Chapitre 13 : confessions
Une fois chez moi, j'eu envie de claquer violemment la porte d'entrée parce que j'étais toujours énervée contre Jughead, mais je n'avais pas envie de m'attirer une foudre de questions de la part de mes parents. Mais putain, la manière dont Jughead m'avait parlé et le fait qu'il m'avait repoussé alors que j'essayais de l'aider me mettait en rogne. Une fois de plus, j'avais envie de pleurer : pas de tristesse pour une fois, mais d'énervement. Étant donné que j'avais tendance à pleurer pour n'importe quelle occasion, je fis d'énormes efforts pour me retenir parce que j'en avais marre de succomber aux larmes à chaque fois.
Je restai donc énervée toute l'après-midi et même le soir. D'ailleurs, Cheryl en paya les frais lorsqu'elle vint sonner chez moi aux alentours de 18h. Mes parents étaient allés se balader donc j'ouvris la porte et découvris mon ancienne amie aux cheveux flamboyants. Je ne pus m'empêcher d'avoir un mouvement de recul quand je la vis, tant j'étais étonnée de la trouver sur le seuil de ma porte.
- Jenna, je peux entrer ? demanda Cheryl d'une petite voix. C'est pour m'excuser, je te promets.
Je n'avais pas du tout envie de la voir, mais je savais que Cheryl ne s'excusait pas souvent : cela devait représenter un grand effort de sa part. Sans dire un mot, je me décalai légèrement pour la laisser passer et refermai la porte.
- Je... je ne sais pas par où commencer ... bafouilla-t-elle. Les mots ne suffisent même pas pour te dire à quel point je suis désolée de t'avoir accusée du meurtre de mon frère.
- C'est bon, t'es pardonnée, marmonnai-je, n'ayant pas envie de passer une minute de plus avec elle. Tu peux partir.
- Non, non, tu ne comprends pas, Jenna, murmura Cheryl. Ce que je t'ai fais subir est horrible, je t'ai tourné le dos alors que tu as été la seule personne qui était là pour moi depuis toujours. J'étais aveuglée par l'amour que j'ai pour mon frère et je voulais absolument trouver un coupable, parce que je pensais que ça ferait passer la douleur. Je suis désolée de t'avoir accusée, de ne pas t'avoir cru, d'avoir engagé un avocat contre toi et de t'avoir envoyée en prison. Jenna, pardonne-moi.
Ses yeux brillaient et je vis qu'une larme était prête à couler. Ses paroles étaient touchantes mais malgré tout, elle m'avait vraiment blessé et déçu.
- Je comprends, Cheryl, mais je ne peux pas te pardonner comme ça. Toi aussi, tu étais ma seule amie, et tu t'es retournée contre moi. J'accepte tes excuses, mais nous deux, ça ne redeviendra jamais comme avant. Merci pour ta visite mais maintenant, j'aimerais être seule.
Cheryl ne dit rien et marcha en direction de la porte d'entrée. Juste avant de partir, elle me fit un dernier sourire, sans doute pour me dire une nouvelle fois qu'elle était sincèrement désolée. Je la croyais mais je ne pouvais pas effacer en cinq minutes le mal et l'angoisse qu'elle m'avait infligé ces dernières semaines.
Le lendemain, Jughead ne vint pas en cours. Visiblement, cela étonna tout le monde, même Betty. Il était vrai que Jughead n'était pas un élève modèle mais jamais il ne séchait les cours, hormis lorsqu'il avait une bonne excuse. Quelque chose de grave se passait avec Jughead. Même si j'étais encore vexée de lui "faire pitié" comme il m'avait dit hier, je ne pouvais pas le laisser tomber. Je lui envoyai donc un message, mais il ne répondit pas.
Après les cours, je me rendis à l'hôpital où Veronica m'accompagna. Je devais effectuer quelques tests pour prouver que Jason m'avait bel et bien droguée pendant la soirée de Reggie. C'était vrai que depuis que j'avais été innocentée concernant le meurtre de Jason, j'avais l'impression que l'enquête était bouclée. En réalité, on ne savait toujours pas qui l'avait enlevé pendant une semaine avant de l'exécuter, et encore moins comment l'arme de mon père s'était retrouvée en tant qu'arme du crime.
Alors que Veronica et moi attendions sur des sièges, une infirmière aux cheveux rouges et bouclés vint nous rejoindre. Elle nous emmena dans la salle de bain d'une chambre vide.
- Nous allons donc vous prélever quelques cheveux pour détecter une quelconque drogue, m'expliqua l'infirmière. Tout d'abord, pour vous débarrasser de toute substance atmosphérique qui se serait déposée sur vos cheveux, lavez-vous la tête avec ça.
