Chapitre 50 - Une déclaration

Lorsque Medhi me rejoint au studio, je réalise que j'ai, peut-être, agi sans réfléchir.

En tant normal, j'aurais pris le temps de passer en revue les différentes possibilités, mais, ici on parle d'Idriss. Et je ne suis jamais rationnelle quand il est question de cet idiot.

Si aujourd'hui, je parviens à stopper Medhi, il me sera à jamais redevable. Et je me promets de le lui rappeler jusqu'à la fin de ses jours...

-"Merci d'être venu." dis-je alors que Medhi dépose un baiser sur ma joue.

Je me retiens de faire la grimace et souris davantage.

-"Pourquoi tu m'as appelé ? Tu as trouvé quelque chose ?"

Il semble si préoccupé par le sort d'Idriss. Son teint est pâle et ses yeux sont brillants, comme s'il avait pleuré durant des heures. Medhi est un si bon acteur.

-"Oui. Je sais qui a trahi les garçons."

Je prends la direction du bar et nous sers deux verres de Vodka. Medhi n'a toujours pas ouvert la bouche. Il attend que je continue. Alors, je prends une grande gorgée du breuvage avant de lui tendre le sien. Puis, je prononce cette phrase qui a été répétée à de nombreuses reprises dans ma tête depuis plusieurs minutes :

-"Et je pense que toi aussi, tu le sais."

Il vide son verre d'une seule gorgée, et, me sourit à nouveau, comme si tout était normal.

-"Qu'est-ce qui m'a trahi ?"

Il ne cherche pas à nier les faits. Sa franchise me fait frissonner. Je tente de lui répondre le plus calmement possible :

-" Ton écriture. C'est la même que sur le rapport de police."

Il rit jaune et se rapproche de moi. Je lève la tête vers la sienne quand il déclare sans la moindre once d'émotion :

-"Ha. Vous aviez réussi à vous le procurer. Bravo."

Je croise les bras. Mon sourire toujours collé au visage :

-"Il ne faut jamais me sous-estimer."

Medhi hausse les épaules :

-"Je pourrais dire la même chose. Comme tu peux le voir, ce n'est pas moi qui ai de gros soucis avec la police. "

Je voudrais le frapper de toutes mes forces et qu'il disparaisse à jamais. Je ferais n'importe quoi pour qu'il soit arrêté sur le champs. Alors, je m'approche timidement et je passe à la seconde étape de mon plan.

-"Il faut qu'on trouve un moyen de te sortir de là. Les autres vont bientôt découvrir la vérité et je ne veux pas que tu ailles en prison. " dis-je d'une voix expressive, peut-être un peu trop théâtral.

Mais Medhi n'y voit que du feu. Ses yeux s'écarquillent. Il ne s'attendait pas à cette réaction de ma part. Je l'intrigue, ce qui me pousse à continuer :

-" Je suis prête à tout pour t'aider."

J'avance d'un pas. Ses mains se referment violemment contre mon dos.

-"Mais...Mais, tu as dit à ton père que tu aimais Idriss."

Quand il parle, Medhi ressemble, étrangement, à un enfant en manque d'affection.

Mon coeur s'accélère lorsque je comprends qu'ils m'ont entendue parler à mon père. Cela peut se retourner contre moi. Toutefois, je pense toujours être en mesure de le convaincre.

-"C'était pour faire du mal à papa, c'est tout. Imagine ce qu'il va penser si je m'enfuies avec toi. Il va être fou de rage."

Medhi avance son visage du mien. Ses lèvres partent à la recherche des miennes. Je place une main entre nous et le stoppe dans son élan.

-"D'abord, je veux que tu me racontes pourquoi tu as fait ça et comment tu t'y es pris."

Il acquiesce, mais murmure dans le creux de mon oreille :

-"Si tu savais à quel point j'ai envie de toi depuis notre première rencontre. Idriss serait fou de rage si je te mettais dans mon lit."

Il y a tellement de rancoeur dans ses propos.

Idriss, qu'est-ce que tu as fait pour mériter autant de haine ?

-"Je sais. Mais d'abord, je veux que tu me racontes pourquoi tu as fait ça. J'ai envie de te comprendre."

Ma main est toujours collée contre sa poitrine lorsqu'il commence son récit :

-"Depuis qu'on est gosse. Il y en a toujours eu que pour Hakim et Idriss. Surtout Id, c'est le plus jeune donc le protégé. J'étais le premier de la classe, mais, je ne rivalisais pas face aux spectacles musicaux de mes cousins. En plus de ça, leurs parents ne s'en occupaient pas énormément...Alors, ce sont les miens qui ont pris la relève dans leur éducation avec l'aide de nos grands-parents. Ils étaient câlinés, chouchoutés.. Maman me disait de ne pas être jaloux car ils n'avaient pas eu de chance dans leur vie... soit-disant."

