Chapitre 1 | 1
"With each years our color fades,
Slowly, our paint chips away."
North – Sleeping At Last. (En média).
Hésitant, je tourne et retourne le paquet entre mes doigts. Je le fixe, encore. Je l'ouvre, je le referme, et je recommence. Avec un énième soupir, je le jette sur ce qui me sert de table d'un geste brutal. Qu'est-ce que dirait West s'il me voyait craquer ? Soudain abattu, je secoue la tête en lâchant les dernières bouffées d'oxygène qu'il me reste. Il m'obligerait à parler. Il poserait des tas de questions, il me pousserait dans mes retranchements, il me ferait tellement déblatérer que j'en oublierais mon envie de fumer, mon envie de me foutre la tête à l'envers, mon envie d'oublier... Voilà ce que West ferait. Mais West n'est pas là.
Mon regard survole une nouvelle fois le meuble vétuste sur lequel m'attendent mes vieux démons, puis lorgne un peu trop longtemps sur la bouteille de vodka encore pleine. Je souffle.
— Et merde, West. Même quand t'es pas avec moi, tu me fais culpabiliser.
Dans un grognement sourd, j'attrape l'alcool d'une main ferme pour le reposer dans l'un des placards grisâtres dont la porte fêlée manque de s'écrouler à chaque mouvement, puis m'appuie sur l'évier en inox, les yeux clos. Après quelques secondes à faire le vide, je finis par relever le nez pour me concentrer sur la minuscule fenêtre qui donne sur une petite ruelle sale. Je l'observe un moment. Un long moment. Je m'y vois, je m'y perds, je m'y noie. J'ai presque envie de me laisser aller et d'imaginer qu'il s'agit de celle de Harlem. Perdu dans mes souvenirs, je songe à New York. Un sourire s'agrippe à mon visage malgré moi alors que je revois les trois pots de fleurs posés à côté de l'étang, et je me sens serein ; les traits lumineux de mon petit frère se redessinent dans mon esprit, et tout s'écroule de nouveau. Des rafales humides s'abattent sur mes joues en même temps qu'une douleur fulgurante m'érafle la poitrine, m'obligeant à éponger mes larmes avec rage. Ne pas pleurer. Les sanglots que je retiens s'agglomèrent au fond de ma gorge en une boule bouillante alors que je me dirige vers la chaise en bois sur laquelle j'étais assis. Agacé par ma propre faiblesse, j'ouvre le paquet de Marlboro sans ménagement, puis dépose bien trop de tabac sur mon papier à rouler. Quand je comprends que même ça, ça ne calmera pas le feu ardent qui me consume de l'intérieur, je laisse de nouveaux ruisseaux salés m'échapper.
« Si tu veux vraiment être un homme, arrête de chialer comme une fiotte, gamin ! »
La voix de mon vieux me rappelle à l'ordre, et je serre les dents en essuyant violemment mes pommettes. Je ne suis pas une fiotte, je suis un homme. Et les hommes ne pleurent pas. Une fois roulée, je porte la clope à mes lèvres, cherche mon briquet dans mes poches, mais le claquement de la porte d'entrée m'interrompt. Je ne prends même pas la peine de me retourner, je sais de qui il s'agit rien qu'à l'odeur écœurante de vanille qui pollue l'atmosphère.
— Va jouer les salopes plus tard, Olivia, il est pas là, lancé-je, acerbe.
Une chevelure auburn passe devant moi avec nonchalance, alors que la magnifique créature qui attise les flammes de ma colère se dépose sur le siège qui fait face au mien autour de la table. Penchée vers moi, elle s'appuie langoureusement sur les coudes et m'offre une vue plongeante sur son décolleté. À la fois excédé et amusé, je lève un sourcil quand elle passe sa langue sur ses dents aussi blanches que droites avant de me gratifier d'un regard hautain.
— Je m'appelle Liv, sombre abruti.
Son ton cassant m'électrise, et j'ai presque envie de lui lâcher un rire caustique à la figure.
— Mais dans « Olivia », il y a « Liv », Poupée, ricané-je, plus provocateur que jamais.
Explosive, elle se lève avec humeur pour passer devant moi comme une furie et se diriger vers la seule chambre de l'appartement. Elle déteste que je l'appelle Poupée.
— T'es vraiment un sale con, Gale !
