Bonus - Invasion
Parce que c'est l'anniversaire de notre Framal aujourd'hui !
Je teste le point de vue omniscient. J'espère que ça vous plaira.
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Idriss Akrour avançait fièrement dans son appartement. Aujourd'hui était une journée très importante pour lui.
Bien-sûr, il était nerveux... Cependant, il était loin de l'être autant que la nana qui partageait sa vie depuis plusieurs mois.
Lana (la nana donc) était assise sur le canapé, se battant avec du matériel pédagogique. Idriss n'y comprenait pas grand chose et n'y voyait aucun intérêt.
Cependant, ce dont il était sûr, c'est à quel point Lana était belle.
Jamais il n'aurait imaginé sortir avec une petite meuf qui passait ses journées à enseigner les maths à de pauvres gosses sans défense.
Et pourtant, il était complètement ouf de cette nana, même s'il faisait souvent le mec blasé devant son squad.
Aujourd'hui, elle avait attaché sa crinière blonde et portait une robe noire (pour ne pas changer de ses habitudes). Ses atouts étaient mis en valeur comme il se doit. Son maquillage était très léger : un trait d'eyeliner, du mascara et le tour était joué.
Quand elle leva enfin ses yeux sombres vers lui, Idriss sut, dans la seconde, qu'il allait passer un mauvais quart d'heure :
— T'es obligé de porter ça ?
Lana n'avait jamais critiqué ses choix vestimentaires. De temps à autre, elle se moquait un peu de lui parce qu'il portait toujours une grosse veste au-dessus de son sweat, même l'été alors que tout le monde crevait de chaud.
Mais ce soir, elle n'avait pas envie de rire.
— Pourquoi ? C'est quoi le blem ?
Idriss fit la grimace. Elle le dévisageait comme s'il était un clown alors qu'il portait tout ce qui a de plus ordinaire : un jean noir, un sweat blanc "Seine Zoo Record" et une casquette sur la tête.
— Tu cherches les ennuies... souffla Lana en se dirigeant vers la chambre du Kabyle.
Idriss la laissait chercher, il attendait paisiblement que la machine à café fasse son travail avant de prendre le large pour leur destination d'un soir...Mais un bruit sourd le poussa à rejoindre sa meuf dans la pièce à côté.
Il retrouva Lana, trop occupée à jeter la moitié de ses fringues sur le lit pour remarquer sa présence dans la chambre.
Plus les vêtements volaient à travers la pièce et plus elle semblait à bout de nerf.
Et Idriss pouvait la comprendre.
Alors, même s'il mourait d'envie de l'envoyer chier parce qu'elle avait tout saccagé et qu'elle osait critiquer ses goûts, qu'il croyait sûrs, en matière de mode, Idriss décida de la rejoindre.
Il prit Lana par les poignets avant qu'elle ne puisse se déchainer sur un t-shirt du "S-Crew" qui datait de leurs débuts dans le rap game et la serra contre lui.
— Tout va bien se passer. souffla-t-il au creux de son oreille.
Lana se détacha quelques instants de son copain.
Les doigts fins du garçons vinrent se placer de chaque côté de son visage et il l'embrassa.
Lana se détendit aussitôt, laissant ses propres mains glissées le long de son dos.
Ils auraient fait n'importe quoi pour tout annuler et pour, ensuite, s'envoyer en l'air sur le champs, peut-être même toute la nuit.
Mais cela n'était pas envisageable.
Parce que c'était l'anniversaire de Lana ce soir. Et qu'un anniversaire se fêtait toujours en famille pour la petite blonde.
— J'espère que vous allez apprendre à vous aimer.
Aimer ? Certainement pas.
Toutefois, la prof y croyait dur comme fer. Quant à Idriss, il avait essayé de mettre toutes les chances de son côté en prenant des cours avec Ken.
Etrangement, le papa de Lana adorait discuter avec le grec. Ce dernier avait donc passé beaucoup de temps au studio, à lui donner des conseils et à lui proposer des anecdotes à évoquer. Ken était, d'une certaine manière, le Chidi d'Idriss. A tout faire pour que le garçon ne finisse pas au mauvais endroit.
— Je te promets de me tenir à carreau.
Comme si ça allait suffire, pensa-t-il soudainement.
C'était la première fois qu'ils allaient se revoir depuis que son daron l'avait menotté comme un chien, tout ça parce qu'il pensait le garçon coupable.
Un dealer de drogue ? Idriss en rigolait parfois avec ses potes. Il avait même un nouveau surnom : Pablo. Tout le monde adorait ce blase... sauf son reuf et sa nana qui tiraient la gueule jusque par terre quand il osait faire des blagues à ce sujet.
Mais ce n'était pas ça qui inquiétait Ie plus Lana. Car cette erreur aurait pu les mettre en position de force. Après tout, c'était son père qui avait fait une faute et qui aurait fini par condamner un innocent si sa petite fille chérie n'était pas intervenue.
Non, elle était à cran parce que son père avait eu accès à tout l'antécédent judiciaire du rappeur.
Et bon, lui qui aimait tant mettre en évidence ses qualités, cela risquait d'être très compliqué face à un homme qui savait tout de ses frasques.
Alors ouais, ils avaient de très bonnes raisons d'avoir peur ce soir.
Et ils n'étaient pas encore au bout de leurs peines.
***
Lana avait trouvé une chemise noire plus au moins convenable au fond de son armoire. Elle avait fini par balancer le vêtement, sans la moindre délicatesse, dans la tête du rappeur afin qu'il puisse se changer avant de partir. Elle lui avait confisqué sa casquette dans la voiture et l'avait également obligé à attacher ses cheveux. Lui qui adorait sa nouvelle longueur, il ne pouvait même pas se pavaner. Quelle tristesse.
