Chapitre 14

    La semaine suivante, ce fut la réunion des parents où ma maman s'empressa de se rendre. Elle voulait comprendre ce qu'il se passait. Comme je n'étais pas très bavarde, elle irait chercher les informations à la source.

Je me rappelle nettement qu'elle était restée seule avec madame Aria pour discuter de « mon cas ». 

Sur le chemin du retour, maman posa un regard protecteur sur moi :

-Madame Aria m'a parlé de la nouvelle fille dans ta classe.

Je levai les yeux vers elle, méfiante. Qu'est-ce que madame Aria avait-elle bien pu raconter à maman ? Avait-elle parlé de la punition ou de l'histoire de la tricheuse?

-Elle s'appelle Eléah, c'est ça ?

-Oui.

-Tu t'entends bien avec elle ?

-Ça dépend.

-Madame Aria dit qu'elle change d'amies comme de chemises. Elle a l'air d'avoir un sacré caractère.

-Eléah est mon amie, rétorquai-je, en tirant la tête.

Cette discussion me mettait mal à l'aise. Je voyais bien que maman n'appréciait pas ma nouvelle camarade. Je ressentais sa suspicion. Sans vraiment saisir pourquoi, cela me mit en colère.

-Ton amie ? Pourquoi tu ne m'en parles jamais ?

-Parce que je ne suis plus un bébé.

-C'est pour ça que tu t'intéressais au livre de Barjavel, la fois passée ?

-Oui.

-Tu aurais pu m'en parler. On aurait cherché le livre à deux.

-Je sais chercher un livre toute seule.

-Oui bien sûr, répondit maman, surprise par mes réactions vives. Je restai ensuite silencieuse, sur la défensive.

-Et Salomé ? Pourquoi je ne te vois plus avec Salomé ?

-Ce n'est plus vraiment mon amie.

-C'est dommage. Vous vous êtes disputées ?

-Maintenant, je suis amie avec Eléah, c'est tout.

-Et Eléah, elle est gentille avec toi au moins ?

J'hésitai un long moment avant de répondre à cette question.

J'aurais pu tout déballer. Parler de son attitude changeante, de ses paroles si dures, de ses mensonges, de ses moqueries, de mes doutes et de mes peurs ... mais quelque chose me retint.

On ne parlait pas de n'importe qui. On parlait d'Eléah.

Eléah, c'était Eléah.

Du haut de mes 9 ans, bientôt 10, je n'avais aucune idée de comment expliquer mon quotidien à ma maman. Chaque anecdote avait l'air sans importance. Juste des histoires de bac à sable. C'était l'ensemble qui devenait perturbant et problématique.

-Eléah est-elle gentille avec toi, Sloann ? Insista maman en serrant ma main dans la sienne.

-Mais oui, maman, elle est gentille.



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