Chapitre 32

Ce fut Hermione qui trouva Jane et Ron en première. Elle bouscula les élèves qui continuaient de crier et empoigna le bras de Jane. Derrière elle, Harry tentait vainement de reprendre ses esprits.

-Jane ! Tu as vu ce que Harry a vu ? questionna-t-elle en secouant son amie comme un prunier.

-Bien sûr qu'elle l'a vu ! rugit Ron en la dégageant.

-Il faut qu'on aille au Ministère. C'est là qu'il est ! informa Jane en les regardant tour à tour.

-On a pas de temps à perdre ! s'écria Harry.

Il prit la main de Jane et tous deux traversèrent les couloirs à toute vitesse. Derrière eux, Ron essayait de ne pas les perdre de vue, et Hermione leur hurlait d'attendre, mais aucun des deux ne l'écoutait.

Jane ignorait par quel moyen ils allaient se rendre au Ministère. Ombrage avait bloqué toutes les issues, et il n'y avait plus aucun moyen de déplacement. Malgré ça, ils ne pouvaient pas laisser le parrain d'Harry mourir.

-S'il vous plaît, écoutez moi ! s'énerva Hermione en leur barrant la route.

Jane lui lança un regard noir. Qu'avait-elle de si important à leur dire pour les retarder ?

-D'accord, c'est comme la vision avec Arthur, d'accord, la porte que vous voyez dans chacun de vos rêves se trouve au Ministère, et d'accord, il y a peut-être un lien avec la chose que Voldemort cherche à voler, mais si Voldemort t'avais envoyé cette vision ? Et s'il torturait Sirius pour essayer de t'attirer là-bas, Harry ?

-Et si c'est le cas ? répliqua l'Elu. Tu veux que je le laisse mourir ?! Hermione, il est le seul parent qu'il me reste !

Harry avait trouvé en lui l'amour qu'il avait perdu à la mort de ses parents. Etre chéri et profondément aimé, il n'avait connu ça avec personne d'autre que Sirius. Le laisser mourir, c'était comme perdre son père une deuxième fois. Harry ne pouvait pas y penser : il en serait anéanti.

Il préférait tomber dans le potentiel piège de Voldemort que de l'abandonner à la mort.

-Alors, qu'est ce qu'on fait ? demanda Ron.

Hermione avait laissé tomber son masque de fer pour la compassion, et semblait déterminée à les accompagner. Jane et Ron fixaient Harry. Celui-ci réfléchissait à une vitesse folle. Plus les minutes passaient, plus Sirius s'affaiblissait. Et il n'allait pas tenir indéfiniment.

-On va utiliser le réseau de cheminées ! expliqua-t-il en se remettant à grimper les escaliers principaux.

-Mais Ombrage les fait toutes surveiller !

-Pas toutes.

Cela n'étonna pas Jane quand ils pénétrèrent le bureau de leur nouvelle directrice. Bien évidemment, elle n'allait pas condamner sa propre cheminée. Grave erreur.

Après un coup de baguette de sa part, des flammes vertes se mirent à chauffer le visage du quatuor qui s'agenouilla.

-Essayez de prévenir l'Ordre, ordonna Harry.

-Ça va pas, non ? On vient avec toi ! refusa Ron.

-C'est trop dangereux !

-Quand vas-tu te mettre ça dans le crâne ? On prend les risques ensemble !

Le ton d'Hermione était catégorique. Comme Jane, le comportement d'Harry la dépassait : il n'allait pas y arriver seul. Voldemort était bien trop puissant. Il avait besoin de ses amis. De beaucoup d'amis.

Avant qu'il ne puisse répondre, une voix criarde les fit sursauter.

-Ça, c'est sûr !

Ils se retournèrent.
Ombrage les regardait avec une haine incomparable. Ils n'eurent pas le temps de réagir qu'ils étaient déjà coincés.

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Quelques minutes après, Harry était assis face à Ombrage qui le scrutait de ses yeux de crapauds. Derrière le bureau, les membres de la Brigade Inquisitoriale détenaient ses amis. Parkinson tenait fièrement la robe de Jane entre ses mains, et celle-ci avait bien du mal à retenir son poing de finir dans son beau visage.

-Vous alliez voir Dumbledore, n'est ce pas ? demanda Dolores en se penchant vers Harry.

-Non.

-Menteur !

Elle asséna une gifle à Harry. Jane s'apprêta à se jeter sur elle, mais Pansy lui attrapa les bras pour l'empêcher de bouger. A présent, Jane imaginait la multitude de façons avec lesquelles elle allait faire souffrir Ombrage et son ennemie. La haine qu'elle éprouvait pour elles ne cessait de grandir.

