Prologue - Elya
PROLOGUE
Grand Corps Malade - Je n'ai pas les mots
Elya
Il y a cinq ans...
La nuit va bientôt nous engloutir, le froid nous accable... Je ne sais pas si on la retrouvera. Chaque seconde, chaque minute passée à travers cette forêt me rend fébrile.
Nous ne la retrouverons jamais.
Voilà quelques jours que nous la recherchons et nous ne savons pas où elle est passée. Depuis sa disparition, mon cœur est mis en pause. J'ai l'impression de ne plus être complète. Je ressens que son cœur s'est arrêté de battre mais je garde l'espoir de la retrouver. Je ne réalise pas encore complètement ce que nous sommes en train de traverser. Je n'aurais jamais pensé que cela aurait pu nous arriver à nous, à ma famille... Que s'est-il passé ? Pourquoi n'est-elle pas encore rentrée ? Je suis fatiguée, ma vie prend un autre tournant et j'ai l'impression que je ne m'en sortirai jamais. Je ne dors plus, ne mange plus... ma gorge est nouée, je n'arrive même plus à respirer correctement. Mes angoisses se font de plus en plus fréquentes et heureusement que nous sommes soudés les uns aux autres. Faites que ce cauchemar se termine, je vous en prie...
Deux grands yeux vert émeraude me fixent. Ces yeux qui hantent également mes nuits depuis des jours. Je ne les connais pas mais ils me fascinent. Cet homme en uniforme noir et rouge, qui à chaque instant sillonne les horizons pour retrouver la deuxième partie de moi-même. Grand, blond et barbu. Suis-je vraiment en train de le détailler alors que nous sommes en pleine battue ? Hier, il était même prêt à plonger dans les étangs de Commelles, là où elle aimait se retrouver avec ses amis. Son corps sculpté à travers sa combinaison laissait apparaître des muscles saillants qui me font saliver d'envie. Merde, reprends-toi, Elya ! Comment arrives-tu à penser à ce genre de choses dans cette situation ?
Je n'ai pas encore osé lui adresser la parole, mais je remarque qu'il me regarde lui aussi de temps en temps. Aller, reste concentrée sur l'objectif de la retrouver. J'ai besoin d'elle plus que tout. Elle ne peut pas me quitter comme ça.
Je reste à proximité du groupe de sapeur-pompier, de mon viking - mais qu'est-ce qui me prend - qui me rend toute chose, j'ai besoin d'être à l'écart. La solitude me correspond bien à l'instant T. Je suis d'habitude une femme qui aime rigoler, faire des folies, j'ai besoin d'être entourée des personnes que j'aime mais pas aujourd'hui. Je ne suis pas sereine, mon moral est au plus bas.
Des policiers nous entourent, des pompiers, ainsi que, nos familles, des amis et des anonymes, touchés par la situation. Il faut dire que la nouvelle s'est vite répandue à travers les réseaux sociaux mais aussi dans les médias. Ma sœur jumelle, Luna, est portée disparue. La dernière chose que nous savons aujourd'hui, c'est qu'elle était partie retrouver des amis au centre commercial Cora à Saint-Maximin près de chez nous pour une virée shopping. Elle les a quittés aux alentours de dix-huit heures, pour ne jamais rentrer.
Depuis, nous vivons un cauchemar. La presse ne nous lâche plus, des heures et des heures à rester plantés devant chez nous, à suivre nos mouvements pour avoir l'information du siècle en premier, à nous demander des interviews que nous ne donnerons pas. Nous ne vivons plus. Combien de larmes j'ai dû essuyer sur les joues de ma mère, car les journalistes scandaient des questions du genre :
— Et si votre fille est retrouvée morte, pensez-vous engager des poursuites en justice ?
Ou encore :
— Savez-vous qui l'a enlevée ?
C'est difficile. J'ai envie de tous les envoyer bouler, leur cracher à la figure. Cette bande de rapaces. Je les hais plus que tout.
Des aboiements se font entendre. L'équipe cynophile présente annonce quelque chose au commandant responsable des opérations. La battue s'arrête. Nos souffles sont coupés. Je n'ai aucune information sur ce qui se passe. Je tente de m'approcher des yeux qui me font perdre toute raison. Je regarde à ma droite, mes parents sont en train de discuter avec un policier. Plus qu'un pas et je pourrai le toucher. J'hésite un instant, jusqu'au moment où ce dernier se retourne :
— Ho, désolé, mademoiselle. Mais vous ne devriez pas rester ici.
— Que.... Que se... se.... se passe-t-il ? Je bégaye, nerveusement.
Sa main sur mon épaule me surprend. Je frissonne. Une connexion s'établit et je n'arrive pas à quitter ses émeraudes.
— Je suis désolé, je ne peux rien vous dire pour le moment, mais attendez ici s'il vous plaît. Je vous promets de venir dès que j'en sais plus.
Il me semble sincère et mon cœur se réanime à son simple contact. J'acquiesce en silence et je les laisse faire leur travail. Je commence à paniquer. J'ai peur de découvrir la vérité. J'entends des mots qui me donnent froid dans le dos. L'attente devient insupportable.
— On a quelque chose, Commandant, annonce l'un des pompiers.
Les policiers bloquent notre avancée, des larmes apparaissent au coin de mes yeux. Je fais les cent pas. Je ne sais pas si je vais réussir à tenir. Mes émotions sont sans dessus-dessous. J'ai l'impression qu'on me coupe la respiration à chaque mot qu'on prononce au loin. J'observe mes parents dans les bras l'un de l'autre. Ils pleurent et je suis anéantie par cette image d'eux.
J'entrevois une brèche entre deux policiers, l'un regarde à droite, l'autre à gauche. Je tente le tout pour le tout. J'ai besoin de savoir. Je ne veux plus être à l'écart. Je veux connaitre cette horrible vérité. Je sens qu'on l'a retrouvée, mais je veux en avoir le cœur net. Je prends mon courage à deux mains et je cours aussi vite que possible au travers de la forêt. Plus je m'approche, plus mon palpitant s'accélère. J'entends des voix m'appeler, je sens le bruit des feuilles craquer derrière moi, signe qu'on me court après. Et puis, je la vois...
Mon corps se fige.
Je suffoque.
Une main sur la bouche, je hurle mon désespoir.
La fin de ma vie.
La fin de sa vie.
Deux bras m'enserrent, me portent et m'emmènent loin de la terrible découverte de ma jumelle, allongée entre les feuilles mortes. Je me débats, je crie mon désespoir. Une voix que je semble connaître me parvient aux oreilles, ma vue est floue, je n'arrive pas à voir qui m'entraîne vers le calme de cette forêt. Je n'ai plus la force de me battre. Je veux la rejoindre. Je veux mourir à sa place. Je donnerai tout ce que je peux pour lui permettre de respirer encore une fois. Une main dans le dos me caresse doucement pour me réconforter. J'ose enfin lever les yeux vers la tendresse qui se dégage de cette main. La découverte en est plus étonnante, en me rendant compte que l'homme qui me tient dans ces bras n'est autre que mon viking qui absorbe mes pensées. Ses yeux verts me sondent et d'une voix douce mais virile, il me dit :
— Ça va aller, je suis là.
Je ne réponds pas. Je reste dans une position fœtale tout contre lui. Ses mots m'apaisent, je ne comprends pas ce qui se passe, mais une chose est sûre, c'est que je n'oublierai jamais cette journée et je verrai toute ma vie, ces deux émeraude me sonder jusqu'à la fin de mon existence.
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