Avant de s'échapper du véhicule. Idriss prit les mains de Lana dans les siennes . Il dévorait du regard ses yeux si sombres lorsqu'il déposa un baiser sur le front de la jeune femme.
Lana soupira :
— Je t'aime tu sais. Je suis désolée pour tout à l'heure. J'adore tes sweats.
Il savait tout ça.
Et cela suffit à lui donner le courage dont il avait besoin pour affronter le grand méchant Luke.
— Moi aussi je t'aime.
***
Lana était ravie.
Idriss avait fait de gros efforts. Il avait parlé de foot mais aussi de cinéma. Quand le sujet "Ken Samaras" était venu sur la table, le garçon s'était empressé de préciser qu'ils étaient les meilleurs amis du monde depuis toujours. Quant à son père, il pouvait compter sur sa nouvelle compagne pour faire la conversation.
La petite blonde déposa sa main sur la cuisse de son copain lorsqu'il se mit à parler de ses projets musicaux :
— Ouais. On fait généralement des tournées l'été, pour les festivals. Ici, on réfléchit avec l'Entourage, un de mes collectifs, pour refaire un petit concert. Juste un seul, mais, on sait pas encore où. Faut que ce soit balaise.
Luke acquiesçait et se rendit compte, à cet instant, qu'il n'avait jamais entendu le garçon rapper.
Il se saisit de sa tablette, celle que Lana lui avait offerte il y a quelques années et qu'il n'avait jamais utilisée jusqu'alors, et se mit en tête de découvrir le groupe du jeune homme.
Il faisait son maximum pour l'apprécier. Vraiment.
Le policier lança une recherche sur Youtube : "L'Entourage, chansons" (un vieux sur le net, que voulez-vous).
Les premières notes de "Caramello" se mirent en route lorsqu'il cliqua sur la première vidéo.
— Je rappe pas dans celle-là. déclara Idriss en prenant une nouvelle gorgée de son café brulant.
Luke appuya sur la flèche retour et choisit une deuxième vidéo : "Invasion".
— Ah ! Ouais, là je suis dedans. Deuxième couplet.
Idriss avait un énorme sourire.
Contrairement à Lana qui faillit lui arracher les cheveux.
Son copain n'était qu'un imbécile.
Elle essayait d'attirer son attention, il devait changer, en mettre une autre.
Ok, mais laquelle ? Elle n'en savait rien. Une du S-Crew peut-être, une qui ne parlait pas des femmes ou des flics.
Etait-ce possible ? se demanda-t-elle. Elle n'arrivait plus vraiment à réfléchir.
Mais elle n'avait pas à s'en faire, Idriss réalisa, rapidement, sa connerie.
Car quand les mots de Ken retentirent, il compris qu'il avait grave merdé.
"Pour les traces sur le sol y'a du Sopalin"
— Vous savez, il y en a des autres, bien meilleures. tenta-t-il alors que les yeux de son beau-père s'agrandissaient.
— Non. Je veux terminer celle-là.
— Tu es sûr papa ? hurla Lana pour camoufler la voix rauque qu'elle ne connaissait que trop bien.
Idriss aurait voulu disparaitre. Les ongles de Lana lui rentraient, désormais, dans la chaire. Elle était en colère.
Mais le coup de grâce fut donné par Jazzy Bazz : "Les poulets aiment se battre plus que préserver."
Il l'avait haï son pote ce soir là.
Et oui, il aurait voulu disparaitre car le silence qui prit possession de la pièce à cet instant fut des plus terrifiants.
Le genre de silence qu'il ne rencontrera plus jamais dans sa vie (si vous voulez mon avis).
***
L'ambiance de la soirée s'était dégradée. La femme de Luke avait essayé de changer de sujet mais Idriss avait senti le regard désapprobateur du flic posé sur lui durant le reste du diner.
Lana était triste. Elle ne savait pas cacher ses émotions. Elle jouait avec la pointe de ses cheveux. Le jeune Kabyle aurait voulu faire quelque chose, n'importe quoi pour la faire sourire.
Il tenta une blague de beauf, le genre de blague qui faisait toujours rire Lana (parce qu'elle était l'une des seules à apprécier à juste titre son humour de merde).
Mais rien ne fit.
Alors quand Luke prit la direction de la cuisine, le rappeur le suivit. Il ne savait pas trop quoi lui dire.
Cependant, Idriss n'eut d'autre choix que de se lancer lorsque Luke remarqua le garçon qui se tenait derrière lui :
— Ok. Je suis pas parfait : mon passé est un peu chelou et les paroles de nos chansons sont, peut-être, pas au goût de tout le monde. J'ai un métier compliqué qui me demande beaucoup d'énergie et de temps. Alors ouais, je suis pas parfait et Lana pourrait trouver quelqu'un de bien meilleur, avec un diplôme et un casier vierge... Mais je peux vous le garantir monsieur, personne n'aimera Lana comme je l'aime aujourd'hui. Je pourrai faire n'importe quoi pour elle et c'est aussi pour ça que je suis là, ce soir, devant vous, alors que vous vouliez me foutre au trou.
Il pensa, durant un court instant, avoir tout fait foiré.
Luke avait toujours le visage sévère, il réfléchissait. Le rappeur venait quand même de le traiter de mauvais flic...Mais il avait eu les couilles de venir lui dire ces choses en face.
Alors, il lui tendit sa main :
— Si vous la faites souffrir, je vous le ferais payer. Vous en êtes conscient ?
Le Kabyle gardait le sourire.
Il ne l'avoua jamais à personne mais il avait vraiment flippé ce soir là. Et le ton autoritaire de son beau-père le hanta durant de longues années.
Mais au moins, il avait réussi à passer le test.
Et Lana retrouva le sourire, c'était ça le plus important.
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