My name is Mathis.
Je m'appelle Mathis.

***

-Ils peuvent pas faire attention ?! râla Octela en évitant de justesse un sorcier sur son balai qui lui avait frôlé la tête. On dirait qu'ils se croient seuls !

Jane sourit quand elle vit les joues de la compagne de son père devenir rouges. Elle n'aimait visiblement pas cette atmosphère agitée, alors que la jeune blonde en raffolait. Ce n'est que quand un groupe d'espagnols passèrent près d'eux en gesticulant dans leur langue que Jane prit conscience que des étrangers du monde entier s'étaient déplacés pour assister au match national. Le Tournoi de Quidditch était l'une des seules activités qui réunissait tous les sorciers. Tout le monde voulait y assister, malheureusement le nombre de places étaient limitées et l'accès restreint. Jane avait du mal à croire qu'elle y accédait, que dans quelques heures elle allait se tenir dans les tribunes et voir le plus grand match de Quidditch de l'année se dérouler devant ses yeux. C'était presque un rêve insaisissable qui se réalisait.

-Nous y voilà ! s'écria son père en se stoppant brusquement devant une rangée de tentes.

Son arrêt fut si inattendu que Jane rencontra violemment son dos et Octela se prit les cheveux de la blonde en plein dans le visage.

-Voilà notre tente ! continua Chris en ignorant leurs grognements de mécontentement.

Jane prit la même position que lui et découvrit une vieille tente tout abîmée dont les murs faits de draps qu'elle n'arrivait plus à nommer menaçaient de s'envoler à cause du vent qui se levait, risquant de décrocher les sardines mal enfoncées dans la terre martyrisée par les passants. La tente était toute petite et pouvait à peine accueillir une personne, alors trois dedans ?

-Euh... c'est quoi ce truc ? questionna Octela en pointant du doigt le pauvre habitat d'un air écœuré.

-Ça c'est une tente, répondit simplement Chris.

-Ah merci, mais tu veux qu'on dorme dedans ?

-Tu préfères la terre dure, peut-être ?

Leur échange n'était pas du tout méchant, ils faisaient ça souvent pour se charrier. Une façon personnelle de montrer leur amour mutuelle.

-Non, mais c'est à peine si Kiny peut tenir dedans, alors nous trois...

-Oh, c'est bon ! souffla bruyamment Jane pour mettre fin à la querelle.

De toute façon, toutes les autres tentes étaient prises alors ils ne pouvaient aller nulle part ailleurs. Il ne servait à rien de débattre sur un sujet déjà clos.

-On va se débrouiller, reprit-t-elle.

Mais au fond, elle cherchait à se rassurer elle-même. Elle ne voulait pas dormir sur du bitume toute la nuit.

Son père passa près d'elle et s'engouffra dans la tente. Octela roula des yeux avant de suivre ses pas et Jane allait l'imiter quand une personne qui la fixait retint son attention.

Un jeune garçon qui devait avoir son âge était assis à quelques mètres d'elle, juste à côté de sa tente respective et semblait la contempler avec un petit sourire sur les lèvres.

Jane resta dubitative. Que devait-elle faire ? Le saluer ? Lui sourire ? L'ignorer ?

Elle préféra opter pour la dernière solution et alla disparaître dans la bouche de la tente quand le garçon la salua gentiment avec un accent que Jane reconnut immédiatement. Il était français.

-Bonjour.

Jane ne put s'empêcher de sourire et lui répondit dans sa langue natale avant de rejoindre son père et sa compagne.

-Bonjour.

Dès qu'elle eut franchi le seuil de l'habitat, elle fut frappée par le vaste espace de la tente. Elle qui se voyait déjà serrée-collée contre son père, elle éclata littéralement de rire.

La tente était énorme. Il y avait un petit salon sur la gauche, trois chambres donnant sur l'entrée, une cuisine cachée sur la droite et une vieille table au milieu de l'espace qui donnait sur toutes les pièces éclairées par la lumière du soleil.

Jane avait beau être née dans le monde de la magie, elle était toujours estomaquée par ce qu'elle découvrait au fil du temps.

-Je rectifie ce que j'ai dit ! s'écria Octela qui s'était déjà écroulée dans un des fauteuils de velours du salon. Comment on va faire pour se retrouver ?

Jane rit. Cette journée était de plus en plus magique.

***

Les heures étaient passées et Jane avait enfin rangé ses affaires. Elle était maintenant affalée dans son hamac et tournait les pages de l'album photo que lui avait donné Chris deux ans plus tôt, alors que le silence pesait sur la tente.

