Chapitre 18 - Un soir
- Lana !
Un casque sur les oreilles, je n'ai pas conscience du monde qui m'entoure. Allongée sur mon lit, je feuillette un magasine tout en dévorant une part de pizza retrouvée dans le réfrigérateur.
Je suis épuisée, j'ai fait une longue route depuis l'université jusqu'à la maison. On est vendredi soir mais j'ai annulé toutes mes sorties.
- Lana !!
Je sursaute. Léo vient de rentrer dans la pièce. Ses cheveux n'ont jamais été aussi longs. Il a un grand sourire quand il me rejoint. Il se couche à mes côtés et tire de force sur le casque.
- Léo ! Tu ne peux pas interrompre Sum 41 comme ça !
Je lui balance un coussin à la figure.
- T'es vraiment une vieille. C'est du rap qu'il faut écouter maintenant !
- Jamais de la vie !
Je le repousse gentiment. Cela n'arrête pas mon petit frère qui se rapproche davantage. Il pose sa tête sur mon épaule comme lorsque nous étions enfants .
- Lana ?
- Oui ?
- Tu penses que papa va réagir comment quand je vais lui présenter Thomas ?
Un rapide coup d'oeil me permet de confirmer ce que je sais déjà : il est mort de trouille. Sa voix s'est brisée. Je me redresse pour lui faire face. Je prends ses mains et les serre de toutes mes forces.
- Je te l'ai déjà dit. Il risque d'être un peu... Choqué au départ. Mais, il va l'adorer ! Moi je l'adore en tout cas ! Ce qui compte, c'est que tu sois heureux, tu le sais n'est-ce pas ?
- J'espère que tu as raison...
Une voix nous vient soudainement du Rez-de-chaussée :
- Lana, Descends !
Papa.
J'ébouriffe les cheveux de Léo avant de rejoindre mon paternel dans la cuisine. Il est en train de se battre avec la casserole de sauce.
- J'ai oublié de racheter des pâtes, tu peux y aller s'il te plait ? Il y a de l'argent sur la table.
Il est sérieux ? Je suis épuisée et déjà en pyjama.
- Papa, s'il te plait... Il reste du riz regarde ! C'est bon du riz !
- Lana, ne discute pas. Vendredi, c'est le jour de ma spécialité italienne. Tu le sais très bien. Ca porte malheur de ne pas respecter la tradition.
Il n'est pas en colère mais je sais que papa ne laissera pas tomber l'affaire.
Une voix nous vient du salon :
-"Je vais y aller ! Je reviens vite !"
Léo dépose un baiser sur ma joue avant de murmurer :
- Je te dois bien ça frangine !
Il lit, sur mes lèvres, le mot "merci " et ne reviendra plus jamais...
***
- Lana, réponds putain ! Tu me fous la trouille !
Idriss roule beaucoup trop vite. J'en prends, soudainement, conscience. Les larmes coulent sur mes joues mais je ne sanglote pas. Je ne réagis plus à rien. J'attends d'être chez moi pour ça, pour calmer mes nerfs sur quelque chose, n'importe quoi.
Mais, je me rends, rapidement, compte qu'on ne prend pas la route de mon appartement...
- Idriss, tu m'emmènes où là ?
- Ton appart est trop loin, on va chez oim. Faut que tu te calmes un peu !
- Je suis calmée.
- On dirait que tu vas faire quelque chose de grave si je te laisse toute seule.
La mâchoire serrée, il se concentre sur la route.
- Idriss, s'il te plait..
- Non Lana. T'as pas le choix.
Nous roulons durant une petite dizaine de minutes. Je ne réalise pas vraiment où nous sommes. Dans ma tête, je revois tous les événements en boucle : mon frère est mort. A cause de moi. Parce que je ne voulais pas bouger ce soir là.
Nous franchissons la porte. Il est mort. Il n'y a pas beaucoup de décoration chez le jeune rappeur. S'il me revoyait un jour, Thomas a juré de me tuer aussi.
- Arrête de tourner en rond !
