Echec et Mat.

Une allée. Voilà ce qui s'étendait devant nous.

Une allée décorée de statues de pierres. Une allée pleine de statues détruites qui gisaient à terre.

Une allée sombre, seulement éclairée par la faible lumière de la nuit qui traversait l'une des rare fenêtres.

Le couloir était sombre et glacial, l'atmosphère lourde et réservée. Les pas résonnaient sur le carrelage et on voyait notre respiration silencieuse.

-Je n'aime pas ça, chuchotais je.

Oui, je n'aimais pas ça. Tout ça ne disait rien de bon. Le silence à lui seul me glaçait les sangs, c'était terrifiant.

-Je n'aime pas ça du tout, rajoutais je alors que nous avancions discrètement sur le carrelage froid.

On s'arrêta en face d'une sorte de plateforme, où étaient disposées plusieurs statues semblables et différentes, faites elles aussi de pierre. Elles étaient rangées dans un ordre, laissant un grand espace au milieu, d'où le carrelage noir et blanc ressortait.

-Qu'est ce que c'est ? chuchota Harry. Un cimetière ?

Un cimetière, pas mauvaise comme idée. C'était aussi froid et silencieux que dans ces villes de morts. Mais il n'y avait de tombes nulle part. Seules les statues écrasées ou survivantes habitaient cet endroit.

-Ce n'est pas un cimetière, rectifia Ron.

Il s'avança sur la plateforme et la visita du regard, soit terrifié, soit émerveillé.

-C'est un échiquier géant, finit-il.

Un échiquier géant ?

En regardant de plus près, c'était tout à fait réalisable. Chaque statues représentaient un pion, et le carrelage le sol du jeu. Mais un échiquier géant ? Ici ? Pourquoi ? Et pourquoi était-il si grand ?

Soudain, une lumière aussi forte que celle du jour éclaira le jeu et on s'avança vers Ron avant que Harry ne pointe devant lui, et s'exclame;

-Il y a une porte !

En effet, une porte marron incrustée dans la pierre était cachée par certains pions.

On s'avança pour la rejoindre, quand les premiers échecs brandirent leurs épées et nous barrèrent le passage.

Je restais sous le choc.

Qu'est ce que c'était que ça ? Un échec vivant ? Il ne manquait plus que ça ! En plus ils nous barraient le passage et nous n'avions aucun moyen de les contourner. Nous étions coincés !

On se recula doucement et les pions se remirent en position initiale.

-Qu'est ce qu'on fait ? demanda Hermione, autant pétrifiée que moi.

-C'est évident, non ? dit Ron, l'air peu amusé par sa réflexion. Il faut jouer une partie pour passer de l'autre côté !

Une... Ah non, non, non ! Je ne connais même pas les règles ! Hors de question ! Il doit bien avoir une autre solution !

-Très bien, souffla Ron, le cerveau tournant à plein régime. Harry, tu vas te mettre sur la case du Fou. Hermione, tu seras la Tour du côté de la Reine. Jane, toi, ( ATTENTION; je ne sais pas jouer aux échecs ! Alors si j'écris de la merde, merci de me le signaler gentiment en commentaire. Sur ce; bonne suite de lecture ) tu seras la Tour du côté du Roi. Quant à moi, je serais un cavalier.

J'allais me placer sur ma case et attendis que le jeu commence, la boule au ventre.

-Qu'est ce qu'il se passe maintenant ? demandais je.

-Et bien, c'est aux Blancs de commencer, expliqua Ron, la voix grave. Ensuite, à nous de jouer.

Un pion blanc s'avança lentement vers le milieu du jeu, crissant sur le sol.

-Ron ! s'exclama Hermione en voyant ce triste spectacle. Tu ne crois pas que cette partie va se passer... comme aux échecs version sorcier, j'espère ?

Je n'y avait pas pensé. Si c'était le cas, c'était réellement dangereux. La version sorcier était beaucoup plus violente que celle des moldus. Les pions s'éliminaient si ils étaient mal placés, alors que pour les moldus, ils ne faisaient que remporter la pièce. En me rappelant la partie entre Harry et Ron, peu avant Noël, je grimaçais; espérons que ce n'était pas le cas.

Pour toutes réponses, Ron envoya un pion peu important en D5. Ce dernier s'avança au même rythme que le blanc, avant de se placer à quelques mètres de l'autre.

La réponse ne se fit pas attendre; en un instant, le blanc brandit ses deux épées et défonça le noir qui s'écrasa à terre, complètement détruit.

Je restais pétrifiée. Tout mais pas ça !

-Si Hermione, susurra Ron... Je crois que ça va se passer... exactement comme dans la version sorcier.

