Ce matin, Tom prend le premier bus, celui qui passe un peu trop tôt. Il ne devrait pas avoir besoin de prendre ce bus là, d'ailleurs, il est vide, parce que personne n'a besoin de lui, mais il le prend quand même. La silhouette du bus, sombre, fine, se détâche entre les voitures, qui semblent toutes petites à côté. Le véhicule tangue un peu. Oscille. Vacille. Comme une petite flamme noire.

Le front appuyé contre la vitre froide, Tom regarde les lumières. Pâles, fantômatiques, elles projettes des nappes claires dans le petit matin. Il fait encore nuit, mais l'aube n'est pas loin, elle sera bientôt là, tout près, tout près.

Sept heures onze.

Tom descend du bus, et celui-ci repart aussitôt pour disparaître comme un rêve entre deux bâtiments de vieille pierre lourde. Sans un mot, il traîne ses chaussures abîmées sur le goudron humide. Il sait où aller, il y va toujours. Toujours au même endroit.

Ce matin, comme tous les autres, Tom fume devant l'église St André.

Et ce matin, comme tous les autres, elle est là.