Quelques jours plus tard, je suis réveillée par la sonnerie de mon portable. 

Je tâtonne à l'aveugle sur ma commode à la recherche de ce foutu téléphone.

Quand je l'agrippe enfin, la luminosité me détruit la rétine. Je fronce les sourcils et tente  de lire le message qui s'y affiche.

" Je t'envoie les photos d'ici 1h max.  Tu l'as bien méritée. Julien"

Ho mon dieu. Je n'ai pas fait ça pour rien finalement. 

Je suis à peine sortie de mon lit que je cours sous la douche et enfile un jean taille haute ainsi qu'un chemisier. Je réalise un rapide trait d'eyeliner et me dirige vers la voiture, mon téléphone à la main.

Je quitte ma place de parking et compose le numéro de Théo.

-"Allô ?"

Que dieu bénisse le kit mains libres.

-"Théo, c'est ta coéquipière !"

Je l'entends ricaner à l'autre bout du fil.

-"Ca fait plaisir de t'entendre le dire. T'es de bonne humeur ma poule ? "

-"Tu n'imagines pas à quel point ! BigBoo m'envoie les photos d'une minute à l'autre. Vous êtes où ? Qu'on regarde ça ensemble."

Il s'éloigne de son portable pour expliquer la nouvelle au reste du Crew.

Je suis obligée de le relancer : 

-"Théo, dépêche-toi ! Je suis déjà dans ma voiture. Je ne vais pas tourner en rond !"

-"Scuze-moi Miss.  Je t'envoie l'adresse. On a une interview prévue pour la radio. Je dirai à l'accueil de te laisser rentrer."

Je le remercie, raccroche et roule jusqu'à l'adresse indiquée.

Lorsque j'arrive sur les lieux de l'enregistrement, je marche d'un pas décidé vers la loge du groupe. Je franchis la porte et découvre les garçons en train de manger des croissants tout en dégustant un café.

Il est évident qu'ils n'avaient pas besoin de se changer pour une interview à la radio...  Mais je peux quand même compter sur Hakim pour me faire la morale : 

-"Putain, Lana, on aurait pu être à poil ! C'est pas parce que tu as déjà vu F..."

Il semble se rendre compte de sa connerie juste à temps. 

Théo et Ken le regardent intrigués. Idriss avale une grande gorgée de son breuvage pour éviter de rire. Moi, je fais comme si je n'avais pas compris. Je me contente de répondre à sa première phrase. 

-"Je m'en moque que vous soyez nues. Les photos de la soirée vont arriver !"

Et on pourra , peut-être,  en apprendre davantage sur les invités. 

Hakim se gratte la barbe avant de se placer face à moi comme il a l'habitude de le faire dans ce genre de situation : 

-"Ouais, mais, nous on doit y aller. Ne bouge pas d'ici, ne les regarde pas sans nous et surtout..."

Le rappeur pointe son indexe sur mon cœur :

-"...Tu n'agis pas seule. Fini les crises de suicidaire. Oublie pas ceci : tu es tellement petite que je pourrais te confondre avec un nain de jardin si tu restais à côté de ces babioles."

Il a cru qu'on allait faire une compétition de punchline nous aussi ?

Je m'apprête à rétorquer mais il s'est déjà éloigné dans le couloir. 

Ken passe à son tour,  Théo sur les talons. 

-"Tu penses que les photos vont servir à quelque chose ?" 

Je lève la tête vers Idriss. Le sourire confiant qui se dessine sur son visage suffit à me détendre un peu. C'est presque automatique. 

Je n'ai donc aucune difficulté à lui répondre : 

-"J'en suis convaincue."

Il soupire et place ses mains dans les poches de son sweat  : 

-"J'espère être beau gosse sur ces photos. Si jamais, t'en veux une dédicacée."

Je lève les yeux au ciel. Un petit rictus s'échappe de ses lèvres lorsqu'il rejoint le reste de son groupe.

Je me retrouve seule dans cet endroit. Le silence me pèse soudainement. 

Il faut que j'apprenne à mieux gérer mon stresse, même quand Idriss n'est pas là. 

Je suis une vraie pile électrique. Je tente de rester assise sur le canapé, de me concentrer sur les affiches accrochées au mur de la loge... Mais, c'est inutile. Je bouge sans arrêt. 

