2. Badbye
"Tue-moi, tue-moi doucement
Réduis-moi en pièces"
Badbye, Rm with eAeon
*
Tout se passa vite, tellement vite qu'il n'eut même pas le temps de pleurer la perte de la seule famille qu'il lui restait.
Park Jimin était orphelin.
Il avait perdu ses parents tôt, il avait alors sept ans et Yoonji cinq. Ils avaient été victime d'un accident de la route dans lequel seulement lui et sa sœur en étaient sortis vivants. Enfin, vivants est un bien grand mot.
Il avait passé plus de six mois dans le coma et à son réveil, il ne se souvenait de rien. Rien de sa vie d'avant, de ses parents ou même de son unique petite sœur. À côté de lui, il avait trouvé le fameux châle rouge qu'il avait depuis lors appris à garder auprès de lui comme compagnon de confort. Il avait alors réappris l'existence de sa sœur avec qui il grandit sous l'éducation stricte d'une grand-mère qui voyait en lui le fils qu'elle avait perdu, négligeant ainsi sa jeune sœur.
Combien de fois n'a-t-il pas vu Yoonji venir vers lui pleurant les larmes de son corps suites aux coups et aux remarques acerbes de la vieille dame? Combien de fois a-t-il dû lui faire une petite place dans son lit parce que, la vieille mégère avait attribué à la pauvre fillette la pire chambre de la maison qui gouttait, et était atrocement humide le trois quart du temps?
De même Yoonji avait été là pour lui lorsqu'en grandissant, il se découvrit des troubles mentaux que les débris de l'accident avaient causés, le forçant à suivre régulièrement un psychiatre.
Lorsque la mère grand l'apprit, elle le renia presque si ce n'était pour les Kim qui l'en dissuadèrent après maintes et maintes discussions houleuses. Il se rappela avoir passé un mois entier chez eux, à dormir dans une chambre douillette en compagnie de nul autre que Kim Namjoon. À l'époque ils étaient amis, à l'époque ils étaient jeunes et naïfs.
Lorsque mère grand le reprit, tout changea du tout au tout. Il n'était plus le chouchou de la famille, il recevait des punitions sévères qu'il essayait de cacher du mieux qu'il pouvait à Yoonji et l'éducation donnée avait redoublé de rudesse.
Pourtant, pourtant malgré tous ses efforts, sa sœur qu'il aimait tant, découvrît le pot aux roses un soir qu'il essayait de soigner les plaies de son dos qui s'étaient rouvertes suite à des coups répétés.
Alors qu'il essayait tant bien que mal de voir son dos, il avait alors entendu le halètement choqué de la fillette. Il se souvient avoir voulu essayer de se cacher mais Yoonji avait été plus vive. Ce soir-là ils pleurèrent ensemble leur tristesse et leur amertume et se promirent de toujours veiller sur l'autre quoi qu'il arrive.
Ils s'étaient promis de ne jamais se séparer, d'être toujours là l'un pour l'autre. Pourquoi? Il ne comprenait pas, il ne comprenait plus. Sa sœur, sa Yoonji... C'était un cauchemar, un simple cauchemar dont il se réveillerait et il en rirait avec Yoonji et elle le traiterait d'idiot émotif. Il allait se réveiller, il devait se réveiller.
Mais il ne se reveilla pas. Il ne se réveilla jamais.
Le cauchemar se poursuivit pendant des jours. Il se regarda comme à travers un voile, commencer les préparatifs pour l'enterrement, prévenir les membres de la famille avec qui il gardait à peine contact, il se vit se lever tous les matins, commencer sa routine habituelle en faisant sa toilette et aller réveiller Yoonji pour la fac, jusqu'à se rappeler qu'il n'avait plus de Yoonji.
Le jour de l'enterrement, tout était morne à Devil Hills, bien plus morne que d'habitude cela va de soi. Le temps était d'un gris à faire sombrer dans la déprime, un vent étouffant soufflait de la montagne logeant l'Ancienne Eglise de Devil Hills, l'AEDH comme on l'appelait maintenant. Les quelques centaines d'habitants habitués à la gentillesse et l'hyper activité dont la jeune fille avait fait preuve tout au long de sa courte vie, s'étaient mis en deuil et avaient mis une pause à leurs activités ce jour là.
