Chapitre 9 : Charlie


DIMANCHE 22 MAI 2016, 06 : 38 A. M.

TIME SQUARE, NYC

APPARTEMENT DE CHARLIE

Emmitouflée dans une robe de chambre éponge, Charlie sirote son thé Earl Grey portant son regard sur la ville qui revêtit petit à petit son visage journalier. Elle aimait ce moment de la journée pour aller marcher avec sa fille, à Central Park, observer le monde nocturne s'entrechoquer avec le monde diurne calmement et paisiblement.

Le ciel se tâche peu-à-peu de rayons roux, retrouvant progressivement son azur, l'océan à la bordure d'Ellis Island se teinte lui aussi d'une couleur orangée. La petite sphère rougeâtre caractéristique de ce phénomène apparaît à l'horizon, éblouissant de sa prestance.

Alors que le ciel se distingue entièrement dans les yeux de Charlie, un petit être frêle lui grimpe sur les genoux se blottit dans le tissu chaud qui la recouvre. Kylie pose son oreille à l'emplacement du cœur de sa tutrice. Atteinte d'une malformation cardiaque, la petite se sens rassurer d'écouter un cœur battre régulièrement.

Attendrie par l'attitude de sa protégée, Charlie lui frotte affectueusement le dessus du crâne. La respiration de Kylie lui semble fortement archaïque. Inquiète, Charlie se relève, Kylie toujours dans ses bras, la prévient de la prise de son traitement. Rejoignant la cuisine, en passant par la chambre de la jeune femme, elles remarquent toutes les deux, qu'un corps entièrement nu, habitant les draps rouges du lit, dort encore à point fermé.

Arrivées dans la cuisine, Charlie pose la petite fille sur le bar et se dirige vers l'étagère à pharmacie.

« - Maman, j'ai mal ! Désespère la petite en empoignant son tee-shirt au niveau du cœur, les larmes aux yeux.

- Je sais ma chérie, prend tes médicaments et après tu iras te recoucher, lui annonça-t-elle en lui tendant un verre d'eau et une dizaine de pilule, d'accord ma puce ?

- Oui, murmure la petite, ingurgitant son traitement à bout de souffle. »

A la fin de son verre d'eau, la petite Kylie leva les bras vers sa mère pour qu'elle l'emmène dans sa chambre. Charlie l'installa confortablement dans son lit, la bordant jusqu'à son menton. Elle lui dépose sur le nez et la bouche, un masque à oxygène, précautionneusement désinfecté. La petite s'endors rapidement avec l'aide respiratoire artificiel, sous le regard meurtri mais tendre de Charlie.

Une larme lui échappe, puis une suivante. Sa petite fille, en attente d'une greffe depuis six mois, meurt à petit feu devant ses yeux. Son état se dégrade de jour en jour, dans quelques jours, elle n'aura plus la possibilité d'aller à l'école, apprendre et jouer avec ses camarades. La fatalité patiente derrière notre porte. Décidée à se vider la tête, la jeune femme se dirige à nouveau vers son balcon, une cigarette coincée entre ses lèvres.

* * * * *

10 : 30 A. M.

Huit clopes et plus de trois heures plus-tard, Charlie se décide à partir se doucher.

Une quinzaine de minutes plus-tard, les gouttelettes tombent sur sa peau lisse et pâle. Des larmes salées viennent se mélanger à l'eau claire de la douche. Son malheur persiste, son passé devient son présent et son futur. Frappant brutalement le mur de la douche, le bruit résonne comme un cri de désespoir. Elle n'a personne à qui confier ses souffrances, pas de famille, pas d'amis, personne..., ses épaules s'affaissent de jour en jour. Le malheur refait surface. Les larmes lui échappent sans jamais cesser leur descente le long de ses joues. « J'en ai marre. » murmure-t-elle sa peine, son combat de tous les jours. La vie de sa fille lui file entre les mains, sa mère l'a abandonné alors qu'elle avait la possibilité de l'élever, aujourd'hui, elle sait qui sait. Son passé dur à encaisser, lui pèse sur les épaules désespérément, gâchant sa vie sociale et sentimentale. La femme habitant son lit, sa collègue la pousse à bout pour connaître son secret. Ce secret est la réponse à tous les chaos de sa vie, sa différence est devenue un défaut, une cause pure de rejet pour sa génitrice. Le poids sur ses épaules s'évacue de façon infime de ses yeux par le biais de ces si particulières goûtes d'eau salées. Un cri de désespoir lui échappe.

