Chapitre 2
Je me rappelle distinctement de sa robe.
Comment l'oublier ?
Elle était bleu ciel avec de belles fleurs blanches. Je m'en souviens comme si c'était hier. Ses cheveux bruns, lisses et brillants, encadraient son visage avec perfection. Elle avait le teint rosé et de jolies pommettes qui lui donnaient un air de petite fille modèle.
Je me souviens avoir automatiquement lissé mes cheveux hirsutes avec mes doigts. Ma chevelure n'était ni brillante ni soyeuse comme la sienne. La mienne était d'un brun quelconque indéfinissable, elle n'était ni raide ni bouclée. Le matin, je passais de longues minutes à brosser mes cheveux sans obtenir le résultat escompté. C'était sans espoir. Heureusement, j'avais hérité de deux beaux yeux verts mais bizarrement, lorsque je vis Eléah, rien n'était à la hauteur de sa beauté diaphane. Elle détrônait toutes les filles de la classe.
Eléah ne m'avait étonnamment pas souri, elle n'avait souri à personne en fait. Elle avait juste observé les élèves avec suffisance, avec une confiance absolue en elle.
À cet instant, elle savait pertinemment qu'elle était la plus jolie fille de la classe, sûrement même la plus jolie fille de toute l'école. Elle savait que sa robe était magnifique et qu'elle coûtait beaucoup plus cher que tous nos vêtements réunis. Elle savait aussi que les regards étaient braqués sur elle. Ébahis. Hébétés.
Eléah savait tout ça ; elle n'avait pas besoin qu'on lui fasse un dessin.
Elle ne nous parla pas, elle ne s'approcha pas de nous, comme pour garder la distance et nous faire comprendre qu'elle n'était pas du même monde que nous. Pas besoin d'insister, on l'avait déjà très bien compris par nous-mêmes.
Du haut de mes neuf ans, je la scrutai, bouche bée, impressionnée par sa prestance.
On aurait dit une princesse qui sortait tout droit d'un de nos dessins animés préférés ou qui s'était évadée d'un de nos contes de fées. On aurait dit qu'elle n'avait pas le même âge que nous. Elle ne pouvait pas avoir neuf ans. Impossible.
Lorsqu'elle croisa mon regard, je me sentis comme électrisée.
Elle me fixa sans ciller.
C'était moi qu'elle regardait et personne d'autre.
Étrangement, je m'imaginai directement devenir son amie. Sa présence m'avait comme envoutée. Il n'y avait plus qu'elle qui brillait dans la pièce, le reste du monde paraissait soudain bien pâle.
Je me souviens avoir espéré devenir sa meilleure amie, tout comme n'importe quelle petite fille l'aurait souhaité. À cet instant, je ne pensai plus à Salomé ni aux autres jeunes.
Je me souviens avoir espéré ardemment devenir sa meilleure amie sans imaginer un seul instant tout le mal qu'elle serait capable de me faire.
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