Chapitre 21 : laissé pour mort

Je mis doucement fin au baiser entre Jughead et moi. Je ne savais pas comment réagir et je ne savais pas quoi en penser, étant donné qu'il n'était pas officiellement séparé de Betty. En voyant mon incompréhension, Jughead s'empressa de s'excuser :

- Pardon, je n'aurais pas dû faire ça.

- Non, non, ce n'est pas ça, dis-je. C'est juste que par rapport à Betty...

- Je sais, me coupa Jughead, visiblement contrarié.

- C'est juste que si on va plus loin, j'aimerais que les bases soient bonnes, que tout soit clair.

- Je sais aussi, répéta Jughead.

Un silence un peu gênant s'installa, alors je posai une question :

- Tu veux peut-être un chargeur pour ton téléphone ? Histoire d'avoir un peu de batterie pour qu'il se rallume.

- Pourquoi pas, sourit Jughead.

Nous descendîmes et Jughead brancha son téléphone au chargeur de mon père.

- Tu veux manger avec nous, Jughead ? proposa ma mère qui venait d'apparaître dans le salon avec un sourire.

Je savais qu'il s'apprêtait à décliner l'offre, alors je pris les devants :

- Je lui ai déjà proposé, et c'est bon, si ça ne te dérange pas.

- Évidemment que non, sourit de nouveau ma mère. Tu aimes le poisson ?

Elle s'adressait à Jughead.

- J'aime à peu près tout, lança Jughead d'un ton léger.

- Super alors, dit joyeusement ma mère. Je vous appellerai quand ce sera prêt.

J'hochai la tête et nous remontâmes dans ma chambre. Puisque je voulais aller me laver, je laissais mon ordinateur à Jughead pour qu'il ne s'ennuie pas trop. Une fois dans la salle de bain, j'envoyais un SMS à Archie : "Je suis passée voir Jug ce matin, et il était dans un mauvais état. Son père a pratiquement disparu et il ne lui laisse rien pour manger. Tu crois que tu pourrais lui proposer de venir dormir chez toi ce soir ? Mes parents n'accepteraient jamais. Mais ne lui dis pas que je t'en ai parlé".

J'entrai donc dans la douche et une fois fini, je m'enroulais d'une serviette épaisse. Et merde. J'avais littéralement oublié de prendre mon pyjama ou des affaires pour être à l'aise, parce que j'en avais marre d'être en jean.

Je me dirigeai donc vers ma chambre, seulement vêtue d'une serviette qui m'arrivait juste au-dessus des genoux.

- Euh... J'ai oublié mes affaires, annonçai-je à Jughead quand j'entrai dans ma chambre.

Il était assis devant mon bureau avec mon ordinateur. Il me regarda rapidement de haut en bas et retourna précipitamment la tête vers l'ordinateur. Cependant, il se mit à sourire.

- Qu'est-ce qu'il y a ? voulus-je savoir en me dirigeant vers mon armoire.

- Rien. Ça me rappelle juste quelque chose, dit malicieusement Jughead.

Mais oui. Ce n'était pas la première fois que je me trouvais en serviette devant lui. Au début de l'année, alors qu'on ne se connaissait presque pas, il m'avait surpris dans les couloirs qui menaient jusqu'aux casiers des cheerleaders, et je venais à peine de prendre ma douche. Au moins, cette fois-ci, la serviette était un peu plus longue que la dernière fois.

- Bon, je vais essayer de ne pas en faire une habitude, pouffai-je.

-Ça ne me dérange pas, lança Jughead.

Il me lança un regard et s'empressa d'ajouter :

- Enfin non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Ça me dérangerait. Enfin, pas vraiment bien sûr, parce que tu as le droit de te promener en serviette, mais...

- T'inquiète, Jug, j'ai compris, pouffai-je légèrement afin de mettre fin à sa gêne.

Peu de temps après, ma mère nous appela pour manger alors que mon père était en train de finir de mettre la table. La conversation était légère et mes parents ne posèrent pas trop de questions à Jughead, ce qui n'était pas plus mal.

Une fois la table débarrassée, je dis à Jughead :

- Je te ramène ?

- Heu, en fait, tu pourrais me déposer chez Archie ? Il m'a proposé de venir dormir chez lui.

- Sans problème, lui souris-je.

Nous montâmes dans ma voiture après que Jughead ait récupéré son téléphone chargé. Archie n'habitait pas très loin alors le trajet fut court.

- Merci de m'avoir amené, me lança Jughead une fois garés devant la maison d'Archie.

- C'est normal, répondis-je avec un sourire.

-Et encore une fois, merci pour tout. Vraiment.

Sa voix était insistante et il me regardait droit dans les yeux. Il n'avait vraiment pas la vie qu'il méritait. Il était adorable, gentil, drôle, intéressant et intelligent, alors que sa famille le délaissait complètement. Je ne comptais pas agir de la même manière.