Un court instant plus-tard, un corps chaud, soudain, vint se coller à son dos. Sursautant de surprise et par une intense décharge d'émotion, Charlie essaye de se retourner vers la personne qu'elle a reconnût aux simples doigts sur ses hanches. Cette dernière l'en empêche.

« - Alexis... que faites-vous ici ? Demanda Charlie dans un souffle, baissant d'avantage la tête vers le sol.

- Ton cri m'a réveillé, je me suis inquiétée.

- Ce n'est rien d'important. »

Ce murmure ne voulait rien dire de bon. Alexis ressentant toute la peine de la jeune femme, ne put empêcher un sentiment de compassion lui tordre le ventre. Charlie semblait si forte chaque jour, même pendant son ignorance. Son corps changeait, mais son regard restait froid et distant comme au premier jour. Laissant ressortir sa compassion de son corps, Alexis se mit à la caresser affectueusement ses épaules, sa nuque, son dos et ses côtes. La peau en dessous de ses doigts, frémit de ce touché.

Un sanglot étouffé s'échappe de la gorge de Charlie qui laisse enfin ses barrières tombées devant la tendresse surprenante de la jeune femme dans son dos.

« Retourne-toi... »

Alexis lui souffle à l'oreille, posant ses mains sur ses épaules, pour la regarder dans les yeux. Charlie se retourne après quelques secondes d'hésitation. Sa tête est penchée de honte, ses barrières sont tombées. Ses cheveux longs et bruns lui collent à la peau, ses bras sont tombés le long de son corps.

« Regarde-moi... »

Charlie lève enfin la tête, posant ses yeux dans ce regard doux que lui partage Alexis pour la toute première fois. Son regard se réchauffe à cette pensée. Alexis tend son bras derrière la femme en face d'elle, éteignant l'eau qui continuait de couler sur leur corps. Elle prit possession d'une serviette derrière elle-même et enroula Charlie dedans avant d'en prendre une autre pour elle.

« Suis-moi. »

Elles quittent toutes les deux, main dans la main, la tranquillité de la salle de bain, se dirigeant vers la chambre à côté. Les draps rouges du lit sont défaits, mais reste encore chaud des précédentes présences. Alexis s'allonge en son centre, invitant Charlie à en faire de même. Au début réticente, Charlie prend du temps à la rejoindre. Cherchant rapidement du réconfort dans les bras d'Alexis, elle positionne sa tête sur sa poitrine, chevauchant une de ses jambes sur les siennes, la serviette l'entourant encore.

Alexis se mit à passer sa main tendrement dans ses cheveux ondulés, caressant son crâne lentement. Les larmes perlent des yeux de Charlie, son nez s'humidifie, l'obligeant à incessamment renifler. Les sanglots font vibrer sa gorge. Le sommeil est au bord de ses yeux plissés. Morphée s'accroche à elle, la tirant vers les abîmes, lorsqu'enfin elle se laisse aller.

* * * * *

1 : 07 P. M.

Une douce odeur de viande grillée vint lui émoustiller le nez. Charlie se réveille doucement, inconsciente de l'heure qu'il est. Son corps lui paraît réveillé, pourtant son esprit est dans le vague. Redressant son buste, elle remarque paniquée, l'absence de vêtement. S'enlevant de son lit lentement, elle marche vers son dressing, prendre un jogging et un tee-shirt long. Enfilant à la hâte ses vêtements, elle suit l'odeur de viande qui lui parvient aux narines.