De la route qui partait de la rivière jusqu'à l'AEDH, des centaines de roses blanches étaient disposées, des lanternes persistaient même à rester allumées malgré leur combat contre le vent qui semblait rude. Jimin, Park Jimin lui, alors qu'il remontait péniblement la route en compagnie de Kim Seokjin son meilleur ami, de Kim Namjoon qu'il avait fini par tolérer près de lui en ces jours maudits, ainsi que de son majordome, Bang Si-hyuk, ne se rendit compte de rien de tout cela. Il était pris dans les méandres de sa détresse, une tristesse amère devorait les tréfonds de son âme et un désarroi qu'il n'avait alors jamais connu habitait chaque miniscule frisson de sa chair.
Entouré des personnes proches de lui ainsi que de la majorité des familles de Devil Hills, il ne pouvait s'empêcher de sentir une froide solitude affermir les liens qui enserraient son coeur. Il chercha son châle qui pendait autour de son cou et le serra fortement, durement, désespérément. Il était si triste, si perdu, si seul...
La cérémonie se passa vite, presque sans grands encombres. PRESQUE est le mot clé de comment les choses eurent à se détériorer.
Au début, quelques gens vinrent, quoi qu'intimidés par l'aura de puissance et de froideur qui n'avait pas quitté la silhouette de l'héritier Park malgré son deuil, lui parler de temps à autre. Il avait à coté de lui Kim Seokjin, le plus riche héritier de Devil Hills dont la famille possédait la majorité des terres. Lui, bien qu'aussi riche et selon les rumeurs inapprochable que Park, avait pourtant la réputation d'être posé et discret, ne sortant de chez lui que lorsque cela était nécessaire. On lui reconnaissait aucun défaut, il était la fierté de la ville ainsi que de sa famille, à même pas vingt-trois ans.
Quoique portant le même nom que le maire, ils n'avaient pourtant aucun lien de parenté. Ici à Devil Hills, on les appelait sa famille et lui, les premiers Kim et celle de Namjoon les seconds. Ce titre a valu bien des hostilités entre les familles, malheureusement. Mais Kim Seokjin, n'en avait réellement rien à faire des gens la plupart du temps, et chérissait que les quelques rares personnes à qui il avait donné son amitié et son attention, comme il le faisait aujourd'hui avec Park Jimin.
Jimin comprenait à peine ce qui se passait autour de lui.
Les gens allaient et venaient, lui souhaitaient leurs condoléances, lui parlaient de choses dont il n'en avait rien à cirer mais honnêtement? Honnêtement il voulait juste qu'on le laisse tranquille. Son regard était fixé sur le cercueil fermé dans lequel reposerait à jamais sa Yoonji et il se foutait pas mal d'ignorer les autres.
Il avait mal, il avait tellement mal qu'il ne s'entendait même plus penser. Il avait mal, il avait froid et il se sentait mourir. La souffrance qui l'habitait était telle que le simple fait de respirer lui était devenu une chose trop difficile qu'il hésitait à faire, sincèrement. Il avait mal, tellement mal qu'il se demandait si il pourrait bien aller un jour. Aller bien et ensuite?
Il était alors à ses pensées mornes lorsqu'une silhouette qu'il reconnaîtrait malheureusement entre mille, s'approcha de l'autel où était exposé le cercueil et vint se poser devant puis se mit à genoux. Jimin se redressa alors, intéressé.
Qu'est-ce qu'il venait faire là?
- Pitié dis moi que je suis entrain de perdre la tête hyung et que ce n'est pas ce que je crois voir. Il prit la main de Seokjin pour attirer son attention, appuyant douloureusement sur la paume de l'aîné.
- Jimin-ah, si tu parles de lui, oui il est là. Tu ne perds pas la tête. Il l'entendit dire. Maintenant peux tu me serrer moins fort, s'il te plait? J'ai l'impression de ne plus avoir de bras. Le plus jeune desserra sa poigne.
- Que fait il ici? Son regard ne se détachait plus du jeune homme agenouillé, il sentait la colère poindre en lui, tout en lui se révoltait. Comment osait il? Ce bon à rien, ce moins que rien, ce minable qui n'avait même pas le mérite d'être appelé personne, ce...ce... argh!
-Min, tu ne vas quand même pas faire un scandale en ces lieux? Seokjin lui demanda prudemment. Jimin souffla.