Soudain, quelque chose résonna dehors et attira l'attention de toute la maisonnée.

-C'est encore qui les gamins qui viennent nous déranger ? s'énerva Octela avant de replonger son nez dans le Chicaneur.

-Je vais voir, répondit la jeune blonde.

Elle se leva et posa son album sur le hamac. Elle ouvrit la fermeture et découvrit avec stupeur le garçon qui l'avait saluée un peu plus tôt. Qu'est ce qu'il faisait là ?

-Salut ! dit-il, enjoué.

-Euh... salut... répondit-elle en se reculant.

Jane ne savait pas quoi dire. Elle ne connaissait pas cette personne et il était un peu trop confiant à son goût.

-Je m'appelle Mathis.

-Jane...

Mais qu'est-ce qu'il lui voulait, à la fin ?

La jeune blonde se tourna vers son père pour obtenir un peu d'aide de sa part mais celui-ci les observait d'un œil intéressé.

-Tu veux que je te fasse visiter ? reprit Mathis.

-Vi...

-Oui, oui, oui ! s'écria Chris en sautant de son hamac, manquant de trébucher à plusieurs reprises.

Il arriva à leur hauteur et ne prit même pas le temps de saluer Mathis qu'il reprit en sautillant presque sur place;

-Elle veut bien ! Elle est même tout à fait d'accord !

Jane lança un regard glacial à son père qui ne quittait pas Mathis des yeux. Mais à quoi jouait-il ?

Elle allait lui demander quand elle comprit toute seule. Depuis sa douloureuse rupture avec Drago, son père tentait depuis le début des vacances de la caser avec une nouvelle personne. Et vu le regard qu'avait Chris, elle n'allait pas se débarrasser de Mathis avant longtemps.

-Et bien si elle est d'accord, on peut y aller tout de suite ! dit ce dernier avec joie.

-Bonne idée !

Chris poussa Jane vers le beau garçon et lui offrit un petit clin d'œil avant de refermer la tente derrière eux, laissant les deux inconnus seuls.

-Alors ! Que veux-tu visiter d'abord ?

Mathis ne semblait pas timide devant elle et s'exprimait avec un anglais parfait si ce n'était l'accent qu'il piétinait.

Jane décida de ne pas se laisser impressionner par tant d'hardeur et changea complètement de comportement. Elle laissa son inquiétude de côté, un sourire radieux apparut sur son visage et elle plongea ses yeux dans ceux magnifiques de Mathis.

-Tout ! s'écria-t-elle en passant son bras sous celui de son nouveau compagnon.

***

Deux heures s'étaient écoulées mais Jane ne voyait pas le temps passer. Mathis lui tenait une compagnie idyllique. Tous deux parlaient depuis un moment déjà et la jeune blonde l'appréciait énormément.

A première vue, il pouvait faire penser à un garçon arrogant et égoïste, mais en réalité il était attachant et drôle. Il s'intéressait à Jane et ne la pressait pas. Jane était même contente qu'il soit venu à sa rencontre.

-Et alors ? Un homme dans ta vie ? demanda-t-il.

Ils parlaient depuis un bon de temps de leurs vies et avaient complètement mis de côté la visite. Ils se baladaient tranquillement entre les tentes et ne se rendaient même pas compte qu'elles changeaient de couleur et que l'atmosphère se détendait au fil des pas franchis.

Jane avala sa salive de travers. Elle n'aimait pas parler de Drago de cette manière. Elle s'était remise de sa rupture, mais une boule ne pouvait s'empêcher de rester coincée dans sa gorge quand on parait du blondinet.

-Non. Et toi ? finit-elle par répondre.

-Non plus, sourit le jeune homme.

Ils reprirent leur discussion jusqu'à ce que le soleil rougisse à cause de la nuit qui se réveillait enfin.

-Il est quelle heure ? demanda Jane.

-20h30, répondit Mathis après avoir jeté un coup d'œil à sa montre.

-Il vaut peut-être mieux qu'on rentre pour se préparer. Le match commence à 21h30.

-Pas faux.

Les deux firent demi-tour et finirent par se séparer quand ils arrivèrent à destination.

-J'espère qu'on se reverra, lui lança Mathis.

-J'en doute pas !

Jane lui sourit une dernière fois et s'engouffra dans sa tente.

Cette journée était définitivement parfaite.

A Suivre.