Quelques jours plus tard, les trois meilleurs amis apprenaient l'existence d'une ballade qui se déroulerait à la Tour Eiffel. La raison de la fête est inconnue, mais les habitants et les touristes ont adoré l'idée. Bien sûr, ils ne pouvaient pas manquer celui-ci. Tout le monde portait des bérets et des foulards noués autour du cou, comme s'ils étaient français... sauf Dayane, qui l'était vraiment. Et elle a arrangé un rendez-vous à la fête avec son petit ami.

Une fois là-bas, la plupart des gens portaient également des bérets et des foulards. La fête était bondée et animée, des DJ jouant différents types de musique, beaucoup d'alcool et bien sûr, beaucoup de baisers !

Dès qu'ils sont arrivés, Helena a remarqué que quelqu'un chantait pour la foule. Elle ne connaissait pas la chanson, mais la voix était très familière...

_ Bonne nuit mesdames ! _ C'était Pierre, également coiffé d'un béret. Il regarda Samantha avec admiration, mais jeta à Helena et Dayane le même regard. Les trois se regardèrent et s'embrassèrent pour ne pas éclater de rire.

_ Bonne nuit Pierre. _ ronronna-t-elle en marchant vers lui. Elle était beaucoup plus grande que lui, ce qui le gênait : _ Ravi de te rencontrer, je suis Samantha, l'amie d'Hélène. Elle m'a dit que tu voulais me rencontrer...

_ Mentionné? _ Il était nerveux en imaginant ce qu'Helena avait dû lui dire. Et il a commencé à trembler comme un bâton vert alors qu'elle s'approchait, le touchant pratiquement.

_ Tu as raison Lena, c'est une grâce !

Pierre se contenta de la fixer avec des yeux exorbités, puis détourna les yeux d'eux tous les deux. Pour pimenter encore plus les choses, ils ont continué à se caresser et ont presque fait semblant de s'embrasser. Ils faisaient souvent ça quand ils étaient dans un club, quand ils étaient plus jeunes et qu'ils voulaient taquiner. Il a failli faire une crise cardiaque quand il a vu ça.

_ Avec les permissions les filles... _ Dit Samantha en le traînant on ne sait où. Les deux ont disparu au milieu de la fête.

_ Avez-vous vu la tête qu'il a faite ? On aurait dit qu'il me suppliait de ne pas y aller. _ Dayane se mit à rire.

_ J'ai de la peine pour lui... mais si tu veux savoir, j'espère que Sam en a fini avec lui, car un effronté comme lui mérite une fessée.

À ce moment, Dayane ne put s'empêcher de se sentir désolé pour Helena. Elle était toujours très triste de la trahison de Luiz.

_ Tu as été très blessé par ce que Luiz t'a fait, non ?

_ Hurt est un surnom... J'ai été totalement détruite, avalée par la vie... si son intention était de briser mon cœur en mille morceaux, il a réussi. Je ramasse encore les morceaux...

_ Gardez le plus gros. _ Suggère l'aristocrate parisien.

_ Pourquoi? _ demanda Helena, trouvant la suggestion étrange.

_ Pour lui déchirer le visage.

Les deux ont commencé à rire.

_ Je comprends ma chérie, ce que tu ressens... quand un homme marque notre vie, c'est dur de passer à autre chose.

Dayane a utilisé la même phrase que Samantha a dite il y a quelques semaines. Helena se demandait déjà à quoi son amie faisait référence, même si elle trouvait cela un peu étrange, puisqu'elle sortait avec quelqu'un.

_ C'est peut-être même difficile, mais ce n'est pas impossible. Voyez par vous-même, vous êtes avec quelqu'un.

_ Je sais..., mais j'avoue que ça n'a pas été facile. Je pense encore que je vais me faire mal... _ lâcha : _ ... je me souviens encore de son sourire macabre.

*

Des mois après la mort de ses parents, un certain cousin éloigné du père de Dayane s'est approché d'elle, ce qui était très étrange, cet intérêt soudain pour elle. Pour autant qu'elle le sache, les deux ne s'entendaient pas très bien. Parce qu'elle se sentait si seule, elle a accepté de sortir avec lui, plus par nécessité que par amour. Elle avait toujours l'impression que personne ne voulait d'elle à cause de son apparence. Comme toute adolescente, elle avait des complexes sur son corps... mais le temps passait et quand on s'y attendait le moins, elle était follement amoureuse de lui.

Helena n'avait pas une vision positive de cette relation. Ils avaient à peine commencé à sortir ensemble et le gars demandait toujours une "preuve d'amour" pour elle. Réalisant qu'elle était une menace pour ses plans, il a commencé à empoisonner Dayane contre elle. Il l'a même harcelée pour essayer de l'éloigner de son amie.

Un jour, il a suggéré que Dayane lui rende visite pour rencontrer des parents et des amis de la famille. Il prétendait appartenir à la haute société de São Paulo. Helena a tout fait pour l'arrêter, mais sans succès. Elle vient de donner un dernier conseil à son amie : "Pensez-y si c'est ce que vous voulez !"

Elle se rendit dans sa supposée maison, un magnifique manoir situé dans un quartier chic de la ville. Une fois là-bas, il s'est rendu compte que la maison était vide... et à nouveau il a demandé "un gage d'amour"... et elle lui a donné la "preuve" qu'il voulait tant. Et quand elle réalisa enfin ce qu'il voulait vraiment, il était trop tard. Il s'habilla simplement sans la regarder et partit, la laissant seule dans une étrange maison.

