Chapitre 1
Sofia grelottait. Cela faisait une dizaine de minutes que la voiture avait calé et toute trace de chauffage avait maintenant disparu. Elle avait remis son bonnet et ses gants, mais rien n’y faisait : elle était frigorifiée. Elle se décida finalement à sortir du véhicule et rejoignit son petit ami qui jetait un coup d’œil au moteur.
— Alors ? demanda-t-elle d’une voix saccadée par le claquement de ses dents. Tu trouves ?
Chris releva les yeux vers elle et secoua la tête en signe de négation.
— Non. Je ne comprends pas pourquoi la voiture ne redémarre pas. Je pense qu’il va falloir appeler un dépanneur.
La jeune fille grimaça. Combien de temps faudrait-il attendre pour qu’on vienne les chercher ? La neige tombait de plus en plus fort, rendant les routes de plus en plus dangereuses.
— J’ai froid, gémit-elle. Le chalet n’est plus très loin, maintenant. On ne peut pas appeler un de tes amis pour qu’il vienne nous chercher ?
Chris ne put s'empêcher d'esquisser un sourire.
— T'es encore plus frileuse que ce que je pensais, se moqua-t-il gentiment. Allez, viens, rajouta-t-il en ouvrant grand ses bras.
Sofia ne se fit pas prier et alla se blottir contre lui, espérant pouvoir récupérer un peu de chaleur. Alors qu'il lui frottait énergiquement le dos et les bras, Sofia releva la tête vers lui pour l'observer. Chris était très beau. Sa peau noire contrastait avec ses iris clairs, d'un bleu grisâtre qui envoutait Sofia à chaque fois qu'elle s'y plongeait. En plus d’être particulièrement grand, il était très musclé, gabarit qui le faisait exceller dans son sport préféré : le rugby. Parfois, elle ne pouvait s’empêcher de se demander comment ils avaient atterri ensemble. Elle, sortir avec le beau sportif qui devait probablement briser le cœur des filles au lycée ? Ce n’était tellement pas son genre ! Et pourtant, elle était bien là, dans ses bras. Sofia n'était peut-être pas d'une beauté à couper le souffle, cependant elle avait un charme indéniable. Aussi, elle n’avait jamais vraiment été surprise que Chris s’intéresse à elle. En revanche, elle l’avait été qu’il choisisse de la garder.
Il n’était pas très bavard et ce weekend à la montagne était l’occasion idéale pour apprendre à le connaître un peu mieux.
— Eh ! s’écria le garçon en la décollant doucement de lui. Il y a une voiture qui arrive ! (Il plissa des yeux et sourit.) Je crois que c'est celle d'Emma.
Il fit de grands signes en direction du véhicule et celui-ci s'arrêta à leur hauteur. La portière claqua et une fille petite et mince – peut-être un peu trop, songea Sofia – en sortit, suivit par un jeune homme brun.
— Bah alors, Chris, ironisa Emma, personne ne t'a dit que le coup de la panne, c'était dépassé ?
— Toujours aussi hilarante, Em, rétorqua Chris.
La petite blonde lui adressa son plus beau sourire avant de s'avancer vers lui pour lui faire la bise. Puis, elle se tourna vers Sofia et fit de même.
— Alors, c'est toi la fameuse Sofia ? Je suis Emma.
— Enchantée, répondit-elle timidement.
De ce qu’elle savait, Emma était la meilleure amie de Chris. Elle ne l’avait jamais rencontrée jusque-là, ni aucune autre des personnes avec qui elle allait passer son weekend.
— Et lui ? demanda Chris en indiquant le garçon qui était sorti de la voiture. C’est ton nouveau mec ?
Un rire forcé s’échappa des lèvres de la jeune fille.
— Oh, non, pas du tout ! Matthieu est mon binôme pour mon cours de chimie.
Vu la façon dont elle dévorait des yeux ledit binôme, elle espérait probablement que leur statut change d’ici la fin du séjour. Le garçon fit une poignée de main conventionnelle à Chris avant de se pencher vers Sofia pour lui faire la bise.
— Dis-moi, Matthieu, tu t'y connaîtrais pas en bagnole, par hasard ? demanda Chris.
— Je peux toujours y jeter un œil, répondit-il en rajustant les lunettes sur son nez.
Les deux garçons s'éloignèrent, laissant Sofia seule avec Emma.
— Je suis contente de te rencontrer, fit cette dernière. Chris n'arrête pas de parler de toi.
Sofia sentit ses joues rosir. Le fait qu'il ait parlé d'elle à ses amis la rassurait plus que ça n'aurait dû.
— Combien de personnes viennent au chalet ?
Emma réfléchit un instant.
— En plus de nous quatre, il y aura aussi Margaux, Armand, Quentin et Claudia bien sûr, puisque c'est elle qui nous a invités.
Sofia hocha la tête. Un weekend avec Chris et six personnes qu'elle ne connaissait pas. Elle qui n’avait pas pour habitude d’avoir des amis, ça allait la changer un peu !
— Emma ! appela Matthieu, la tête encore dans le capot. Je crois que j’ai trouvé le problème, mais je ne m’y connais pas assez pour y faire quoi que ce soit. Tu penses qu’on peut les remorquer avec ta voiture jusqu’au chalet ?
La jeune fille accepta et, moins d’une heure plus tard, ils se garaient devant le chalet.
