J'étais Ève
J'étais Ève. J'étais Ève. J'étais Ève. J'étais Ève. J'étais Ève. J'étais Ève.
On m'avait toujours dit que quand la mort murmurais à mon oreille, c'était pour m'amadouer, pour essayer de m'emporter avec douceur et qu'il ne fallait pas que je lui fasse confiance. Seulement, quand ça vous arrive vraiment, vous ne savez pas qui croire : ceux que la mort a emporter ou la mort elle même ? C'était la question que je me posais à ce moment précis, ne sachant que faire ni comment réagir. Alors je répétait juste qui j'étais, dans l'espoir éperdu d'avoir une réponse claire et précise.
— Cours ! hurla Kirsten tandis que Tom allait de l'avant pour prévenir et chercher de l'aide.
Il se précipita vers moi, le visage effrayer pour me tirer en arrière. Je l'avais ma réponse. Mais je restait sans bouger, encore hésitante face à ce choix crucial à faire.
— Putain, Ève ! Cours bordel !
Ses cris réussirent à me faire réagir. Je sentit sa main prendre la mienne avec soulagement et nous sortir de cet enfer. Il courrait devant moi, me forçais à avancer. En réalité, je ne faisait que le ralentir et cette constatation était tout simplement horrible. Je me sentait impuissante face à cela.
Contrairement à ce que vous auriez pus penser, ma vie ne défila pas devant mes yeux. Non, je pensais juste à survivre, coûte que coûte, laissant mon instinct primaire reprendre le dessus comme j'avais appris à le faire à cause de la Révolte. Mais cette sensation disparut bientôt et un étrange sentiment d'incertitude s'empara de moi. J'avais combattu toute ma vie, vu le sang des miens et les cadavres des autres. J'avais entendus mes pires cauchemars murmurer à mon oreille, sentit l'odeur âcre de la tristesse. Et j'avais enfin la possibilité d'en rester là.
Je tortilla ma main pour que Kirsten me lâche. La demande était claire, et je voulait par dessus tout le laisser s'enfuir sans que je ne sois un obstacle. Par réflexe, il obéit, et mes jambes se figèrent sur place, m'empêchant de continuer. J'avais peur. Pour la première fois depuis longtemps j'avais peur. Mais pas une peur anodine. Non, une terreur incontrôlable s'emparait de moi et elle était si forte que j'étais incapable de faire un geste.
Kirsten jeta un regard en arrière pour voir où j'en étais. Mais ses yeux devinrent rapidement horrifier et furieux en voyant ma position. Sans un mot il accéléra pour m'atteindre.
— Non ! criais-je.
Mais il ne m'écouta pas et tendit ses bras vers moi, comme si nous n'allions faire qu'un câlin, comme si nous étions en sécurité. Automatiquement, je m'élança vers lui pour entourer mes bras autour de lui, comme nous le faisions autrefois. Mes jambes s'enroulèrent autour de sa taille tendit qu'il fit brutalement demi-tour pour nous échapper d'ici. J'enfouit alors mon visage contre lui pour ne pas voir ce qui se déroulait autour de moi. Mais je savais ce qu'il se passait.
Des explosions, partout. La terre brune volait en l'air, des corps sans vies qui avaient été enterrés valdinguais partout, le ciel orange était apocalyptique, des voitures étaient enflammées tels de cadavres mécaniques, il y avait des corps hurlant sous l'effet des brûlures, des pleurs, des gémissements, des coups de feu, des bombes, des grenades...
— Ève, il faut qu'on prenne la voiture. Il faut que tu conduises pendant que je les ralentis. S'il te plaît. Tom est blesser au bras.
La voix essoufflée de mon ami me fit l'effet d'un électrochoc et je me sentit honteuse d'être aussi lâche. Nous affrontions des robots, j'étais une Éclaireuse bon sang, censée assurer le chemin et avertir les autres du danger. Il fallait à tout prix que nous atteignons la base pour les prévenir.
Je me décrocha soudainement de lui et me mît à courir de toutes mes forces. L'air brûlant giflait mes joues, asséchais mes yeux, me donnant envie de m'arrêter pour reprendre mon souffle. Je commençait à distancer Kirsten quand j'aperçus une voiture encore en état de marcher. Les vitres étaient brisée, on voyait du sang à l'odeur métallique et des impacts de balles sur le sièges mais il n'y avait pas mieux.
— Monte !
J'obéis à Kirsten et sauta sur le siège conducteur tandis qu'il s'installait sur le passager. Tom allait à l'arrière, tripotant son talkie-walkie et cherchait un signal. Je cherchait les clefs quand je remarqua des morceaux de... chaire ? Je retint un haut-le-cœur et démarra, ayant enfin trouver ce que je cherchait.