Mon impassibilité fait désormais place à une tornade. Je ne tiens plus en place. Je suis une vraie pile électrique qui risque à tout moment d'exploser. Je suis tellement à fleur de peau depuis deux mois. J'ai besoin de quelque chose pour me canaliser sinon ça va mal finir. Il faut que je trouve vite quelque chose.
Vite, vite, vite.
- Pourquoi t'es chelou comme ça ? Il s'est passé quoi là-bas ? "
La voix d'Idriss me semble lointaine. Un appel à la maison. J'ai marché jusqu'à la salle de bain. Mon frère s'est fait tirer dessus.
De toutes mes forces, je balance mon poing contre le mur. Mes phalanges saignent mais je ne ressens rien. Je ressens quelque chose de beaucoup plus douloureux... Quelque chose qui vit en moi depuis quatre ans.
Il faut que je remplace cette douleur tout de suite.
Ou je laisse tout tomber et je pars rejoindre mon frère.
Je m'écroule sur le carrelage. Mes jambes sont repliées et mes bras les entourent fermement.
Idriss me rejoint et s'agenouille à mes côtés, l'incompréhension se marque sur son visage.
- Mais t'es complètement cinglée ! Qu'est-ce que tu fous Putain ?
Il se rapproche et pousse un juron en voyant l'état de ma main. Il pose, délicatement, les siennes par-dessus.
"Lana, il y a un braquage en cours. Regarde les informations. Un mort."
- Lana !
Il me ramène à la réalité avant de reprendre :
- Dis moi ce que je peux faire...
Je relève la tête et observe celle d'Idriss qui dépasse à peine de sa capuche. Ses yeux sombres tentent de me comprendre mais il n'y parviendra pas. Pourtant, quand il me regarde comme ça, je repense aux paroles de Théo le jour du vol... Idriss ne veut pas se caser.
Et les paroles du principal concerné , des filles différentes toutes les semaines.
Le murmure de sa respiration me parvient. Mon regard se tourne quelques instants sur ses lèvres.
Je pose ma main valide sur sa joue. Il se laisse faire. Pourtant, il souffle :
- Tu fous quoi là ?
- Tu m'as dit que tu voulais faire quelque chose pour moi...
Je me redresse, il m'imite. Je déboutonne ma chemise et commence à me déshabiller.
Je ne suis pas alaise avec mon corps : j'ai des petites jambes, une poitrine généreuse et je suis loin d'être une personne musclée. Mais je suis trop dans le besoin pour m'en soucier maintenant.
- Change moi les idées... Juste un soir... Comme tu fais avec les autres.
Je me rapproche, sa main vient se poser sur ma taille.
Je dois faire un mouvement vers lui car nos lèvres se frôlent soudainement. C'est presque imperceptible.
Pourtant, c'est bien ce qui est en train de se produire.
Mes mains viennent se poser contre sa nuque et nos bouches se pressent, enfin, entièrement l'une contre l'autre.
Mon corps est en feu. Des frissons font également leur apparition. J'ai une drôle de sensation dans le creux de mes reins. Je dois me concentrer là-dessus et sur rien d'autre.
Il interrompt notre étreinte et je peux lire dans ses yeux qu'il s'interroge encore sur mon comportement. Je lui fais comprendre que je ne changerai pas d'avis en lui ôtant son sweat.
- Juste un soir, finit-il par conclure avec un sourire espiègle.
Et comme pour confirmer ses dires, il m'embrasse plus fort. Ses mains s'aventurent sous mes fesses. Il me soulève et nous emmène vers sa chambre. Sa bouche descend vers mon cou et la naissance de ma poitrine . C'est tellement agréable que je ne peux m'empêcher de gémir.
Nous enlevons ce qui nous reste de vêtements sans interrompre nos baisers.
Lorsqu'il prend possession de moi, ses doigts délicats continuent de découvrir mon corps.
Je ne pense plus à rien. Mon attention est entièrement tournée vers le jeune rappeur.
La dure vérité nous rattrapera plus tard...
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