Jay

A l'hôpital je rejoins le service de pédiatrie au pas de course. Je me présentais rapidement à l'accueil sans me douter des méandres de l'administration.

Jay : Bonjour je viens voir Lara Koslow elle a été admise...

Infirmière : Et vous êtes... ?

Allez... C'était bien ma veine, 2 standardistes potiche et horripilante en moins de 3 jours.

Jay : Jay Colayn...

Infirmière : Non non. J'en ai pas grand-chose à faire que vous vous appeliez Jay, Gontrand ou John. Êtes-vous son parent ?

Jay : Non je...

Infirmière : Alors vous avez votre réponse.

J'allais donc m'asseoir en soupirant d'exaspération. J'écris un message à Lily pour la prévenir que je ne pouvais pas rentrer dans la chambre de sa fille quand une infirmière exténuée se plaigna à son aimable consœur.

Infirmière 2 : La petite Koslow n'arrête pas de réclamer quelqu'un mais elle est muette alors moi le langage des signes !

Infirmière 1 : Elle te fait quoi comme signe ?

La seconde infirmière imita le signe qu'avait dû faire Lara sans vraiment être sûr et la première lui répondit platoniquement.

Infirmière 1 : Elle réclame son père mais appelle Martine pour qu'elle s'occupe de traduire.

La seconde la remercia pendant que je vérifiais un peu sur internet pour découvrir que Lara n'appelait pas 'son père' mais sa mère c'était à peu près le même signe sauf que le signe du père était près du menton et celui de la mère près des côtes, je suppose que sur un petit corps d'enfant la différence est à peine notable. Je profitais donc de cette brèche quand l'infirmière passa devant moi, le gros mensonge sortit tout seul.

Jay : Excusez-moi je suis le père de Lara. Personne ne veut rien me dire...

Infirmière 2 : Oh oui oui bien sûr suivez-moi ! Votre fille a passé un sale quart d'heure... Le médecin s'en ai tout de suite occupé, elle n'a plus rien dans la gorge mais elle reste bien inflammée !

En arrivant dans la chambre Lara me salua et ouvra ses petits bras dans ma direction alors je la blottis contre moi et je sentis ses sanglots silencieux.

Jay : Ça va aller n'ai pas peur... Ta mère arrive je l'ai prévenu, ok ?

Elle hocha la tête mais dès que je lui laissais un peu d'air elle s'accrochait à mon tee shirt de toutes ses forces. Je décidais donc de m'installer derrière elle sur le lit et elle s'endormit contre moi bercée par ma respiration régulière. Au premier abord je n'étais pas hyper à l'aise à l'idée de prendre une enfant, qui plus ai qui n'est pas la mienne, dans mes bras mais son regard bleu si larmoyant eu raison de moi. Bordel je me reconnaissais vraiment pas ses jours-ci...

Lily arriva une bonne heure plus tard totalement paniquée mais en me voyant elle souffla de soulagement en posant une main sur son cœur comme pour en calmer les battements frénétiques. Avant même qu'elle ouvre la bouche un médecin entra lui aussi dans la pièce. Il était vieux et je pouvais sentir d'ici qu'il sentait l'aseptisant et la vieille peau, n'ayant pas franchement l'air aimable il semblait plus gonflé d'être là. 3 internes l'accompagnaient.

Docteur : Bon on a enlevé à votre fille le crayon à papier qui obstruait sa gorge. Ses cordes vocales sont gonflées mais ça devrait rapidement revenir à la normal. Nous la gardons ici pour la nuit juste pour vérifier ses constantes et faire quelques tests de routine obligatoire dans ses cas là. Juste pour vérifier qu'elle ne subit pas de mauvais traitements à la maison, vous voyez. Si vous n'avez rien à vous reprocher ce ne sont que des tests de routine. Bref votre fille recouvrera vite la parole, je vous le garantis.

Mes yeux s'agrandirent d'étonnement et Lily devint rouge de colère. Elle pointa un doigt accusateur vers lui et s'approcha pour lui faire face tandis que les internes ne savaient plus où se mettre devant la bourde de leur résident. Ce petit bout de femme devait lever légèrement la tête pour le regarder dans les yeux, 50 kilos tout mouillé sur la balance mais je n'aurais, pour rien au monde, voulu échanger ma place et faire face à cette maman lionne.

