Mia_M-30

Je cours sous la pluie battante et j'essaye d'éviter le maximum des flaques d'eau. Mon pied rippe et atterrit dans une mare boueuse. Je jure et continue ma course.

Essoufflée, j'arrive en courant à l'arrêt de bus. Au loin, je vois le dernier s'éloigner doucement. C'est mort pour le rattraper et maman va m'engueuler. Tant pis.

Après avoir retrouvé mon souffle, je m'essore les cheveux. J'adore la pluie mais je déteste mes cheveux. Bouclés et châtain marronnasse. Le pire, c'est qu'ils sont épais. Ils mettent quarante mille ans à sécher. En revanche, j'adore mes yeux, de beaux yeux verts.

Je m'assois sur le banc de l'arrêt en grimaçant quand l'eau de mon pantalon me fait froid sur les cuisses. Je sens ma chaussette mouiller petit à petit mon pied. Je soupire mais n'essaie pas d'enlever mes chaussures. Je regarde mon portable pour tuer le temps et vois que ma meilleure amie m'avait envoyé un message. Je réponds en soupirant. Elle m'agaçe à me harceler comme ça. On s'est vu il y a à peine une heure.

Je vois au loin un garçon courir sous la pluie. Il a à peu près mon âge vu de loin. Il court dans ma direction et quand il atteint l'abri-bus, il soupire de soulagement.

Il me regarde et sans savoir pourquoi je rougis bêtement. Je maudis une nouvelle fois mes cheveux qui dégoulinaient sur mon visage et mon mascara qui coulait. Ce mascara que j'avais mis pour faire plaisir à ma meilleure amie. Je la maudis en même temps du coup.

Pour revenir au garçon, il était beau. Pas mignon, beau. Il paraissait déjà adulte avec sa barbe de quelques jours. Il était brun et ses yeux marrons comme des noisettes étaient magnifiques. Il s'aperçoit que je le fixe et il me dit :

- Le bus vient de partir, non ?
- Oui. Je l'ai loupé aussi... Tu vas à quel arrêt ? je le questionne, en me reprenant.

J'ai toujours été sociale et bavarde et ce n'est pas un beau garçon qui va m'empêcher de parler.

- À l'arrêt Saint Louis.
- Oh ! Je vais à l'arrêt juste avant ! À Dempierre.

Il ne répond rien et s'assoit sur le banc à côté de moi.

- Et sinon, tu t'appelles comment ? essayé-je de relancer la conversation.
- Erwan.

Raté. Mais ce n'est toujours pas ça qui va me décourager de lui parler. Pour moi, une personne qu'on connaît pas, ce n'est pas un inconnu, c'est un ami qu'on ne connaît pas encore. Et tant pis s'il me prend pour une folle, je m'ennuie et j'ai envie de le connaître.

- Moi c'est Mia ! Enchanté de te connaître, Erwan ! J'espère qu'on va devenir amis !

Je lui tends ma main et il la serre avec un grognement. Pourtant, il semble assez amusé par mon comportement.

- Pourquoi on ne jouerai pas à un petit jeu en attendant le bus ? lui proposais-je avec entrain.
- Si tu veux... soupire-t-il comme s'il était obligé de contenter une enfant capricieuse.

Ça tombe bien j'en suis une.

- Je te pose une question, et si tu ne veux pas répondre, tu as un gage. Et après on inverse !
- Je peux commencer ?
- Oui. Vas y !
- Pourquoi tu veux absolument jouer à ce jeu ?

Facile.

- Parce que tu m'intrigues. Tu parais mystérieux et timide et pourtant tu oses me répondre. Et comme tous les gens que je rencontre, je les considèrent comme des amis potentiels, j'ai décidé de te connaître un peu plus...

Un long silence suit ma tirade. Il me regarde comme si c'était la première fois.

- À moi ! m'écriais-je. Pourquoi tires-tu une telle tronche ?
- Parce que je déteste la pluie. Et parce que mon père le sait très bien et qu'il m'envoie tout de même à l'autre bout de la ville chercher ses clopes.
- Tu détestes la pluie ?!? Comment tu peux la détester ?? La pluie c'est génial, ça apporte la vie et c'est comme une musique qui berce tes oreilles. Tu peux vivre uniquement de pluie alors que le soleil tue.
- La pluie apporte des maladies.
- La pluie c'est un peu d'océan que le ciel nous apporte.
- La pluie c'est de la merde : ça mouille !
- Bravo Captain Obvious ! "La pluie, ça mouille" ! T'as d'autres arguments comme ça ?

Je le vois sourire, d'un vrai sourire, de ceux qui illuminent une journée, qui donne envie de serrer celui qu'il le fait contre soi. Je souris à mon tour fière d'avoir réussi à discuter avec lui.

Et de l'avoir fait sourire.

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