Lorsque Sofia le vit se dresser devant elle, elle en eut le souffle coupé. L’endroit était immense. Les pierres grises du rez-de-chaussée s’enfonçaient dans la neige, tandis que les deux autres étages, composés de bois et de baies vitrées, s’élevaient presque aussi haut que les grands sapins qui entouraient la propriété. Cependant, Sofia comprit rapidement que, tout aussi impressionnant qu’il puisse être, l’extérieur n’était rien comparé à ce qui l’attendait dedans. Dès qu’elle eut franchi le pas de la porte, une immense salle de séjour s’ouvrit à elle. Une grande table se dressait en plein milieu, en face d’une cheminée massive. Les murs en pierres et les poutres en bois contrastaient avec la cuisine moderne qu’elle pouvait apercevoir par l’ouverture de la porte au fond de la pièce. Les tableaux aux paysages montagneux, la table en chêne, les canapés en cuir marron, tout respirait un luxe que Sofia n’avait jamais pu ne serait-ce qu’imaginer.
Sa contemplation fut interrompue par une voix cristalline :
— Welcome, bitches !
En haut des escaliers, se tenait une fille aux jambes interminables. Elle portait une robe en laine crème – une robe ! à la montagne ! – et des collants noirs. Elle descendit les marches, faisant onduler ses longs cheveux blonds.
— Vous arrivez tard ! Tous les autres sont déjà là.
— Désolé, Claudia, c’est ma faute, expliqua Chris. Ma voiture a calé en chemin ; Em et Matthieu ont dû nous remorquer.
La jeune femme fit la bise à ses invités. Elle était vraiment grande, seul Chris et son mètre quatre-vingt-dix la dépassaient. Elle leur fit signe de les suivre à l'étage. Les escaliers débouchaient sur un grand salon aux canapés luxueux, doté d’un immense home cinéma. Une brune un peu ronde était affalée sur le canapé, regardant les deux derniers invités plongés dans une partie de billard. L’heure des présentations avait sonné, et Sofia était plus qu’heureuse de ne pas être la seule à ne connaître personne.
Margaux fut la première à se lever pour lui dire bonjour. Elle parlait fort, mais avait l’air gentille. Son petit ami, Armand, lui parut plus calme, jusqu’à ce que Sofia l’entende rire bruyamment à une blague ni drôle ni subtile de sa copine. Quentin, lui, ne prit pas la peine de faire la bise à qui que ce soit, se contentant d’un vaste geste de la main. Il n’était pas très souriant, et ses larges sourcils noirs étaient froncés d’un air contrarié.
— Il faut que je vous montre quelque chose avant que vous ne vous battiez pour les chambres, dit Claudia en faisant signe aux nouveaux arrivants de la suivre.
Derrière la première porte du couloir se trouvait une salle d’eau aux airs de spa. Un grand jacuzzi était directement incrusté dans le sol de marbre gris et les grandes baies vitrées donnaient l'impression que l'on se trouvait dehors. L'envie de se glisser dans l'eau chaude envahit Sofia, la faisant se réjouir d'avoir accepté l'invitation. Le chalet était aussi équipé d'un sauna, précisa Claudia. Celui-ci se trouvait au sous-sol, juste en face de la cave à vin.
Sofia ne venait pas d'une famille pauvre. Pourtant, en voyant l'immense propriété, elle se demanda si elle n’aurait jamais pu se payer ne serait qu'une nuit dans le palace.
— Pour les chambres, expliqua leur hôte lorsqu’ils sortirent de la salle, il en reste deux au rez-de-chaussée et trois au deuxième. Margaux et Armand sont au dernier étage, mais les chambres sont plutôt bien insonorisées donc ils ne devraient empêcher personne de dormir cette fois-ci.
Les deux amoureux ricanèrent bêtement. Sofia tourna les talons et se dirigea vers les escaliers, prête à explorer le dernier étage.
Elle porta son dévolu sur la dernière chambre qu’elle visita. Ce n'était ni la plus belle, ni la plus grande, mais ses murs de bois usés, son lit king size aux couvertures moelleuses et son petit balcon avec vue sur la montagne lui firent l'effet d'un coup de cœur.
Elle sentit les bras de Chris s'enrouler autour de sa taille et il posa sa tête sur son épaule.
— Elle est jolie, dit-il.
— Non. Elle est magnifique. Elles sont toutes magnifiques.
— Pas autant que toi, souffla-t-il.
Sofia pouffa.
— T’es bête… Tu prends laquelle, toi ?
Chris eut une seconde d’hésitation.
— Tu veux faire chambre à part.
Ce n’était pas une question, mais une affirmation mêlée à une pointe de déception. Sofia se mordit la lèvre. Elle n’était pas bête, elle savait que Chris avait certaines attentes concernant ce weekend. Elle-même y avait songé, seulement elle avait encore besoin d’y réfléchir, et elle ne voulait pas lui donner de faux espoirs.
— Je préfère… Ça te dérange ?
Le visage du garçon se crispa un instant. Oui, ça le dérangeait. Pourtant, son expression s'adoucit presque immédiatement et il répondit :
— Comme tu veux, bébé. Je vais prendre la chambre à côté de la tienne, je crois que personne ne s’est encore jeté dessus.
Il déposa un baiser sur sa joue et alla installer ses affaires à côté.
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