escalier sombre avec prudence, la porte de la cave claque derrière nous et Liv sursaute en se collant à moi. Sa main libre sur mon biceps, elle semble rassurée par ma présence, par mes doigts autour de son poignet.
— Bah alors, Poupée, on a peur du noir ? murmuré-je, taquin.
— Bien sûr que non, lâche-t-elle sur la défensive.
Un léger bruissement retentit quelque part devant nous, et la poigne de Liv se resserre autour de mon bras. Espiègle, je retiens un petit ricanement en fouillant dans la poche de mon jean pour en sortir mon téléphone. J'allume le flash, et même si Liv se détend, elle ne me lâche pas pour autant. Un peu en alerte, j'avance à pas feutrés et scrute les alentours comme si une menace pouvait surgir de n'importe laquelle des portes longeant le long couloir étroit qui s'ouvre devant nous. Ici, l'air est frais, le sol rugueux est parsemé de graviers et les murs ressemblent plus à des blocs de parpaings empilés les uns sur les autres qu'à une réelle paroi soignée. On dirait presque qu'on vient de pénétrer dans un bâtiment abandonné ou que les travaux des lieux se sont brusquement arrêtés.
— Qu'est-ce que c'est glauque, ici, chuchote Liv, comme s'il ne fallait pas qu'on nous entende.
Je me marre pour masquer mon malaise, mais en vérité, je suis plutôt d'accord avec elle. Ce genre d'ambiance un peu sordide ne m'enchante pas. Les seules fois où j'ai dû entrer dans ce type de trous à rats, personne n'en est ressorti intact. Des images horribles des séances de torture auxquelles j'ai assisté, auxquelles j'ai participé, me reviennent en mémoire et de lourds frissons m'éraflent la peau. Soudain pressé de sortir de là, j'accélère le pas, enfonce la deuxième clé présente sur le trousseau dans la première serrure que je croise sur ma gauche mais n'ai pas le temps de faire le moindre mouvement que Liv se précipite à l'intérieur quand elle entend un bruit suspect qui doit sans doute provenir de la tuyauterie apparente au-dessus de nos têtes. Un demi-sourire sur le visage, je prends sa suite alors qu'elle farfouille déjà dans la pièce sans savoir ce qu'elle cherche.
— Bon, éclaire-moi, je vois rien ! grommèle-t-elle. Et puis, qu'est-ce qu'on est censé prendre, d'abord, dans tout ce bordel ?
Les sourcils froncés, je parcours mentalement la chambre ravagée. Je passe en revue le mobilier renversé, le miroir brisé, la porte cabossée, mais m'arrête bien vite sur la couleur bordeaux qu'a pris le sang de Wayne en séchant sur la tapisserie claire.
— Du papier peint et un truc pour le coller.
Occupé à analyser l'environnement poussiéreux qui nous entoure, je prends un temps considérable avant d'orienter la lampe vers mon accompagnatrice, qui explore l'amas de matériel posé contre le mur du fond à l'aveuglette. Il y a assez d'attirails dans cet endroit pour retaper l'hôtel tout entier. Entre les plaques de plâtre posées contre le mur, les différents pinceaux, seaux, gants, pinces, outils, pots de peinture et vernis sur les étagères en fer et tous les tuyaux, planches de bois, et meubles qui traînent sur le sol, j'ai presque l'impression de me retrouver dans un entrepôt de bricolage. Quand je finis par éclairer Liv, elle me somme d'approcher mais pousse un cri aigu en se réfugiant contre mon torse, à la fois tremblante et écœurée.
— Quelle horreur, quelle horreur, quelle horreur ! gémit-elle en s'agrippant à mon tee-shirt.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
La gorge serrée, l'inquiétude transperce ma voix alors que je place une main protectrice dans son dos, prêt à affronter ce qui a pu la mettre dans cet état.
— Y'a une araignée !
Amusé par sa réaction théâtrale, je pouffe de soulagement.
— Putain, tu m'as fait peur !
— Mais elle est énorme ! s'insurge ma petite protégée.