— Merde.
Des coups de feu retentirent, comme pour appuyer les propos de Kirsten. Le peu de verre qu'il restait au vitre se détacha en un bruit de porcelaine brisée. Je baissa légèrement ma tête et appuya sur l'accélérateur. Et tout d'un coup, tout allait trop vite pour moi. J'évitais de justesse les corps, les autres engins brûler et les obus. Je m'agrippa comme si ma vie en dépendait au volant et ne remarqua qu'aux bout de minutes angoissantes que Kirsten tirait lui aussi sur les hélicoptères.
— Bon sang tu es fou.
Kirsten eu un léger moment d'inattention, trop surpris pour faire quoi que ce soit. Il y avait de quoi : je ne parlait pratiquement jamais. Il se reprit rapidement, tira une dizaine de fois puis se tourna vers moi en m'offrant un superbe sourire :
— Je t'ai déjà dit que tu avais une voix magnifique ?
Je rit doucement malgré la situation et évita une nouvelle fois de justesse un muret presque entièrement détruit.
— C'est pas que c'est pas le moment mais on va se faire tuer les amoureux ! grogna Tom en me lançant un regard noir auquel je répondit par un haussement d'épaule tout en songeant qu'il était aussi important et protecteur qu'un grand frère ce qui me donna envie de sourire.
Je sentait l'adrénaline monter encore plus, couler comme de la lave dans mes veines. J'avais envie de tout déchirer, d'y arriver. Cette rage envahissait mon être entier peu à peu, me disant que c'était injuste et que je me devais de faire payer ce prix personnellement.
Brusquement, je me sentit comme décoller du sol. Je ne compris pas tout de suite : cette impression de légèreté me donnait l'irrésistible envie de rire, de jouer avec cette apesanteur mais une partie de moi désirais que cela s'arrête. Car non, ce n'était pas normal. J'étais dans une voiture. A peine eu-je le temps de penser ça que je sentit tout mon corps entrer en collision avec le sol. Un airbag inutile se déclencha quelques secondes après.
J'étais sonnée, j'avais mal partout et je n'arrivait pas à penser correctement. Seul un mot, un prénom résonnait dans mon crâne.
Kirsten. Kirsten. Kirsten.
Et puis, un instant plus tard, un autre surgit.
Tom. Tom. Tom.
— Kirsten ? toussais-je en détachant ma ceinture de sécurité que j'avais pas miracle accrocher. Tom ?
— Mon Dieu, Ève ! Ça va ?
Je grimaça et ne répondit rien, cherchant une issue. Je ne savais même pas qui avait parler. Était-ce Kirsten ? Non, la voix était trop rauque. Tom ? Peut-être, j'avais oublié. Mon cerveau 'e fonctionnait pas correctement puisque j'étais dans une phase où réfléchir à des choses aussi futiles n'avançaient pas : l'instinct le plus primaire de survie.
Soudainement, la voiture commença à décoller du sol. Je tomba à la renverse et passa par le trou béant du pare brise pour percuter assez sèchement le sol. Ce que je vit me stupéfia. Un hélicoptère avait accrocher un grappin à l'arrière de la voiture après nous avoir lancer une grenade qui avait malheureusement pour eux atterrit à côté de nous.
Kirsten s'extirpa de la voiture avec Tom et ils sautèrent pour se retrouver à ma droite, au sol. Je toussa longuement ayant inspirer trop de poussière quand la voiture s'était écraser contre le sol terreux.
Il fallait que nous nous relevions. Il fallait que l'on parte. Il le fallait. Mais mes muscles s'étaient comme diluer et il semblait de même pour Kirsten et Tom. Je puisa la force de me mettre sur mes pieds quand Kirsten hurla :
— ÈVE !
Je ne compris pas tout de suite avant de ressentir l'impact de plusieurs balles contre moi. Je resta quelques secondes, bouche bée, fixant le robot qui avait tirer sur moi. Je ressentait une douleur vive s'emparer de moi mais je tins bon quelques secondes encodés. Puis mes membres semblèrent disjoncter et je m'effondra au sol.
— ÈVE, PUTAIN.
Kirsten réussit à se lever et me hissa sur ses épaules. Une énergie nouvelle semblait l'habiter mais j'avais trop mal pour l'encourager ni même bouger. Je voulais juste que ça s'arrête. Je pressait sauvagement mes plaies tout en sachant que ça ne servait à rien. Je ferma un instant les yeux et quand je les rouvrit nous étions déjà une dizaine de mètres plus loin. Je sentit qu'on me déposait au sol et vit que nous étions derrière un mur imposant.
— C'est bon, n'ai pas peur, nous sommes en sécurité. Raconte moi quelque chose. Parle moi. Juste, parle. S'il te plaît.
