6 - Aksel
Il y a 5 ans...
Me voilà, depuis plusieurs minutes à contempler l'endroit de mon enfance. Ce chalet en bois qui était autrefois mon foyer. Une peur invisible envahit chacun de mes pores. Je tremble, de fines gouttes de sueurs fondent sur mon front, une boule se forme dans ma gorge, je ne me sens pas bien. Mon cœur s'emballe à chaque pas me rapprochant un peu plus de l'entrée. Ce serait un doux euphémisme si je disais que je me sens heureux ici. Pourtant, je crois que le meilleur moment que j'ai passé ici, c'est maintenant. Cette sensation d'être enfin libre. Une liberté que j'aurais aimé connaître un peu plus tôt. C'est un peu fou de penser à ça alors que je viens de perdre mon géniteur mais pour ma famille et pour moi c'est une délivrance. Il me tarde de savoir comment vont se dérouler ces funérailles puis d'apprendre en quoi consiste ces signatures. Une fois cette lourdeur passée, je rentrerais chez moi, là où je suis moi-même, où je me sens bien. J'avance vers le côté pilotis de la maison, là où se trouve la terrasse que ma mère a imaginée avec cette vue sur le Bergsfjord.
Depuis que je suis parti, rien n'a changé. Le bois est terne comme l'humeur de notre famille. L'aurore boréale poursuit son ascension et se reflète sur le fjord gelé, tout en illuminant le chalet. Je continue et arrive devant la porte d'entrée, je baisse la poignée et découvre que celle-ci est restée ouverte. La vie en Norvège n'est pas comme en France. Ça pourrait être perturbant pour bon nombres de touristes mais les vols sont peu connus ici. Les maisons ne sont jamais fermées à clef. La culture veut que chaque foyer puisse accueillir une personne dans le besoin. Je franchis le seuil et redécouvre ces lieux qui ont tant hanté mes nuits. Des flashs apparaissent et je me revoie quelques années en arrière lorsque j'étais un petit garçon apeuré face à la violence de son père. J'avance dans l'entrée et arrive dans la pièce à vivre. Les murs sont en bois clair. La décoration du salon n'a pas changé, elle est comme dans mes souvenirs. La cheminée est toujours là, seul une nouvelle table basse est placé au centre de la pièce entouré d'un canapé noir et de deux fauteuils. Je m'installe sur l'un des fauteuils placé près de la fenêtre et j'observe la vue qui s'offre à moi. Ces couleurs verdâtres qui dansent dans le ciel noir apaisent mon corps crispé et je me détends malgré l'endroit où je suis.
Trois coups me réveillent en sursaut. Je ne me suis pas rendu compte que je m'étais assoupi en contemplant la vaste étendue d'eau. Je suis un peu déboussolé mais d'autres coups cognent sur le bois. Je me lève et m'avance vers la porte. En ouvrant, ma cousine Théa se tient devant moi, un grand sourire sur le visage.
— Ho, Aksel, je suis contente de te voir, me saute-t-elle au cou.
— Moi aussi, mais dis-moi, tu parles très bien français.
— Oui, je l'ai pris en option au lycée, j'espérais pouvoir faire comme toi et venir vivre en France, j'adore votre pays, j'aimerais y découvrir chaque recoin.
Je me décale pour la laisser rentrer. Théa fait partie de la famille de mon père, nous avons grandi ensemble, ayant que quelques mois de moins que moi, nous étions toujours fourré ensemble. Depuis que je suis en France, je n'avais pas beaucoup de contact avec elle. Quelques messages à travers les réseaux sociaux mais ça s'arrêtait là. Ce petit bout de femme énergique me fait sourire en la voyant déambuler entre ces murs. Elle aussi, apparemment, n'était pas revenue depuis des années. Ses cheveux en cascade d'un brun ébène me rappellent ma mère, au même âge. un visage arrondi, de jolies pommettes adorables et des yeux verts tout en elle me rappelle notre enfance. Petit, j'ai toujours été proche d'elle, nous avons grandi ensemble. Nous étions même comparés à des jumeaux diaboliques. Je me souviens de l'une des pires bêtises que nous ayons fait ensemble.