-Vous vouliez me voir, madame la directrice ?

Rogue venait de débarquer avec son air impassible et posa ses yeux sombres sur Harry et Jane. Il n'eut aucune réaction. Lui aussi, Jane le détestait.

-ROGUE ! Oui, j'ai besoin d'obtenir des réponses ! Qu'il me les donne de son plein gré ou pas ! Avez-vous le Véritasérum ?

Une bouffée de chaleur consuma le visage de Jane. Si Rogue lui en procurait, ils étaient foutus. Comment allaient-ils expliquer qu'ils allaient sauver le "criminel" le plus recherché des mains de Voldemort en qui ils ne croyaient pas le retour ? Et bien au délà : Ombrage entendait seulement ce qu'elle avait envie d'entendre.

-Je crains qu'en voulant interroger les élèves, vous ayez épuisé mes dernières réserves. Les dernières gouttes ont été pour Mademoiselle Chang. À moins que vous ne souhaitiez l'empoisonner - et croyez moi bien que ce geste m'inspirerait ma plus grande sympathie - je ne peux rien pour vous.

Jane ne fit pas attention à ce qu'il venait de révéler. Cho ne les avait pas dénoncés de son plein gré, c'était tant mieux, mais ils n'étaient pas encore sortis d'affaire.

Il tourna le dos et s'apprêta à s'en aller quand Harry le retint.

-Il détient Patmol ! Il détient Patmol là où la chose est cachée !

-Patmol ? C'est quoi, Patmol ? Qu'est ce qui est caché ? De quoi veut-il parler ? s'excita Ombrage qui devenait rouge de colère. Rogue !

Ce dernier fixa quelques secondes Harry qui le suppliait du regard, puis se tourna vers Ombrage qui contenait difficilement ses émotions. Il haussa simplement les épaules.

-Aucune idée.

Jane eut du mal à étouffer les insultes qui s'apprêtaient à franchir ses lèvres. En tant que membre de l'Ordre du Phénix, il aurait dû faire réagir, mais il quitta la salle sans même un dernier geste dans leur direction. Il les laissait se débrouiller. Jane rêvait de le voir brûler dans une marmite bouillante.

-Très bien, murmura Ombrage qui semblait au bord de la crise de nerf. Vous ne me laissez pas le choix, Potter. S'agissant qu'il concerne la sécurité du Ministère, je n'ai pas d'autre alternative... Le sortilège Doloris devrait vous délier la langue.

Cette-fois ci, c'en était trop. Jane devait s'interposer.

-C'est illégal ! Vous irez à Azkaban !

-Ce que Cornelius ignore ne peut pas lui faire de tort.

Jane était abasourdie par sa directrice. En plus d'être sadique et tortionnaire, elle était complètement folle. Cornelius n'était qu'une excuse pour assouvir sa supériorité. Elle se fichait des règles tant que c'était elle qui les établissait. Elle mentait au Ministère et se disait fidèle et attachée à Fudge, simplement pour régner en maîtresse sur les sorciers. Mais en vérité, seul se satisfaire elle-même lui importait. Elle était bonne pour l'asile psychiatrique.

Ombrage s'approcha d'Harry, la baguette tendue vers sa cicatrice. Jane ferma les yeux ; elle refusait de voir son meilleur amie hurler de douleur. Il eut un moment de silence, comme si le temps s'était figé, puis Hermione se mit à crier.

-Dis lui, Harry !

Jane rouvrit les yeux. Harry regardait Hermione sans comprendre, et Ron cherchait une explication sur le front de Jane. Aucun des trois amis ne comprenait son intervention.

-Qu'il me dise quoi ? s'excita Ombrage en fusillant la née moldue du regard.

Hermione jeta un œil furtif à Jane qui l'interrogeait du regard. Elle aussi se demandait de quoi son amie parlait.

-Si tu ne lui dis pas où elle est, je le fais... reprit Hermione.

-Où est quoi ? insista Ombrage.

Jane échangea un regard perdu avec Harry. À côté d'elle, Ron tentait de comprendre ce qu'Hermione manigançait.

-L'arme secrète de Dumbledore.

L'effet fut immédiat. Ombrage emporta Harry et Hermione avec elle, ordonnant aux membres de la Brigade Inquisitoriale de garder le reste du groupe jusqu'à son retour. Ainsi, il n'y avait plus que Jane, Ron, Luna, Ginny, Neville, Drago, Pansy, Crabbe et Goyle dans le bureau rose électrique.