Lily : Vous savez au moins comment s'appelle ma fille ? VOUS AVEZ LU SON DOSSIER JUSTE QUELQUES LIGNES AVANT DE VENIR ME TRAITER DE MAUVAISE MÈRE ? LARA EST MUETTE DE NAISSANCE ALORS NON DÉSOLÉE ELLE NE RECOUVRERA PAS L'USAGE DE LA PAROLE.

Le médecin se racla la gorge, s'excusa vaguement avant de déguerpir en vitesse.

Jay : Viens.

Elle s'approcha de moi, les épaules affaissées et le regard aussi larmoyant que sa fille un peu plus d'une heure avant. Je la pris dans le creux de mon cou où il me restait un peu de place.

Lily : Je suis désolée... Une nuit avec moi et ma vie te submerge comme un tsunami.

Ses larmes coulèrent au creux de mon cou alors que je lui caressais les cheveux.

Jay : Ça tombe bien parce que j'en veux d'autre des nuits avec toi...

Elle ria dans le creux de mon cou en s'accrochant un peu plus à moi, une de ses mains sur le ventre de sa fille. Nous sommes restés comme ça un moment et j'ai goûté à la saveur d'une famille, c'était doux comme tout ce que me faisait partager Lily. Elle avait raison cependant toutes les responsabilités de sa vie m'avait giflé la nuque en l'espace de 24h mais ça faisait partie d'elle et je voulais tout connaître de la petite brune qui se blottissait au creux de mon cou. Peut-être que ça aurait fait fuir des connards qu'elle soit maman célibataire, mais à mes yeux elle n'en était que plus attirante. Un psy me dirait probablement qu'elle me rappelait ma mère avant que tout parte en live et que c'était un moyen pour moi d'essayer de changer mon passé en améliorant le futur. Mouais. Des conneries. Plus tard elle se leva afin d'appeler son avocat pour voir ses options contre l'école.

Lily : D'accord je comprends et on ne pourrait pas empêcher la médiatisation... ? Je vais y réfléchir je vous remercie Maître Nathan. Au revoir.

Elle se tourna vers moi qui étais toujours dans le lit de Lara profondément endormie.

Lily : Je ne peux rien faire contre l'école...

Jay : Pourquoi ?

Lily : C'est une école de star très réputé et qui dit procès dit médiatisation donc tout le monde sera au courant que j'ai une fille et alors là elle ne sera plus du tout en sécurité et je ne suis pas prête pour ça...

Jay : Porte plainte déjà, le temps que la procédure se fasse on avisera parce que si tu ne fais rien ça veut dire que l'an prochain Lara sera en CP avec tous les autres gremlins et encore moins en sécurité que tu ne le penses. Les mômes mal élevés sont comme ça, méchant avec les autres et la changer d'école la perturbera encore plus pour au final se retrouver devant le même crétin. C'est toujours la même rengaine.

Lily : T'as raison...

Elle décrocha à nouveau son téléphone, discuta un petit peu et raccrocha au bord des larmes.

Lily : L'avocat m'a prévenu que leur ligne défense serait que je sois une mère célibataire qui élève une enfant violente et handicapée à bout de bras et tout le tralala. Mais je fais tout pour elle Jay !

Cette fois ci elle sortit de la chambre comme une furie. Ce soir je sens que je vais faire quelques recherches... Je m'extirpais aussi lentement que je pus du lit de Lara pour aller voir Lily mais c'est elle qui revint avec 2 cafés avant que je n'aie franchi le seuil de la chambre.

Lily : Le médecin a dit aux infirmières que nous étions VIP alors elles nous montent de la nourriture en chambre... C'est pas le non rencard qu'on s'était prévu mais je préfère rester avec elle...

Je lui souris en embrassant sa joue mais elle posa son café et prit ma tête entre ses mains pour m'embrasser plus suave ment sur les lèvres. Je répondis à son baiser avec plaisir quand des mouvements derrière moi attirèrent son attention. Je me retournais à mon tour et vis Lily rougir devant les signes de sa fille.