Théa et moi nous baladons pour nous rendre près du fjord. Je suis content, j'ai eu un super gâteau pour mon anniversaire et nos parents nous ont laissé le droit d'aller nager. Ma tante et mon oncle m'ont offert les lunettes de plongée que je voulais. Le soleil au zénith ne va pas tarder sa déclinaison pour laisser place à la nuit noire de Senja alors il faut nous dépêcher. Nous passons devant le vieux chalet inhabité. Il parait qu'il est comme hanté, ce sont les légendes que raconte nos camarades de classe mais avec Théa nous y sommes jamais allé.
— Chiche, Théa, on visite le chalet hanté ? je lui dis en norvégien.
— Doublement chiche !
— On fait juste le tour et on repart, hein ? je me risque de lui dire maladroitement, sans émettre le moindre doute sur la peur soudaine qui m'assaille.
— Tu fais ton trouillard Aksel ?
— Non, mais je veux aller essayer mes nouvelles lunettes dans le fjord.
— D'accord, allez, viens !
Elle attrape ma main et me tire pour que je la suive. En pénétrant à l'intérieur, nous découvrons un endroit délabré. Tout a été mis sans dessus-dessous dans ce qui semble être le salon. Des draps recouvrent chaque meuble. Lorsque je lève la tête, j'aperçois sur les murs des tags plus colorés les uns des autres. Puis, mon regard s'arrête sur le plafond rempli de toiles d'araignées. Mon corps frissonne, une lueur étrange se ressent à travers ces murs. Je me sens comme oppressé en ce lieu.
— Aksel, tu crois qu'elle est vraiment hantée ? dit Théa en avançant près de chaque recoin.
— Je ne sais pas mais elle fait froid dans le dos.
— J'ai l'impression que quelqu'un nous surveille.
— Je ne crois pas mais c'est étrange d'être à l'intérieur, je réponds à ma cousine.
Le sol craque sous nos pieds, ce qui rend l'expédition encore plus impressionnante. Nous parvenons à ce qui semble être un escalier. Je n'ai jamais vu un escalier aussi cassé. Comme si une personne s'était amusé à lui donner des coups de hache. Je monte une par une les marches qui grincent également à notre passage et découvre un palier avec plusieurs portes fracassées. D'un coup je sursaute et aperçois un petit mulot sortir de nulle part, ce qui vaut à ma cousine un cri terrifié.
— Ho, j'ai eu peur, dit-elle en rigolant.
Un bruit se fait entendre au rez-de-chaussée. Je m'arrête immédiatement et tends l'oreille.
— Chut, tu as entendu ? je demande
— Entendu quoi ?
— Il y a du bruit en bas, je lui réponds en chuchotant.
Plus aucun son ne sort de nos bouches. Des petits pas se font entendre et tous mes sens sont en alerte. Je suis totalement flippé. Sur les pointes des pieds, je décide de commencer ma descente vers ce vacarme. Quand un coup, un énorme fracas retentit. La porte d'entrée claque bruyamment. Théa et moi faisons un bon de dix mètres et parcourons la distance qui nous sépare du bruit en un temps record. Rien. Personne. Je tourne en rond sentant une odeur étrange m'arriver aux narines puis mes yeux en alerte se verrouillent sur les rideaux qui commencent à s'enflammer.
— Vite, Théa, donne moi quelque chose pour éteindre. Les rideaux brûlent.
— Quoi Aksel, quoi ? me demande-t-elle en panique.
Elle s'active à la tâche fouillant dans les placards de la cuisine jusqu'à trouver le Saint Graal.
— Aksel, c'est bon j'ai trouvé un extincteur ! me crie-t-elle.
Elle me le jette et je l'attrape au vol. C'est en forme de bombe rouge mais je ne vérifie pas ce qu'il y a d'écrit et j'appuie sur le vaporisateur. Quand d'un coup, les flammes s'embrasent de plus belle et qu'elles grandissent à vue d'œil. J'ai un mouvement de recul, Théa crie devant l'étendue enflammée et je perd tout contrôle de la situation. Et une seule question me trotte, que m'a-t-elle donné ?
