49. J'ferai en sorte de protéger ton âme du macadam

J'ai ramené la petite chez ma mère parce que la nuit allait bientôt tomber et que mademoiselle avait faim. Avant de la déposer je l'ai emmené au Quick halal du coin.

Après ça je suis retourné voir les mecs.

« - Il dit quoi Carlos ? Ça fait longtemps qu'il m'a pas contacté. »

Au moment même où j'ai dis ça mon téléphone a sonné et c'était lui. Simple coïncidence ? Peut-être bien qu'il avait mit un mouchard quelque part... J'rigole. Je décroche. Les autres me regardent et comprennent que c'est lui.

« Carlos : ¡ Holà amigo !

- Comment tu vas ?

Carlos : Bien, bien et toi ?

- Ça va aussi.

Carlos : J'ai besoin de toi pour récupérer de la coke à la frontière.

- Quand ?

Carlos : Dans 3 jours.

- D'accord, on viendra.

Carlos : Tu peux venir seul, je pense que ça suffira.

- Comme tu veux. »

On a raccroché puis même pas deux minutes après, pendant que j'étais en train d'expliquer aux kho ce qu'il m'avait dit, j'ai reçu un message.

C'était le point de rendez-vous, l'heure à laquelle je devais m'y pointer et d'autres renseignements utiles. J'ai tout réécris dans le bloc note de mon autre téléphone puis j'ai cassé la puce avant de la jeter.

« Adnane : Pourquoi il veut que tu y ailles seul ? Il a pété les plombs lui !

Mohsîn : C'est vrai que c'est bizarre. »

Ils étaient en train de débattre sur la situation, moi je pensais qu'il avait juste dit ça comme ça. J'ai senti aucun vice dans sa voix à ce moment là, donc je pense pas qu'on ai besoin de s'inquiéter. J'suis un grand garçon,
au pire, je trouverais bien un moyen de relativiser. Je reste toujours sur mes gardes.

« - Il est où Mourad ?

Adama : À la villa sûrement.

- Venez on y va ?

Nadjib : Je prends mes clés et je descends ! »

On est tous descendus puis Nadjib nous a rejoins et on s'est répartis les deux voitures.

Arrivés à la villa on a tchecké Mourad et Nasser.

Ensuite on s'est installés sur le canapé, devant la play. J'ai envoyé un message à Amira pour lui dire de ne pas m'attendre parce que j'allais rentré tard, sinon j'sens qu'elle aurait fait une crise. Ils ont commencés à préparer des chichas tout ça, alors on a fumé un peu. II était environ minuit quand je vois qu'il y a des grosses folles qui commencent à arriver.

Ça m'a énervé mais j'ai pris sur moi et je suis monté à l'étage.
C'est mes reufs et j'peux dead pour eux mais quand ils font des trucs comme ça j'ai envie de les gata3.
J'suis marié, ils ne le sont pas donc je comprends qu'ils veuillent s'amuser mais loin de moi ce serait mieux.
J'suis qu'un homme donc faut pas m'apporter le péché sur un plateau d'argent...

Les opposés s'attirent comme on dit, je suis pas totalement comme eux mais le courant passe bien.

Pourtant je me rend compte que plus le temps passe, plus nos ressemblances s'accentuent.

Quelques idéologies nous séparent mais on reste les enfants de la rue... Depuis qu'elle m'a adopté, pour elle j'fais ce qu'il faut, tout en délaissant ce que j'étais... Finirais-je un jour par le regretter ?

J'me faufile dans le balcon et j'fume tout en regardant la lune.

Taffe après taffe, je réfléchis à la vie.

Ce soir j'suis nostalgique.
Plus les années passent, plus je m'égare. Le droit chemin, je m'en éloigne, mes tords et mes faux pas s'accumulent tout ça pour quelques thunes... Aurais-je un jour le droit au pardon ? Mes pensées sont amers, difficile de voir la réalité en face quand on est aveuglé depuis si longtemps...

Le diable est fort malheureusement, il a réussit à chasser ses idées de mon esprit...

Les yeux braqués sur les cieux, je sens qu'on me rejoint sur le balcon. Mon regard se pose sur le petit Mourad. Il est tenace ce petit, il n'a peur de rien... Malgré les sales histoires auxquelles il a dû avoir à faire depuis le début, il est encore parmi nous aujourd'hui. Et pourtant, l'absence de crainte n'est pas toujours positif... Ça nous empêche d'avoir des limites et ça nous conduit vers le mal et parfois même le danger.