Son hurlement de frustration me fait marrer, et je crois que mon rictus l'agace encore un peu plus puisqu'elle se met à marmonner en claquant la porte. Je me cale sur un peu plus confortablement sur ma chaise pour oublier madame-la-diva et me focalise enfin sur cette cigarette que j'hésite encore à allumer. Fais chier. Je sors mon briquet, fais jaillir sa flamme...
— Je croyais que t'avais arrêté.
Surpris, je fais un bond et me retourne vers la porte que je n'ai cette fois pas entendue. Wayne est bien plus discret que sa grognasse. Un faible sourire sur le visage, je pousse un profond soupir pour la centième fois aujourd'hui.
— Ouais... West m'avait fait promettre de plus jamais toucher à ces trucs de ma vie.
Lorsque je prononce le nom de mon frère, Wayne se raidit puis s'immobilise. Ses prunelles émeraude se perdent un instant dans le vide, comme s'il revivait un moment douloureux, un moment disparu. Il secoue la tête, se racle la gorge et finit par balancer son trench-coat sur notre canapé à l'agonie.
— Mais West n'est plus là pour te dire ce que tu as à faire, siffle-t-il en reportant son attention sur moi, alors si tu as besoin de ça pour te détendre, détends-toi.
Son air dur et fermé, son ton sec et froid, mêlés à toute l'amertume qui se dégage de lui dès qu'il est question de West me serrent le cœur, mais je ne dis rien. Je sais qu'il en bave. Même s'il refuse de l'admettre.
— Ta pouffiasse est là, l'informé-je pour changer de sujet.
Il hoche la tête avant d'aller la rejoindre, et j'appuie sur la roulette du Zippo de ma mère. Cette fumée réconfortante que je connais par cœur se mélange à la tendre brûlure qui s'aventure successivement dans ma trachée et ma poitrine alors que je prends une taffe, puis deux, puis trois... Je ne sais pas combien de temps je reste là, dans la cuisine de cet endroit délabré, mais je profite de chaque instant. Je me délecte de chaque inspiration vers la mort lente et sans douleur que me promet la nicotine. Pendant ces quelques minutes de répit, le temps semble s'arrêter pour emmener avec lui chacun de mes sentiments et me permettre de reprendre mon souffle. Pendant ces quelques minutes, je ne ressens plus cette souffrance lancinante qui me bouffe depuis que West n'est plus là pour m'épauler. J'aime cette tranquillité, j'aime cette chaude odeur de braise...
— Oh, non, merde... Gale ! Gale, viens vite !
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Coucou tout le monde, comment ça va ?
On commence doucement mais sûrement avec une partie assez courte qui j'espère vous plaira (vous en faites pas, la partie suivante, je vous jette dans le grand bain, elle fera le double de celle-là). La réécriture de ce chapitre a été laborieuse, donc si jamais vous trouvez quelques petites coquilles n'hésitez pas à me les faire remarquer !
En ce moment j'avance moyennement sur la suite de la réécriture (mais j'ai de l'avance, vous en faites pas), mais je reprends goût à la lecture. Je suis plongé dans un roman qui me passionne et mes bêtas sont toujours aussi intéressantes, ce qui me permet de faire des pauses dans ma réécriture et d'être d'autant plus efficace quand je m'y remets. Et vous alors, vous lisez quoi en ce moment ?
Enfin bref, passons aux choses sérieuses :
Un point de vue de Gale, ça vous fait plaisir ?
Liv, vous la sentez comment ? Elle vous inspire quoi au premier abord, comme ça ?
Et Wayne alors, ses réactions vous étonnent ?
La team West, on se sent comment ? (Les ancien.ne.s pas un mot de travers sinon je me fâche).
Cette chanson me fera éternellement penser à Gale et sa clope, je l'aime d'amour. Elle vous plait ?
Et bien voilà, la première partie est déjà terminée, j'espère qu'elle vous plait, qu'elle vous questionne ou vous fait déjà ressentir deux, trois trucs. N'hésitez pas à me parler de vos hypothèses concernant la suite ou concernant les personnages, dites-moi tout ce qui vous passe par la tête, je suis super curieux !
On se retrouve jeudi pour la seconde partie, les potes. En attendant prenez bien soin de vous et on se retrouve peut-être sur mes réseaux qui vous m'y suivez !
À très vite,
Cœurs sur vous.
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