Chapitre 11 : alcoolisée

Archie m'embrassait mais soudainement, je le repoussai -un peu trop violemment peut-être- afin de mettre fin à notre baiser. Ce n'était pas à cause d'un manque d'attirance car il était difficile de résister à son charme, mais je n'en avais tout simplement pas envie. Ce n'était pas lui que je voulais embrasser.

- Je n'aurais pas dû faire ça ? me demandez Archie d'un air craintif.

- Il n'y a pas de mal, murmurai-je. C'est simplement qu'en ce moment, je n'ai pas la tête à ça.

- Je comprends, dit Archie d'une petite voix, les yeux vissés sur le sol. Désolé.

- Hé ! m'écriai-je. Ne t'excuse pas pour ça, ce n'est pas grave, vraiment. De toute manière, il se fait un peu tard, je vais rentrer.

- Déjà ? Je suis sûr que c'est moi qui te fais fuir, soupira-t-il.

- Détends-toi, Archie, vraiment. Tout va bien, il n'y a pas mort d'homme. On pourra peut-être regarder un film un week-end, ce serait plus simple ! En tout cas, encore merci à ton père pour les pizzas, et merci à toi de m'avoir reçu dans ton humble demeure.

Je lui adressai un sourire que je voulais chaleureux afin qu'il arrête de culpabiliser. Bon, certes, son geste m'avait un peu mis mal à l'aise -ce qui expliquait pourquoi j'avais envie de partir- mais je ne lui reprochais pas du tout. Il me raccompagna jusqu'à la porte, nous nous dîmes au revoir et je rentrai chez moi.

Le lendemain au lycée, dès qu'Archie m'aperçut, il vint de nouveau s'excuser :

- Encore désolé d'avoir mal interprété la situation et de t'avoir embrassé. C'était stupide.

- Bon, Archie Andrews, ça suffit ! dis-je d'un ton enjoué. Le passé, c'est le passé, et on arrête d'en parler. Tu es toujours mon ami.

C'était vrai. Je ne ressentais aucune gêne avec Archie, même après ce qui s'était passé.

- Aller viens, on va être en retard en cours, annonçai-je en le prenant par le bras.

Il sourit et me suivit. Il avait enfin compris que je ne lui en voulais pas et que rien ne changerait entre nous.

À midi, mon cours se finit un peu plus tôt et je décidai d'attendre Jughead devant sa salle, pour lui parler. Je ne m'étais toujours pas excusée pour la baffe que je lui avais flanquée à ma sortie de prison, quand je l'avais vu avec Betty. J'étais encore énervée mais je tenais trop à lui pour l'ignorer toute ma vie.

La sonnerie retentit et une file d'élèves pressés d'aller manger sortirent du cours de littérature. Jughead était le dernier, et son visage afficha un air étonné quand il me vit.

- Je peux te parler ? le suppliai-je.

Il hocha la tête :

- Seulement si on va manger immédiatement. Je meurs de faim.

Je souris : il n'avait pas l'air fâché. Nous nous mîmes donc en route.

- Je suis désolée de t'avoir mis une claque. Je n'aurais pas dû, c'était stupide et méchant, murmurai-je. Tu me pardonnes ?

Il ne répondit pas à ma question :

- Qu'est-ce qui t'a pris, Jen ?

- Je ne sais pas. Je crois que la prison m'a retournée la tête et j'étais déçue que tu ne sois pas venu me voir.

Il fallait que j'arrête d'utiliser la prison comme excuse à tous mes problèmes...

- C'est parce qu'on enquêtait avec Betty pour toi, pour t'innocenter, m'expliqua Jughead.

- Je sais, Archie me l'a dit. C'était gentil de votre part. Alors, tu me pardonnes ?

- Je ne sais pas... murmura-t-il en me regardant du coin de l'oeil avec un léger sourire.

- Oh, aller Jug !

- À une condition : que tu me donnes ta mousse au chocolat, déclara-t-il avec un regard espiègle.

- Jughead Jones, vous êtes un véritable ventre sur pattes, rigolai-je.

- Et fier de l'être ! ajouta-t-il.

Le repas se déroula dans une meilleure ambiance que la veille. J'étais soulagée de parler à nouveau avec Jughead, bien que sa relation avec Betty ne m'enchantait toujours pas. Archie avait lui aussi l'air en meilleure forme.

Tout à coup, on entendit les sportifs crier. Je me retournai pour voir de quoi il s'agissait : ils sautaient de joie comme des gamins de huit ans. Reggie Mantle courut vers nous pour parler à Archie :

- Grosse soirée chez Dan Lewis vendredi soir ! Ramène tes potes, Archie !

Il scruta notre table du regard et s'arrêta sur Jughead qu'il dévisagea d'un mauvais œil.

- Enfin, essaie de ramener des gens potables, quoi.

