93. Comment souffrir ? Je n'ai plus peur

Retour au point de vue d'Imran

Ça fait maintenant des jours et des jours que je suis dans cette maudite cave et pourtant j'ai l'impression qu'on m'y a enfermé depuis des années...

J'ai même plus la force de ressentir quoi que ce soit, j'suis totalement vide.

Je subis toutes sortes de tortures et mis à part la douleur, je ne ressens rien.

J'ai l'impression qu'ils m'ont pris mon âme.

Ils ont piétiné ma fierté, ils m'ont humilié et maintenant j'ai l'impression que je n'ai plus rien.

Je regarde ce foutu cafard passer le long du mur, sous cet éclairage pourri. J'suis sûr que même lui il est plus vivant que moi.

Diverses odeurs toutes aussi écœurantes les unes que les autres planent dans la pièce.

Je suis assis là et je suis faible comme je ne l'ai jamais été. J'arrive à peine à bouger, mon doigt est infecté, j'ai l'impression qu'il va faire pourrir tout mon corps.

Je jette une fois de plus un œil vers ces multiples cicatrices que je ne supporte plus de voir... Elles me rappellent mon humiliation, elles me rappellent que j'ai été faible et qu'on s'est joué de moi.

J'suis tout transpirant, j'ai l'impression d'avoir de la fièvre, que ma tête pourrait explosé à tout moment.

Le regard rivé au plafond et j'vois des démons, encore des putains d'hallucinations qui me paraissent tellement réelles...

Et si ils étaient vraiment là, et si ces démons faisaient partis de moi ?

Je les regarde et les voit me fixer sans même cligner des yeux.

J'me mets à rire, j'suis tombé bien bas.

Si on m'aurait dit un jour que je me retrouverai dans cette situation, je vous aurez ris au nez.

J'suis minable.

Au final, qu'ils me tuent ou pas, ils m'auront fait bien pire en me traitant de la sorte.

Je me suis jamais senti aussi près de la mort parce que ce au fond j'suis déjà meurtri, ils ont réussi, ils ont volé mon humanité.

Je me met à entendre toutes sortes de choses, la folie m'envahit, j'suis presque jamais nourri et beaucoup trop éprouvé pour garder la tête sur les épaules.

J'essaye de faire taire ces putains de voix mais rien n'y fait, elles ne me quittent pas.

Fou de rage, je trouve la force de me lever et de taper dans tout ce qui m'entoure.

Sûrement alerté par mon agitation, je reçois de la visite, j'me fais taser avant de me faire gazer et d'plonger dans un petit somme.

[...]

J'ouvre difficilement les yeux, en me disant que tout ça n'est peut-être qu'un mauvais rêve et que bientôt je me rendrai compte que j'suis en fait chez moi.

L'odeur de la pourriture m'fait bien vite redescendre de mes espérances trop irrationnelles.

J'ai envie de me battre pour vivre mais je me dis qu'au final j'me torture moi même en essayant de résister.

Un gros boum retentit.

Je n'sais plus dissocier le vrai du faux, je ne sais pas si je rêve, si j'hallucine ou si tout est bien réel.

Les bruits ne cessent pas, ils sont de plus en plus fréquents et de plus en plus forts.

Je ne comprends pas ce qu'il se passe, jusqu'à ce que le verrou de la porte tourne.

J'aperçois une silhouette féminine et puis quelques secondes après, je vois nettement le visage de l'italienne de la dernière fois.

Elle me regarde toujours avec de la pitié.

Je ne supporte pas qu'on porte un tel regard à mon égard.

Je regarde ses mains et je vois qu'elle porte un plateau.

Je comprends qu'il est l'heure pour moi de manger.

Il était temps, ces quelques jours passés sans rien avoir avalé ont été éprouvant.

La petite italienne reprend son plateau et prononce quelques mots pour me dire qu'elle est désolé que je sois dans une telle situation... Elle me dit aussi que si elle aurait pu, elle m'aurait sorti de là.

Au fond ça m'fait un peu plaisir qu'elle me dise ça, même si je sais que dans cette situation elle est aussi impuissante que moi.

Elle s'en va et puis je me retrouve encore seul.

