m'appelle
Lettre 2
Toi,
J'ai hésité avant d'écrire cette deuxième lettre, tout simplement parce que ma mère n'a rien à envier à mon père, et que parler d'elle maintenant va s'en doute t'en donner l'image de la femme clichée, mère au foyer et planquée derrière son mari. Mais après tout, peut-être qu'au fond c'est un peu ce qu'elle est ?
Elle a arrêté de travailler à ma naissance, et depuis, elle n'a jamais repris. Apparemment je lui ai fait perdre toutes ses forces, et parfois, je m'en veux un peu quand je pense qu'elle est inactive par ma faute.
Un jour, je lui ai même présentée des excuses pour ça. Elle a souri faiblement avant de dire que ça ne changerait rien et que, de toute façon, ce n'était pas mon problème. Sur le moment, je n'ai retenu que le sourire et lui ai fait un gros câlin... qu'elle a très vite repoussé.
Maman dit que l'agitation tout près d'elle ainsi que le contact physique la fatiguent. D'ailleurs, il parait que c'est à cause de ça que mes parents ne dorment plus dans le même lit. Mais je n'y crois qu'à moitié, Cléia, une autre amie, m'a raconté que c'est parce qu'ils ne s'aiment plus. Elle affirme aussi qu'avant ma naissance ce n'était pas comme ça. A mon avis, pour le deuxième point, elle n'en sait strictement rien.
Je ne suis pas jamais vraiment sûre de savoir qui croire tu vois, entre ma mère et mes amis. Encore avec mon père ça va, j'ai conscience qu'il a la bonne analyse. Mais maman, parfois je me demande. Surtout que j'ai connaissance de certains de ses torts.
Par exemple, elle dit vouloir une fille plutôt qu'un fils, mais elle a dû mal regarder, je ne suis pas un garçon, elle se trompe. Je suis un enfant, je m'appelle Enfant. Je suis le « it » de la langue Anglaise, « just a child ». Je ne suis ni « She », ni « He, et encore moins « il « » ou « elle ».
Rien que pour mon pronom personnel, je voudrais penser dans la langue de Shakespeare. Justement, quand j'ai parlé à ma mère de mes projets d'aller vivre en Irlande (sans lui expliquer mes motivations), elle m'a ris au nez. Selon elle, c'est un pays où il y aurait plus de moutons que d'hommes.
Pour l'instant, je reste donc « Enfant », mais uniquement pour moi-même car mes amis prétendent que ce n'est pas correct. C'est cruel les amis parfois, mais on les apprécie quand même.
D'ailleurs, ma mère croit que je n'ai pas de copains. Elle ne voit juste rien, j'en ai pleins, ils sont juste un peu timides. Et, au-delà du fait qu'elle soit dans l'erreur, je n'aime pas ce mot : ça sonne éphémère, comme si on pouvait les jeter à la poubelle.
Tu sais,
j'aimerais qu'elle ouvre les yeux,
Rien qu'une fois,
Et qu'elle se souvienne et prenne en compte,
Ce qu'elle aura vu.
Bien à toi,
Sans plus de politesse
~Enfant
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