J'refuse de le laisser sombrer à son tour. Dans la vie, quand on fait les bonnes rencontres au bon moment, ça nous évite d'passer par des grosses merdes et inversement...

« - Tu profites pas d'ta soirée comme les autres ?

Mourad : C'est pas trop mon délire ça, j'suis mieux ici.

- T'as raison, éloignes-toi du haram tant qu'il est encore temps Mourad... »

Il m'a regardé, l'air de se demander ce que je racontais... Mais j'étais déterminé à le faire sortir de tout ça.

« - T'sais, ce milieu c'est bon pour personne. On est déjà imparfait je l'admet, mais ça, ça nous rend mauvais...

Mourad : J'sais wAllah, je veux juste mettre un peu d'argent de côté et après j'arrête tout.

- T'as pas l'air de comprendre. Si t'arrêtes pas maintenant, t'en voudras toujours plus... Tu seras comme assoiffé, des chiffres, des chiffres et encore des chiffres... Y a que ça qui t'intéressera. Tu mettras en péril ta vie, ta famille et tout ce qui s'en suit... Puis t'sais y a rien qui t'assure que tu passeras pas par la case prison, tu seras pas bien et c'est ta famille qui souffrira en plus... Mais le pire dans tout ça, c'est par rapport à Allah, comment tu lui expliqueras tes actes ? L'argent ? C'est suffisant, tu penses ?

Mourad : Je... J'sais pas, je sais que t'as raison pourtant Imran, mais j'ai des responsabilités. Si je ramène pas d'argent je peux ni aider mon père pour le loyer, ni pour sa santé...

- C'est pour ça que j'ai quelque chose à te proposer. Mais promets-moi de ne pas refuser... »

J'ai vu dans son regard qu'il gardait une part de méfiance, et il a bien raison car dans ce domaine peu détiennent encore des principes...

« Mourad : J'te fais confiance Imran...

- Je vais te donner de quoi tenir quelques mois, le temps que tu puisses te stabiliser et puis tu vas partir d'ici, oublier toutes ces conneries et te reconstruire une vie dans la droiture... Mais si j'apprends un jour que tu continue à faire n'importe quoi, j'te pète la gueule de mes propres mains !

Mourad : T'es sérieux ? Tu ferais ça pour moi ?! Putain !!! »

Il s'est frotté le visage, il souriait.

« Mourad : wAllah merci ! T'es un bon... T'as ma promesse, je toucherai plus jamais à toute cette merde.

- De rien p'tit frère. »

J'étais content de voir qu'il était plutôt pour arrêter tout ça, et s'diriger vers une vie plus décente et chaste.

J'sais que ce que je lui donnais une fois de plus c'était de l'argent sale, et que c'est pas avec ça normalement qu'on débute une vie dans le bien... On a aucun mérite à apporter d'l'argent hram, mais connaissant sa situation critique, je savais que sans ça il n'y arriverait pas.

« Mourad : Imran ?

- Ouais ?

Mourad : Pourquoi, tu fais pas pareil ? Arrêtes tout, change de vie, il est pas trop tard...

- J'ai encore des choses à accomplir, mais un jour... »

En réalité, c'était bien plus compliqué que ça... Si seulement il savait...

J'savais qu'à cette heure ci, les autres devaient pas être dans leur état normal donc je leur expliquerai la situation demain.

J'suis descendu à la cave, on avait mit des sacs de thunes ici, provisoirement... L'argent c'est plus trop ce qui nous manque en y repensant. On est plutôt calé sur ça... Mais la soif de gloire et de pouvoir prends le relai malheureusement.

J'ai pris ce que j'avais à prendre et je suis parti déposer ça dans mon coffre. J'ai envoyé un message à Mourad pour lui dire que je le déposai chez lui.

Quelques minutes après il m'a rejoint, et on est parti.

Le moment était venu pour moi d'lui dire au revoir, parce qu'on allait pas se voir pendant un long moment. J'voulais qu'il s'éloigne de tout ça.

J'suis sorti de la voiture et je lui ai donné son dû... Je lui ai dis de faire attention et de rester vigilant par rapport aux keufs.

On s'est fait une accolade pendant que je lui donnais quelques conseils.

« - Prends soin d'toi.»

J'ai attendu qu'il monte puis j'suis parti.

Petit frère, je ferais en sorte de protéger ton âme du macadam... La rue détient plus d'vices qu'une femme.

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