-𝐓𝐮 𝐧'𝐞𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐬𝐞𝐮𝐥𝐞

Je ne savais pas si tout le monde s'était rendu compte de ce qu'il se passait, où si j'étais la seule à observer assez attentivement ce qu'il se passait, quoiqu'il en soit en soit j'avais vite compris de quoi il retournait.

J'avais d'ailleurs de tout cœur espéré que la deuxième option était la bonne car je ne serais pas parvenue à accepter le fait que les autres élèves ignorent délibérément sa souffrance.

Et ce qu'ils lui avaient fait subir cette première fois n'était que le début. Il ne s'écoulait pas un jour sans qu'ils ne la prennent à partie, lui glissent subrepticement des menaces, lui jettent des boulettes de papier ou ne la poussent de façon brutale.

Plus d'une fois, je l'avais aperçue, hésitante, près du bureau du proviseur, mais à chaque fois elle avait retroussé chemin, soit parce qu'un de ses harceleurs la rejoignait pour l'en éloigner ou parce que, à mon avis, les remarques de ces derniers lui revenaient en tête.

Au début, je pensais qu'elle s'était ouverte à ses amis de ce qu'elle subissait, ou que ceux-ci avaient remarqué son étrange comportement, mais encore une fois ce n'était pas le cas. Du moins je crois.

De jour en jour, la douce jeune fille, sereine et appliquée, cédait la place à une pâle copie de celle qu'elle était autrefois.

Elle perdait du poids, avait des cernes de panda qui lui creusaient le visage, était sans cesse sur la défensive et elle, autrefois si maîtresse d'elle-même, avait l'air sur le point de s'effondrer à tout instant.

Un jour, peu après les vacances de Noël, elle s'était évanouie au milieu du couloir. Ses amis avaient enfin réalisé qu'il y avait un problème et pas des moindres. Dans le même temps, j'ai commencé à me rapprocher d'elle.

Il faut dire que, sans jugement aucun, ses amis étaient loin d'être très présents pour elle; et la voir seule, à la merci de ces imbéciles m'était tout simplement insupportable.

Ce n'était pas de la pitié, plutôt un terrible sentiment d'injustice et une envie de l'aider, de la voir de nouveau heureuse.

Elle était très farouche, avait visiblement peur que je ne cherche à lui nuire moi aussi. Je comprenais sa méfiance, mais peu m'importait sa distance : j'étais là pour l'aider.

Alors quand je voyais les trois compères venir dans sa direction, je lui prenais de force le bras et l'emmenais loin d'eux, auprès de mes amis.

Avec eux aussi, elle était un peu froide. Mais je leur avais parlé de ce qu'il se passait et ils faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour l'aider.

Malheureusement, nous ignorions que faire pour lui rendre son sourire passé, et malgré leurs efforts mutuels, mes amis et elle ne se sont jamais vraiment rapprochés.

J'avais bien sûr décidé d'alerter le proviseur, malgré sa réticence.

La première fois, elle avait réussi à m'en dissuader, tremblante de peur à l'idée du sort qu'ils lui réserveraient. Mais à peine une semaine plus tard, alors que je voyais son état se dégrader, encore et encore, je m'étais rendue sans lui dire dans le bureau du chef de l'établissement.

C'était un vieux monsieur, dans la soixantaine, atteint d'une calvitie, avec des petites lunettes rectangulaires et un regard bleu délavé par le temps.

Je le revois très bien, affalé dans son fauteuil, l'air ailleurs. Je lui avais tout raconté : les insultes, les coups, les menaces, sa souffrance, sa peur...tout.

Il m'avait écoutée avec attention m'avait-il semblé, sans m'interrompre une seule fois.

À la fin, il m'avait répondu, d'une voix où perçait une certaine lassitude "Écoutez, jeune fille, c'est très généreux de votre part d'être ainsi venu me voir. Mais voyez-vous, je ne sais pas trop que faire des informations que vous m'avez données. Si j'avais des preuves de ce que vous avancez, la situation serait peut-être différente. Malheureusement ce n'est pas le cas. Et puis, accuser quelqu'un de harcèlement est quelque chose de très grave ! De plus, les personnes dont vous parlez sont des élèves très sympathiques qui n'ont jamais été mêlés, du moins à ma connaissances, dans des affaires de ce genre.
Et puis, si c'était aussi grave que ça, elle serait venue me voir en personne. Allons, c'était très gentil de votre part de venir mais il est temps de retourner en cours."

Et il m'avait congédiée, avant que j'ai pu dire un mot. Il m'avait fallu du temps pour digérer cette réaction. Et pour me défaire de ce sentiment d'impuissance qui me collait à la peau.

NDA : Je fais une petite note, pour préciser quelque chose. Dans cette nouvelle, les adultes ne sont pas forcément très présents pour aider la jeune fille. C'est ce qui est arrivé à certains mais sachez que même si en apparence vous êtes seul, parlez-en à un adulte, il pourra vous aider. Vraiment. Ne restez pas seul, parlez-en à vôtre entourage...

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