J'avale la dernière gorgée d'eau de ma bouteille et je la balance avant d'me poser contre le mur et de m'endormir.

3 jours plus tard...

Ce soir il caille plus que d'habitude. J'ai du mal à m'endormir mais ma fatigue finit par l'emporter.

[...]

Le bruit du verrou qui tourne m'a réveillé.

Je fais mine de garder les yeux fermés. J'ai pas envie de subir ce soir.

Quelques pas se font entendre. Je n'ouvre toujours pas les yeux.

Des chuchotements sont aussi audibles.

Je reconnais certaines voix. Mais je pense que c'est impossible pour que ce soit réel.

Encore mon esprit qui doit me jouer de mauvais tours.

Un tapotement sur mon épaule, puis deux.

Je décide de quand même vérifier que je ne rêve pas.

J'ouvre les yeux et je les vois.

C'est impossible.

Je n'y crois pas.

« Mohsîn : Putain... Imran t'es conscient là ? »

Je refuse d'y croire, c'est trop beau pour être vrai.

Je le regarde mais ne répond pas.

J'essaye de me concentrer et de voir si par hasard son visage ne se changerai pas en celui de ce pd d'italien.

Ce sont bien les traits de Mohsîn mais comment être sûr que je ne rêve pas ?

J'ai peur d'y croire et d'être déçu. Ce sera la déception de trop. Je ne pourrai pas supporter.

« Mohsîn : Imran on a pas beaucoup de temps, alors s'te plait, dépêches-toi. »

Je reste sceptique mais me relève.

Moha m'aide en m'appuyant sur lui, Nathim est là aussi et m'aide également.

« Nathim : Adama est dans la voiture comme ça, on bombarde directement quand on sort. Faut qu'on fasse vite avant qu'ils ne se rendent compte de quelque chose.

Moha : Nawid lui, il surveille au fond du couloir.  »

J'acquiesce, j'suis heureux de les voir. Cette fois j'y crois c'est bien réel.

J'vais enfin me tailler d'ici.

Nadjib arrive en courant.

« Nadjib : Vite, y a une lumière qui s'est allumée en haut ! Faut qu'on s'tire rapidement. »

J'essaye d'accélérer le pas comme Nathim et Moha mais j'ai trop mal pour suivre le rythme.

Arrivés devant l'escalier ces fous me soulèvent pour aller plus vite.

On traverse encore diverses couloirs, puis là une porte s'ouvre.

Nadjib et Nawid braquent leur arme sur la personne.

Mais je reconnais bien vite la petite italienne qui m'a aidé quelques fois.

En voyant ces armes dirigées vers elle, elle a peur, je le vois dans son regard.

« - Arrêtez, vous lui faites peur.

Nadjib : Elle va nous balance au moment même où on va lui tourner le dos.

- Non, elle m'a aidé jusqu'ici. Je pense pas qu'elle dira quoi que ce soit.

Nadjib : T'es sûr ? Parce que sinon on la bute, si c'est soit nous soit elle, le choix est vite fait, faut rien laisser au hasard.

- Sûr. »

Ils baissent les armes.

Elle m'accorde un petit sourire timide, me remercie en un regard et débite quelques mots.

« La petite italienne : Buona fortuna ! »

Elle referme ensuite la porte de sa chambre.

On poursuit notre chemin, pour enfin arriver dans le hall principal.

Ça y est la sortie est si proche. J'ai hâte de respirer l'air frais de l'extérieur.

On ouvre la porte et au même moment deux mecs arrivent.

Ils crient, sûrement en espérant avoir du renfort, ils se mettent à se battre avec mes shrabs.

J'leur suis d'aucune utilité sur ce coup, vu mon pitoyable état et ça m'fait chier.

Une grosse fourgonnette blindée arrive devant la propriété.

Je comprends qu'on est dans la merde.

Ils seront beaucoup trop nombreux pour nous.

Ils vont nous laminer.

Une fois de plus j'apporte que de la merde à mon entourage.

Ils vont mourir à cause de moi, pour moi et avec moi.

J'aurais dû mourir seul, je m'en veux de les avoir embarqués dans cette histoire.

Un coup de feu retentit et je tourne ma tête pour voir d'où il provient...

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