Bien sûr que non. Il n'était pas bête et savait se contrôler. Il n'allait pas s'abaisser à donner plus d'attention qu'il n'en mériterait jamais à cette...vermine.
Il détacha péniblement ses yeux de la silhouette qui était encore agenouillée devant le cercueil.
Que pouvait-il bien faire là? Ce n'est pas comme si il avait connu Yoonji ou avait été ami avec, si? Bon il avouait être de mauvaise foi parce qu'ils les avaient vu traîner ensemble une ou deux fois mais pas plus, hein!
Il souffla de nouveau puis son regard se posa sur Kim Namjoon qui regardait l'autre d'un air inquiet. Bien sûr, ils étaient apparemment amis ces deux là. Kim Namjoon, la mère Theresa de Devil Hills! Il se frottait à toutes sortes de déchets non recyclables et pensait pouvoir sauver tout le monde. Quel con!
- Je n'ai rien à faire de cette sous merde, hyung. Il répondit enfin. Simplement je suis curieux de savoir pour quelle raison il s'est permis de s'incruster dans une cérémonie familiale.
-Le trois quart de Devil Hills et certains de Sunny Ville sont présents! Sérieusement Jimin? Ce dernier se détacha de son aîné en boudant. Je n'arrive pas à croire que tu puisses encore penser à chercher la petite bête à Jeon Jungkook dans un moment pareil!
- Je ne cherche pas la petite bête à Jeon Jungkook. Il se raidit.
Jeon Jungkook, cet être qu'il haïssait plus que tout au monde.
À Devil Hills, Park Jimin quoique étant connu comme une personne irréprochable et respectueuse, sur qui on voulait prendre exemple, n'avait qu'un seul défaut connu de tous: celui de détester l'orphelin Jeon.
Personne ne s'expliquait cette haine, même pas celui à qui elle était attribuée mais elle était là. Un sentiment présent, trop présent, vicieux, aigre, sournois et parfois, trop de fois, malhonnête et cruel.
Jeon Jungkook n'était pas quelqu'un de bien méchant pourtant. C'était un jeune homme beau, aux grands yeux de biches, avec un visage innocent et espiègle monté sur un corps souple et longiligne. Il avait un charisme de fou et si ce n'était pour ses mauvaises manies à se comporter comme un délinquant, ce qui lui valait de passer une nuit entière au poste du shérif au moins une fois par semaine, il aurait eu une vie bien plus paisible dans la petite ville de Devil Hills. Du moins, c'est ce qu'on aimait se dire...
Il est vrai qu'il était serviable, gentil avec les enfants et un peu trop naïf parfois mais, il n'en demeure pas moins que c'était un orphelin. Un orphelin dont les parents avaient connus la déchéance et subis l'objet de la malice et de l'aigreur de l'esprit humain. Or, ici à Devil Hills, on détestait les orphelins sans nom. C'était là, le plus grand défaut de Jeon Jungkook. Malgré tout, on le tolérait.
Il n'avait rien.
Pas de parents, ni de famille et encore moins d'amis. Les quelques jeunes qu'on a vu traîner avec lui de temps en temps, sont trop lâches pour avouer aimer sa compagnie, à part bien sûr Kim Namjoon que Jungkook ignorait la plupart du temps.
Il était seul, plus seul que solitaire et on avait certaines fois de la peine pour lui. Surtout en hiver lorsque le froid mortel que seul Devil Hills connaissait, soufflait cruellement sur la ville entière, forçant les habitants à passer des jours entiers chez eux, emmitouflés dans leurs couettes près d'un bon feu ou à l'abri d'un chauffage.
Mais lui, Jeon Jungkook, n'avait rien de tout cela. À la mort de ses parents que les gens d'ici avaient marginalisés, il n'avait rien, même pas une couverture. Il avait alors dû trouver refuge dans un wagon abandonné qui logeait depuis des dizaines d'années près du vieux chemin de fer de Devil Hills.
Et depuis, cela avait été sa seule maison, son seul lieu de refuge, son endroit où il savait qu'on le laisserait tranquille. Parce que ici à Devil Hills, où les superstitions étaient évangiles et contrôlaient le comment du pourquoi de la vie des gens, le chemin de fer était considéré comme un endroit hanté que nul n'osait approcher. Jungkook appréciait les dieux et les esprits pour cela. Même si parfois, certaines fois, trop de fois, il eut à faire à plus braves qui avaient vu en lui une proie facile pour toutes sortes de désirs bien trop malsains pour être humains. Mais il était quand même resté, il avait quand même subit, silencieusement sans le moindre gémissement.