Je décide donc de rejoindre le couloir à mon tour. Il y a des écrans de télévision un peu plus loin. En m'approchant de celles-ci, je constate qu'il est possible d'observer les quatre rappeurs durant leur interview. Je m'appuie contre le mur et écoute ce qu'ils ont à raconter. 

Les quatre rappeurs parlent de leur tournée des Zénith. Ils ont hâte de parcourir la France. Ils font comme s'ils étaient prêts. Moi, je sais que c'est faux. Ils ne savent même si Idriss pourra les accompagner. 

Je sursaute quand mon téléphone vibre dans ma poche. 

Mon coeur cesse de battre durant un court instant. 

Une nouvelle notification. Un nouveau mail. Les voilà. 

Je range mon portable à sa place, mais, l'envie de le récupérer devient vite une obsession. Je ne perçois plus les sons au alentour. Mon attention est uniquement portée vers l'objet maudit qui semble, dorénavant,  trop lourd pour rester dans la poche de mon jean. 

Il est 10h. Cela fait déjà une heure qu'ils sont à l'intérieur. Dépêchez-vous les garçons. 

Je tente de lutter, mais, c'est très difficile. Je n'ai rien pour me changer les idées et personne pour kidnapper mon portable. 

Et si j'ouvrais l' email ? Je ne regarde pas le dossier. Je veux juste vérifier s'il n'a pas oublié les pièces jointes. 

C'est une mauvaise idée. Il faut que je le fasse. 

Boite mail. Réception. Julien : 

"Voici une première série. Tu penses encore qu'il est innocent ? ;) "

Son message m'intrigue. C'est vrai qu'il m'avait parlé d'images compromettantes. Mais qu'entendait-il par là ? 

Peut-être, puis-je cliquer sur ce dossier, uniquement ? 

Non Lana, tu as dit que tu les attendais. 

Qu'est-ce qu'ils font ? Ils en ont encore pour longtemps ? 

C'est alors que je reçois un deuxième mail : 

"Tu me diras si tu veux tjrs les autres après ton visionnage. ;)"

Ils ne comptent pas m'envoyer les autres si  je ne lui donne pas mon point de vue sur les premières photos ? Et si ma réponse prenait trop de temps à son goût ? Je ne peux plus résister. Je télécharge le dossier. 

A première vue, c'est juste un couple d'amis qui s'est pris, plusieurs fois,  en selfie pour conserver un souvenir de la soirée au label, mais, à l'arrière plan, il y a Idriss et une personne que je ne connais pas pas encore. 

On les voit, au fur et à mesure des prises, en train de s'échanger une sorte de poudre contre de l'argent. 

Je n'y crois pas. 

Idriss part avec la marchandise. 

Qu'est-ce qu'il fait ? 

Mon coeur se serre, ma tête tourne et j'ai envie de crier. 

Je suis tombée dans le panneau. 

 J'ai tout risqué pour lui alors qu'il était responsable de tout ça ? Il a menti à tout le monde ou bien est-ce que ses amis sont aussi dans le coup ? 

Trop de questions se bousculent dans ma tête. Je vais exploser. 

-"Lana ? Ca va ?"

C'est la voix de Ken. Je lève la tête. Les garçons viennent de quitter la cabine. Mes mains tremblent, je suis à deux doigts de lâcher mon téléphone. 

Quand Idriss me sourit, je ressens une horrible douleur dans la poitrine. Je me précipite jusqu'à lui prête à lui asséner une gifle.  Hakim a le réflex de m'attraper par le bras avant que je puisse agir. 

Je tente de me débattre. Mes yeux n'ont toujours pas quitté les siens. 

-"Tu m'as prise pour une conne n'est ce pas ?"

Il dévisage ses amis comme s'ils avaient la réponse à ma question. Je tente de me rapprocher à nouveau mais son frère me tient toujours. Il me traine jusqu'à la loge. 

Quand nous sommes à l'intérieur, je constate qu'Idriss ne m'a toujours pas répondue : 

-"Réponds moi  ! Tu m'as jurée que tu n'avais rien avoir là-dedans. Tu as  dit que tu ne touchais plus  à toutes ces conneries, depuis des années ! Et bien, t'es un gros menteur !"

-"De quoi tu parles ?" finit-il par me répondre. 

-"Coéquipière, qu'est-ce que t'as contre lui tout d'un coup ?" tente Théo en indiquant à Hakim de me lâcher. 

