Chapitre 8 : le droit de garder le silence

Des hommes enveloppèrent le corps sans vie de Jason dans un grand sac noir, et l'installèrent dans un camion en direction du centre où l'on examinait les morts. Désormais, tout le monde savait que Jason ne s'était pas noyé, mais qu'il avait bel et bien été assassiné.

- Ça craint, murmura Jughead. Surtout pour Archie, parce qu'il avait entendu un coup de feu le matin du 4 juillet, et il n'a jamais rien dit.

- Pourquoi ça ? voulus-je savoir.

- À cause d'une histoire avec une fille, répondit vaguement Jughead sans me donner davantage de détails. Mais au moins maintenant, j'aurais quelque chose de neuf à raconter dans mon roman.

Son peu de considération pour Jason me fit rire :

- Tu n'aimais pas plus Jason que moi j'ai l'impression.

- Effectivement. Ce n'était pas vraiment une histoire d'amour entre lui et sa petite bande de footballeurs -ceux qui tenaient le carnet-, et moi. J'espère que...

Jughead fut couper par son téléphone qui se mit à sonner : c'était Betty qui l'appelait. Je n'entendais pas vraiment ce qu'elle disait, mais elle semblait crier ou pleurer, je ne savais pas trop. Je me souvenais que plus tôt dans la journée, Veronica m'avait dit que Betty allait avouer ses sentiments à Archie : c'était peut-être cela qui la mettait dans tous ses états. Jughead raccrocha et me dit :

- Faut que je te ramène chez toi rapidement, je dois rejoindre Betty.

Il semblait vraiment inquiet à propos de la jolie blonde et pressé de la rejoindre : j'ignorais qu'ils étaient si proches. Jamais je ne l'aurais imaginé réagir comme cela à l'un de ses appels. J'adorais Betty mais à cet instant, je n'avais pas envie qu'il aille la voir à ma place. Ouais, c'était légèrement égoïste.

- C'est bon, Kevin n'est pas encore parti et je suis sûre qu'il acceptera de me ramener chez moi, dis-je à Jughead un peu sèchement.

Ce dernier ne remarqua même pas mon ton sec, et n'essaya pas non plus de me retenir :

- Ça m'arrange beaucoup, Jenna, merci. Betty a un problème avec Archie, il faut que j'aille voir si elle va bien.

- À bientôt, marmonnai-je simplement.

- À bientôt, répéta-t-il plus pressé que jamais.

Il ne remarquait même pas que j'étais contrariée ! Il se retourna, fit quelque pas en direction de la voiture, puis se retourna à nouveau vers moi en affichant un petit sourire :

- C'était un honneur d'avoir pu t'accompagner au bal. Bonne nuit, Jenna Thompson.

Cette simple phrase fit radicalement changer mon humeur, comme si je ne lui en voulais plus de me laisser pour Betty. J'étais un peu bête.

Une vingtaine de minutes plus tard, j'étais chez moi.

- Alors, ce bal ? s'enquit ma mère.

- Ça va, répondis-je. Vous êtes au courant qu'ils ont trouvé le corps de Jason ?

- On a croisé Mme McCartey -une voisine- qui nous en a parlé. Si les Blossom continuent de penser que tu es la responsable, on a intérêt à ce que tu rencontres notre avocat dès que possible. Il faudra établir une défense solide.

Je hochai la tête, et partis me coucher. Je n'avais pas envie de continuer cette discussion.

Le lendemain matin, j'envoyai un SMS à Jughead : « Hamburger chez Pop's ce midi ? ». Je tenais toujours à le remercier de m'avoir défendue contre Chuck au bal. Il me répondit qu'il devait aller rendre visite à Polly avec Betty -une fois de plus, elle passait avant moi-, mais qu'on irait chez Pop's ce soir. Ça allait, ma journée n'allait pas totalement être merdique : enfin ça, c'était ce que je pensais.

L'après-midi, je rencontrai mon avocat, Me Fleming qui me posa une série de questions. Par la suite, cette rencontre allait s'avérer bien plus utile que je le pensais.

Vers 20h, je rejoignis Jughead chez Pop's qui me raconta que les sentiments de Betty envers Archie n'étaient pas réciproques -ce que je trouvais bien dommage-, et que par la suite, Veronica et Archie s'étaient enfermés dans un placard chez Cheryl. Betty avait donc deviné ce qui s'était passé, et ça lui avait fait beaucoup de peine.
Ensuite, il m'annonça que Polly était enceinte de Jason, et aussi qu'avant leur visite, elle ignorait qu'il était mort. Pauvre Polly.