Il était une âme qu'on disait souvent en peine. En hiver, on le voyait à travers l'épaisse brume du froid et de la neige, passer avec qu'une faible couverture sur le dos, arpentant difficilement les rues de Devil Hills à la recherche d'un peu de chaleur, de quelqu'un, un cœur un peu moins amer pour lui tendre la main et lui offrir un peu d'hospitalité.
Son wagon, bien qu'assez épais, pouvait contenir à peine assez de chaleur pour lui permettre de respirer. Lorsque la neige tombait à flot ou qu'une tempête faisait soulever les faibles morceaux de toiles qu'il utilisait pour boucher les trop nombreux trous, le froid faisait chemin jusqu'à lui et lui mordait les entrailles jusqu'à lui couper le souffle et arrêter les battements parfois, bien trop de fois, trop lents de son coeur. Alors, il n'avait d'autres choix que de se lever de son lit où l'on voyait plus les ressorts que de tissus et sortir chercher un peu d'espoir, un peu de douceur dans le cœur humain.
Mais la plupart du temps, beaucoup trop souvent pour être humain, il revenait bredouille, l'âme aigrie et résignée de la méchanceté dont il était la preuve.
Pourtant, malgre tout, malgré qu'il se faisait toujours attraper pour des histoires connes et idiotes, malgré qu'il n'avait pas une fois reçu la compassion de ces gens qui avaient à la place de coeur un morceau de marbre, il n'avait jamais cessé d'être quelqu'un de bien, quelqu'un dont il voulait que ses parents soient fiers, quelqu'un qui n'oubliait pas qui il était.
Il avait ses défauts. On l'accusait d'influencer les jeunes à boire et à fumer, on l'accusait de détruire le patrimoine hilly avec ses graffitis tous plus aberrants et absurdes les uns que les autres, on l'accusait de voler les épiciers et marchands ambulants de temps à autres, on l'accusait de blasphémer, d'empiéter les terres des gens biens et de ne pas respecter la loi. Il n'avait apparemment aucun semblant de survie en milieu social et semait la pagaille partout où il allait, mais, on ne pouvait réellement dire qu'on le détestait. On ne l'aimait pas des masses et il laissait les gens indifférents souvent mais personne, personne à part Park Jimin détestait l'orphelin Jeon.
Park Jimin était quelqu'un de froid et prétentieux.
Il avait cet air pompeux et ce regard dédaigneux qu'il posait sur les petites gens. Il avait des manières gracieuses mais tellement distantes qu'on dirait une sculpture de glace qui n'avait pour elle aucune émotion sinon le froid et l'apparente fragilité qu'il n'avait pas.
Quoiqu'il se croyait au dessus de tous et n'avait cure de le faire savoir, il tolérait les gens. Il avait toujours un sourire ou un bonjour pour chacun, même si c'était un salut raide et une grimace qu'il s'efforçait de changer en sourire. Il n'avait jamais mal parlé ni ne s'est mal comporté par rapport aux autres. Sauf, bien sûr Jeon Jungkook.
Il le détestait, il l'abhorrait, il le méprisait tellement que la simple mention de son nom lui faisait froncer le nez de dégoût et crisper le visage d'une haine qui faisait froid dans le dos.
On ne comprenait pas, malgré les années passées, malgré les changements dans le temps et l'espace, la haine que la plus belle personne de Devil Hills, Park Jimin, avait pour l'orphelin de la ville, ne changeait jamais.
Pourtant ils avaient un point commun, tous deux avaient perdus leurs parents la même nuit, durant le même soir où la nature avait voulu pleurer sa rancoeur contre la nature humaine. Un soir de pluie, alors que la voiture des Park allait s'écraser sur un tronc d'arbre, la vielle maison des Jeon avait pris feu. Sous la pluie, malgré la pluie...
On se demandait quelle différence pouvaient ils bien avoir pour que l'un soit fortement apprécié et l'autre indubitablement méprisé. La raison était simple : l'un avait tout et l'autre n'avait rien.
Pourtant, pour ceux qui ne savaient pas, cela cachait une raison bien plus sombre, bien trop triste.