Elle me tendit un produit qui puait et qui moussait peu : c'était vraiment très compliqué de se laver les cheveux avec ! Quoi qu'il en soit, une fois terminé, je suivis l'infirmière dans un petit laboratoire où un médecin me préleva plusieurs cheveux, puis ce fut simplement terminé.
- Voilà, c'est tout bon ! s'exclama l'infirmière en nous guidant vers la sortie. Les résultats vous seront envoyés dans la semaine, ainsi qu'au shérif Keller, d'après ce que j'ai compris. Bonne continuation.
Nous la saluâmes, Veronica rentra chez elle et je fis de même.
Après avoir passé la porte d'entrée de ma maison, j'entendis des voix dans la cuisine : celle de ma mère et de ... Jughead ? Je m'y précipitai.
- Ah, tu es rentrée ! s'exclama ma mère. Jughead voulait te parler mais comme tu n'étais pas là, je l'ai fais rentrer. C'était la moindre des choses, après qu'il t'ait ramené de ta soirée de vendredi soir.
- C'est sûr, dis-je simplement. On monte, Jughead ?
Jughead me suivit jusque dans ma chambre. J'étais très mal à l'aise, je ne savais pas quoi lui dire après notre dispute. J'essayai quand même de me lancer :
- Jughead, je...
- Attends, Jenna, me coupa-t-il. J'ai quelque chose à te dire.
- Je t'écoute, murmurai-je, ayant peur de ce qu'il allait bien pouvoir me raconter.
- Voilà, je suis désolé. Je suis conscient d'avoir réagit de manière excessive chez Pop, alors que tu voulais simplement me voir et m'aider. Je suis un con.
- Ne dis pas ça, Jughead ! m'exclamai-je. Tu n'étais pas dans un bon jour, et je te pardonne, si c'est ce que tu cherches.
Il baissa les yeux et dit :
- C'est plus grave que ça, Jen. Je suis paumé. Je ne parle jamais de ma famille parce que ma mère et ma sœur sont parties à cause de mon père qui ne fait plus rien. Il ne travaille pas et ne cherche aucun emploi, et il boit. Je n'habite plus avec lui, pas tant qu'il sera dans cet état. Je m'étais installé au Drive-In mais après qu'ils l'aient fermé, je me suis retrouvé à la rue.
Oh mon Dieu. Je n'avais aucune idée de tout ça. Je croyais connaître Jughead, mais était-ce vraiment le cas ?
- Je suis tellement désolée, murmurai-je, je n'en savais rien. Je ...
- Ce n'est pas le problème, me coupa à nouveau Jughead. J'en ai parlé à Archie et il a accepté de m'héberger provisoirement.
- Mais alors, pourquoi tu es "paumé" ? voulus-je savoir.
- Je... c'est dur à dire, dit-il a voix basse. Tu vois, parfois dire certaines choses les rend réelles. J'ai peur que ce soit ce qui se passe.
- Mais Jug, tu peux tout me dire, lui assurai-je en lui prenant la main. Jamais je ne te tournerai le dos.
Il retira vivement sa main de la mienne. Était-ce parce qu'il était avec Betty ?
- Je suis perdu, reprit-il. Je ne sais pas ce que je dois dire, ce que je dois faire. Tu vois, dans cette ville, je n'ai pas l'impression d'être intégré. Vous vivez tous dans une parfaite petite maison et vos familles sont extraordinaires. Ta mère est adorable avec moi. Et tu vois, tout ça, je ne l'ai pas. Et j'ai peur de faire une connerie un jour, de partir dans le mauvais chemin, parce que ce serait tellement plus simple ...
C'était trop dur de voir Jughead comme cela, bien plus fragile et sensible que ce que je pensais. Bon sang, je voulais le prendre dans mes bras et le serrer très fort, mais je ne pouvais pas.
- Hé ! m'exclamai-je. Je sais que tu es plus fort que ça. Tu appartiens à cette ville, tout comme Archie, Betty, Kevin, ou n'importe qui. On est tous là pour toi et on ne te laissera pas tomber.
Il se mordit la lèvre :
- J'ai déjà commencé à quitter le droit chemin.
- Comment ça ? demandai-je en fronçant les sourcils.
- Jen, je ressens des choses... des choses que je ne devrais pas, des choses contradictoires.
Je ne comprenais rien, est-ce qu'il ne pouvait pas s'expliquer clairement ?
- Je ne te suis pas, dis-je.
- Je suis avec Betty et elle est formidable, je tiens vraiment à elle et je ne veux pas la perdre mais...
Pourquoi est-ce qu'il me disait cela ? Je m'en fichais de savoir à quel point il aimait Betty. Une vague de chaleur me parcourut le corps parce que ses mots m'avaient énervé.
- Le problème, c'est que je ressens aussi quelque chose pour toi, finit-il par avouer.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top