Arrivée dans la cuisine, une silhouette coupée elle aussi d'un large tee-shirt blanc, dansait, de la musique sortant des écouteurs, plantés dans ses oreilles. Ses gestes étaient fluides et doux sous le grésillement de la musique. Son corps était tourné vers les plaques chauffantes, où la bonne odeur s'échappait. S'avançant à pas de loup, Charlie se campa à ses côtés, attendant une réaction de la part de la prétendue invité.

La réaction d'Alexis fut troublante. S'attendant à la surprendre, Charlie fut surprise que cette dernière se rapproche d'elle et la prenne dans ses bras.

« Ça va ? demande Alexis, sa tête coincée au creux de la nuque de la propriétaire des lieux. »

Abasourdit une nouvelle fois par cet élan de tendresse, Charlie eut un sursaut. Touchée, Charlie se laisse emportée par cette douceur, inspirant sa fragrance particulière comme une bouée de sauvetage dans une tempête, elle entoure elle aussi, ses bras autour du corps d'Alexis.

« Je vais mieux, souffle-t-elle au creux de son cou, en embrassant la zone érogène de la tatouée. »

Se berçant mutuellement, évacuant les peines antérieures, les deux jeunes femmes s'abandonnent aux bras et à la tendresse de l'autre. Depuis leur tendre enfance, ni l'une ni l'autre, n'avait pût connaitre un moment de délicatesse et de légèreté comme celui-ci. Cela restait platonique, impersonnel et même violent, aucun sentiment à part de la haine et du dédain.

Lorsque les œufs brouillés avec du bacon grillé furent prêts, elles s'installèrent en face l'une de l'autre. Seul le bruit des couverts contre l'assiette s'entendait. La conversation semblait inutile, le calme était reposant.

Des pas légers et un objet roulant, vinrent interrompre cette douce intimité qui entourait les deux femmes. La petite Kylie, trainant derrière elle sa bombonne d'oxygène, vint quémander les bras de sa mère, ce que Charlie autorisa, la portant sur ses genoux. Alexis, de son côté compris enfin, le malheur de Charlie, Kylie, semblant douce et gentille, cachait une maladie qui atteignait son système immunitaire. Sa respiration est encore archaïque.

« Tu dis bonjour Kylie ? Conseilla doucement à cette dernière.

- Coucou Alexis ! S'extasia-t-elle, décrochant son masque de son visage.

- Ça va ma puce ? Répond Alexis en souriant devant l'enthousiasme de la petite fille.

- Je suis un peu fatiguée.

- D'accord. »

Charlie se lève et pose Kylie à sa place, retire le masque respiratoire de ses mains et tire la bombonne de gaz vers la chambre de la petite. Le lit est déjà fait lorsqu'elle arrive dans la chambre, elle sourit à cette constatation. Elle rejoint les deux autres "femmes" et s'assoit sur une autre chaise après avoir préparé un chocolat chaud pour sa fille. Elles déjeunent toutes les tris, bercées par les fantastiques histoires d'école et d'amoureux de Kylie.

« Maman, est-ce qu'Alexis peut venir avec nous au parc ?

- Tu sais, ma puce, Alexis a peut-être des choses à faire... »

En y répondant, la brune se tournait devant Alexis lorsqu'elle remarqua ce sourire espiègle logé sur ses lèvres. Craignant être seule contre elles deux, Charlie lui lança un regard noir, lui dissuadant de ne pas accepter la demande indirecte de Kylie.

« Je serais ravie de venir me balader avec toi et ta maman, je n'ai de toute façon rien à faire chez moi. Répondit-elle, provocatrice.

- Trop bien ! »




Excusez-moi du retard, je ne trouvais pas l'inspiration pour écrire la suite de ce chapitre. Je ne suis pas prête d'arrêter l'histoire, ne vous inquiétez pas, je prends seulement le temps d'écrire pour ne pas bâcler la fin du chapitre, même si, j'ai l'impression de l'avoir fait aujourd'hui, puisque je culpabilisais de ne pas avoir publié de toutes les vacances. J'espère que cela vous aura plu !

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