Après ma discussion avec Jughead, j'étais rentrée me coucher. J'avais de la chance d'avoir des parents cool, qui me laissaient sortir quand je voulais, même en soir de semaine. Bizarrement, j'avais presque oublié que Cheryl m'accusait d'avoir tué son frère, et je m'endormis rapidement. Cependant, le lycée me ramena à la réalité : tout le monde me dévisageait tout en lisant sur leur téléphone quelque chose qui semblait très intéressant. Je n'arrivais pas à le croire ! Cheryl criait à tous les coins de rue que j'étais une meurtrière. Heureusement, Veronica et Kevin arrivèrent : ils me prirent chacun par un bras et m'entraînèrent un peu plus loin.

- T'en fais pas, dit Kevin d'un ton jovial, nous on sait que t'es pas une tueuse.

- C'est sûr, enchérit Veronica, et on ne la laissera pas t'accuser comme ça.

Ils étaient tellement gentils avec moi, alors que je n'avais jamais rien fait pour mériter cela. Ça me faisait vraiment plaisir.

J'étais encore en train de les remercier quand la sonnerie retentit. La matinée passa lentement : je faisais de mon mieux pour éviter les regards accusateurs de mes camarades. Le midi, Veronica m'emmena de force manger avec eux -enfin, elle n'eut pas vraiment à me forcer puisqu'en réalité je n'avais personne avec qui rester. Nous rejoignîmes donc Kevin, Betty, Archie et Jughead qui étaient déjà dehors avec leurs plateaux. Archie parlait de Cheryl :

- D'ordinaire, je l'aime bien mais...

- C'est normal, tu aimes tout le monde, le coupa Veronica avec un grand sourire.

- Bah, il n'y a rien de mal à être gentil, répondit-il. Mais je voulais dire que cette fois-ci, elle est allée trop loin.

- C'est gentil, Archie, répondis-je doucement.

Ça faisait vraiment bizarre que tout le monde prenne ma défense, mais c'était plutôt agréable. Veronica, Betty et Kevin racontèrent l'histoire du carnet qu'on avait trouvé hier soir à Archie et Jughead. Ce dernier, toujours en train de pianoter sur son ordinateur, levait un sourcil de temps en temps, quand une information lui paraissait un peu plus intéressante. J'étais perdue dans mes pensées, en train de l'observer. J'étais peut-être un peu trop insistante puisque brusquement, il tourna la tête vers moi : je me sentis très mal à l'aise et fis semblant que je regardais quelque chose qui se trouvait derrière lui. C'était un peu pitoyable. J'avais perdu le fil de la conversation mais ceci cessa brutalement quand j'entendis Kevin dire :

- Et c'est donc là qu'on a vu que Jenna avait couché avec Jason pour 25 points.

Du coin de l'œil, je vis Jughead lever brutalement la tête, puis la rebaisser aussitôt. Je ne savais pas si je devais être flattée à l'idée que moi couchant avec Jason le perturbait, ou au contraire honteuse parce qu'il était actuellement en train de me juger. En réalité, je n'arrivais jamais à savoir ce qu'il pensait.

- Kevin ! s'écria Betty en lui donnant un coup de coude.

- Ouais, enfin, c'est ce qui été écrit, je voulais dire, reprit Kevin.

- C'est pas grave, murmurai-je, tu peux bien croire ce que tu veux, ça n'a pas vraiment d'importance maintenant.

- Tu rigoles ! s'exclama Veronica. T'as dis que tu n'avais jamais rien fait avec ce gars et on te croit. Mais franchement, ils se prennent pour qui avec leur stupide carnet et leurs photos au sirop d'érable ? Ils s'en sont quand même pris à Ethel, Polly, Jenna et moi. Il est peut-être temps que ça cesse !

- T'as une idée en tête, V ? lui demanda Betty en levant un sourcil.

- Absolument ! répliqua la jolie brune. J'ai besoin de vous, les filles. Et de Chuck aussi, mais lui il ne le sait pas encore.

- Je compte comme une fille ? demanda Kevin. Aller, je suis gay, j'ai bien le droit de faire partie de ton plan diabolique.

