Chapitre 12 | 1
"We're broken people living under loaded gun.
And it can't be outfought,
It can't be outdone,
It can't be outmatched,
It can't be outrun."
The Catalyst – Linkin Park. (En média).
— Eh, on se calme, la top model, intervient Gale en s'interposant entre Alaska et moi, les mains en évidence devant lui.
Un sourcil levé, mon assaillante considère mon frère avec condescendance puis arme son flingue dans un avertissement sourd. Il est clair qu'elle lui demande de s'écarter mais Gale n'obtempère pas. Il reste là, à la défier. Il met sa vie en danger pour me protéger. Encore une fois.
— Gale, bouge de là, soufflé-je, les yeux fixés sur Alaska.
— Sûrement pas. On va tous redescendre en pression et la dame va baisser son arme, d'accord ? propose-t-il d'une voix douce. On va s'expliquer, et on va trouver une solution tous ensemble. On a pas besoin d'en arriver là...
À son souffle court et son ton plus aigu qu'à la normale, je comprends que mon meilleur ami est à cran. Depuis que Savannah a tiré sur Wayne, il ne se fait plus confiance. Il ne se croit plus capable de gérer ce genre de situation sans que ça ne tourne au drame parce qu'il s'en veut de ne pas l'avoir vu venir, de ne pas avoir été en mesure de réagir. Son angoisse communicative me retourne l'estomac, mais je ne me laisse pas submerger. Il faut que je prenne les choses en mains. Méfiant, je fais quelques pas lents pour arriver à la hauteur de mon frère et passer devant lui. Tu ne prendras pas pour moi, je ne le permettrai plus. Un bras tendu devant lui, je lui interdis de tenter quoi que ce soit et avance vers le neuf millimètres jusqu'à ce qu'il se dépose sur mon torse.
— Tout va bien, Alaska, murmuré-je le plus calmement possible. Je ne vais rien faire, d'accord ? Je veux juste essayer de discuter avec toi, rien de plus.
— Discuter, hein ? Tu m'as prise pour un lapin de trois semaines, mon bichon ? Je t'avais prévenu, je crois. Tu ramenais ton petit cul ici avant deux heures, et moi, j'avais mes 500 dollars de la semaine. Au lieu de ça, t'as essayé de me baiser.
— Essaie ne serait-ce que de penser à tirer et tu vivras pas assez longtemps pour toucher le moindre cent, crache Gale, plus mauvais que jamais.
— Gale ! admonesté-je.
La respiration de mon meilleur ami est tellement rauque que je pourrais presque sentir la rage qui émane de son corps faire bouillir l'atmosphère toute entière. D'un mouvement rapide, Alaska vise Gale, et tire. Mon cœur explose dans ma poitrine mais quand j'entends mon frère jurer, ma peur panique se calme un peu. Je fais volte-face quelques secondes et constate que la balle n'a fait qu'érafler sa joue. Une ligne de sang barre sa pommette droite alors qu'il en essuie les gouttes qui dégoulinent sur son visage, et une bouffée de chaleur m'envahit.
— Stop, stop ! m'écrié-je, le souffle saccadé. On a compris, tu sais viser, mais putain ne t'en prends pas à lui ! C'est moi que tu veux, moi qui n'ai pas suivi les règles ! Si tu dois tirer sur quelqu'un, tire sur moi.
Le silence d'Alaska me pétrifie. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle veut, ni jusqu'où elle est capable d'aller. Elle peut détruire la seule famille qu'il me reste en un claquement de doigts, et ça m'empêche d'analyser correctement la tempête qui menace de tout ravager.
— Alaska ! Alaska, j'ai entendu un coup de feu ! Est-ce que ça va ?