Jay : Qu'est-ce qu'elle te dit ?

Lily : Non c'est bête. C'est une petite fille elle s'imagine des grandes histoires d'amour et des happy end de princesse.

Jay : Ce qui veut dire ?

Elle hésita une seconde, me jaugea avant de finalement se décider.

Lily : Elle me demande si t'es son papa et elle a décidé que ce serait le cas de toute manière.

Ma gorgée de café passa de travers et je me frappais le thorax pour que ça passe. Lily s'inquiéta tout de suite.

Lily : Non mais te mets pas la pression c'est une petite fille. Elle croit au coup de foudre et au ils vécurent heureux... C'est pas réaliste. Tu es juste son super héros... Elle n'a pas eu de figure paternelle alors je suppose que votre petit déjeuner et votre câlin lui a fait pousser des ailes. Comme je t'ai dit Jay j'ai eu personne depuis Harvey et elle ne l'a même pas connu... T'es le premier homme que je lui présente et je prends pas ça à la légère mais je veux surtout pas te mettre la pression non plus, c'est juste que tout s'est bousculé.

Jay : Non t'as raison. J'ai bientôt 27 ans et j'oublie parfois que le temps file...

Mes yeux se perdirent dans les perles cristallines de Lara qui étaient épuisées mais luttaient contre le sommeil. Lily interrompit ma contemplation pour me prendre dans ses bras en murmurant un merci et je la serrais contre moi. L'infirmière de Lara nous apporta 2 plateaux repas en nous prévenant que Lara était nourrie par intraveineuse et qu'elle n'aurait rien avant sa sortie.

Après avoir galéré un moment nous nous sommes installés deux fauteuils à côté de la fenêtre, la tablette a roulette entre nous et nos plateaux à la verticale pour que les deux passent. Et nous avons déjeuner vers 16h sans soucis. En regardant mon plateau je trouvais qu'on avait quand même était gâté, il y avait du riz avec une sauce au safran, du steak de saumon, des dés de potirons et d'asperges et en dessert un brownie à la banane. Lily avait été acheté 2 sodas dans la machine et s'était achetée un autre dessert en mettant sa part de gâteau dans mon plateau.

Jay : Tiens tiens le petit oiseau n'apprécie pas le brownie ?

Elle fit une mine dégoutée en frissonnant.

Lily : Beurk la banane.

Je ris devant sa mine absurde et nous avons fini par discuter de tout et de rien.

Jay : Dis-moi quelle taille fait ce petit chaton ?

Elle hésita une seconde puis ses joues rosirent comme si elle avait honte.

Lily : 1m60 mais je suis pas petite c'est toi qui est grand ! Tu dois faire au moins 1m90 espèce de gros chat !

Jay : Tout juste.

Je ne l'ai pas dit à ce moment-là mais je m'en fichais bien de sa taille ou plutôt si, c'était une des choses que j'appréciais le plus chez elle. Je pouvais la prendre dans mes bras et la faire disparaître dans mes bras, poser ma tête sur la sienne, la porter facilement et pour finir tout était petit chez elle et par extension adorable. Des petites mains, un petit visage, avec des traits fins. En fait elle me faisait toujours penser à une poupée fragile, ça me fascinait. Je m'en étais rendu compte lors de notre premier jour dans les studios ensemble, j'étais fasciné par elle autant physique que mentalement. Un vrai ovni dans ma vie.

Vers le dessert mon téléphone sonna et je décrochais en m'excusant.

Jay : Cali ?

Cali : Ouais je t'appelle pour te dire que si tu comptes baiser...

Jay : Cali.

Cali : Si tu comptes avoir une relation avec Lily ne compte pas sur moi pour le groupe. Tu m'oublies.

Jay : Mais de quoi tu parles ?

Cali : Il est hors de question que je sois la 3ème roue du carrosse peut être que Dex en a rien à foutre mais pas moi.

Jay : Mais t'as quel âge Cali sérieux ?

Lily : Oh t'es levé mon cœur... !

Et là c'est parti en vrille. Complètement. Sans que je ne puisse rien faire.

-------------------
Pour aller plus loin :

Papa LSF :

Maman :