Perplexe, je lance un coup d'œil vers le monstre et me rends compte qu'elle n'exagère même pas tant que ça. Ce truc doit au moins faire la taille de ma paume. Une étrange nostalgie s'empare de moi tandis que je me remémore toutes les fois où West m'appelait à l'aide, quand il était gamin, pour que je le sauve de ce genre de bestioles. Si l'araignée dépassait une certaine taille, ça lui arrivait de refuser de mettre les pieds dans une pièce tant qu'il n'était pas certain qu'elle avait fini dehors ou dans la poubelle. Ses petits yeux bleus tout craintifs brillent dans mes pensées pour me rappeler que désormais, je ne suis plus en mesure de le sauver de ses peurs. Je ne peux plus les attraper, les mettre dans le jardin et lui assurer qu'il est en sécurité. Maintenant, ses angoisses sont fondées, elles sont rationnelles, elles sont dangereuses. Tellement dangereuses qu'elles ne sont qu'à un doigt sur une détente de tout faire exploser.
— Tu veux pas attraper le matos, qu'on puisse se tailler ?
La voix à la fois impatiente et plaintive de Liv m'arrache à mes souvenirs, et j'abandonne mon vague à l'âme pour retrouver mon sarcasme.
— Moi je veux bien, mais si tu veux que je bouge, il faudrait que tu commences par me lâcher.
Un sourire aux lèvres, je lance un regard de défi à la petite amie de Wayne, qui baisse les yeux sur ses doigts agrippés au tissu blanc de mon maillot. Avec une grimace, elle s'écarte de moi comme si je l'avais brûlée, et je pouffe de rire. Je lui colle le téléphone dans les mains, balance sur mon épaule un rouleau de papier peint qui semble être à peu près de la même couleur que celui de notre chambre et attrape un gros pot de colle en plastique blanc pour remonter les escaliers par lesquels nous sommes arrivés.
— Tiens, chope le gros seau noir sur l'étagère à ta droite et deux ou trois éponges, ajouté-je sans me retourner.
Liv s'exécute avant de passer devant moi pour m'offrir un peu de lumière dans les marches. À peine sorti de ce décor de film d'horreur, j'aperçois Alaska. Débarrassée de son pull mauve informe, elle s'énerve au téléphone alors que sa robe bleue à paillette s'agite à chacun de ses allers-retours frénétiques. Elle fait de grands brassements d'air agacés, mais s'immobilise quand elle remarque tout ce qu'on traîne avec nous. Elle me fait signe de m'arrêter, pourtant j'accélère le pas en espérant que mon accompagnatrice fasse de même.
— Eh, va falloir payer pour ça ! m'interpelle la patronne des lieux que je fais mine de ne pas avoir entendue.
Si mes mains n'étaient pas chargées, je crois que j'aurais levé mon majeur, mais je me contente de serrer les dents et de l'ignorer.
***
Dans le dos de Liv, j'appuie sur sa main pour lui montrer comment humidifier correctement la tapisserie qu'on doit décoller.
— T'appuies, t'en mets bien partout...
Mon ton n'est qu'un murmure, et j'ai l'impression qu'il s'efface à mesure que le corps de mon apprentie se rapproche du mien. Je ne sais pas si c'est moi qui avance ou si c'est elle qui recule, mais l'espace qui nous sépare se réduit un peu plus chaque seconde.
— Et après tu prends ça, et tu grattes... ajouté-je en lui montrant une spatule de peintre que j'ai trouvée sur l'un des présentoirs en ferraille rouillée de la cave.
Je crois qu'elle n'a pas besoin que je lui explique quoi que ce soit. Je pense même qu'elle est parfaitement consciente qu'on a pas du tout le matériel approprié pour faire du bon travail, mais elle se laisse faire. Tant et si bien qu'elle se retrouve blottie contre mon torse à me regarder guider ses gestes sans un mot. Au bout de quelques minutes, je la regarde se débrouiller seule, sans pour autant m'éloigner d'elle. Contre moi, ses mouvements sont lents, à peine précis. À l'image de mes pensées qui refusent de se focaliser sur autre chose que la chaleur de son corps, Liv ne paraît pas parvenir à vraiment se concentrer sur le mur. Le temps d'une fraction de seconde, elle cesse même de bouger, et ce n'est que lorsqu'elle s'apprête à se tourner vers moi que je reprends mes esprits et que je m'écarte d'elle en me raclant la gorge.
— Voilà, c'est très bien comme ça... balbutié-je. On a plus qu'à faire ça sur toute la surface.
Elle hoche vivement la tête, puis replace quelques mèches auburn derrière son oreille. Les yeux rivés sur ses mains fines aux ongles rongés, je remarque que trois petits anneaux remontent le long de son cartilage. Deux ans que je la connais, et je suis passé à côté de ses piercings ?
— Mate le papier-peint, si tu veux que ça avance, me provoque-t-elle avec un sourire en coin.
— Eh, c'est pas moi qui avais besoin d'un cours et qui nous a fait perdre vingt minutes, bougonné-je pour masquer mon embarras.