Jeon Jungkook et Park Jimin deux orphelins que tout opposait et dont un fossé de haine pour le second et une brume d'incompréhension pour le premier avaient séparé leurs routes en deux droites éternellement parallèles...
Retour à la réalité.
Park Jimin voulait se convaincre qu'il n'avait rien à faire de la présence de Jeon mais, même lorsque ses yeux avaient quitté un instant le jeune homme pour se balader ça et là, ils se retrouvèrent inévitablement sur l'être tant haï.
Jimin ne comprenait réellement pas ce qu'il faisait là et cela lui donnait une migraine tellement horrible qu'il souffla plus d'ennui que tout autre chose.
Depuis ce fameux jour où l'oiseau de mauvais augure répondant au nom de Kim Namjoon avait mis son pied à l'intérieur de sa maison, un mal de tête qui semblait vouloir réduire en cendres les nerfs logés à l'intérieur de sa boîte crânienne, avait établi territoire et ne voulait lui laisser même une seconde de répit. Si Yoonji avait été la, elle l'aurait sermonné et forcé à aller chez un médecin pour savoir ce qu'il avait ou pire, en parler à son psy mais... Mais plus de Yoonji.
Il ravala le sanglot qui faillit échapper de sa bouche traîtresse et se redressa sévèrement pour ne pas flancher. Pas maintenant, pas en ces lieux ni devant ces gens ni jamais. Il était Park Jimin, symbole d'impassibilité et de froideur, il ne flancherait pas. Il garderait en lui sa peine et sa peur qu'il crierait à son retour chez lui, là où personne ne le verrait, là où personne ne le jugerait, là où il serait tout simplement Jimin.
Mais aujourd'hui, alors qu'il murmurait ses derniers au revoir à sa soeur, il était le second héritier de Devil Hills, il était l'esprit fort de la famille Park. Il était Park Jimin.
Il ferma douloureusement les yeux. Allait il y arriver? Sa soeur était tout pour lui, son âme, sa force, ses souvenirs, qui il était et où il allait. Elle était tout et maintenant qu'elle n'était plus, lui, Park Jimin n'était plus rien. Rien qu'un vide sans fin et sans fond. Il se sentit trembler légèrement et serra encore une fois la main de Seokjin qui lui accorda alors son attention complète.
-Ça va aller Min, il passa une main réconfortante dans les cheveux de l'héritier Park, se délectant de leur texture soyeuse. Je suis là, je ne vais pas te laisser. Sois fort, tu es fort pas vrai? Jimin lui lança alors un regard embrumé, perdu.
L'est il? Il ne savait pas, il ne savait plus. Il déglutit avec peine et pris une forte respiration. Il devait l'être, il devait être fort ou du moins, faire semblant jusqu'à y arriver. Il pouvait y arriver, il y arriverait. Pour Yoonji.
Alors qu'il essayait de se convaincre d'aller bien, il vit avec une certaine appréhension l'orphelin Jeon se relever. Il retint son souffle.
Le jeune homme se retourna lentement, presque douloureusement pour se retrouver face aux personnes qui étaient présentes et chuchotaient sa présence, son regard se verrouillant instantanément à celui de Park Jimin.
Pendant un court instant que l'héritier cru avoir imaginer, leurs yeux reflétèrent le même tumulte d'émotions: douleur, craintes, chagrin, regrets. Dans le regard de l'un, ils voyaient les contes de souffrance et d'effroi racontés par le regard de l'autre. Pendant un court instant, ils eurent l'impression que quelqu'un, enfin, les comprenait.
Mais cela ne dura qu'un court instant, n'est ce pas? Et peut-être Jimin ou Jungkook avait halluciné quelque soit le truc bizarre qui venait de les lier dans un moment étrange mais drôlement réconfortant. Park Jimin sentit sa respiration se débloquer, enfin.
Jungkook quitta alors le devant de l'autel, son accoutrement grotesque ainsi que son aura à donner la chair de poule aux honnêtes gens, laissaient derrière lui des résidus de la solitude qu'il traînait avec lui au quotidien.
Le chuchotement des hillies redoublèrent car eux tous, tout comme Park Jimin, voulurent savoir la raison pour laquelle Jeon Jungkook était venu embrasser les pieds de celle qui n'était plus. Quelqu'un parla même plus fort que ceux qui osaient à peine, et Jimin l'entendit dire comment ils avaient été tous coi d'émotions lorsque Jeon Jungkook avait hurlé à la mort après qu'ils aient découvert le cadavre de la jeune fille, près des eaux de Devil Hills.