"Mais tu as dit que tu m'aimais... et que tu voulais m'épouser ! Je t'ai donné la preuve que tu voulais tant !"

"Et tu l'as cru ? Fille, regarde-toi, je t'ai fait une faveur ! Qui va en vouloir un maigre comme toi ! C'était amusant tant que ça a duré ! racines !"

Dévorée par la haine, elle le gifla violemment. Il a riposté avec des mots plus blessants :  "Personne ne voudra d'une femme usagée !"

Et après ce jour, elle n'a plus jamais eu de ses nouvelles...

*

En se souvenant de ce qui s'était passé, Dayane et Helena ont pleuré. Elle a pleuré son amie, dont la jeunesse a été détruite à cause d'un méchant. Elle avait honte de penser qu'elle seule ressentait de la douleur, alors que Dayane savait déjà pire, et qu'elle n'était qu'une fille. Elle a essayé de réconforter son amie pour tenter de soulager sa propre douleur.

_ J'aurais dû t'écouter, tu l'as compris dès le début ! Ah pardonne moi !

_ J'avais mes doutes là-bas... et tu m'as déjà demandé pardon à ce moment-là, tu n'as pas besoin de demander maintenant.

Et au milieu de cette conversation déprimée, Helena s'est souvenue d'un fait amusant :

_ Vous voulez entendre un fait amusant ?

_ Drôle de fait ? De qui?

_ A propos du salaud. _ Dayane vient de la regarder faire ce petit sourire coquin de quelqu'un qui sait quelque chose et espère que quelqu'un s'intéresse à le savoir. Lorsqu'elle s'est montrée intéressée, Helena a lâché :

_ Il a été arrêté.

_ QUEL? COMME? LORSQUE? POURQUOI?

_ Il paraît qu'il est devenu un escroc et a fait des petits boulots comme un escroc. Il a falsifié des documents et daté les femmes et les filles des riches et des puissants. Certains de vos seigneurs et enfants aussi.

Dayane s'est sentie fraîchement sortie de l'enfer et a été acceptée au paradis avec cette révélation : _ continuez s'il vous plaît !

_ Son règne a pris fin lorsqu'il a falsifié le bilan d'une entreprise, qui par hasard était cliente du bureau où je travaillais à l'époque.

Voyant que son amie ne comprenait pas les termes comptables, elle expliqua :

_ Il s'agit d'un relevé comptable qui regroupe l'ensemble des comptes mobiles de l'entreprise et leurs soldes respectifs (soldes débiteurs et créditeurs). J'ai trouvé étrange que l'entreprise gagne beaucoup d'argent pour presque rien, et j'en ai parlé à mon patron à l'époque. Nous avons consulté un comptable qui a découvert la fraude. Lorsque des médecins légistes sont venus le voir, on a également découvert qu'il avait falsifié des diplômes, des certificats et des identités. Il a cloné les cartes de crédit des clients qui sortaient avec lui.

_ Oh mon Dieu Hélène, quelle nouvelle !

_ Oh et il y a plus. Ce qu'il t'a fait a fait de même à d'autres filles, il a essayé de fausser l'identité de certaines d'entre elles pour dire qu'elles avaient l'âge légal, afin de ne pas être arrêté pour séduction de mineures, ce qui n'a pas aidé du tout, car cela était un examen du crime qui prouve les viols. Ils ont joint cette affaire aux autres et l'ont trouvée plus sale qu'un poulailler. Il avait déjà une mauvaise histoire depuis que son père était vivant.

_ Je n'ai jamais compris pourquoi ils ne s'entendaient pas...

_ Son père et le tien étaient cousins. Il semblait avoir commis des larcins dans un quartier chic de la ville et ils ont appelé la police. Il pensait que c'était son père qui l'avait dénoncé. Si c'est le cas, personne ne le sait, mais après cela, son cousin est devenu la honte de la famille. Depuis, elle en est venue à le détester.

_ Comment je n'ai jamais su ça ?

_J'ai entendu une conversation entre ton père et le mien. Et a demandé de ne commenter à personne. Son cousin voulait juste "sortir" avec toi pour se venger de ton père, même s'il est déjà parti.

_ Parce que c'était très bien fait par ce coquin !

_ Et l'idiot a même eu le courage de dire que je l'ai foutu en l'air exprès, parce que je n'ai jamais voulu sortir avec lui.

_ Ah il n'a pas dit ça ? _ Demanda en riant.

_ Oui et il a dit pire : si je faisais taire l'affaire, il sortirait avec moi. Comme si je voulais... en plus de l'expulser, j'ai aussi relaté l'expérience et fait avancer l'affaire.

_ Oh mon héroïne ! _ la serra dans ses bras : _ tu m'as rendu justice !

_ Oui, je l'ai fait pour toi. Maintenant, il paie pour le mal qu'il vous a fait.

_ Merci mon ami. Encore une fois, je suis désolé... mais son arrestation n'effacera pas ce qu'il m'a fait.

_ Mais regarde-toi, tu es une styliste à succès. Tu es plus fort et meilleur que ça. Que tu étais marqué, oui tu l'étais, mais tu as survécu. Vous êtes Dayane Rémy...

_ Exactement qui je cherchais. _ Quelqu'un a parlé derrière elle. Elle se retourna et vit un beau jeune homme, qui regardait Dayane fasciné, qui à son tour était très heureux de le voir. Après s'être salués par un baiser, il le présenta à Helena :

_ L'ami est mon petit ami, le journaliste Mitchel Junqueira.