Personne ne prononçait un mot. Le cerveau de Jane chauffait. Elle cherchait une solution pour s'échapper. Harry et Hermione n'allaient pas pouvoir rester avec Ombrage indéfiniment. Le stratagème d'Hermione avait été une nouvelle fois brillant, mais sans véritable excuse, ils étaient sûrs à cent pour cent d'être renvoyés, voire pire. Jane devait les retrouver et les aider. Sans compter que Sirius était peut-être en train d'agoniser.

Ce fut Ron qui trouva au bout de longues minutes de silence.

-J'ai faim. Ça vous dérange si je mange quelques bonbons ? demanda-t-il en sortant des pastilles de sa poche.

Malefoy s'approcha de lui et les lui vola. Étrangement, Ron ne dit rien. Jane comprit qu'il avait une idée derrière la tête.

-La ferme, Weasmoche. T'es assez gros comme ça.

Il fila un bonbon à chacun de ses amis et avala le sien. Jane attendit de voir sa réaction.

Ce fut Parkinson qui réagit en première. Elle lâcha Jane et plaqua sa main devant sa bouche. Elle se précipita dans le couloir, talonnée par les autres Serpentard qui étaient devenus verdâtres.

-Ce fumier nous a donné des Pastilles de Gerbe ! jura Goyle.

Jane ne se laissa pas distraire par son fou rire et récupéra les baguettes d'Harry et Hermione. Elle quitta la pièce, vite rejointe par Ron et ses amis. Elle croisa Parkinson qui s'était adossée contre un des murs du couloir. Sa peau était devenue pâle et ses lèvres jaunâtres. Dommage que Colin ne fût pas là pour immortaliser ce moment. Jane lui fit un signe de la main et quitta la château. Aucun des Serpentard ne se jeta à leur poursuite.

-Ron, t'es un génie !

-Il faudra que je remercie Fred et George pour ce tour ! C'est eux qui m'ont donné les bonbons avant de partir ! rit celui-ci.

-Où sont Harry et Hermione ? demanda Ginny, tandis qu'ils parvenaient sur le pont.

-Ici ! s'écria Jane en les pointant du doigt.

Ils se rejoignirent et Jane leur rendit leur baguette. Ombrage n'était plus avec eux, et ils avaient l'air d'être en bon état.

-Comment vous êtes vous échappés ? demanda Hermione en récupérant sa baguette.

-Les Pastilles de Gerbe, expliqua Ginny. C'était pas beau à voir.

-J'ai dit que j'avais faim, que je voulais des bonbons. Ils m'ont dit d'aller me faire voir et ils les ont tous mangés !

-C'était intelligent, complimenta Hermione.

-Il m'arrive de l'être, sourit timidement Ron.

-Et Ombrage, vous en avez fait quoi ? demanda Jane.

-Hermione l'a conduit jusqu'à Graup, sauf que c'est les Centaures qu'on a trouvés. Ombrage les a insultés et ils se sont énervés. Graup est arrivé et ils se sont battus. Ils ont emporté Ombrage avec eux, on ne sait où.

-Et j'ai raté ça ! s'écria Jane.

Ils éclatèrent de rire. Jane était bien contente qu'ils se soient débarrassés de l'autre folle, mais tout n'était pas terminé pour autant. Ils devaient sauver Sirius.

-Bien, comment va-t-on aller à Londres ? demanda Neville.

Toutes les têtes convergèrent vers Harry qui se rembrunit. Jane n'aimait pas cet air là.

-Ecoutez, je vous suis reconnaissant de tout ce que vous avez fait, mais je vous ai causé assez d'ennuis comme ça, commença-t-il.

-L'armée de Dumbledore est censée faire des choses concrètes, répliqua Neville. Ou n'étaient ce que des mots pour toi ?

-Tu n'es peut être pas obligé d'affronter ça tout seul, proposa Ron.

Harry regarda ses amis tour à tour. Personne n'avait l'intention de rester à Poudlard à se tourner les pouces, tandis qu'Harry allait sauver son parrain des griffes de Voldemort, seul. Encore moins Jane. Elle se sentait plus impliquée que quiconque dans cette affaire. Elle avait l'impression que quelque chose l'attendait.

L'Elu soupira et hocha la tête.

-Comment on va se rendre à Londres, alors ?

-En volant, bien sûr, sourit Luna.

Quelques heures plus tard, le groupe survolait la capitale éclairée par la nuit orageuse, conduits par des Sombrals.

A Suivre.

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