Chapitre 10 : Alexis

DIMANCHE 22 MAI 2016, 06 : 38 P. M.

UPPER EAST SIDE (Loft d'Alexis)

NEW YORK CITY, USA

Le calme, omniprésent chez Alexis était angoissant. Elle venait de quitter les rires d'enfants de Central Park, les discussions sur les derniers ragots des parents entre eux, les chamailleries entre pré-adolescents, les pas pressants des coureurs. Elle venait aussi de quitter l'intimité, cette bulle très spéciale entre Charlie et sa fille. Ce n'était pas seulement un lien maternel, il y avait aussi de la fraternité et de l'amitié, trois liens différents ensembles.

Les yeux brillaient, les cœurs rayonnaient en symbiose, la joie se lisait sur leur visage. Charlie avait même montré une ébauche de sourire. La souffrance semblait derrière elle. Pourtant lorsque l'on fixait attentivement ses beaux yeux verts, le fond de sa pupille trahissait une tristesse indissumulable et évidente que cette journée ne pouvait exempter. Une souffrance aussi difficile se lisait dans le regard de la petite de huit ans. C'en était déchirant. N'avaient-elles jamais connu la paix et la joie ? Elles s'attachaient, toutes les deux, désespérément aux quelques moments tranquilles qui remplissaient peu leur vie. Le malheur était évident.

Connaissant elle-même ce désespoir, Alexis avait pu lire au plus profond de leur âme. Pour chacune d'elles, le passé était douloureux et persistant. Attendant derrière notre porte, il se prépare à nous pousser dans la tristesse profonde.

* * * * *

25 AVRIL 2007, 10 : 01 A. M.

QUARTIER REDFERN (INNER SOUTH)

SYDNEY, AUSTRALIE

Une jeune adolescente de tout juste 15 ans fuyait pour une fois de plus, le cocon familial de sa maison qui ne prenait plus le temps de fêter son anniversaire ou même de simplement s'occuper d'elle. Seule et rejetée par l'ensemble de sa famille, elle sombrait dans la solitude la plus noire, naviguant à la dérive dans les rues noires du quartier résidentiel riche de Sydney : Pyrmont. Elle quittait sans regret le regard indifférent de ses parents devant sa fuite.

Abandonnant la richesse et le luxe du quartier. La petite brune rejoint les quartiers malfamés où les vices sont de rigueur : drogues, prostitution, trafics et meurtres règnent en maître dans le quartier pauvre de Redfern. Les cheveux bruns de la jeune fille volaient au gré des bourrasques de vent de début de printemps.

S'arrêtant devant une vieille porte en bois, affichant paresseusement le numéro deux-mille-trois-cent-cinq, elle donne sur cette dernière, trois gros coups. La porte s'ouvre quelques minutes plus tard. Une voix grave lui intime d'entrer, ce que se permet la brune.

L'intérieur de la maison est sombre et sal, les meubles sont en piteux état, attaqués par les insectes. Des déchets usagés gisent sur le sol avec des morceaux de nourritures entamés. Plusieurs corps inconscients trônent dans ce bazar. Des femmes à moitié nues, se trémoussent devant des hommes luxurieux. L'endroit n'est pas accueillant, pourtant la brune le trouve plus attractif que le lieu où elle vit. Rien ne put le désinfectant ou l'hypocrisie comme dans ces maisons à plus d'un demi-milliard de dollars australiens (= 307'013'821.13 €).

L'homme ayant ouvert à la jeune adolescente, imposant ses deux mètres de haut à cette dernière, appose sa large et crasseuse main sur l'une de ses petites fesses, les pressant férocement et vulgairement. Ses intentions sont malsaines mais la petite brune ne s'en préoccupe pas, elle prend même le plaisir à rentrer dans son jeu, l'embrassant sauvagement sur ses lèvres sèches. « Suis-moi. » lui souffle-t-il à l'oreille. Attrapant sa main, il la dirige vers l'étage où les chambres sont installées.