Reprends-toi, mec, putain. Sky m'a perturbé. Ses moqueries m'ont perturbé. Il n'y a pas d'autres explications à mes réactions étranges. Ses mots m'ont ravagé le cerveau et m'ont mis des idées dans le crâne que je n'aurais jamais eues si elle n'était pas intervenue. Tout ce que j'ai à faire, c'est oublier ce qu'elle m'a dit, et rester à ma place. Après tout, rien n'a changé. On est toujours dans une merde noire, West est toujours en danger et Liv est toujours la petite copine du mec que j'ai tenu à bout de bras pendant trois ans. À mesure que nous avançons dans le décollage de la tapisserie, nous nous rendons vite compte qu'on a oublié un détail : un escabeau. Sur la pointe des pieds, Liv fait la moue et après un moment de réflexion que je passe à tenter de virer Sky que ma tête, je propose à ma collègue d'un jour de grimper sur mes épaules pour retirer ce qui reste près du plafond. Le seau rempli d'eau dans les mains, je me prends quelques gouttes dans la figure quand Liv y plonge son éponge.
— Fais gaffe, grogné-je, c'est pas moi que tu dois tremper !
Liv baisse les yeux vers mon regard sombre, et un air malicieux se dessine sur ses traits. Elle place son éponge à quelques centimètres de mes cheveux et l'essore dans une insolence calculée. Le liquide froid dégouline le long de ma nuque alors que je secoue la tête pour protéger mon visage sans pouvoir utiliser mes mains et le poids plume sur mes épaules se met à glousser.
— Tu vas regretter ce que tu viens de faire, lancé-je dans une menace à laquelle personne ne croit.
Hilare, Liv lâche son éponge, qui tombe au beau milieu du seau, m'éclaboussant encore une fois. Ni une, ni deux, je dépose les armes du crime sur le sol et chope la jambe de mon agresseuse pour la forcer à descendre de son perchoir. Je la balance sur le lit de Wayne qu'on a déplacé au milieu de la pièce dans une brutalité maîtrisée alors qu'elle pousse un cri. Elle tente de s'excuser, de m'assurer que cette fois, elle n'a pas fait exprès, mais je ne l'écoute pas. Je me contente d'attraper la hanse de la bassine alors que Liv se relève avec précipitation. Déterminé, je lui bloque le passage et brandis mon instrument de combat pour envoyer une partie de son contenu sur la petite amie de Wayne, qui se met à hurler.
— Ah, la vache, c'est glacé !
Je ne lui laisse pas le temps de reprendre ses esprits que je fonce déjà de nouveau sur elle pour la gratifier d'une nouvelle attaque, mais elle attrape le seau à deux mains en continuant de me supplier d'arrêter entre deux éclats de rire contagieux. À bout de souffle, elle force contre ma poigne, m'oblige à tourner sur moi-même, puis finit par lever les bras au-dessus de sa tête d'un seul coup quand elle comprend que j'ai le dessus sur elle. Le seau se renverse sur mon tee-shirt alors que je bascule en arrière pour tenter de l'éviter. Dans le feu de l'action, je m'emmêle les pieds dans le drap qui traîne par terre et m'écroule sur le lit. Toujours accrochée au bout de plastique, Liv me suit dans ma chute et se retrouve allongée sur mon torse, le visage à quelques centimètres du mien. Notre hilarité s'estompe petit à petit, ses prunelles plongées dans les miennes descendent progressivement, et son souffle chaud semble faire vibrer chaque millimètre de ma peau.
— Liv... chuchoté-je alors que sa bouche effleure la mienne. Qu'est-ce que tu fais ?
— J'en sais rien...
Dans une délicatesse inouïe, nos lèvres se rejoignent.
— Attends... murmuré-je sans parvenir à la repousser. T'es sûre ?
Mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je ne devrais même pas lui poser cette question. Je devrais juste lui dire non. Lui rappeler qu'elle a Wayne et que de toute façon, on est censés s'insupporter mutuellement. Liv hoche la tête, et réduit mes capacités de réflexion à néant en m'embrassant encore une fois. D'abord un peu raide, j'ai du mal à me laisser aller ; pourtant quand sa langue vient caresser la mienne, j'oublie tout. J'oublie qui elle est, j'oublie pourquoi nous ne devrions pas faire ça, j'oublie que c'est loin d'être le moment, j'oublie les deux autres filles que j'ai dans la tête. Je ne pense plus qu'à elle. Je ne pense plus qu'à ses mains qui enserrent mes joues. Je ne pense plus qu'à la chaleur réparatrice qui se propage à l'intérieur de ma poitrine.
