74. Le mensonge a une voix et toi t'en as pris l'accent

On arrive sur place et on pénètre dans la maison.

À première vue ça à l'air vide, mais on a fini par distinguer des voix.

On avance vers la pièce d'où proviennent ses fameuses voix.

Arrivés devant la pièce je vois que la porte s'ouvre d'elle même, ou plutôt par le mec de la dernière fois.

« ... - On a faillit vous attendre.

Moha : C'est pas mignon de proposer des invitations et de jamais donner suite.

... - C'est que chez nous on aime bien tester la motivation de nos invités.

Moha : Maintenant qu'on est là, tu ferais mieux de nous dire ce que t'as prévu.

... - Je rêve où y a une once de menace dans ta phrase ?

Moha : Détends-toi mec, je pense que ma phrase était assez clair. »

Je toise la salle du regard et je comprends bien vite que cette fois il y a que lui et un des mecs de leur équipe.

Ils ne s'attendaient sûrement pas à ce qu'on leur rende visite.

« - Pourquoi Carlos vous a envoyé jusqu'à nous ?

... : Il voulait qu'on face en sorte que vous parliez et que vous nous informiez de la localisation d'sa fille.

- Il aurait dû comprendre qu'il y a aucune snitch dans le périmètre.

Adama : Ce con il remarquerait même pas sa fille dans botte de foin faut pas lui en vouloir.

... : Donc vous savez où elle est ?

Nadjib : On sait pas où elle est et même si on le saurait on vous l'aurez pas dit.

... : Ça complique les choses alors, la petite faisait parti du plan. J'aurais bien aimé le faire chanter avec ça.

- Va falloir changer de plan alors parce qu'y a pas moyen qu'elle soit mêlée à tout ça. »

Point de vue d'Amira

[...]

Je décide de rentrer à l'appartement et d'avoir une discussion avec Imran. Je m'en veux de m'être emportée la veille alors qu'il avait fait le premier pas.

Je prend ma voiture et me rend à notre domicile avec la boule au ventre et des appréhensions sur comment notre discussion va se dérouler.

J'ouvre la porte avec ma clé, j'inspecte les lieux et je comprends alors qu'Imran n'est pas là.

L'appartement est tout retourné, c'est sur qu'il n'y a eu aucune présence féminine ici depuis mon départ.

J'attrape deux/trois choses qui traînent et me met finalement à ranger l'appartement de fond en comble.

[...]

Alors que je venais de faire tourner une machine je suis allée ranger la dernière pièce qu'il me restait à faire : notre chambre.

J'entre et je vois que contrairement au reste de l'appartement elle semble intact, comme si il n'avait pas dormi ici durant mon absence.

Je fais quand même la poussière et me décide à vider la table de nuit près du lit.

En sortant tout ce que contenait le meuble j'aperçois une pochette par laquelle dépasse une enveloppe marron.

Je ne me souviens pas l'avoir vue et encore moins l'avoir mise ici. Ça doit être à Imran, je ne réfléchis pas deux fois et ouvre cette enveloppe.

Son contenu m'a laissé quelque peu perplexe...

Je suis tombée sur des papiers de l'huissier, sur les absences répétées d'Imran et sur la menace de le virer de son établissement scolaire...

Tellement de choses que je n'ai pas su voir quand elles se déroulaient me frappe dorénavant comme une claque.

Je m'en veux d'avoir été aveugle.

Imran allait mal et tout ça en était la preuve.

Il fallait que je sache pourquoi il m'a menti sur tellement de choses.

J'attendais son retour avec impatience, je voulais qu'on ait une conversation d'adultes sans que ça ne vire à la dispute.

En attendant qu'il rentre je me suis mise à chercher ses fiches de paie, parce que selon lui il avait préféré travailler que continuer ses études.

Après avoir fouillée tout l'appartement je n'ai absolument rien trouver.

Ce n'était peut-être qu'un mensonge de plus, il ne devait pas avoir d'emplois.

Mais d'où venait l'argent qu'il apportait à la maison pendant tout ce temps ?

Malgré ma volonté pour me convaincre du contraire, je finis par comprendre d'où l'argent provenait.

Mon cœur s'est resserré d'une façon qui m'a coupé le souffle le temps de quelques secondes.

Le fait d'imaginer Imran plongé dans toute cette crasse me brisait intérieurement.

C'était impossible pour moi de l'imaginer dans de telles histoires...