- Est-ce qu'elle sait que Jason m'a... violée ? demandai-je doucement.

J'étais toujours gênée quand je devais prononcer ce mot, surtout devant Jughead. Il hocha la tête :

- C'est bizarre, mais Jason lui avait tout raconté.

- Et elle voulait quand même fuir Riverdale avec lui ? m'exclamai-je.

- Bah tu sais, elle l'aimait et elle portait son enfant.

- Ouais, enfin quand même. Il faut être fou pour aimer un psychopathe comme Jason.

- C'est comme être amie avec Cheryl : il faut avoir quelques neurones en moins.

- Hé ! criai-je en lui donnant une tape sur l'épaule.

- Je plaisante, dit-il en levant les mains comme s'il plaidait innocent. Tu peux bien trainer avec qui tu veux. Regardes, t'es actuellement avec un gars qu'il s'appelle quand même Jughead Jones.

- Et en plus, il porte un bonnet chelou, enchéris-je.

- Putain ouais. En fait, tu devrais faire gaffe avec qui tu traînes, sourit-il en mordant dans son burger.

- J'y penserais, merci du conseil, répondis-je.

Le repas se termina dans la bonne humeur : Pop nous offrit même nos boissons.

Histoire de digérer, Jughead me raccompagna jusque chez moi à pieds. Arrivés devant ma maison, des lumières bleues clignotaient et trois voitures de police étaient garées devant chez moi.

- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? murmurai-je.

- Visiblement, des voitures de police, répondit simplement Jughead.

- Merci pour l'info Jug, mais là ça ne me fait pas trop rire.

En fait, c'était la première fois que j'appelais Jughead « Jug ». Pourtant, au lycée, tout le monde le faisait -même Betty-, et ils l'appelaient même parfois « Juggy ». Moi, je ne m'étais jamais autorisée cette familiarité, mais pourtant à cet instant, « Jug » était sorti tout naturellement.

Toutefois, quelle que soit la façon dont j'appelais Jughead, les voitures de police étaient toujours devant chez moi.

- Tu m'accompagnes ? demandai-je à Jughead.

Je n'avais pas envie d'entrer chez moi toute seule. J'ouvris la porte d'entrée et découvris ma maison dans une extrême pagaille. Le shérif Keller et ses adjoints discutaient avec mes parents d'un air grave. Ils se retournèrent tous quand ils entendirent la porte d'entrée s'ouvrir, et je vis le shérif Keller avec une arme dans les mains : celle de mon père.

- Tu reconnais cette arme ? me demanda le shérif.

J'hochai la tête :

- C'est celle de mon père.

- Jenna Thompson, vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de Jason Blossom, dit sérieusement Keller. Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous. Vous avez le droit à un avocat, si vous n'en avez pas les moyens un avocat d'office pourra vous être accordé par la cour.

Dites-moi que c'était une blague. Je n'y croyais pas, Cheryl avait réussi son coup.

- Vous n'avez pas le droit de l'arrêter ! hurla ma mère, que mon père retenait. C'est une gamine, elle n'a que 17 ans, elle n'a rien fait ! Elle ne sait même pas tirer, elle ne s'est jamais servi d'une arme !

- C'est la loi, rétorqua sèchement un officier.

- Maman, ça va aller, répondis-je. Ils vont vite voir que je suis innocente.

Le shérif Keller commença à sortir des menottes. Mes parents n'eurent pas le temps de répliquer que Jughead s'interposa :

- C'est inadmissible ! Vous n'allez pas lui passer les menottes !

Le shérif soupira puis les rangea :

- Allons-y.

- On te suit en voiture, ma chérie, murmura ma mère. On se rejoint au poste.

- J'arrive aussi, Jenna, dit Jughead.

- C'est interdit, aboya un officier. Seule la famille peut venir.

- T'inquiète Jug, ça va aller, dis-je.

Les agents de police me firent monter dans leur voiture, pendant que quelques voisins admiraient la scène avec curiosité. Avant que le shérif Keller ferme la portière, j'entendis Jughead crier :

- T'en fais pas, j'te laisserai pas tomber, Jen.

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