45. Ma mère je l'aime plus que tout
« Souhayl : Ouais c'est ça, vas-y réfléchis sale con ! »
Putain, il m'a cramé, j'ai laissé esquisser un sourire nerveux à son égard.
« - Comment tu sais que je réfléchis ?
Souhayl : On est sorti du même ventre, gros shlag. »
Je pouvais plus nier donc j'ai décidé d'improviser et d'assumer en quelques sortes.
« - J'ai arrêté, je pensais que je t'avais mis au courant.
Souhayl : T'sais très bien que tu m'as rien dis ! Commence pas à mentir 3eychek* parce que tu vas m'zehef*.
- C'est bon khouya* pète un coup, j'suis pas ton fils aussi. »
Grosse tetar* d'éléphant dans la gueule, c'est vraiment pas ma journée. J'aurais jamais pensé qu'à mon âge mon frère m'aurait tapé.
Par respect, j'ai pris ma veste et j'suis sorti avant de commettre un crime.
Gaffe sur gaffe, embrouilles sur embrouilles, ça allait d'plus en plus mal.
En reprenant le trajet pour chez moi je repensais à la façon dont j'avais parlé à Amira. J'me disais que j'avais fais fort, mais mon ego a bien vite fait taire les bonnes ondes.
Lorsque j'ai passé le seuil de la porte, j'ai pas senti l'odeur du dîner donc j'en conclus qu'elle est encore énervée et qu'ce soir c'est régime...
Après la sale journée que j'ai eu, je suis directement allé me coucher sur le canapé. J'ai pas tenté le lit conjugal parce que j'sais qu'on se serait encore fait la guerre.
Le lendemain, je me lève et je vais me doucher, j'me prépare un café et je me mets par la fenêtre pour fumer. J'ai pris de très mauvaises habitudes depuis que j'vis ici, difficile de s'en défaire.
Je jète mon mégot par la fenêtre et je dépose ma tasse dans l'évier. J'vais m'laver les dents et je pars m'habiller.
Une fois prêt je remarque qu'Amira s'est levée.
« Amira : J'ai besoin d'un peu de temps Imran, je vais aller passer quelques jours chez mes parents. »
Pour moi c'était hors de question qu'elle parte là bas pour quelques jours parce que je savais très bien qu'elle en serait ressorti avec un lavage de cerveau et qu'elle serait sûrement jamais revenue.
« - Reste ici, je pars chez ma mère t'façon. »
J'ai pris mon sac de sport et j'y ai fourré quelques vêtements. Après avoir pris le nécessaire, j'ai attrapé les clés de ma voiture et j'ai roulé jusqu'au quartier où j'ai grandis.
« Yemma : Wech djebek wouldi ?* »
Ça m'a fait un petit pincement au cœur parce que je me rends compte que j'suis pas souvent là pour elle, or qu'elle a donné sa vie pour Souhayl et moi.
J'avais pas encore monté mes affaires, j'voulais pas la choquer.
[...]
« Yemma : Tu n'as pas l'air bien, quelque chose te tracasse mon fils ?
- Tu m'connais bien Yemma... »
J'étais posé la tête sur ses genoux, comme quand j'étais enfant. Elle m'caressait les cheveux pour m'rassurer, ça me rappelait le bon vieux temps.
Avec ma mère on a toujours été proches, j'suis un homme avec beaucoup de fierté mais avec elle je suis un agneau...
« Yemma : T'as des soucis avec ta femme, c'est ça ? »
Ah Yemma, si tu savais... C'est pas seulement avec ma femme que j'ai des soucis... C'est avec ma propre âme. Plus rien n'va dans ce que je fais et pourtant parfois je me dis que si j'avais su rester droit, aujourd'hui j'en serais pas là... Les regrets sont amers, mais il est trop tard pour reculer.
J'aurais aimé lui parler, mais je ne veux pas la blesser... Je ne veux pas lui montrer que son fils n'est rien d'autre qu'un raté, que son fils lui aussi a sombré...
« - Oui, on a des problèmes en ce moment. Je pense que j'vais rester ici le temps que ça se tasse...
Yemma : Comme tu veux mon fils, mais ne laisse pas trop les choses traîner... Parfois on pense que s'éloigner nous permet d'y voir plus claire, mais à l'inverse ça nous pousse à prendre des décisions qui sont mauvaises. »
Les conseils d'une mère c'est ce qu'il y a de plus sincère sur Terre. Les faux frères causeront ta perte, ils te pousseront à l'échec... N'écoute que celle qui t'a fait naître.
J'ai fini par m'endormir comme un gosse à demi sur les genoux de ma mère. J'me suis réveillé un peu plus tard, après m'être passé de l'eau sur la figure j'suis descendu prendre mes affaires.