Bouillant, je parcours ses hanches, son dos puis ses cheveux avec envie, alors que nos gestes montent en puissance. Ils s'accélèrent. Nos respirations qui se mélangent deviennent de plus en plus rauques et, sans que je ne m'y attende, Liv rompt notre embrassade pour dessiner un chemin humide jusqu'à mon cou. Des dizaines de frissons m'arrachent un gémissement alors que cette fille imprévisible glisse ses doigts sur mon torse pour le caresser dans une ardeur que je ne lui connaissais pas. Une ardeur qui me fait bien plus d'effet que je n'aurais pu le croire. Une ardeur qui va finir par nous consumer tous les deux. Sans réfléchir, j'attrape le bas de son pull en coton, le remonte légèrement puis ouvre les yeux pour l'interroger du regard. Liv acquiesce et je la débarrasse de son haut imbibé d'eau. Presque dans l'urgence, elle fait la même chose avec mon tee-shirt avant de reprendre sa place au creux de mon cou. Sa langue joue avec mon épiderme, et plus elle se déhanche contre moi, plus mon désir s'enflamme. Pressé, je lui retire sa brassière, l'attrape sous les côtes et positionne sa poitrine au-dessus de ma bouche. Je l'embrasse, je la titille, je la mordille et Liv se cambre contre mes baisers mouillés.
Sa peau est douce, si douce que je voudrais pouvoir m'y plonger encore un peu plus. Ses complaintes sourdes me font perdre les pédales. Son bassin qui appuie contre le mien va finir par me tuer. Peu à peu, elle se repositionne au-dessus de mon torse puis s'empare de nouveau de ma bouche. Elle s'y attarde un long moment, avant de tracer une ligne de baisers trempés partant de mon menton à mon nombril. Entre mes jambes, elle déboutonne mon pantalon, et le fait glisser jusqu'à mes chevilles en laissant traîner une lourde caresse à l'intérieur de mes cuisses. La lèvre inférieure entre les dents, je l'observe remonter lentement sur mon corps en ébullition, puis nous fais rouler sur le côté pour inverser les rôles. Désormais à ma merci, Liv m'attire à elle pour que je l'embrasse encore, alors que mes doigts s'attaquent à ses tétons. Contre moi, son corps ondule au rythme de ma douce torture alors que ses soupirs s'intensifient. Je parcours son cou avec ma langue puis, prenant exemple sur elle, je visite sa peau comme si je voulais en goûter chaque recoin. Quand je vais pour lui retirer son jean, elle m'arrête, fouille dans sa poche et en sort un préservatif. Délivrée du reste de ses vêtements, elle fixe mon boxer avec un petit sourire. Sa main s'y aventure, elle déchire l'emballage de la capote, et je perds pied.
— Laisse-moi m'occuper de ça... souffle-t-elle.
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Coucou tout le monde,
Comment ça va ?
Non, je vous rassure, mon pense-bête humain (coucou dinalya9) n'a pas oublié de me rappeler qu'on était samedi et qu'il fallait que je poste, je n'étais simplement pas là. Donc je poste encore dans la nuit (enfin très tôt le matin) pour que vous puissiez avoir le chapitre en vous réveillant.
Je n'avance pas trop dans l'écriture, en ce moment, je culpabilise un peu. Mais je crois que voir la fin arriver me bloque, je n'ai pas envie que ce tome se finisse, même si j'ai hâte de commencer la suite. J'aime mes bébés, je n'ai pas envie que la suite se passe, et je n'ai pas non plus envie d'avoir à attendre pour vous proposer leurs futures aventures...
Bref, rangeons les violons et parlons de trucs moins dramatiques. (Oui, c'est un drame, j'exagère pas).
Qui l'avait vu venir le rapprochement entre Gale et Liv ? Qu'est-ce qu'on en pense ?
Est-ce que les personnes qui pensaient que Liv était une espionne le pense toujours ? Est-ce qu'elle se serait rapprocher de Gale pour une bonne raison ?
Quand aux inquiétudes de Gale, qui pense quoi ? Vous croyez qu'il ne devrait pas faire ça ? Que c'est mal vis à vis de Wayne ?
Et la musique, alors, vous aimez ? Quand je l'ai découverte, je l'ai adorée.
Voilà, c'est tout pour moi. Je vous souhaite un bon dimanche et vous dit à jeudi pour la suite.
Prenez bien soin de vous.
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