Imran a toujours été très droit, son cœur était pur et sa foi était grande.

Comment a-t-il pu en arriver là ? Comment ai-je pu laisser une telle situation s'engendrer ?

Je m'en voulais, je n'ai pas été assez présente pour lui. J'ai laissé ma moitié sombrer dans le hram sans m'en rendre compte.

J'avais une rage profonde en moi, pas contre Imran mais contre moi même.

Je ne l'ai pas assez soutenu, il a sûrement dû vouloir assumer des choses qui étaient trop lourdes pour lui.

En me concentrant sur mes études j'ai mal fait les choses à son égard... Mais sa fierté nous a aussi conduit à cette situation, il n'a voulu accepté aucune aide de la part de mes parents.

J'avais l'impression que notre couple était au bord du gouffre, que maintenant que je venais de comprendre tout cela on pourrait me l'enlever du jour au lendemain.

Lorsque j'entends la porte d'entrée s'ouvrir, j'essuie mes joues humides et me redresse.

Son visage d'ange me fait face, j'aimerai le prendre dans mes bras qu'on aille loin et qu'on oublie tout ça, mais la vie n'est pas ainsi... La réalité m'a bien vite rattrapé quand Imran m'a arraché les papiers que je tenais à la main.

« Imran : Mais qu'est-ce que tu fous avec ça ?!

- Imran, je... Je sais tout. Pourquoi tu n'as rien dit ?

Imran : Non tu sais rien, pourquoi t'as fouillé dans mes affaires ?!

- Alors explique-moi si je ne sais rien, je voudrai comprendre... S'il te plait. »

Il avait vraiment l'air énervé par le fait que je sois tombée sur ces papiers.

Mais cette fois j'ai décidé de prendre mon mal en patience et de garder mon calme.

« - Tu peux me faire confiance Imran, je ne te jugerai pas...

Imran : Y a rien à dire, tu te fais des films c'est tout.

- Mais j'ai vu ces papiers de mes yeux, tu ne peux pas me faire croire le contraire.

Imran : Non, t'as rien vu et à l'avenir touche pas à mes affaires.

- Regarde moi alors et dis moi que c'est faux que tu ne fais rien de tout ce que je pense et que depuis le début t'es honnête. »

Sa mâchoire se contracte, il sait que je suis au courant et pourtant il s'acharne à garder son secret.

« Imran : Arrêtes de croire, je fais rien, j'suis clean... Je travaille tu sais déjà.

- Alors pourquoi je n'ai trouvé aucune preuve, aucun contrat, aucune fiche de paie ?

Imran : Hm, j'ai laissé ça chez ma mère.

- Tu t'efforces encore à me mentir ? Je ne te demande qu'une seule chose c'est de m'avouer la vérité et même ça tu n'en est pas capable ?

Imran : Amira, me zehef pas, soit mignonne et laisse tomber. Y a des choses qu'il vaut mieux ignorer parfois.

- Non, je refuse d'ignorer ces choses si tu es impliqué Imran.

Imran : Mais qu'est-ce que ça peut te foutre ? J'suis venu à toi et tu m'as bien fait comprendre que tu voulais plus rien avec moi ! C'est quoi le but, tu veux m'humilier avant de partir ?

- Tu... Tu pense vraiment ça de moi ?

Imran : C'est ça le problème, je sais plus quoi penser, j'sais même plus sur qui compter et sah j'ai pas besoin de soucis en plus. »

J'étais vraiment blessée par le fait qu'il me voit comme un problème de plus. Je ne pensais pas qu'il me voyait de la sorte.

« - Sois juste honnête et après je ne te causerai plus de tord comme tu le dis si bien.

Imran : Je n'te dirais rien.

- Tu n'me fais pas confiance ? »

Quelques secondes, puis une minute, puis deux, s'écoulent sans qu'il ne me réponde.

Je prends vraiment très mal le fait qu'il ne me fasse pas confiance. On se connaît depuis assez longtemps et puis je suis ou j'étais sa femme, je ne sais plus... Je pensais que ce mariage signifiait quelque chose pour lui, mais je me suis sans doutes tromper.

Sans retenir ma colère plus longtemps je le gifle puis pose ma main sur ma bouche, assez surprise par mon acte incontrôlé.

« Je... Heu, suis désolée.

Imran : Sors. »

Son regard rempli de haine m'a fait froid dans le dos...

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