Oh merde.

...

Les pions se faisaient défoncer un à un, les blancs n'arrêtaient pas de les éliminer à chaque cases parcourues. Un Pion, un Cavalier, une Tour... il ne restait pratiquement plus rien. Ron faisait de son mieux pour remporter la victoire mais l'équipe Blanc nous surpassait en tout point; force, attaque, déplacement...

C'était peine perdue. Il n'y avait plus grand chose désormais.

Soudain, la Reine ( corrigez moi si c'est faux ) se tourna lentement vers Ron qui se tenait à cheval, l'épée à la main.

-Mais attends voir... dit Harry.

-Tu as compris Harry, souffla Ron. Quand j'aurais fait ma manœuvre, la Reine me prendra. Et là tu pourras faire échec au Roi !

Mais c'est une blague ! Il veut se sacrifier simplement pour une partie d'échec version sorcier ? Il est fou ! Hors de question que je le laisse se faire dégommer aussi violemment que les autres !

-Non ! Ron ! criais je. Non !

-Qu'est ce qu'il y a ? s'énerva Hermione qui n'avait toujours rien pigé.

-Ron veut se sacrifier, Hermione ! cria Harry.

-Non ! Ne fais pas ça ! rouspéta la jeune sorcière en se tournant vers le rouquin. Il doit y avoir un autre moyen !

-Tu veux empêcher Rogue de voler la Pierre ou pas ? répliqua Ron.

Pas si tu meurs en retour, pensais je.

-Harry, c'est toi qui doit continuer, je le sais, continua le Weasley. Pas moi, pas Hermione, pas Jane, toi !

Harry hocha difficilement la tête, condamnant son ami.

Ron souffla longuement, et ordonna à son cheval de se déplacer jusqu'à la case H3.

Je priais de toutes mes forces pour que l'équidé reste sur place, mais celui-ci obéit malheureusement, s'avançant lourdement vers la place qui lui était décernée.

Je regardais d'un œil effrayé l'animal se stopper, et Ron se tourner vers la Reine qui lui faisait profil.

La Reine se tourna longuement vers lui, le visage de pierre mais qui dégageait une violence innée. Je retins ma respiration en la voyant se déplacer d'une façon droite et menaçante vers sa proie. Elle parcourut les carrés sans se stopper une seule fois, l'épée dans les mains, prête à frapper ce qui se trouvait sur son chemin.

Mon cœur s'emballa; je voyais déjà Ron à terre, les restes de son cheval éparpillés autour de lui, le visage en sang, et la respiration coupée. Je m'imaginais déjà le sort du pauvre sorcier qui attendait son châtiment avec effroi. Je le voyais fixer son prédateur, les yeux brillant de peur et la respiration haletante. Sa cage thoracique montait et descendait au fil de ses inspirations et expirations, stressé et bloqué. Le visage sale, quelques égratignures par-ci par-là, ce n'était rien comparé à ce qui l'attendait.

Dans un silence le plus profond, la Reine s'arrêta en face de notre ami pendant un instant.

Et pendant ce court instant, je crus qu'elle avait laissé tomber, que l'on avait gagné, et que Ron était sauf.

Mais mon espoir fut de courte durée, car à peine ai-je eu le temps de cligner des yeux, que le pion blanc s'empara de son arme, et l'enfonça tout droit dans le ventre de l'animal sur lequel se trouvait Ron.

Celui-ci hurla de douleur, et s'effondra à terre, recouvert de débris, les yeux clos.

-Rooon ! cria Harry alors que je n'y croyais toujours pas.

Hermione allait rejoindre le pauvre garçon mais Harry l'arrêta, lui signalant que la partie n'était pas terminée. Il avait raison; rien n'était fini. Nous étions encore en jeu. Il y avait encore un mince espoir dans lequel je me réfugiais, afin de me reprendre.

Ron s'était sacrifié pour nous permettre de gagner, nous ne devions pas rater cette chance !

Harry contourna lentement les pièces massacrées, avant de se retrouver sur l'échec, abimé par tant de violence.

Il se tint devant le Roi, et d'une voix assurée et droite, il prononça les fatidiques derniers mots;

-Echec et Mat !

Le silence plongea la salle et je faillis m'enfuir. Soit nous gagnions, soit nous perdions. Il n'y avait pas d'autre échappatoire. Nous étions soit saufs, soit morts.

D'un coup, le Roi lâcha son épée qui tomba durement contre le sol, avant de rebondir dans un grand bruit, et de rester à terre.

Le Roi était désarmé. Nous avions gagné.


A Suivre.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top