- C'est vraiment normal, lui assurai-je. Et surtout, si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-le moi. Je ne te jugerais pas. Et je ne veux plus jamais te revoir dans le même état que ce matin.

Jughead hocha la tête.

- À demain alors, m'annonça-t-il en ouvrant la portière.

- À demain, et bonne soirée ! m'écriai-je.

Je démarrai ma voiture et je vis Archie ouvrir sa porte d'entrée. Il me fit un signe de la main que je lui rendis, et je partis. Je rentrai chez moi et ne tardai pas à me mettre au lit, devant une série Netflix. J'étais contente : contente de ma journée et contente pour Jughead. J'avais vraiment l'impression de l'avoir aidé et je pense qu'il va aller mieux.

Le lendemain matin, j'étais un peu en retard alors j'arrivais au lycée pile au moment où la sonnerie retentissait. Ma classe était juste en train de rentrer dans le cours d'anglais. À peine fus-je assise que la prof commença à nous distribuer des papiers, et le silence se mit régner petit à petit. Je baissais les yeux sur la feuille et lus le titre : "Autorisation parentale pour le séjour au ski du mardi 04 au vendredi 08 décembre".

- Alors, comme vous le savez sûrement, commença Mme Hamilton -ma prof d'anglais-, chaque année, les terminales partent au ski. Cette année, c'est donc votre tour.

Mais oui ! J'avais complètement oublié ça ! Comment avais-je pu faire ? Les autres années, j'avais tellement envié les terminales quand ils partaient ! Mais il fallait dire qu'avec les évènements récents, et notamment la mort de Jason, personne n'avait ça en tête. Quoi qu'il en soit, j'étais super excitée à l'idée de ce séjour au ski, surtout que ce n'était que dans deux semaines  !

- Nous avons réservé trois chalets de 75 places chacun, nous expliqua Mme Hamilton. Nous dormirons donc sur place le mardi, mercredi et jeudi. Je ferai partie des professeurs sur place, et je serai accompagnée des quatre professeurs de sport suivant : Mme Sanchez, M. Jonhson, M. Dave et M. Thurner. Puisque nous devons être deux adultes par chalet, Mme Delomez, professeure en physique-chimie nous accompagnera également. Mais tout est écrit sur votre feuille.

Des murmures s'élevaient et tout le monde commençait à discuter bruyamment.

- Il y aura bien évidemment plusieurs niveaux de difficultés, et ceux n'ayant jamais fait de ski pourront bien sûr venir tout de même, puisqu'il y aura du ski de fond. Nous demandons cependant une cotisation de 125€ par personne, prix qui comprend le trajet, logement, la location de matériel, le forfait de ski et les repas. Pour les personnes en difficulté, vous pouvez vous rendre au bureau de la conseillère d'éducation car des aides financières existent. La liste des papiers à fournir est écrite au bas de la feuille. Des questions ?

- On part en bus ? demanda Ether.

- Oui, il y aura environ 5 heures de trajet, répondit Mme Hamilton.

- Et il y aura du réseau ? demanda un gars du nom de Thomas.

Sa question fit rire son groupe d'amis.

- Je n'en sais rien, Thomas, soupira Mme Hamilton, visiblement désespérée par son comportement.

Quelques question se suivirent puis la prof commença son cours. À midi, je rejoignais Jughead, Archie, Veronica, Betty et Kevin. Jughead et Betty n'avaient pas l'air de s'être réconciliés parce qu'ils ne se parlaient pas, enfin ils s'ignoraient. Quoi qu'il en soit, le repas se déroula plutôt bien.

Quand ce fut l'heure de retourner en cours, Archie m'attrapa par le bras pour faire un bout de chemin avec moi.

- Mon père m'a proposé un truc, m'annonça-t-il d'un ton sérieux.

- Je t'écoute, répondis-je tout aussi calmement.

- Il serait prêt à prendre Jughead chez nous. Je lui ai rapidement expliqué sa situation. Tu penses que c'est une bonne idée ? Tu ne penses pas que Jughead va mal le prendre si je lui propose ? Je ne veux pas qu'il croit qu'il me fait pitié.

- Mais c'est une super idée ! m'exclamai-je, trop contente pour Jughead. Ton père est vraiment en or, tu as de la chance, Archie. Et t'inquiète pour Jughead, je suis sûre qu'il sera un peu gêné mais ravi.

Archie avait l'ait content que son idée me plaisait parce qu'il me regardait avec un grand sourire. Quoi qu'il en soit, le reste des cours passèrent normalement. Comme je finissais à 15h30, je décidais de passer à l'hôpital pour prendre des nouvelles de Nolan.