Sky déboule dans la salle d'accueil comme une furie, puis se fige. Son regard, d'abord bloqué sur Gale, dévie vers le détonateur qui peut faire exploser ma vie à tout moment et son expression change. Elle paraît horrifiée, terrorisée à l'idée que la situation ne s'envenime. Déconcentrée par l'arrivée de son amie, Alaska me quitte des yeux une seconde. Ni une, ni deux, je profite de son inattention pour me décaler de quelques centimètres et sortir du champ de tir. J'attrape le canon du calibre de la main gauche puis pousse sur son poignet d'un geste aussi sec que violent de la droite, la forçant à lâcher prise. Un coup de feu éclate alors que ma victime se rend compte qu'elle ne maîtrise plus rien, mais je reste concentré. Tout va bien, Gale est hors de portée, tout ce que j'ai à faire c'est garder mon calme et suivre le protocole. Comme une chorégraphie que j'aurais répétée des dizaines de fois, je lance l'arme à mon frère et tords le poignet d'Alaska dans une clé de bras agressive. Un craquement sourd et un gémissement de douleur retentissent, mais je n'y prête pas attention ; avec ses talons, elle me domine de toute sa hauteur, ça pourrait tourner à mon désavantage si je n'agis pas tout de suite. Je frappe donc l'arrière de son genou avec mon pied pour qu'elle s'écroule sur le sol et que ma prise soit plus efficace. À peine agenouillée, Alaska tente déjà de se relever, mais je passe mon coude autour de sa gorge alors que Gale s'approche de nous, le neuf millimètres pointé dans sa direction. Essoufflé, épuisé et les côtes en miettes, mes muscles me rappellent l'urgence d'en finir rapidement. Mon corps tremble, mes pensées s'agitent, je suis à deux doigts de perdre le contrôle.
— C'est terminé, maintenant, affirme mon frère.
Je ne sais pas s'il essaie de me rassurer ou s'il s'adresse à la boule de nerfs qui gigote contre moi, mais entendre sa voix m'apaise. Ça me ramène à la réalité, et je reprends le dessus.
— C'est bon, Gale. Elle ne peut plus bouger, lâche ce pistolet, maintenant, s'enquiert Sky.
Toujours en panique, cette dernière me supplie du regard. Elle m'implore de raisonner mon meilleur ami, d'y aller doucement avec Alaska, comme si c'était moi le danger ici. Comme si, soudainement, je n'étais plus celui qu'elle a connu pendant des années, mais juste celui qui a fait tuer sa sœur jumelle.
— Le regarde pas comme ça, Sky. C'est ta copine qui nous à attaquer sans raison, me défend Gale avec sévérité.
Sky le dévisage et la douleur amère qui enflait dans ma poitrine s'atténue. Lui, au moins, il sait qui je suis.
— Qu'est-ce que tu vas faire, mon chou ? Me garder prisonnière toute la nuit ? susurre la drag-queen à mon attention, un sourire évident dans la voix.
Frustré, j'accentue la pression sur sa trachée en espérant que ça puisse la faire taire quelques minutes.
— Toi, tu la fermes, grincé-je.
Tu la fermes et tu me laisses réfléchir.
Je n'ai pas envie de l'admettre, mais elle a raison. Il va bien falloir que je la laisse partir à un moment ou un autre, et si elle est toujours d'humeur à me massacrer, je ne pourrai pas l'en empêcher très longtemps. Un peu perdu, je lance un coup d'œil crispé à Gale, qui capte tout de suite mon inquiétude et articule « négociation » sans émettre le moindre son. Des flashs de ma formation avec Lola me reviennent par dizaines alors que mon cerveau carbure à toute vitesse.
« Pour négocier efficacement, quel que soit le prix de départ, il faut s'assurer de connaître les priorités de ton concurrent, le Prodige. »
Qu'est-ce que veut Alaska ? Qu'est-ce qui l'intéresse le plus ? Le cœur battant, je me repasse en boucle le peu de conversations que j'ai pu avoir avec cette femme extravagante. L'argent, c'est l'argent sa véritable motivation.