* * * * *

De la Weed dans la gorge et les poumons à travers un joint, de la cocaïne injectée par une seringue directement dans le sang, la brune se sent comprise et invulnérable. Pour une fois dans sa vie, elle se sent appartenir à une famille. Renégat de sa propre famille, elle n'a jamais connu le soutient, l'amour, le réconfort et la joie donnés et transmis par des parents. C'est auprès de ces exclus de la société où la luxure et la liberté sont maître de leur vie, qu'elle a pu se reposer l'esprit.

Après sa dose mensuelle de drogue et de sexe, qu'elle assouvit depuis ses 13 ans, la jeune adolescente quitte le quartier de Redfern pour rejoindre encore une fois les belles maisons du Pyrmont, où un semblant de vie familiale s'installe dans l'hypocrisie. Ce quartier ne connaît que richesse, pouvoir et supériorité. Il est riche et à forte influence. La petite fait tâche. Sa mère, très connue dans le monde de la communication et de la mode, son père, un grand chirurgien très demandé dans le monde et son frère, un génie du sport : sa famille est sujette à la jalousie des autres devant leur réussite.

Serrant dans sa poigne de main, la petite brune tient en son creux, une chaine avec un médaillon. Offert par sa grand-mère, le médaillon arbore le nom d'Alexis Juliana Kylie Rogers.

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SAMEDI 28 MAI 2016, 08 : 28 A. M.

UPPER EAST SIDE (Loft d'Alexis)

NEW YORK CITY, USA

À peine une semaine venait de filer lentement. Alexis n'avait pas repris le travail, espérant reprendre le contrôle d'elle-même et de ses émotions. Le bazar régnait une fois de plus dans son lieu de vie, elle ne s'en préoccupait plus. Un sentiment de manque affreux la bouffait de l'intérieur. Toute trace de drogue chez elle avait fini soit dans les toilettes, soit dans les flammes de sa cheminée, sous l'autorité et la menace de sa mère.

* * * * *

SAMEDI 28 MAI 2016, 10 : 28 P. M.

TIME SQUARE, THE UMBRELLA NIGHT CLUB

NEW YORK CITY, USA

« Je peux t'offrir un verre, ma belle ? »

Jetant un œil sur sa gauche, Alexis dévisageait une séduisante femme aux yeux azurs. Accoudée au comptoir du bar du night-club, cette magnifique brune tenait en son poing légèrement clos, un cocktail au rhum. Son autre main, s'occupait constamment à remettre en place, ses cheveux au carré, derrière son oreille gauche. Sa frange, bien taillée, coupait son front de façon attrayante.

Alexis prit son temps avant de répondre, analysant la personne en face d'elle pour lire au plus profond d'elle et connaître ses réelles intentions. Sa veste en cuir noir sur son t-shirt à col roulé noir et son slim de la même couleur la rendait mystérieuse, presque inaccessible. Sa peau de couleur pâle brillait sous la lumière noire des projecteurs.

Son charme était évident et la confiance qu'elle dégageait, prouvait qu'elle le savait certainement.

« Pourquoi pas... »

Résolue à profiter de cette charmante compagnie, Alexis accepta ce verre purement gratuit. La belle brune du nom de "Kylian", sourit fièrement à l'australienne. La soirée s'annonce charmante et pleine de plaisir.

Alexis n'oubliait pas Charlie, pourtant, la frustration de ne pas la toucher, la poussait sans cesse, vers d'autres. Entre elle deux, il n'y avait ni engagement, ni promesse -silencieuse ou bruyante-. Il y avait seulement de bons moments de plaisirs primaires. Seuls, les corps s'exprimaient, les mots restaient simplement inutiles.

Alexis ne pouvait plus se cacher devant son caractère froid. Cette situation, pour une des premières fois, lui échappait et l'enfonçait dans les abysses de l'incompréhension. Ses émotions se contredisaient dès le moment où elle se tenait en présence de la belle ténébreuse aux deux émeraudes.

* * * * *

DIMANCHE 29 MAI 2016, 10 : 49 A. M.