Je toquai doucement à sa porte, pour manifester que j'arrivais mais en même temps je ne voulais pas le réveiller s'il dormait. J'ouvris donc lentement la porte pour éviter de la faire grincer, mais Nolan était assis sur son lit, son téléphone dans les mains.

- Jenna, s'exclama-t-il avec un immense sourire sur le visage. Je ne t'attendais pas de si tôt.

Il semblait plutôt content que je sois là. En même temps, il devait s'ennuyer.

- Je voulais voir comment tu allais, lui annonçai-je.

- Vraiment mieux, m'assura-t-il. J'ai encore quelques bleus mais les anti-inflamatoirs ont bien fait leur effet. Je pourrais sortir mercredi ou jeudi, je crois.

- Oh, super ! m'exclamai-je. Au fait, tu skies ?

- J'adore ça ! me répondit-il vivement, quoique un peu surpris de ma question.

- Cette année, c'est du 4 au 8 décembre que les terminales partent. Tu crois que tu seras sur pied ?

- Il y a moyen ! s'exclama-t-il, les yeux brillants. J'en parlerai aux médecins, mais ça devrait être bon. Ce serait super !

- Je n'en doute pas, rigolai-je légèrement. Moi aussi, je suis super pressée. En plus, tu dois t'ennuyer ici.

- Un peu. Heureusement, mes parents viennent souvent. Mais je ne me plains pas, parce que j'aurais pu rester ici beaucoup plus longtemps. Selon les médecins, c'est un miracle que je n'ai rien de cassé : même pas une côte !

- Et alors, tu ne sais toujours pas qui t'a fait ça ? Aucune piste ? demandai-je.

J'essayer de guetter la réaction de Nolan, parce qu'Archie m'avait dit qu'il le trouvait mal à l'aise quand on parlait de ses agresseurs, comme s'il cachait quelque chose.

- Je... Non, vraiment pas, soupira-t-il en baissant les yeux.

Il regarda à nouveau son téléphone et fit défiler l'écran, comme un geste un peu mécanique.

- Tu es sûr ? essayai-je à nouveau. Tu sais, c'est moi qui t'ai trouvé, et je te jure que si tu avais vu l'état dans lequel tu étais... J'aimerais juste savoir, parce que ces gens sont encore dehors en train de vivre tranquille.

- Je sais, dit Nolan un peu sèchement.

Il se reprit et dit d'une voix plus douce :

- Moi aussi, j'aimerais savoir.

- Je voudrais te parler d'un truc, lançai-je.

- Vas-y.

- La dernière fois, quand on était venus te voir avec Archie, on avait dû partir parce que tu souffrais trop. Les médecins t'ont injecté un produit comme de la morphine pour faire passer la douleur, et quand on est partis, tu as murmuré quelque chose.

Il me regardait simplement, ne répondant rien .

- Tu as dis : Jason Blossom.

- Ah, répondit Nolan. Super bizarre.

Je m'approchai un peu de lui :

- Écoute, si tu sais quelque chose, il faut le dire. C'est grave ce qu'il t'est arrivé.

Il baissa de nouveau les yeux.

- Nolan ? dis-je.

- Je ne peux pas, dit-il simplement.

Alors là, je ne comprenais pas tout.

- Comment ça, "tu ne peux pas" ? répétais-je.

- Je ne dois pas, dit-il d'une voix froide, le regard perdu dans le vide.

On aurait dit que toute vie était sortie de lui. Son visage était sans expression. Mais d'un coup, il me regarda droit dans les yeux, et je vis alors quelque chose : de la peur.

- Explique-moi, lui dis-je doucement.

- Mais... tu ne dois pas le répéter. Vraiment. À personne. Pas à la police. Pas à mes parents.

- C'est promis, jurai-je.

- Ces gars là, commença Nolan, ceux qui m'ont fait ça, ce n'était pas hasard. Ils voulaient me tuer. Ils me pensaient mort. Ils m'ont attaqué à trois, et je n'ai rien pu faire, alors au bout de quelques coûts, j'étais au sol et je me laissais seulement faire. Le sang me coulait dans les yeux et m'aveuglait totalement. J'essayais juste de me protéger le buste avec mes bras repliés sur moi-même. J'avais compris qu'ils ne me lâcheraient pas, alors j'ai fait le mort. J'ai fait semblant d'être mort, pour qu'ils me laissent tranquille. Je n'avais jamais fait quelque chose d'aussi stupide. Et ils sont partis, comme ça, sans même vérifier mon pouls.

Son récit m'effrayait. Il racontait ça de manière tellement grave que j'en avais la chair de poule.

- Nolan, qui c'étaient, ces gars ? Ils te connaissaient, c'est ça ?

Il acquiesça :

- Ce sont les gars qui ont kidnappé Jason, juste avant de le tuer.

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