Sans réellement réfléchir, j'attrape Théa par la taille et la porte pour la sortir de cet enfer. Nous tombons tous les deux à l'extérieur et ma cousine pleure contre moi. Je suis aussi désemparé qu'elle. J'observe alors cette habitation abandonnée s'enflammer de notre faute. Qu'avons-nous fait ? Aucune idée ! Pourtant, j'ai voulu l'éteindre avec ce que m'a donné Théa mais ça n'a fait que l'alimenter. Une chose est sûre c'est que j'aimerais la sauver de ce foyer.
— Théa, tu te souviens de notre énorme bêtise dans le chalet hanté ?
— Ho, oui mon Dieu ! Je t'avais donné un insecticide, me répond-elle en pouffant.
— Je me pose encore la question de ce qui c'est passé dans ta cervelle, ce jour-là.
— Ho, ça va, ne te moque pas de moi, s'énerve-t-elle.
— Non mais c'est vrai, un extincteur à une forme particulière mais rien ne m'a mis la puce à l'oreille quand je l'ai eu dans mes mains.
— C'est du passé maintenant tu ne confonds plus.
— Ca c'est sûr, c'est mon métier alors comment confondre, je lui annonce.
— Tu te souviens de la soufflante de nos parents ? demande-t-elle
— Carrément que oui ! Je n'ai même pas pu essayer mes lunettes de plongée ce jour-là.
— Ho oui, les jumeaux diaboliques ont même été puni. Interdiction de se voir pendant une semaine, c'était horriblement long.
Je m'esclaffe à son aveu. Ma cousine a toujours été très pudique en matière de sentiments alors que moi, pas du tout. Nous sommes l'opposés tous les deux. Je suis plutôt tactile alors qu'elle ne supporte pas qu'on soit trop proche d'elle. J'aime montrer mes sentiments, dire que j'aime mes proches alors que Théa se referme sur elle-même. Néanmoins, je suis comme cela seulement avec ma famille. Malheureusement, chaque femmes, avec qui j'ai passé une nuit, n'ont pas le temps de le découvrir. Je me méfie, j'ai peur de devenir comme mon paternel. Et si, un jour où l'autre, moi aussi je petais un câble ? Mon frère l'a fait alors peut-être que ce que l'on dit est vrai. Dans l'enfance, nous nous identifions toujours à nos parents. Ce sont nos repères, notre force. Nous imitons nos aïeux dans tous nos jeux ou aspects de vie. Après avoir vécu avec un bourreau, avoir vu tant de violence se déverser sur le corps de ma mère et pas seulement des violences physiques mais également psychologiques allait faire de moi, un monstre. Et si un jour, une pulsion m'envahissait ? C'est ce qu'il répétait, c'était plus fort que lui, c'était un besoin ou encore c'était parce que ma mère le cherchait, l'énervait. En fait, tout était de sa faute à elle. Je secoue ma tête, coupé dans ma réflexion par ma cousine. La main posée sur mon épaule, elle m'observe en attendant certainement une réponse mais je n'ai rien entendu à ce qu'elle disait.
— Pardon, je ne t'ai pas écouté, je lui réponds honnêtement.
— Je vois ça, je te demandais ce que tu allais faire à présent.
— Je ne sais pas encore, je vais me laisser guider par les formalités qu'on me demandera ici et une fois que tout sera terminé, je retournerai chez moi.
— Tu es chez toi ici Aksel, me dit d'un air sérieux Théa.
— Non, tu te trompes. Je ne suis plus chez moi, je n'ai jamais été chez moi ici. A part toi, je n'avais personne et je ne t'ai jamais confié ce que mon connard de père faisait à ma mère. Pourtant je t'aime comme une petite sœur Théa et même si nous avons des kilomètres qui nous séparent, je serai toujours là pour toi.
— Tu m'as tellement manqué Aksel, me surprend-elle en enroulant ses bras autour de mon buste.
Ma cousine me fait un câlin, le premier que nous échangeons et je n'aurais jamais pensé le vivre un jour. Cette petite sœur que je n'ai jamais eu vient de me démontrer à l'instant qu'elle n'est pas si froide que je le pensais. Elle a un cœur qui bat aussi fort que le mien et cela fait du bien de se ressourcer auprès des miens sur mes terres natales. Car malgré ma réticence à être ici aujourd'hui, ces lieux, ces paysages et ces nuits sont un point d'ancrage malgré moi. C'est indéniable.
— Bon, à la base, je suis venue pour t'expliquer comment ça allait se passer pour l'enterrement. Tu iras ?
