Seconde nouvelle

"Le soleil se levait derrière la montagne. Et tout comme lui, son existence le fit aussi."

JOYEUX ANNIVERSAIRE MARIE (_Emrai_) ! Pour tes 15 ans, j'ai écris un petit texte sur la montagne. L'inspiration, c'est Camille qui me l'a donnée, avec la phrase au-dessus.

J'espère que ça te plaira et que tu vas passer une bonne journée.

Bisous 💕,
Linouche ^^

P.S : je remercie énormément Cassandre d'avoir fait office de bêta lectrice ce midi alors qu'on avait la dalle et qu'on attendait 13h. C'était d'un courage exceptionnel.

Le vieux et la montagne

L'aube. L'aube, ça le fascinait toujours autant. Le jour qui pointait le bout de son nez, tout doucement, faisant s'impatienter les plus pressés, faisant grogner les plus fatigués. L'aube, c'était un moment précis, c'était long mais c'était court. Puis, elle laissait la place à l'aurore, feu de couleurs et de lumières.

Le vieux, lui, ça le fascinait tout ça. Alors que les jeunes gens pensaient que la retraite rimait avec grasse mâtinée, le vieux, lui, savait que non. La retraite, ça rimait avec fait ce qu'il te plaît. Ça pouvait être la grasse mâtinée pour certains mais pour lui, c'était de voir ce spectacle, cet événement qui recommençait chaque matin, tous les jours différents. 

Un chocolat chaud à la main alors que tout était encore sombre dehors, que tous dormaient encore bien profondément, lui, il s'asseyait sur son fauteuil préféré, face à la baie vitrée orientée est. Et dès que le spectacle commençait, il commençait à siroter sa boisson bien brûlante, c'était ainsi qu'il l'aimait. Et il observait, aimait, ressentait, admirait. 

C'était beau.

Ça le rendait heureux.

Puis son regard dérivait sur le fauteuil à côté du sien et il arrivait presque à revoir le vieille, son propre chocolat - froid - dans une main et il avait presque l'impression qu'ils pouvaient à nouveau se tenir la main tous les deux.

C'est qu'elle lui manquait, la vieille.

Ça lui manquait de ne pas pouvoir la taquiner, la toucher, l'embrasser, la bouder, la chatouiller, la réconforter. L'aimer.

Si on le lui avait dit, dans sa jeunesse, que lui et la vieille se marieraient, il ne l'aurait pas cru. Si on lui avait dit qu'elle mourrait d'un putain de cancer du sein, il ne l'aurait pas cru non plus.

Si on lui avait dit qu'elle lui manquerait, il aurait frappé ce malotru.

Et pourtant. Dieu savait que ledit malotru aurait eu raison. Il aurait eu raison plus que le vieux n'a jamais eu raison dans sa vie. Le vieux, il est toujours resté enfant. Jusqu'à ce que le cancer n'emporte la vieille. Et que le poids du monde ne s'abatte sur ses maigres épaules.

"Fallait manger plus de navets" aurait-dit la vieille. Pour elle, les navets étaient la solution à tous les problèmes.

Le vieux, il détestait les navets. Ça n'avait pas de goût. C'était pas bon. Bref, c'était des navets quoi. Il n'avait jamais compris pourquoi la vieille aimait ça.

L'aurore pointa le bout de son nez. Les couleurs rendaient la neige de la montagne aussi jolie qu'un beau tableau. Le vieux termina son chocolat chaud. Le moment nostalgie était passé.

Il se leva précautionneusement, faisant craquer le parquet de son chalet. Ce beau parquet qu'il aimait tant. Ça lui rappelait son enfance, quand lui et son frère étaient envoyés chez l'oncle pour faire du ski. Dieu que c'était bien. À l'époque, il voulait que la montagne lui appartienne, il ne la voulait rien que pour lui.

Maintenant, alors que chaque matin et ce depuis des années, il regardait le jour arriver alors que tout le monde dormait, il avait l'impression qu'enfin elle lui appartenait. Enfin, elle était à lui et rien qu'à lui. Tout du moins, jusqu'à ce que la journée ne démarre et que la vie ne reprenne son cours.

Il déposa sa tasse dans l'évier et la lava soigneusement, entendant presque dans sa tête la voix de la vieille qui lui serinait qu'il ne frottait pas assez fort. Et mentalement, il lui répondait que si elle continuait à l'envahir alors que l'aube était passée, il allait se fâcher. Alors la vieille disparaissait, attendant le lendemain à l'aube pour revenir, lui dire bonjour, l'encourager à passer cette journée.

Il rangea la tasse et son regard se tourna irrépressiblement vers la baie vitrée.

Le soleil se levait sur la montagne. Et tout comme lui, l'existence du vieux le fit aussi.

écrit en janvier 2021

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