Et il s'en alla. Les footballers étaient tellement des connards avec Jug, je ne savais pas comment Archie faisait pour les supporter.

- Vous voulez y aller ? demanda Archie.

- Carrément ! s'écria Veronica qui souriait de toutes ses dents.

- Je suis totalement pour ! renchéris-je toute excitée.

J'avais du mal à dire non à une fête, et je me réjouissais que Veronica soit de mon avi.

- OK, je vous suis, déclara Archie avec un sourire.

- Ne comptez pas sur moi, les gars, ajouta Jughead.

- Mais si ! s'écria Betty. Accompagne-moi, Juggy, pour me faire plaisir.

"Juggy", pfff...

- J'en sais rien, on verra bien, répondit Jughead.

Il se leva et partit ranger son plateau. Nous fîmes de même et tout le monde retourna en cours.

Entre les devoirs et les entraînements de cheerleader, la semaine passa assez vite. Vendredi soir, autrement dit la soirée de Dan Lewis, arriva rapidement. La soirée était prévue pour 20h mais bien sûr, Veronica et moi n'arrivâmes qu'à 21h. Nous avions bien fait d'arriver une heure plus tard car la fête battait son plein. La maison de Dan était vraiment grande, et tout le monde dansait, chantait et buvait. Peut-être même que certains buvaient trop car Archie vint à notre rencontre en marchant de manière un peu bancale.

- Oh les filles vous êtes là ! s'écria-t-il d'une voix un peu idiote. Et en plus vous avez amené de la vodka, vous êtes trop gentilles ! Et je vous présente Dan, l'hôte de cette maison.

Dan était un garçon blond aux yeux verts avec de larges épaules carrées. Je savais qui il était mais je ne lui avais jamais parlé.

- Venez, j'vais vous montrer la cuisine pour poser l'alcool, dit-il en rigolant à moitié.

Visiblement, lui aussi était déjà bourré. Il nous emmena donc dans sa cuisine où s'entassaient des dizaines de bouteilles : vodka, whisky, rhum, gin, aucun n'alcool ne manquait. La soirée promettait.

- Bon, on dirait qu'on a un temps de retard par rapport aux autres, murmura Veronica en me tendant un shooter de vodka. Ça te dit qu'on se mette à leur niveau ?

Je saisis le shooter en ajoutant :

- On ne défit pas une Thompson.

- C'est ce que j'aime entendre, dit Veronica en prenant elle aussi un shooter.

Nous trinquèrent et avalèrent le liquide d'une traite. Beurk, ça brûlait la gorge et je ne pus m'empêcher de grimacer. Veronica rigola :

- Bah dis donc, on ne vous apprend pas à boire à Riverdale ?

- C'était la première gorgée ! me défendis-je.

- Ah ouais ? répondit-elle sur un ton de défi. Prouve-le moi.

Je saisis un deuxième shooter, puis un troisième. L'alcool commençait à pénétrer dans mon sang et m'anesthésiait la bouche, si bien que je pouvais boire tout et n'importe quoi. Je sentis l'euphorie qui commençait à grimper en moi et ma tête se mit à tourner légèrement, mais c'était agréable en fait.

Veronica et moi nous dirigeâmes dans le grand salon où un groupe de sportifs uniquement masculin faisait un bière-pong -jeu qui consiste à lancer une balle de ping-pong dans le verre de l'adversaire : si l'on réussit, l'adversaire boit.

- Bah alors, s'écria Veronica, vous avez peur de jouer contre des filles ?

- Tu insinues que tu peux nous gagner ? dit Reggie.

- Quelle question ! s'exclama Veronica. Qui veut faire équipe avec nous ?

Archie et Dan se mirent de notre côté. Contre nous se trouvaient Reggie, Moose, un sportif dont je ne connaissais pas le nom et, pour ma plus grande joie personnelle, Chuck Clayton. Il avait bel et bien été exclu du lycée mais visiblement, il était encore invité aux fêtes.

- Je commence ! s'écria Chuck.

- Moi aussi ! enchéris-je en le défiant du regard.

Je voulais gagner, je voulais le faire boire, je voulais qu'il vomisse ses tripes sur le sol.

Il commença à lancer la balle -la galanterie, il ne connaît pas ?- et elle atterrit dans mon gobelet de bière.

- Cul sec pour Thompson ! hurla Reggie.

Tout le monde se mit à crier en tapant dans les mains :

- Cul sec ! Cul sec !

Alors je pris le verre et le bus d'une traite. Putain, c'était dégueulasse la bière : j'étais bien contente de m'être anesthésiée la bouche avec la vodka.

- À mon tour maintenant, déclarai-je.

Je lançai la petite balle de ping-pong qui termina également dans le verre de Chuck.

- Bien joué ! me lança Veronica avec un clin d'œil.