« Une fois que tu sais ça, tu dois apprendre à faire des enchères intelligentes. Propose un prix raisonnable, mais reste toujours en dessous de ta limite initiale pour être certain d'avoir une marge de manœuvre. Ton but n'est pas de la jouer à la loyale, mais de remporter la mise avec le moins de frais possible. »
Les dents serrées, j'abandonne l'angoisse qui me tiraille le ventre, et entre dans la peau de l'homme d'affaire que Gambino a façonné. Si je laisse transparaître le moindre doute, la moindre once de peur, j'ai perdu d'avance. La clé de la réussite, c'est le bluff parfait.
— C'est ton blé que tu veux, pas vrai ?
Tout juste capable de respirer, Alaska opine.
— Alors toi et moi, on va faire un marché : je te file 700 dollars maintenant, et tu laisses la vie sauve à toutes les personnes dans la pièce, deal ?
Je desserre un peu l'étreinte autour de sa gorge pour lui permettre de parler, mais ma victime s'étouffe avant de pouvoir articuler quoi que ce soit.
— 1000 dollars, finit-elle par prononcer après sa quinte de toux.
Bien, tu tombes pile-poil dans mon piège.
— 800 dollars et je t'en file 100 de plus toutes les semaines pour que tu dises à Lola ce qu'elle veut entendre, peu importe si c'est la vérité ou non.
Alaska hésite.
« Ne laisse pas ton concurrent prendre le temps de réfléchir. Mets-lui la pression, pousse-le à faire une erreur, à accepter un échange qui n'est pas forcément à son avantage. »
— Ou sinon, on peut aussi t'exploser la cervelle maintenant, qu'est-ce que t'en dis ? ricané-je, insolent.
La drag-queen se tend, mais ne dit toujours rien, et Sky me lance un regard outré.
— Tic-tac, tic-tac, lâche Gale, en entrant dans mon jeu.
Il s'approche de notre victime à pas comptés, dépose le flingue sur sa tempe, et l'arme.
— Okay, okay, ça va ! s'exclame Alaska. Mais si jamais Lola se pointe ici et que ton cul est pas dans ta chambre, qu'est-ce que je suis censée faire, hein ? Aussi sexy que tu sois, je suis pas prête à mourir pour toi, mon poussin.
— Oh, j'en sais rien, tu démerdes. Je suis sûr que t'es pleine de ressources, lâché-je, moqueur.
Gale enfonce un peu plus le canon du calibre dans la peau de sa victime.
— Deal, deal ! Mais je veux mon fric avant la fin de la semaine, cède-t-elle dans un soupir.
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Salut tout le monde,
Vous avez vu, aujourd'hui, je suis dans les temps... Comment ça va ?
J'ai pas vraiment de blablatage à faire aujourd'hui. Ces derniers temps je n'ai pas beaucoup écrit et ça me fait chier, mais je vais essayer de me rattraper. Ce serait dommage que je perde l'avance que j'ai.
J'ai vu que Je N'ai Plus Peur venait de dépasser les 1,5K, ça me fait trop plaisir. Merci beaucoup. Merci à toutes les personnes qui prennent le temps de me lire, à toutes celles qui prennent le temps de voter et de commenter. Vous rendez mes journées plus belles. Vous me donnez envie de me battre pour mon rêve.
Cœur sur vous.
Sinon, Alaska, vous en pensez quoi ? Est-ce qu'il faut se méfier d'elle ou est-ce que West aura toujours le dessus sur elle, à votre avis ?
Vous croyez qu'elle va tenir sa parole ou vous pensez qu'elle va prendre l'argent de West et quand même rester du côté de Lola ?
Et la réaction de Sky, alors, elle vous fait quoi ? Vous comprenez la façon qu'elle a eu de regarder West ou vous lui en voulez ?
Pour la musique, West et moi on vous prévient, vous n'avez pas le droit de ne pas aimer. Linkin Park, c'est la base.
Voilà, voilà, c'est tout pour moi. Je vais vous laisser avec ce petit bout de chapitre et j'ai hâte de revenir avec le prochain, parce qu'à mon avis, il ne vous laissera pas de marbre...
Je vous souhaite une belle fin de journée.
À samedi, les potes. Et encore merci, de tout cœur.
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