UPPER EAST SIDE (Loft d'Alexis)

NEW YORK CITY, USA

Le tissus pourpre des rideaux laissaient pénétrer un léger faisceau de lumière, illuminant d'une ligne, le sol et le lit de la chambre, où séjournait pour cette précédente et courte nuit, deux femmes. Ouvrant les yeux vers ses rideaux, Alexis se redressait et enlevait le bras de Kylian de ses côtes. Elle rejoignit le balcon de la pièce et s'appuya à la rambarde, posant son regard sur le panorama avoisinant son habitation.

Quelques courtes minutes plus-tard, un corps chaud et moite vint se coller à son dos.

« - Tu es la première personne intersexuée avec qui je couche, annonça Alexis, lorsqu'elle remarqua la présence de Kylian.

- Je suis hermaphrodite en fait, j'ai la possibilité d'utiliser les deux sexes, rectifia cette dernière, nullement blessée.

- Je ne connaissais pas la différence entre les deux.

- Les intersexués se sentent offensés d'être appelé hermaphrodite, ils disent que cela a une connotation mythologique et trop sexuelle à leur goût. Moi, ça ne me pose pas de problème, j'aime le sexe. Elle susurra cette phrase au creux de l'oreille d'Alexis en lui mordant le lobe doucement.

- Je vois... »

Une bosse proéminante vint se gonfler contre les fesses d'Alexis. Non surprise, elle se retourna vers l'auteure de ce phénomène et l'embrassa vulgairement et avidement.

« Et si on recommençait ? Demanda Alexis, excitée par ce corps si particulier.

- Pourquoi pas... »

* * * * *

DIMANCHE 29 MAI 2016, 11 : 36 A. M.

UPPER EAST SIDE (Loft d'Alexis)

NEW YORK CITY, USA

Nullement épuisées, les deux jeunes femmes s'adonnaient encore à la passion du corps de l'autre. Les soupirs et les gémissements fusaient dans la pièce. La couette tombait, de minute en minute, sur le sol blanc de la chambre où leurs vêtements jonchaient paresseusement.

La sonnerie de l'entrée résonnait dans le hall de la maison une première fois. Une deuxième fois, puis une troisième. Alexis ne s'en préoccupa pas, embrassant avidement le cou de Kylian.

Dix minutes plus-tard, un bruit de pas pressé se dirigea vers la chambre de la propriétaire des lieux. Inconsciente de la situation, Alexis continua l'exploration du corps de sa compagne éphémère. Une forte tension montait et emplissait la pièce, alors que l'inconnue continuait son ascension dans les escaliers de l'Australienne. Une porte en verrre fumée la séparait du couple. Les bruits qu'elle perçevait amplement maintenant, lui semblait très subjectifs. Un crie féminin se fit entendre, un second suit, différent, plus rauque, un bruit d'effondrement vint stopper les tumultes de la jouissance du couple derrière cette fameuse porte. Le silence s'installa soudain, alors qu'une boule douloureuse et saisissante s'emparait du bas-ventre de la jeune inconnue.

« Je suis épuisée, émit Kylian, le souffle anarchique.

- Moi aussi, répondit la brune, dans le même état. »

Il n'y a plus de doute, Alexis lui est indirectement "infidèle".

Alors que l'inconnue comprit que le couple repartait pour un énième round, elle déboutonna les quatre premiers boutons de sa chemise et entra dans la chambre sans attendre une quelque invitation.

Elle observa les différents vêtements éparpillés par terre, sur son chemin, survolant deux jeans noirs, des sous-vêtements en dentelle rouge qu'elle reconnut, un mystérieux caleçon, ... Elle passa sa chemise au-dessus de sa tête sous le regard d'Alexis qui avait fini par la remarquer.

Cette dernière, surprise mais éprise de ce corps qu'elle ne pouvait s'empêcher de désirer du plus profond de son être, prononça son nom dans un soupir profond, la bouche coincée dans le cou de sa partenaire du week-end, celle-ci, à cheval sur elle.

L'inconnue formula son nom en retour et se positionna couchée sur le côté dans le lit, dirigeant son regard sur les deux femmes en pleine embrassade. Elle laissa glisser ses doigts sur la peau moite de Kylian, le regard désireux et plein de luxure.

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