— Je ne sais pas encore, Théa.
— Je peux comprendre. Toutefois, je dois te dire qu'il faut ta présence pour la crémation. C'était le souhait de ton père.
— Effectivement, qu'il brûle aux enfers ce co....
— Non, respect tout de même Aksel, s'il te plaît, même si j'aurais pu l'attraper par la peau des couilles et le faire brûler moi-même pour ce qu'il vous a fait.
— Non, mais tu te fous de ma gueule ? je ricane doucement.
— Moi ? Jamais !
— Théa, merde, tu me parles de respect après ça ?
Un rire franc franchit mes lèvres. Si j'aurais pu m'attendre à ça venant de ma cousine, alors là, je suis surpris.
— Oui, bon c'était simplement pour te le dire, pouffe-t-elle en se pliant en deux, et tu aurais dû voir ta tête, à mourir de rire, Aksel, se moque-t-elle.
Je fais mine de bouder en m'enfonçant dans le fauteuil à côté de moi. Je ne suis déjà pas ravi d'être là et voilà qu'elle en rajoute.
— Ho, ça va, Aksel ! C'était une blague.
Je ne réponds toujours pas.
— Tu me prêterais une chambre malgré tout pour la nuit, mon cousin ?
— Bien sûr, Théa, tu es ici chez toi, tu le sais bien !
— Je préférais m'en assurer et au moins, tu m'as répondu, dit-elle en me tirant la langue, allez j'ai ramené de quoi manger et boire ce soir.
— Est-ce que ce sont des lefses ?
Elle acquiesce un grand sourire au lèvre, le sac dans sa main tout en s'installant en face de moi. Elle sort une bouteille de Glögg, des lefses et des biscuits à la cannelle. Je salive déjà en sentant toutes ces agréables odeurs. Je me lève, vais chercher dans les placards de la cuisine deux verres de vin et un tire-bouchon puis je les dépose sur la petite table basse en touret. Je nous sers et avec mon contenant à la main, je m'enfonce confortablement dans le canapé tandis que ma cousine s'installe dans le fauteuil qui me fait face. Nous trinquons à nos retrouvailles et entamons des nombreuses discussions diverses et variées. L'alcool dans mon sang commence à faire l'effet d'apaisement dont j'avais besoin. Après tout ça , être ici et rire avec Théa me fait tellement plaisir. Comment ai-je pu laisser autant d'années rompre notre relation fraternelle que nous avions ?
— Bon et dis-moi côté cœur ? m'interroge-t-elle.
— Côté cœur ? Rien de particulier.
— Mais bien-sûr, je ne te crois pas. Je suis sûre que tu fais tourner des têtes.
— Non, moi, tu sais, j'offre simplement le plaisir d'une nuit, je suis jeune, je m'amuse, je lui réponds avec un sourire crispé.
— Je ne te crois toujours pas, tu n'as jamais su vraiment mentir.
Plus elle insiste, plus mon cœur se brise. Je bois une autre gorgée de Glögg et cela me donne la force de me confier. Elle est ma famille, je ne crains rien, elle saura me dire ce qui se passe à l'intérieur de moi. Puis c'est une femme, qui d'autre qu'une personne du même sexe que les yeux bleus que j'ai abandonné pour m'apporter les conseils dont j'ai besoin.
— A vrai dire, j'ai rencontré quelqu'un...
— Ha mais j'en étais sûre ! Comment s'appelle-t-elle ? Elle a quel âge ? Elle habite où ?
— Ho doucement Théa... C'est nouveau pour moi alors laisse-moi le temps de t'expliquer.
— Oui, pardon, mais ça me fait tellement plaisir que tu sois heureux.
— Heureux... je n'emploierais pas cet adjectif mais.. enfin...
Cherchant mes mots, je ne sais même pas par où commencer. J'hésite, encore et toujours, pourtant rien n'est compliqué. Il suffit que je parle avec mon cœur. Que j'avoue ce qu'il se passe dans cet organe, cette dualité de sentiments qui m'assaille.
— Elle s'appelle Elya, elle doit avoir le même âge que moi, en fait je ne connais même pas son âge.
Ma cousine s'étrangle avec son vin. Je me lève rapidement vers elle et lui donne quelques tapes dans le dos.