En rentrant, j'ai balancé mon sac sur le canapé et j'ai soupiré. Et dire qu'je me suis moi même viré d'chez moi.
J'ai prévenu ma mère que je sortais et je suis allé rejoindre Nico. Il voulait me dire quelque chose.
« Nicolas : Wesh Imran !
- Yeeeeh, recommence plus. -rires- Je préfères quand tu me dis "Salut".
Nicolas : Moi aussi je peux parler comme un jeune. -rires-
- Me dit pas que tu m'as appelé pour que je t'apprennes à parler le langage "des jeunes".
Nicolas : Ah non, j'ai besoin de personne pour être tendance/cool, comment vous dites déjà ?
- Aucun des deux. -rires-
Nicolas : J'suis un pote d'enfer ! C'est bien comme ça ?
- Eh mais Nico, plus personne parle comme ça de nos jours. Lâches l'affaire. -rires-
Nicolas : Bon alors, c'était comment avec beau papa ?
- C'était tranquille...
Nicolas : Je te l'avais dis ! Il n'y avait pas de quoi s'affoler !
- Jusqu'à ce que je gâches tout.
Nicolas : Qu'est-ce-que t'as foutu encore Imran ?
- Mais rien, j'me suis juste défendu.
Nicolas : Tu l'as pas tapé j'espère ?
- Pas lui...
Nicolas : Qui ?
- Le futur mari d'la sœur à ma femme.
Nicolas : Pourquoi t'as fais ça ?
- Il m'a fané.
Nicolas : Fané ?
- Saoulé, si tu préfères.
Nicolas : T'es pas un peu sur les nerfs toi ces derniers temps ? Faut contrôler la bête noire.
- J'arrive pas à me contrôler c'est ça le problème.
Nicolas : On va s'occuper de ça, t'inquiètes pas. J'ai une petite idée...
- C'est peine perdue, mais si tu veux perdre ton temps vas-y.
Nicolas : Si tu y mets déjà de la mauvaise foi, c'est sûr que ça se complique. »
Il est parti trafiquer je ne sais quoi sur l'ordi et il est revenu dix minutes après.
« Nicolas : Lundi j'te bloque ta journée, j'espère que t'as rien de prévu parce que tu viens avec moi.
- On va aller où ?
Nicolas : Tu verras. C'est un truc que je faisais quand j'avais envie d'arracher des têtes avant...
- D'accord et mais tu voulais me dire quoi enfaite ?
Nicolas : Chaque chose en son temps, on règle d'abord ce qui te concerne et on s'occupera de moi plus tard.
- Tu m'fais peur la, c'est à quel propos ?
Nicolas : Têtu ce garçon... J'te le dirais plus tard. »
[...]
Sur le chemin du retour chez moi, je reçois un appel. J'décroches.
« Adnane : Oh frérot t'es où ?
- Dans ma gov.
Adnane : Pourquoi ça va faire deux jours qu'on t'a pas vu ?
- J'suis pas dans mon appart mais dans celui de ma madré en ce moment, c'est pour ça.
Adnane : Elle va bien ?
- Ouais, t'inquiètes gros.
Adnane : J'me suis dis c'est mieux je l'appelle avant qu'il fasse une nouvelle fugue mon bébé.
- Bâtard va. -rires-
Adnane : Aller on s'attrape demain. -rires- »
Je gare ma voiture et je montes. J'ouvre la porte et je vais embrassé le front de ma mère. Elle préparait à manger.
« - Tu veux que je t'aide Yemma ?
Yemma : M'aider ?
- Bah oui.
Yemma : M'aider à faire quoi ?
- Bah à préparer le repas.
Yemma : J'ai envie de mourir d'intoxication, yek* ?
- Ça s'fait pas, -rires-, j'suis pas si nulle que ça.
Yemma : Je rigoles hanouni*, mais j'ai bientôt fini. Merci, c'est l'intention qui compte. »
Je lui souris et je vais dans le salon. Je remarque que j'ai laissé le sac qui contient mes affaires sur le canapé. Je le ramasse et je vais dans mon ancienne chambre. En poussant la porte, j'ai remarqué qu'elle était restée intacte. Ça m'a fait bizarre, j'ai eu une avalanche de souvenirs d'un coup. Puis ma nostalgie a laissé place à une tristesse plus marquée. Aujourd'hui on est grand, mais à quoi bon ? Maman se retrouve seule, elle n'a même plus ses enfants...
« Ma mère je l'aime plus que tout. D'ailleurs si je dois vous dire le nombre de personne qui compte pour moi j'en ferais vite le tour. » - Lacrim
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3eychek* : s'il-te-plaît
m'zehef* : m'énerver
khouya* : mon frère
tetar* : tarte
Wech djebek wouldi* ? : qu'est-ce qui t'amènes mon fils ?
yek* ? : n'est-ce pas ?
hanouni* : mon chéri
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