Park Jimin fronça les sourcils.
QUOI?
-Le jour où ces gens sauront ce que sont les bonnes manières, les poules auront des dents. Seokjin marmonna alors entre ses dents serrées. Jimin le regarda confus. Oh pitié, mets ta haine stupide de côté, il a le droit comme tout le monde de venir embrasser les pieds de la morte. Tout le monde ici a connu Yoonji. Il lâcha un juron presque inaudible. Ils ont tellement rien à faire de leur vie aussi.
-Hyung, c'est Jeon... Jimin tenta de dire.
-Et alors? Il demanda avec un soupçon de rage. Quand est-ce que vous le considérerez comme un être humain, Dieu? Jimin roula des yeux.
-Ça c'est le résultat de ton histoire avec Kim Namjoon. Il te pourrit l'esprit. Jimin marmonna, blasé.
-Park Jimin! Seokjin s'écria quoique presque silencieusement, en regardant frénétiquement autour de lui. Il souffla lorsqu'il fut sûr que personne n'avait entendu les propos de l'endeuillé. Jimin roula des yeux encore une fois.
Seokjin et Namjoon sortaient ensemble depuis plus de six mois maintenant et gardaient leur relation secrète à cause des sentiments un peu trop joyeux que partageaient leurs familles respectives et l'homophobie de certains, bien sûr. Depuis six mois, Jimin jouait leur messager et couvrait leur arrière malgré qu'il méprisait considérablement l'héritier de la seconde famille Kim. Mais il aimait énormément Seokjin et ferait tout pour qu'il soit heureux et donc, il tolérait.
Cependant, il ne s'empêchait pas de laisser échapper sa désapprobation de temps en temps à l'égard du couple. Selon lui, Kim Seokjin qui pouvait très bien passer pour la plus belle personne de Devil Hills si il s'intéressait à ce genre de choses, méritait mieux que cet idiot de Kim Namjoon. L'adjoint du shérif était tellement un âne, qu'il était épaté de comment ils avaient pu garder leur histoire secrète pendant si longtemps. Enfin... c'était un âne mais un âne intelligent. Il soupira.
-Désolé, hyung.
- Écoute, tu dois être fatigué et pas dans ton état d'esprit normal en ce moment, je vais laisser passer mais Dieu, reprend toi! Seokjin le réprimanda alors. Fatigué, il l'était. Il ne reste plus que les dernières prières et je pense que dans une trentaine de minutes ce sera la fin.
La fin. Il voulut rire mais encore une fois, un pathétique sanglot obstrua sa gorge déjà asséchée par les larmes qu'il retenait.
-Nous ne resterons pas et irons directement dans la forêt pour guider Yoonji vers les caveaux du manoir ensuite tu rentres dormir... Ou voudrais tu rester au manoir? L'aîné ajouta d'un ton hésitant.
-Non je... Jimin se racla la gorge. Je ne préfère pas. Yoon...Yoonji était celle qui avait cet attachement morbide pour ce lieu. Je... Il respira... Tu sais que je ne me souviens même pas de ma vie là bas. Ce... ce manoir me donne la chair de poule et...
-Et ce sentiment persistant d'avoir oublié quelque chose d'important est suffocant et malaisant, je sais. Seokjin termina pour lui. Docteur Yu l'a enjolivé et appelé le "Jamais vu".
-Ouais, c'est ça... Jimin confirma lentement.
Le Jamais vu. Ce sentiment effroyable et étouffant qu'il a connu presque toute sa vie et que selon toute vraisemblance, il connaîtra jusqu'à la fin de ses jours. Le Jamais vu n'était pas joli ni beau. Il n'y avait pas lieu d'être enjolivé ou quoi que ce soit pour lui donner une allure, quelque chose de sophistiquée. Le jamais vu c'était... sa peur, ses sentiments enfouis tellement loin qu'il ne les retrouvera jamais.
C'était vivre avec un morceau manquant de lui comme si, du jour au lendemain on lui emputait un bras et on s'attendait à ce qu'il continue sa vie sans. Comme si de rien n'était, comme si il n'était pas un bout de puzzle dont les dix millions d'autres morceaux étaient éparpillés quelque part sans possibilité de se reconstruire.
