Je suis toute engourdie par le manque de sommeil en arpentant les couloirs de Foxfire. Encore une nuit presque blanche. Encore un agrandissement de mes cernes. Encore un regard inquiété de Linh sur moi. Je regarde le sol tout en marchant. Arrivée à mon casier, j'en lèche la languette sans conviction. Je ne suis même pas surprise de son goût immonde. J'ouvre la porte métallique. Une lettre. Que fait-elle ici ? Peut-être... Que quelqu'un s'est trompé de casier et l'a posté dans le mien ? Il faut que je la rende à la personne qui a fait l'erreur. Pour cela, il faut bien que je l'ouvre, non ? Sinon je n'en saurais jamais l'auteur. J'arrache le cachet avec beaucoup trop d'enthousiasme à mon goût... Car je sais qu'au fond de moi, je ne peux m'empêcher d'espérer que ce ne soit pas une erreur. D'être la véritable destinataire. Je retiens mon souffle... J'ouvre la lettre... Elle est signée Maruca. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine quand je lis ce nom. Serait-il possible... ? Je regarde en haut de la lettre.

"Ma chère pyrokynesiste préférée...

Mon coeur s'emballe. Je me reprends : elle doit sûrement se tromper de pyrokynesiste... Mais je ne pense pas qu'elle ai du béguin pour Fintan, si ? ( nda : XD )

Surtout qu'elle a écrit "Ma chère" pyrokynesiste. Il faut se rendre à l'évidence : cette lettre m'est adressée.

"Ma chère pyrokynesiste préférée, j'espérais que vous pourriez m'accompagner au bal de Foxfire. En tant qu'amies, évidemment...

Bah oui. Je comprends tout maintenant. En tant qu'AMIES. C'était trop irréaliste... Trop beau...

"Je pensais qu'y aller toutes les deux serait beaucoup mieux pour moi qu'y aller avec mon ennuyeux cousin, qui semble s'être fâché avec sa mie. J'espère que tu n'y vois pas d'inconvénients, et n'aies surtout pas de remords à laisser Wylie tout seul. Il s'en remettra. Maruca E."

Je me rends alors compte que Maruca est en train de m'observer timidement, à l'autre bout de la cours. Quand elle voit que je l'ai remarquée, elle détourne le regard comme si de rien n'était. Je crois que je rougis jusqu'aux oreilles. J'ai enfin compris de qui j'étais amoureuse. Et ce n'était pas d'un mec.