Medhi marque une courte pause qui semble, pourtant, une éternité. Il finit, toutefois, par reprendre son histoire. Sa voix est agressive et ne lui ressemble pas :

-"Ensuite, j'ai suivi le conseil de mes parents. J'ai entrepris des études universitaires que j'ai réussies avec grande distinction. Pendant ce temps là, Hakim et Idriss sont devenus Mekra et Framal, les nouvelles stars du rap français. On ne m'a pas félicité pour mon diplôme. Mais les deux autres, ils ont reçu une tonne de compliments grâce à leurs prouesses musicales. Dans certains sons, ils dévalorisaient les femmes, mais, tout le monde adorait leurs conneries !"

Ses yeux s'humidifient. Pour la première fois depuis notre rencontre, il se montre tel qu'il est vraiment.

-"Maman avait tord, ils ont toujours eu de la chance, ils ont toujours obtenu tout ce qu'ils voulaient. Toutefois, Hakim a toujours su rester humble et discret, mais, Idriss... Durant les réunions de famille, il ne faisait que se venter sans arrêt. Tu l'as déjà vu faire, si prétentieux !"

Je connais Idriss depuis presque six mois. Ce qui est peu. Pourtant, j'ai compris rapidement que s'il agit comme ça, c'est avant tout pour amuser les personnes qui l'entourent. Idriss est quelqu'un de simple et de généreux. Le coeur de Medhi est si contaminé par la haine, qu'il est, aujourd'hui, incapable de reconnaitre les qualités de son cadet.

Je suis triste pour lui, j'ai envie de lui crier qu'il fait fausse route. Cependant, je continue à balancer ma tête de bas en haut alors que son histoire m'explose à la figure.

-"Hakim et Idriss ont déjà eu des soucis avec les flics quand ils étaient plus jeunes. Des conneries, mais, tout le monde était là pour les sortir de leurs emmerdes. Mais moi aussi, je voulais montrer que j'existais dans cette famille.. C'est pour ça que j'ai commencé à dealer des trucs. Et au final, après quelques mois, je me suis rendu compte que ça me plaisait. C'était un moyen de se faire du fric facilement, et, l'adrénaline que ça me procurait...T'imagines pas à quel point c'était jouissif. Toutefois, la police a commencé à enquêter lorsque je me suis installé sur Paris. Ton père, il m'a pris pour cible et il était à deux doigts de m'arrêter. J'ai réfléchi à différents moyen de me sortir de cette merde. Ce soir là, Idriss était devant moi et toute ma famille l'écoutait avec admiration quand il parlait de son nouvel album. J'en pouvais plus de voir sa tête de con. C'est pourquoi, j'ai mis en place ce plan."

Il semble, désormais, si fière de ses actions. C'est à peine s'il reprend son souffle entre deux affirmations.

-" J'ai engagé une meuf pour qu'elle vole la clé de son casier, puis un mec pour qu'il lui vende une partie de la marchandise en prétextant que c'était un truc inoffensif pour finir la soirée dans la bonne humeur. Je me suis rendu à sa fête pour déposer de la drogue dans ses affaires et j'ai appelé la police. Le tour était joué. Ce n'était, cependant, pas suffisant pour le faire arrêter. Puis un jour, Idriss m'a donné accès à son appart et j'ai profité de l'occasion pour déposer une autre partie du butin dans ses armoires. Monsieur Framal n'y passe jamais beaucoup de temps, je savais qu'il n'allait rien remarquer. J'attendais juste le bon moment pour appeler les flics... Et quoi de mieux, pour qu'il se sente blessé et humilié , que de faire venir ton père un soir où tu serais avec lui...Parce que ouais Lana, je t'ai suivi plusieurs fois. Au point de départ, T'étais pas prévue dans mon plan. Tu n'imagines pas ma surprise quand je t'ai vu au restaurant avec Monsieur Luke Rousseau... Tu m'as donné une nouvelle piste d'exploitation ! Alors merci ma jolie. "

Je suis à deux doigts d'exploser lorsqu'il commence à passer sa main dans mes cheveux.

-"Tu me pardonnes Lana, pas vrai ?"

Jamais.

-"Evidemment. C'était un plan de génie."

Mais tu échoueras.

Je lui ouvre mes bras et l'homme d'affaire se précipite pour déposer sa tête contre mon épaule.

Ce qui me laisse, un peu de temps, pour envoyer l'enregistrement vocal de ses aveux à mon père mais aussi à Hakim. Depuis tout à l'heure, j'ai mon portable dans la main gauche et il n'a rien remarqué.

C'est presque trop facile.

Alors la vie décide de jouer un peu avec moi. Mon téléphone vibre contre son dos pour confirmer l'envoie des e-mails. Ce qui fait sursauter le garçon qui se redresse et qui m'empoigne fermement.

-"Qu'est-ce que tu as fait ?"

Sa question est inutile. Il a déjà sa réponse.

Son regard s'éteint brusquement lorsqu'il me frappe au visage.

-"Tu vas me le payer !"

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Hey

J'espère que le chapitre vous aura plu et que les garçons ne vous auront pas trop manqué. Si c'est le cas, voici un petit gif pour me faire pardonner :

La suite arrive très bientôt. Promis.

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