Sa supplication m'était insupportable. Ses gémissements, sa voix qui s'éteignait peu à peu, ses yeux qui brillaient fiévreusement... Au bout du compte, on aurait pus croire que c'était lui qui agonisais et non moi. Seulement, il avait cette vivacité poignante, cette aura réelle qui disais que oui, il vivais, qu'il respirait, qu'il n'était pas au seuil de la mort. Tout le contraire de moi. Je toussa soudainement crachant un mélange de sang et de salive absolument répugnant.
— J'ai... j'ai froid. murmurais-je d'une voix rauque.
— Ne t'inquiète pas, c'est normal. Ils... ils vont arriver, j'ai envoyer Tom et même si il voulait pas partir pour veiller sur toi, il y est aller. Il y va pour aller les chercher. C'est bon, tout va bien.
Le ton qu'il prenait montait bien qu'il cherchait plus à se le faire croire à lui même. Ses yeux glaciers semblaient si désespéré.
— Hé. Ne pleure pas. soufflais-je.
Il plongea son regard dans le miens. Ce que je vit dans ses prunelles me brisa le cœur. Il avait mal. Mal au cœur. Mal a l'âme. Lui qui avait toujours combattu, qui avait perdue tant de choses, qui supportait tellement de fardeaux insoutenables était... brisé. Et il était totalement impossible pour lui de me laisser là. Sauf que c'était ce qu'il devait faire.
— Tu vas aller les chercher ? demandais-je.
— Je peux pas te laisser seule ici. Tom y va déjà.
— Mais je serais rassurée si tu vas avec lui.
Kirsten secoua la tête et appuya son front contre le mien. Son souffle se mêla au mien, créant une mélodie rapide de nos respirations saccadées. Je clôt mes paupières et sentit des gouttes d'eau salée glisser sur mes joues. Sauf que ce n'était pas moi qui pleurait.
— Je vais bien d'accord ? Je vais bien.
Kirsten me força à le regarder.
— Non tu ne vas pas bien. Mais on va s'en sortir d'accord ? Tous les deux. C'est ça ou rien.
— Arrête. murmurais-je. Arrête.
Il ouvrit la bouche, sans doute pour dire encore quelque chose d'absurde alors je plaqua mes lèvres sur les siennes, pour me faire taire, pour qu'il ne dise pas de bêtise. Et parce que j'en avais envie.
— Ça va aller. Ça me va. lui confiais-je entre deux baiser.
— Non. Je ne peux pas te laisser. Encore moins après ça. lâcha Kirsten.
Je sourit et le fixa droit dans les yeux, admirant ses iris bleu unique tout en songeant qu'il était l'une des plus belles choses qui était arrivée dans ma vie. Vous savez, ce genre de chose qui pouvais vous rendre meilleurs en quelques instant, qui savait vous faire changer positivement, qui croyais en vous plus que vous même et que toutes les personnes qui vous connaissais. Ce genre de personne qui était une sorte d'étoile brillante, étincelante, vivante.
— Ça me va je te dis. Ça me va. Promet moi juste que tu diras à Tom qu'il était comme mon frère.
— Ève, tu lui diras ça toi même d'accord ? On va y arriver.
— Écoute moi. Ça me va. Ça me va, je te jure que ça me va.
La douleur se faisait de plus en plus forte et je commença à pleurer, pleurer ma rage, ma tristesse mais aussi mon soulagement. Tout allait s'arranger. Absolument tout. Kirsten me serra contre lui, me prodiguant d'une dernier étreinte, d'une chaleur tendre sans nom, pressant ses lèvres sur le haut de mon crâne en fermant les yeux, comme pour échapper à la réalité.
J'étais Ève. C'était mon prénom. Je vivais en cinq mille trente quatre. L'oxygène était de plus en plus rare. La radioactivité était de plus en plus présente, causant des milliards de morts. Les autorités et gouvernement gardaient tout pour eux, les riches arrivaient à s'en sortir. Mais nous, les pauvres, les gens rejeter, étions condamner à mourir de faim, d'asphyxie ou de maladie. Les robots tueurs avaient été créer pour nous exterminer. Nous nous cachions désormais dans des souterrains, travaillant au service de la liberté. J'était une Éclaireuse. Je pouvais bientôt devenir une avait garde. Nous étions traquer, torturer et tuer par les robots. Nous nous battions. Jusqu'à la fin.
J'étais Ève. C'était mon prénom. Je vivais en cinq mille trente quatre. Et j'étais morte.
/!\ Je risque de faire quelques modifications notamment sur l'orthographe, ce n'est pas mon rendu final pour le concours /!\
J'espère que vous avez apprécier lire !
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