- Pas question, refusa Veronica.

- On peut savoir en quoi ça consiste exactement ? demanda Archie.

- Non, c'est un secret entre filles. Ce qui compte, c'est le résultat final. Betty, Jenna, je peux compter sur vous ?

Betty hésitait étant donné qu'elle ne savait pas trop ce qui l'attendait. Elle était gentille mais un peu trop sage.

- C'est sûr qu'on va pas laisser ces mecs s'en tirer comme ça ! répondis-je. Quelle que soit ton idée, je marche.

Betty soupira mais accepta à son tour. De toute manière, elle n'avait pas le choix : elle savait que Veronica et moi, on l'aurait emmenée de force.

Une fois les cours terminés, je me rendis à l'entraînement des cheerleaders où se trouvaient Betty, Veronica mais surtout Cheryl : c'était la première fois que je la voyais depuis ses accusations. Elle ne m'adressa ni mot, ni regard, et c'était mieux comme ça.

À la fin de l'entraînement, Cheryl et moi devions rester pour ranger, puisque nous sommes les capitaines. Finalement, elle me laissa tout faire toute seule. D'ordinaire, j'aurais protesté, mais aujourd'hui je n'avais pas envie d'un nouveau conflit, ni même de lui parler tout simplement.

Quand je me rendis au vestiaires, toutes les filles étaient déjà parties. Je pris ma douche mais tout à coup, j'entendis une porte s'ouvrir au loin et des pas s'approcher. C'était bizarre qu'il y ait quelqu'un à cette heure. Avec la disparition de Jason, j'avais tendance à flipper un peu tout le temps : je mis donc une serviette autour de moi et sortis des douches.

- Qui est là ? criai-je tout en me cognant contre une surface dure.

En fait, j'étais rentrée dans un torse. Je levais la tête : dans le torse de Jughead. Premièrement, j'étais soulagée que ce ne soit pas un tueur en série. Mais deuxièmement, ça me fit penser à prendre une serviette de douche plus longue pour la prochaine fois, car si on ne voyait pas mes fesses à l'instant même, c'était un grand miracle.

- Oh, Jenna, je... heu... excuse-moi, bafouilla-t-il.

Juste avant qu'il se retourne pour me rendre un peu d'intimité, j'eu le temps de remarquer que ses joues avaient rosi. Alors comme ça, je lui faisais de l'effet ?

- Je... c'est Cheryl qui m'a dit que je te trouverais ici, mais elle m'a aussi assuré que tu avais fini de te changer.

- La garce, murmurai-je. Je te rappelle qu'on n'est pas en très bons termes donc si j'étais toi, je ne croirais pas tout ce qu'elle dit sur moi.

- C'est vrai.

Il y eut un silence un peu gênant.

- Bon, du coup je vais aller m'habiller et on pourra parler après, dis-je.

Jughead sortit. J'enfilai rapidement un short, un t-shirt large et laissai mes cheveux blonds détachés, puis je le rejoignis dehors.

- Tu voulais me parler de quelque chose en particulier ? demandai-je. Tu as appris quelque chose au sujet de Jason ?

- Non, répondit-il, mais je repensais à la conversation de ce midi. Tu affirmes bien que Jason et toi, vous n'avez pas, heu...

Le fait qu'il était gêné de parler de ce genre de choses avec moi le rendait encore plus mignon.

- Non il ne s'est rien passé, lui assurai-je.

- Tu en es sure et certaine ? recommença-t-il.

- Bah oui merci, je sais encore avec qui je couche.

Ma réponse parut le déstabiliser un peu, mais il continua :

- C'était une soirée, donc tu avais peut-être bu, murmura-t-il.

- C'est sur, mais pas au point de faire ce genre de choses et ensuite de ne plus m'en souvenir ! Et puis d'abord, pourquoi toutes ces questions ?

- En fait, répondit-il, peut-être que la personne qui a écrit cette fausse info dans le carnet avait en réalité un lien avec la disparition de Jason. Regarde, c'est à cause de ça que Cheryl croit que tu as tué son frère : si ça se trouve, c'était un coup monté pour te faire porter le chapeau.

