Pour les non-concerné.e.s ça peut sembler étrange comme concept, et bah oui, quand on ne vit pas une oppression on a tendance à la limiter.

[TW transphobie, mutilation et d'autres trucs joyeux]

Personnellement j'ai beaucoup de chance, je n'ai jamais eu à affronter de la transphobie de manière physique ou verbalement violente. Je passe entre les mailles du filet pour le moment. Mais je peux pas m'empêcher d'avoir la gorge serrée, les épaules lourdes quand on m'appelle « Madame » à cause d'un passing aléatoire ou quand j'ai dû donner ma carte d'identité pour diverses raisons.

La dernière fois que ça met arrivé, c'était à la pharmacie, j'allais chercher (seul) mes ampoules de T et après avoir donné ma carte vitale à la chère pharmacienne... Elle m'appelle « Madame » à chaque phrase limite. A ce moment-là j'ai eu surtout très... peur. Peur que des gens l'entendent et viennent me casser la gueule quand je sortirais de là. Peur pas totalement infondée, c'est ça le pire.
Ou encore cette fois à la supérette où j'avais un bon passing mais où j'ai eu le malheur de prendre des protections hygiéniques, j'ai eu le droit à un « bonjour monsieur » et à un « au revoir mademoiselle ». Gros ascenseur émotionnel.

Hormis ça, j'ai eu peu de trucs. Même pas les fameux idiot.e.s qui viennent t'insulter sur twitter ou les Anon sur CuriousCat (je suis moi même surpris).

En fait, la vraie et seule grosse transphobie que je subis, c'est la mienne. De la bonne grosse transphobie intériorisée.

Je m'explique.
En bref je me dégoûte. Je peux pas m'empêcher de me trouver répugnant, de me dire « se serait plus simple si j'acceptais le fait d'être une fille ». Parfois ça va jusqu'à me mutiler.
Il y a ça et le fait que mon esprit est beaucoup trop scientifique. Je peux pas m'empêcher de relier notre biologie, à notre genre. Bien entendu j'ai évolué sur ça mais j'ai encore beaucoup de mal.

Et surtout, c'est de la transphobie que j'envoie surtout à moi, pas aux autres. Les autres je m'en fiche un peu, juste j'applique les pronoms qu'on me donne et basta.
Autre chose, j'applique et je suis très soigneusement les stéréotypes de genre. Mais uniquement sur moi. Un mec porte une robe ? Aucun souci. Moi porter une robe ? C'est hors de question.

Mais bon, j'essaye de passer outre. De me dire que je suis légitime en tant que mec trans et pan (et Poly A). De garder la tête haute. De reprendre les gens quand on me mégenre. De défendre les autres LGBTQ+.

Bref, j'avais envie (probablement plus besoin que envie, en fait) de mettre tout ça à l'écrit donc j'ai profité de cette journée pour le faire.

Je conclus avec ce petit dessin et je vous souhaite une bonne journée ou soirée !