Personne ne comprenait à quel point sa vie était chaotique, à quel point il n'était qu'une âme brisée dans un corps sans vie. Personne ne connaissait la peur étouffante qui maintenait en sa paume les battements fragiles de son coeur. Personne ne connaissait les cauchemars glaçants qui le réveillaient presque toutes les nuits et lui faisaient hurler des sentiments qu'il ne connaissait même pas alors que les ombres rôdaient, alors que le monde était en veille. Personne à part Yoonji. Maintenant...
Maintenant qu'elle n'était plus, il n'y aura plus personne pour le bercer les soirs où ses propres émotions lui menaient une guerre terrible, personne pour lui crier dessus et lui rappeler les choses évidentes qu'il avait oublié, personne pour lui faire se sentir humain.
Il n'avait plus aucun amour, aucune famille ni aucun pilier. Il se sentait lentement sombrer, tellement loin et tellement fort qu'il n'arrivait même pas à s'agripper à quoi que ce soit, à aucun souvenir tangible. Tout ce qui le maintenait, tout ce qui faisait de lui un semblant de quelqu'un, tout disparaissait lentement mais sûrement en même temps que ses souvenirs de Yoonji, sa Yoonji. Lui qui avait son tout en la personne de sa soeur, se retrouvait maintenant sans rien, il n'était plus rien. Qu'allait il arriver de lui? Il soupira.
Quelqu'un l'appela au loin.
Il cligna un peu stupidement des yeux lorsque d'un coup, tout le monde se mit debout. Il regarda autour de lui perdu, paumé. Que... Pourquoi?
-C'est terminé, on peut maintenant commencer la marche. Seokjin lui dit doucement, essayant vainement d'être réconfortant. Perdu dans ses sombres pensées, il n'avait pas remarqué que la cérémonie était terminée et qu'il était alors temps pour eux de guider Yoonji vers ce qui sera dès lors son éternel demeure.
Encore une fois, tout se passa vite, flou.
Le brouillard qui avait persisté dans son esprit depuis cette fois à la morgue, était revenu en force et plus épais que jamais. Il ne sut même pas comment il arriva à marcher, ni quand ils atteignirent tous le centre de la forêt où logeait le manoir de la famille List maintenant Park, qui avait en son sein, le caveau de la famille où reposait depuis les premiers soupirs de Devil Hills, les ancêtres des Park.
Ils se reposaient à peine, attendant que le majordome de la famille n'ouvre les grandes portes du caveau lorsque des aboiements violents ainsi que des cris embrumés, attirèrent leur attention. Jimin qui alors avait ses yeux perdus dans le vague, soutenu faiblement par Seokjin, se redressa et regarda vers la direction d'où venait les bruits, aussi confus et curieux que le reste des habitants présents.
Des chuchotements s'élevèrent. On avait peur et une panique presque comique souleva un vent d'effroi sur le groupe de personnes. Cette partie de la forêt, là où était l'unique bâtiment aussi ancien que l'Ancienne Église de Devil Hills, avait pour habitude de réveiller une certaine crainte chez eux, la raison pour laquelle un bon nombre d'entre eux était resté en retrait, à quelques chemins de la route qui mène au manoir.
Maintenant que les échos d'un bruit inexplicable faisait route vers eux, plus d'un se maudissaient de ne pas s'être arrêté vers les bords du centre de la forêt, là où les chemins se croisaient.
- Qu'est-ce que ça peut bien être?
-Je ne suis pas le seul à avoir entendu, non?
-Seigneur Dieu tout Puissant, je n'ai rien fait de mal!
-Peut-être est-ce l'esprit de la jeune Park?
-Est-ce elle?
-Elle veut sûrement venger quiconque est responsable de sa mort!
-Sainte mère, que ce ne soit pas vrai!
Le gribouillis de leurs voix et leurs rumeurs donnaient le tourni à Jimin. Il en avait plus qu'assez et était à une seconde près de perdre contrôle et hurler ce qui lui démangeait la gorge et l'esprit depuis des jours. Il en avait marre.
À mesure que les bruits avançaient, le groupe d'habitants se collait de plus en plus entre eux, se faisant petits et essayant ridiculement de fondre dans le décor. Jimin, Si-hyuk, Namjoon et Seokjin eux, n'avaient pas bougé et attendaient simplement.
