Boucle

Boucle. En boucle. Encore. Puis encore. À nouveau. Toujours plus.

C'est beau. Elle ne comprend pas ce que ça provoque en elle. Ce qu'elle ressent a l'air tellement amplifié face aux sentiments des autres. Elle n'a jamais compris. Pourquoi personne n'a envie d'hurler face à la beauté de cette couleur ? Face à l'ébahissement que peut provoquer la vision d'une image parfaite ? Pourquoi personne n'entend ces vibrations dans cette musique-là ?

Elle, ça la fait vrombir de l'intérieur. Elle en ressent la moindre pulsation jusqu'au creux de ses artères. Et ces couleurs associées ensemble sur ce tableau... C'est si beau que sa tête est remplie de coton doux et chaud. Elle n'a plus les mots. Elle pourrait pleurer tant ses sens lui font vivre des choses magnifiques. La vie des autres doit être si fade, parfois.

Personne ne comprend. Oui, ce goût, ce son, cette vue, cette texture, cette odeur, ça la fait frémir. Elle s'en imprègne. Elle en mange encore et encore. Elle l'écoute encore et encore. Elle la regarde encore et encore. Elle la touche encore et encore. Elle la sent, encore et toujours.

Parfois, pourtant, c'est l'inverse. Certaines sensations la répugnent. À nouveau, ça lui provoque des sensations physiques. Mais cette fois, c'est un dégoût violent. Elle oublie que certaines choses lui font ça. Elle préfère profiter de son don. Son don à elle. Celui que personne ne comprend.

Son don qui lui permet de voir le monde différemment. Splendide et merveilleux, pleins de surprises. Cette sensation de sérénité quand elle ressent ce sentiment si indescriptible.

Ou peut-être que si. Elle peut le décrire. C'est un sentiment bleu. Un bleu qui mélange toutes les nuances de bleu qui existent au monde. Un bleu doux, tiède, nuageux. Un bleu à l'odeur de vanille. Un bleu rassérénant.

Le sentiment bleu. Celui qu'elle voudrait vivre en boucle. Encore. Puis encore. À nouveau. Toujours plus.

Le sentiment bleu. Celui que personne ne comprend. Celui que personne ne ressent, et c'est bien dommage.

Le sentiment bleu, bleu amoureux.

Le sentiment bleu.

écrit le 28 janvier 2022