— Ça va ? je lui demande.
— Oui, oui, merci. Mais comment ça se fait que tu ne saches pas son âge ? C'est bizarre ! C'est ta copine quand même ? C'est peut-être la première chose qu'on apprend quand on rencontre quelqu'un.
— Je sais, Théa mais ce n'est pas si simple que ça. On s'est rencontré dans le cadre de mon boulot.
— Ha, elle est aussi pompier ?
— Non du tout, malheureusement c'est une victime collatérale. Sa jumelle était portée disparue et nous nous sommes rencontrés lors des recherches. Et comme tu peux t'en douter c'était difficile de pouvoir faire connaissance à ce moment-là.
Elle hoche la tête pour acquiescer et continue à être pendue à mes lèvres, tout en savourant les lefses salés en attendant la suite de cette rencontre improbable. Je poursuis :
— J'ai tout de suite été perdu dans l'océan de ses yeux.
— Mhoooo c'est mignon ça !
— Ne te fous pas de moi !
— Moi ? Jamais ! s'exclame-t-elle.
Nous rigolons ensemble. Je sens l'ironie dans sa réponse.
— Bon pour conclure, j'ai ressenti quelque chose de nouveau. Je ne connais pas le sentiment amoureux alors je ne sais pas si c'est cela mais elle s'est incrustée dans ma tête. Je pense tout le temps à elle, j'ai tenté de l'oublier avec une autre...
Abasourdie, elle me regarde comme si j'avais commis un meurtre.
— Ne me regarde pas comme ça, Théa ! elle m'agace.
— Non mais tu t'entends parler, tu voulais oublier une nana que tu commences à aimer parce que oui, c'est ça le début d'une relation amoureuse. Tout ce que tu me décris, c'est de l'amour. Alors pourquoi aller voir ailleurs ? s'irrite-t-elle.
— Je ne sais pas, je suis un connard, je le sais.
— Merde Aksel, tu m'énerves !
Je sens que cette conversation tourne au drame. L'énervement prend le dessus. Je reprends une gorgée. J'inspire pour tenter de me calmer. Je n'aime pas être jugé. Je déteste ne pas savoir quoi faire. J'ai toujours été maître de moi et avec Elya, je n'y arrive pas. Je suis totalement perdu.
— Je ne sais pas faire, je ne sais pas aimer Théa alors ne joue pas à ça avec moi. Dans tous les cas, nous ne pourrons jamais être ensemble.
— Pourquoi ça ? Tu peux me le dire ? en haussant le ton.
— PARCE QUE C'EST ANTON QUI A TUÉ SA JUMELLE ! je crie.
Sa réaction se fait immédiatement. Sa bouche s'ouvre formant un O de consternation. Elle reste abasourdie de ce que je viens de lui apprendre. Je n'en reviens pas non plus. Mon frère est le meurtrier. Non, je ne réalise toujours pas et pourtant la vérité vient de sortir de ma bouche parce qu'au fond de moi, j'ai toujours su que mon frère ferait du mal autour de lui. Mais est-ce que cette vérité est vraiment bonne à entendre pour Elya ? Comprendra-t-elle que je n'y suis pour rien ? Non, je ne peux pas être avec elle. Cela la ferait tellement souffrir et je ne veux pas lui faire de mal.
— Oui, il a été arrêté par la police pour sa disparition parce qu'ils sortaient ensemble. C'est le premier suspect pour le moment ? je reprends plus calmement.
— Mais... comment ?
— Je ne sais pas Théa, je ne comprends pas comment il a pu en arriver là.
Une larme s'échappe de ses grands yeux. Elle aussi souffre autant que moi. Alors je lui tends ma main pour qu'elle me rejoigne sur le canapé et je la câline comme le ferait un grand frère digne de ce nom. Ma cousine laisse sa tristesse sortir et elle pleure contre mon torse. Mes pensées vont vers Elya. Je ferme les yeux et je la revois hurler dans cette forêt toute la peine qui la consumait depuis des jours. Mon organe se brise un peu plus parce qu'une chose est sûre, je ne pourrais jamais la faire souffrir. Alors si aimer c'est faire des concessions, je ferais celle de me tenir loin d'elle. De l'oublier pour que rien ne hante la perte de sa moitié de cœur.
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