Sur une plage triste au sable gris

Quelques galets posés çà et là, gris

Au bord de la mer seul le clapotis

Contre les rochers vert-de-gris

D'une eau noire ; le ciel est rouge.

Je t'aperçois toi, fille, nue, étrange

Sur la plage, tu as la peau verte

Les yeux d'une couleur orange

Je m'approche un peu de toi

Tu t'éloignes doucement, toi

Tu t'en vas toujours d'autant,

Tes hanches, ton balancement.

Plus loin, encore plus loin

Tu danses, ondules, légère

Des éclairs bleus zèbrent le ciel

Des arbres jaunes sont secoués

Par un vent chaud, des oiseaux

Multicolores passent au loin

Un voilier au fond coupe l'horizon

Des poissons brillants, blancs, argent

Sautent parfois sur l'eau bizarre

Pourquoi ce rêve hante mes nuits,

Ce paysage, ce tableau inachevé

Un autre monde, une autre vie.

Qui es-tu donc, toi qui me souris ?

Qu'est-ce qui se cache derrière

Ton regard fruité où est le soleil

Dans cette lueur bleue tamisée...

Pourquoi ? Parfums de menthe

Mimosas et encens mélangés

Chaleur tendre comme caresse

Sensation étrange de bien-être

Qui es-tu ? Où suis-je ? Pourquoi

Mon rêve ou ma seule réalité

Pas de bruit drôle de silence

Mouvement étrange et rythmé

Clapotis de cette eau noire

Qui vient mourir sur mes pieds

Ma pauvre tête tourne, malaise

Mais tu es là douce inconnue

Ton visage au-dessus du mien

Ta bouche de moi s'approche

Tes lèvres, ta langue me touchent

Soudain black-out, vide sidéral,

C'est l'abandon de soi, total

Un simple oubli qui s'oublie

Un sommeil qui me gagne

Un blanc, un gris, le noir

Infini, infini...