- Je ne sais pas, ça semble assez tordu... mais bon, pourquoi pas ! De toute manière, si grâce au super plan de Veronica j'apprends quelque chose par Chuck, tu seras le premier au courant.

Il me remercia et partit un peu précipitamment. Notre conversation me laissa une impression bizarre, mais je n'eu pas le temps d'y penser puisque Veronica m'appela pour me faire part de son plan anti-Chuck.

À 21h, j'arrivai devant la maison d'Ethel, où Veronica vint m'ouvrir. Elle était très belle, bien maquillée, et vêtue d'un maillot de bain une pièce noir, très échancré, avec des escarpins et un kimono foncé. Maintenant, je voyais ce qu'elle voulait dire par « trouve-toi un maillot de bain sexy ». J'avais opté pour une brassière ras du coup et à lanières sur le devant, à motifs bleus, ainsi qu'un bas taille haute qui allait avec. Bien sur, j'avais mis un long manteau pour venir ici. Je l'enlevai et Veronica dit :

- Parfait ta tenue. Avec ça, Chuck ne pourra pas nous résister.

- Il y a intérêt, répondis-je, parce que si je me mets à moitié à poil devant cet enfoiré, c'est pour que ça marche. Où est Betty ?

- Elle est en train de se changer. Ce qu'on va faire, c'est que tu vas t'installer dans le jacuzzi, et moi j'irais ouvrir à Chuck. On fera en sorte de le séduire pour qu'il se détende dans le jacuzzi avec nous. Betty fera son entrée juste après, et elle s'occupera de l'endormir.

- Tu ne crois pas qu'on va un peu trop loin en le droguant ?

- Mais non, Betty m'a assuré qu'elle ferait un dosage léger. Merde, je crois qu'il arrive !

Je me rendis dans le jacuzzi, pendant que Veronica invita Chuck à entrer d'une voix séduisante. Il paraissait déconcerté par la situation, mais n'en était pas moins mécontent.

Betty arriva, et nous fûmes tous les trois choqués : elle avait revêtit une perruque noire et adoptait une démarche très assurée. J'avais du mal à la reconnaître, on aurait dit une personne totalement différente.

Tout se passa comme prévu. Betty endormit Chuck et il se réveilla une quinzaine de minutes plus tard, menotté au jacuzzi dont nous étions sorties. Il reprit connaissance :

- Qu'est-ce que vous m'avez fait ?

- Détends-toi, lui ordonna Betty. Réponds à nos questions et tout ira bien.

Veronica et moi étions spectatrices. Betty commença à lui parler du carnet, de la photo de lui et Veronica, puis enchaîna sur l'histoire de Jason et Polly. La tension commençait à monter, et je ne reconnaissais plus du tout Betty qui appuyait sur la tête de Chuck avec son talon aiguille. Elle commençait à péter un câble.

- Excuse-toi pour Polly, ordonna-t-elle en lui appuyant la tête sous l'eau.

- OK, OK ! Je suis désolé !

- Maintenant excuse-toi pour Jenna. Pour avoir menti sur sa relation avec Jason.

- Non, ce n'est pas un mensonge, c'est la vérité !

- Tu mens ! hurla-t-elle.

Il se noyait à moitié :

- Je... non... vérité, parvint-il à dire.

- Betty, arrête ! criai-je. Laisse-le parler.

Elle se recula et je pris la parole :

- Comment ça, c'est la vérité ? Je n'ai pas couché avec Jason, bon sang !

- Si, murmura-t-il, mais tu ne t'en souviens pas !

- C'est ça, oui, t'essaies de me faire passer pour une folle ?

- Tu ne t'en souviens pas, reprit-il, parce qu'on t'a droguée. Demande à Jughead, si tu ne me crois pas.

Tout à coup, j'eu l'impression que j'avais cessé de vivre : tout chez moi s'arrêta. Je ne comprenais pas, tout se mélangeait dans ma tête. Jughead m'avait droguée ?