Ce dernier obéit et laisse son ami passer son bras autour de mes épaules. Je me dégage de son étreinte. Mon geste doit le blesser, mais, je ne sais plus si je peux leur faire confiance à tous les quatre : 

-" Et vous, vous étiez au courant ? J'ai fait tout ça pour que vous puissiez vous moquer de moi ?"

 Idriss reste muet. Hakim est prêt à rétorquer. Ken place son bras devant lui et, en bon diplomate, il me regarde dans les yeux avant de parler d'une voix douce : 

-"Lana, tu vas nous expliquer calmement ce qu'il s'est passé sur le peu de temps où nous sommes partis. Je peux te promettre que nous ne t'avons rien caché. D'accord ?"

Je suis incapable de lui répondre sur le même ton. Alors, je pointe mon téléphone vers les quatre garçons et fais défiler les images. 

-" Alors Idriss, t'étais clean depuis des années ? Qui nous dit que ça ne t'appartient pas depuis le début ?"

-"Tu vas baisser d'un ton ma petite ou je te fous dehors !" s'agite Hakim. 

Je ne lui réponds pas. Je me retourne vers le principal intéressé : 

-"Quoi ? T'assumes pas ? Tu as besoin de ton grand frère pour te défendre ?"

-"Lana, il doit y avoir une explication. On va en discuter d'accord ? " tente à nouveau Ken. 

Je suis prête à le suivre, mais, quand Idriss lève, à nouveau, les yeux vers moi. J'ai envie de m'enfuir. 

C'est à cet instant précis qu'il déclare enfin : 

-"Lana, je te promets que j'ai rien avoir avec ça. J'ai peut-être pris quelque chose ce soir là pour me calmer. Mais, c'est tout. J'ai le droit de m'éclater aussi non ?"

Sa voix est beaucoup trop calme, ce qui a le don de m'énerver encore plus : 

-"Tu te fous moi ? Tu aurais dû me le dire dès le début ! Ca change beaucoup de choses. Je sais plus si tu es innocent et si c'est le cas, ces photos ne vont pas t'aider ! Il fallait me le dire tout de suite et je m'en serais chargée !"

Il n'en faut pas plus pour qu'il s'énerve à son tour : 

-"Putain, arrête de faire ta chef comme ça ! Fais moi confiance, c'est tout ce que je te demande !"

-"Je ne peux pas."

Il soupire :

-"Alors, casse-toi. Je ai jamais demandé à ce que tu te mêles de cette histoire de toute manière. " 

Théo et Ken protestent, mais Idriss a raison. Je n'attends pas mon reste et quitte le bâtiment. 

Quand je passe les doubles portes de l'entrée, je me rends compte que j'ai la nausée. Je n'ai rien avalé depuis hier soir et trop d'émotions diverses se bousculent dans ma tête. 

Je me dirige vers ma voiture et la déverrouille. 

J'entends des pas derrière moi. Je ferme les yeux pour ne pas avoir à me confronter à son regard :"

-"Dégage Idriss."

-"Idriss ? Tu as réussi à te mettre tes petits copains à dos ?"

 La personne se colle contre moi.  Son haleine pue l'alcool à plein nez. Je n'ai pas besoin de me retourner. Je sais de qui il s'agit : 

-"Thomas, s'il te plait. Ce n'est pas le moment."

-"Ce n'est pas toi qui décides."  

Et sur ces mots,  ma tête commence à tourner beaucoup trop vite. 

Je suis incapable de respirer. 

Je perds connaissance et finis par m'effondrer.  

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Joyeuses fêtes de fin d'année les amis <3 

Je sais que ce chapitre est loin d'être le plus joyeux et je m'en excuse haha. 

Nous arrivons tout doucement à la fin de cette histoire. 

Chaque chapitre est important et je ne veux pas les bâcler. Il y aura donc, certainement, quelques jours sans. 

Qui dit fin de cette histoire, dit aussi réflexion pour ma part. 

Wattpad me fait énormément de bien au moral, j'aime communiquer avec vous et je suis attachée à mon petit univers... 

La question que je me posais, c'est : avez-vous des envies particulières pour la suite ? Ou justement, des choses que vous ne supportez plus voir dans les fictions ? J'ai déjà des idées, mais, connaitre vos attentes me semble aussi important. 

Voilà, je vous dis à bientôt pour la suite de Framana (haha - je suis la pire du game des mots-valises) 

Amanda