Jeudi 27 Juillet

Il fait chaud. Sa fenêtre est grande ouverte, dans l'espoir de rafraîchir sa chambre. Elle est là, dans un coin. Assise sur une chaise avec un grand livre ouvert sur les genoux, elle lit. Elle est belle, avec ses cheveux flottants au vent. Elle est calme, et heureusement. Si elle s'énerve trop, elle meurt. Clara a une malformation du cœur. Pourtant, depuis quelques temps, elle est de plus en plus fatiguée. Ses muscles lui permettent de moins en moins de choses. Alors, elle privilégie les activités calmes. Clara lève la tête de son livre lorsqu'un courant d'air passe dans sa chambre. Les pages se tournent, montrant chacune un image différente de mers, de vagues, d'océans.

Lundi 31 Juillet

Pour une fois, Clara a revêtue un vêtement coloré. Sa belle robe rouge ornée de fleurs blanches la change par rapport à la robe blanche de la clinique. Sa chevelure blonde rousse est attaché dans son dos en queue-de-cheval. Son teint paraît moins pâle que d'habitude, mais elle a tout de même une peau très blanche. Elle ouvre sa fenêtre sur la campagne des alentours. Elle n'est pas surprise de voir une voiture noire et brillante roulé sur la route en direction de la clinique. En effet, pour son anniversaire, ses parents viennent la voir.

Avec hâte, Clara descendit les escaliers, bousculant plusieurs personnes, pour s'arrêter en bas car elle était déjà essoufflée. D'un pas toujours pressé, elle arriva devant le bureau du docteur Nagiard, son médecin. Elle ouvrit doucement la porte et entra dans le bureau.

Ses parents étaient là, comme à chaque anniversaire. Sa mère, droite et fière, avait enfilée une robe bleu roi qui s'accordait à merveille avec les cheveux qu'elle avait transmis à sa fille. Son père, quant à lui, portait un beau costume pingouin. Heureuse, Clara leur sauta dans les bras après leur avoir dit bonjour. Puis elle s'éloigna un peu d'eux et leur posa la seule question qui valait la peine d'être posée de son point de vue.

« -Quand allons-nous à la mer ?

Son père prit alors un air grave :

-Clara, ma chérie, il faut que nous t'annoncions quelque chose...

- Qu'y a-t-il ? Pourquoi ne réponds-tu pas a ma question ? Tu m'avais dit que...

Sa mère intervint alors :

-Mon poussin, je suis désolée, nous ne pourrons pas t'emmener à la mer.

-Mais... Pourquoi ? Vous m'aviez promis ! répondit Clara, au bord des larmes.

Son père reprit :

- Nous t'avions promis à condition que cette année se passe aussi bien que la précédente.

-Oui, et bien elle c'est très bien passée, non ?

- Et ces derniers mois, ne t'es tu pas affaiblie ? Le docteur Nagiard assure que oui.

-Mais ce n'est qu'une petite faiblesse passagère !

A ces mots, sa mère éclata en sanglots. Elle dit, entre ses larmes :

-Le docteur nous... nous a dit... que, d'après lui, ta malformation s'est aggravée. Ils doivent encore faire des radios mais ils pensent qu'elle s'est aggravée au point que si tu t'épuises trop, tu pourrai en mourir !

-Mais, si ça devient trop grave, on peut faire appel à un don, non ?

- Ma chérie, il faut que tu saches que tu possèdes un groupe sanguin très rare appelé " Bombay ", que moins d'une personne sur un million en Europe possède. Comme nous t'avons adoptée et que nous ne connaissons aucun de tes parents génétiques.  »

Clara eut l'impression que ces mots la frappèrent plus fort qu'un coup de poing. Elle risquait de mourir bientôt. Mais, si elle mourrait, son plus grand regret serait qu'elle n'aurait pas vue la mer.