Chapitre 24

     Quelques semaines après la rentrée, la curiosité me poussa à passer par la rue de Salomé.

Il pleuvait mais cela m'était égal. J'avais besoin de la voir, de savoir que tout allait bien pour elle. Ou peut-être constater que je lui manquais un tout petit peu. J'avais imaginé mille fois dans ma tête nos retrouvailles. C'était toujours incroyable et émouvant. Mais, au fond, je savais que cela n'arriverait pas. Tant que j'avais peur d'Eléah, je n'oserais jamais me réconcilier avec Salomé. Pourtant, j'espérais toujours alors que c'était perdu d'avance.

Je me cachai entre deux voitures et observai sa maison depuis ma cachette. J'espérais la voir apparaître. Le souffle court, je fixai la rue sans oser cligner des yeux de peur de la louper.

Oserais-je l'approcher, lui parler, lui demander si tout allait bien pour elle dans sa nouvelle école ? Peut-être que je pourrais arranger les choses, lui demander enfin pardon ?

Soudain, je l'aperçus sur le trottoir. Je la reconnus directement. Sa démarche, sa façon de porter son sac à dos, sa coupe de cheveux. Mais elle n'était pas seule.

Cette vision me glaça sur place.

Elle marchait avec une fille de son âge. Une petite blonde dynamique qui riait très fort et qui lui parlait de façon enjouée. Elles parurent très proches et cela me chagrina.

Surprise par cette découverte, je fixai Salomé marcher avec son amie. Elle n'était pas du tout esseulée. Les deux jeunes filles avaient même plutôt l'air de très bien s'entendre.

Je restai figée sur place à les observer. Bientôt, la porte d'entrée se referma sur elles.

Je me souviens être restée là, sous la pluie, à fixer la maison d'un air hébété. Je devais digérer ce que je venais de voir.

Salomé s'en sortait plutôt bien. Sûrement m'avait-elle déjà oubliée ?

Avait-elle tourné la page ?

J'aurais certainement dû être contente pour elle mais non, je fus dévastée. Salomé m'avait remplacée, elle avait tiré un trait sur le passé.

Trempée jusqu'aux os, je marchai dans le quartier sans but précis, tout en réfléchissant à ce que je venais de vivre ces dernières années. Tous mes choix m'avaient amenée à cet instant précis. 

Tout était de ma faute. 

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