Je
Lettre 1
Toi,
Je ne sais pas comment t'appeler, tu es trop flou, je ne te connais pas. Tu te trouves simplement sur le chemin de cette lettre, pas de chance. Au fond, j'ai envie de te dire que c'est tant pis pour toi, mais pour la forme, je vais m'excuser : Pardon.
Je sais que je ne devrais pas, papa dit toujours que les gens qui n'ont pas de valeur à nos yeux ne doivent pas nous préoccuper, qu'on se fiche de ce qu'ils ressentent ou font. Il justifie ça en déclarant que sinon on ne serait jamais heureux, trop occupé à compatir du malheur des autres.
Tu sais, mon père a toujours les bons arguments, les mots qui font que je me range de son avis. Et puis j'aime bien être de son côté, je me sens unique, comme si nous partions en guerre contre les opinions opposées aux nôtres. Ses idées de se reflètent sur moi et je m'efforce de les faire rayonner le plus loin possible. Mais tu n'as peut-être pas trop de temps à perdre, cher inconnu, il est sans doute inutile de relayer des convictions à ton attention, d'autant que ce n'est pas vraiment le sujet.
En vérité, je n'ai aucune idée de quoi je dois parler. C'est bête, j'en ai conscience, dans ce cas pourquoi j'ai commencé à écrire ? Je ne sais pas et je n'ai pas vraiment envie de savoir je crois. Et ce même si, d'après mon père, ignorer conduit toujours à la perte de quelque chose.
De toute façon, je ne peux pas réussir sur tous les plans, je n'ai pas encore son niveau, lui qui a réponse à tout. L'immensité de ses connaissances m'impressionne, surtout qu'il arrive toujours à me faire comprendre ce qu'il raconte, alors qu'apparemment, je suis « en retard », c'est ce que maintient Moshi, un ami.
Il parait que mon père a acquis tout son savoir par lui-même, c'est ce qu'il prétend. Pour le prouver, il me parle du système pourri de l'éducation Nationale et je comprends qu'il a raison. Après quoi, il m'explique que lui, avec ce qu'il a appris tout seul, il n'a plus besoin des autres pour interpréter les choses et la vie. Ça m'émerveille, je voudrais faire pareil tu sais.
A chaque fois que je laisse cette pensée se matérialiser sous forme de mots, mon papa rit et me raconte que c'est un objectif difficile, que seuls des gens particuliers peuvent suivrent la même voie. Il me parle de son parcours et de sa vie, j'apprécie quand il fait ça.
J'aimerais juste qu'il n'arrête pas son histoire au moment de ma naissance, comme si j'avais brisé son parcours.
J'adorerais qu'il continue,
Me prenne dans ses bras,
Et me dise qu'il m'aime.
Juste une fois,
Que je m'en souvienne.
Je crois que je n'ai rien d'autre à ajouter, mais je n'ose pas terminer cette lettre car je n'ai aucune idée de comment la conclure.
Je dirais donc « bien à toi », car après tout ça fait un jeu de mot avec le nom que je te donne et que c'est poli, enfin il me semble.
Bien à toi,
~Enfant
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