La partie continua jusqu'au moment où il restait deux verres dans notre équipe, contre seulement un chez nos adversaires. Nous étions sur le point de gagner. Veronica lança la balle qui alla rejoindre le dernier verre en piste : Reggie dû le boire.

- Il me semble qu'on a gagné, murmura Veronica à l'attention toute particulière de Reggie. La prochaine fois, réfléchis avant de nous défier.

Reggie sourit, signe qu'il acceptait totalement sa défaite : qui aurait cru que Reggie était aussi fair-play ?

Soudain, sur un canapé, je remarquai Jughead et Betty qui se parlaient en se tenant la main. Depuis quand étaient-ils là ? Je ne les avais mêmes pas remarqués ! Ils n'avaient pas vraiment l'air de s'amuser : en même temps, Betty le trainait à une fête alors qu'il détestait ça. C'était franchement stupide.

Et puis il l'embrassa. Il l'embrassa tendrement et je le vis passer une main dans les cheveux de Betty et il posa l'autre sur ses hanches. Betty lui répondit en l'embrassant à nouveau et en prenant sa tête entre ses mains. C'était une vision horrible.

- Ça va ? me demanda Veronica en criant pour essayer de parler par-dessus la musique. Qu'est-ce que tu regardes ?

- Rien, criai-je à mon tour. J'ai besoin d'un verre.

Je filai dans la cuisine en me frayant un chemin parmi les jeunes qui dansaient. Je pris la première bouteille que je vis et m'en servis un petit verre que je bus d'une traite. Beurk, du whisky. Je n'avais même pas fait attention à la bouteille que j'avais saisis. Au point où j'en étais, pourquoi ne pas boire directement à la bouteille ? Heureusement pour moi, c'était du Jack Daniels, ce qui donnait au whisky un goût un peu moins atroce que celui de basse qualité. Comme quoi, vivre dans une ville où certains ont une certaine aisance financière avait quelques avantages.

La bouteille à la main, je sortis prendre l'air : le bruit et la chaleur à l'intérieur me faisaient tourner la tête. Il faisait un peu frisquet puisque nous étions mi-septembre, mais c'était justement très agréable. Je me sentais bien. J'avais l'impression que le monde tournait au ralentit. Je trouvai un mur libre, m'appuyai contre et me mis à boire le whisky à la bouteille, lorsque j'entendis une voix :

- Bah alors, tu te la joues perso ?

Une voix masculine. Je ne voyais pas bien de qui il s'agissait puisqu'il était dans la pénombre. Il s'avança et je reconnus Chuck.

- Dégage, Chuck.

- Toujours aussi aimable, sourit-il. Tu n'accepterais même pas un compagnon de beuverie ? Aller, pour te faire pardonner d'avoir participé à mon exclusion du lycée.

En fait, peu m'importait s'il restait ou s'il partait. Il me prit la bouteille des mains et bu quelques gorgées.

Un peu plus tard -je n'aurais pas su dire combien de temps s'était écoulé-, Chuck posa la bouteille dans l'herbe et, ne me demandez pas comment cela arriva, mais il m'embrassa. Devais-je le repousser ? Je n'en savais rien. Devais-je lui rendre son baiser ? Je n'en savais rien non plus. En réalité, je m'en fichais et j'étais surtout bien incapable de réfléchir. Chuck m'embrassait tandis que j'étais perdue dans mes pensées. Mes lèvres étaient engourdies et je ne sentais pratiquement rien.

- Hé, casse-toi d'ici ! hurla une voix que cette fois-ci, je reconnus immédiatement.

Jughead. Lui et son bonnet étaient venus me défendre. Mais étais-je en danger ?

- Relax, men, dit Chuck d'un ton calme. Elle est consentante, tout va bien.

- C'est vrai ? me demanda Jughead d'un air suspicieux.

Ma vision se troubla, et je sentis que mes jambes allaient me lâcher. Je fis quelques pas en arrière pour m'appuyer contre le mur. J'avais chaud, ma vision se troublait et j'avais surtout mal au ventre.

- Quoi qu'il en soit, après ce que tu lui as fait avec Jason, ne t'avise plus de la toucher ! s'écria Jughead à l'intention de Chuck.

- Qu'est-ce que tu vas faire, sinon ? répliqua Chuck. Comme au bal, tu vas appeler Archie pour t'aider ?

Je fus bien incapable d'écouter la suite de leur conversation. Leurs chamailleries n'en finissaient plus, tandis que mon état ne faisait que s'empirer.

- Jughead... murmurai-je.

- Ça va, Jen ? dit-il en s'approchant de moi.

- Non. Je vais vomir, annonçai-je en courant vers le buisson le plus proche.



Hello ! Chapitre un peu plus long mais qu'en avez-vous pensé ? N'hésitez pas à me donner votre avis !

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