L'héritier Park porta son regard sur une ombre qui se tenait près du plus grand arbre de la forêt, pas loin du caveau et qui regardait comme eux quelque soit la chose, arriver. Il souffla d'ennui, Jeon Jungkook était comme une épine dans son pied qu'il n'arrivait pas à retirer quelque soit ses efforts. Il soupira puis attendit.
Et ils vinrent: Le shérif ainsi que ses agents accompagnés de chiens policiers à l'aspect féroce et qui aboyaient sans discontinuer. Sérieusement? Jimin pensa. Il vit Seokjin jeter un rapide coup d'œil à Namjoon qui était tout aussi confus qu'eux.
-Héritiers Park, Kim et Kim nous sommes désolés du dérangement mais nous avons un mandat. Le shérif leur annonça un peu nerveusement.
-C'est à dire? Seokjin s'interposa en aîné.
-Pas contre vous, soyez sans craintes héritiers. Il se trouve que... il hésita avant de les regarder tous les trois un par un. Nous avons un suspect pour le meurtre de la jeune héritière Park et selon nos informations, la personne se trouve ici.
-Pardon? Namjoon fit. Il scruta le groupe d'habitants qui écoutait avidement et un peu craintif, les propos échangés. Qui cela pouvait il bien être? Jimin ne savait que penser.
Le shérif se tourna alors pour analyser chaque personne, scrutant et cherchant jusqu'à ce que ses yeux ne tombent sur celui qui attendait et qui ne fut même pas surpris, lorsque les chiens de nouveau endiablés aboyèrent vers lui.
Le shérif se dirigea vers lui, menottes en mains.
-Jeon Jungkook, vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de Park Yoonji. Vous avez le droit de garder le silence et tout ce que vous direz sera retenu contre vous. Vous avez également droit à un avocat et au cas où vous n'en aurez pas, un vous sera commis d'office.
Jeon Jungkook soupira. Park Jimin cria.
-Tu as... tu as tué ma soeur? Le monde se tut. Espèce de petite merde! Je vais te tuer. Il s'apprêtait à se jeter sur le jeune homme, hystérique, ses joues étaient baignées de larmes soudaines et amères, il avait finalement laissé sa peine prendre le dessus et voulait déchirer l'âme de Jeon Jungkook à mains nues. On l'arrêta en chemin.
-Lâche moi, putain lâche moi Kim Namjoon. Je vais le tuer, je vais tuer cette vermine et débarrasser le monde du tas de déchets qu'il est. Jeon Jungkook... Jeon Jungkook viens ici. Tu as tué ma soeur... Yoonji... Pourquoi? Jeon Jungkook pourquoi? Qu'est-ce qu'elle t'a fait? Tu n'es qu'un monstre... sale démon je vais te tuer... Jeon Jungkook... Kookie... Pourquoi?
Il criait, il hurlait, il se débattait, exprimant sa peine dans un flot de larmes et de paroles dénuées de sens que seul Jeon Jungkook, malgré tout, paraissait comprendre.
Sa soeur, sa Yoonji, était morte des mains de cette souillure, ce vaurien de Jeon Jungkook.
Il ne peut pas... il n'est pas... il doit le tuer. Il doit venger sa soeur... il se doit de... il n'a pas... il avait si mal... si peur... était tellement tellement désespéré...
Alors qu'il se débattait, les chiens qui avaient vraisemblablement des problèmes de contrôle, échappèrent à leurs gardiens et se jetèrent sur tout et tout le monde, créant alors une effervescence sans nom. Jimin pleurait encore dans les bras de Namjoon, sa tête reposée sur la poitrine du dernier. Il était à bout, il avait mal et une envie brûlante de détruire quelque chose, quelqu'un... Jeon Jungkook.
Il sursauta violemment lorsqu'un bruit sourd figea le monde autour de lui. Le cercueil qui contenait sa bien aimée soeur venait de tomber, laissant alors glisser le corps de celle qui a été. Jimin hurla, si fort si grave que la forêt plongea dans un silence effrayant.
Pourquoi Yoonji était enfermée dans un cercueil?
{~}
<hello
<C'est donc ici que les publications s'arrêtent
<J'espère que jusqu'ici je tiens votre attention et que vous n'êtes pas trop déçus du début
<Laissez vos avis, s'il vous please
<On se reverra dans deux semaines pour deux autres chapitres
<Bye>
xoxo
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