Chapitre 41
Un jour, je retrouvai un vieux téléphone portable qui traînait sur une banquette du salon de thé.
Quelqu'un l'avait oublié là et pourtant, personne n'était venu le réclamer. Bizarre. En même temps, c'était un vieil engin qui semblait juste bon à être jeté.
Lorsque je tombai dessus en nettoyant l'établissement ce matin-là, je le fixai avec curiosité.
Quelqu'un d'autre l'aurait sûrement jeté à la poubelle sans réfléchir, car il était vieux, abimé, sale et les batteries avaient rendu l'âme, mais moi je n'étais pas comme tout le monde.
Je passai en revue tous nos clients. Puis, soudain, je sus à qui il appartenait. Je n'avais aucun doute sur l'identité du propriétaire.
Je traversai l'établissement pour rejoindre Théodore en cuisine. Lucille leva la tête lorsque je débarquai dans son antre. L'odeur de ses tartelettes aux fraises était à tomber par terre.
-Regarde ce que j'ai trouvé sur une banquette. J'en fais quoi ?
-T'as vu le machin ? Jette-le !
Je le fixai, embarrassée, serrant contre moi le vieil appareil.
Je ne voulais pas le jeter. Non, il devait être important pour quelqu'un.
-C'est pas ton genre de dire ça, dis-je à Théodore, d'habitude toujours si sensible et bienveillant.
-Pas mon genre de dire quoi ? me demanda-t-il, surpris.
-De me dire de le jeter.
-M'enfin Sloann, tu as vu l'ancêtre ?
-Tu ne veux pas que je retrouve son propriétaire et qu'on le lui rende ?
-Écoute, je comprends bien ce que tu me dis, mais toutes les semaines, des gens oublient des trucs ici. Bientôt, je pourrai faire une brocante et gagner plus d'argent qu'avec mon salon de thé.
-Mais...
-Tu peux le garder et rechercher son propriétaire. Fais comme tu le sens, Sloann.
-Merci Théodore.
Il me fixa, étonné par ma détermination soudaine. J'étais plutôt du genre discret et renfermé. Ma réaction était quelque peu inhabituelle.
-Tu sais déjà à qui il appartient, n'est-ce pas ? demanda-t-il soudain.
Je le regardai d'un air espiègle.
-Je pense avoir deviné, avouai-je en souriant.
-Pourquoi c'est si important pour toi?
-Je ne sais pas trop ...
-Bien sûr que tu sais !
-Peut-être que j'en ai marre d'avoir des regrets.
-Alors, fonce !
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