42. On parle le même langage mais on s'comprend pas

En pleine nuit, et sans même me retourner sur son cas j'ai pris ma voiture et j'ai roulé sans destination fixe. Quand le froid m'a fouetté je me suis rendu compte que j'avais pas repris mon t-shirt. Mais j'voulais vraiment pas remonté...

J'avais des remords, j'ai failli commettre l'irréparable, l'impardonnable... Si j'avais baisé cette fille, j'aurais balafré le cœur de celle que j'aime. J'vis dans le hram, il est présent dans mon quotidien et aujourd'hui j'ai failli aller contre les derniers principes qu'il me reste... J'ai failli enfreindre les limites que je me suis fixé.

Mes regrets étaient amers, j'avais envie d'me foutre la tête dans le mur. J'allais céder aux avances d'une salope...

Quelque part, je me dis que ma force mentale m'a permis de tout stopper avant d'aller trop loin... Mais ça n'en diminue pas moins le dégoût que j'éprouve envers moi même.

Je pensais à Amira, je me disais qu'si un jour elle venait à l'apprendre, tout notre monde s'effondrerait.

Dès l'aube j'ai appelé Adama pour qu'il me ramène un t-shirt, histoire de pas retourner chez moi comme ça... J'lui ai menti en disant que tellement j'étais khabat* je ne savais pas ce que j'avais fais du mien...

Une fois que la raison me revenait petit à petit et que ma vision des choses était plus claire je me demandais si Maria avait fait exprès de m'bourrer... Pour arriver à ses fins. J'avais envie de la renvoyer dans son pays cette grande folle.

Vers dix heures, une fois chez moi, j'ai vu que ma femme n'était pas là. J'en ai profité pour aller me doucher et me changer. Je pense qu'elle n'a pas encore digéré l'embrouille d'hier soir.

Point de vue d'Amira

Hier soir après notre dispute Imran est sorti, alors que je pensais qu'il allait rentré, il n'est pas revenu et a passé la nuit dehors. Je ne comprends pas pourquoi il se comporte de cet manière, je commence à ne plus supporter notre quotidien. Je ne le vois que très rarement et en plus de ça, notre relation ne fait que se dégrader...

Pour décompresser un peu, je suis allée chez ma copine Caroline. J'avais besoin que quelqu'un me remonte le moral, donc je me suis tournée vers mon amie de longue date...

« Caroline : Mais t'en fais pas chérie, ce sont des choses qui arrivent dans la vie de couple... Y a des périodes où tout va mal mais ça finit par s'arranger... Dis toi que le meilleur est à venir.

- Je sais, mais j'suis vraiment mal... J'ai l'impression qu'on s'éloigne de plus en plus, j'ai peur qu'on finisse par se séparer. C'est fou ce que je vais dire, mais je crains qu'il voit une autre fille. On se voit tellement peu que je me dis que ça pourrait arriver.

Caroline : Amira t'es folle ?! Je crois que tu ne t'entends pas parler... T'as tout pour toi aussi bien physiquement que mentalement, ce serait crétin de sa part de te laisser filer pour une fille qui n'en vaut pas la peine.

- On est à l'abris de rien...

Caroline : Ma belle tu vas tout de suite arrêter de te faire des films et appeler ton homme pour régler toute cette histoire et enfin crever l'abcès. »

Une partie de moi voulait suivre les conseils de Caro, mais je n'y arrivais pas. Cette fois, j'étais bien décidée à être plus dure que d'habitude... Je laisse Imran revenir vers moi quitte à ce que ça prenne quelques jours... C'est peut-être gamin de ma part, mais c'est ainsi, malgré que ce soit mon mari je garde une part de fierté. J'en ai assez de faire l'impasse sur tout.

Caroline essayait d'me changer les idées mais j'étais toujours énervée par rapport au comportement de mon mari. Il refusait amplement de voir ou de parler à mon père, lui ça ne le dérangerait en rien, mais pour moi c'était un fardeau. Les deux hommes que j'aime le plus ne s'accordent même pas un regard... Il y a de quoi déprimer...

Je suis restée toute l'après midi avec ma copine mais j'ai fini par retourner chez mes parents... Hiba n'était pas là, il n'y avait que Wassila et ma mère. Je leur ai fais la bise puis nous sommes restées ensemble devant la télé. Nous discutions un peu de tout, bien évidemment je ne leur ai pas parlé de ma dispute avec Imran...

Sur ce domaine j'étais un peu réservée, je ne voulais pas leur faire part de mes problèmes de couple... Je ne voulais pas qu'elles pensent que mon père avait raison lorsqu'il c'était opposé à notre mariage au tout début...

Assez tard dans la soirée ma mère est allée se coucher, je lui ai fait un bisou sur le front avant de la laisser monter. Il ne restait plus que ma petite sœur et moi.

« - Mais enfaite papa et Hiba ils sont où ?

Wassila : Papa il est parti régler une affaire à Alger et Hiba elle est chez une copine.

- Ah, d'accord...

Wassila : Alors il vient avec toi Imran ce week end ?

- Non.

Wassila : Il est encore sur son embrouille avec papa ?

- Comme tu peux le comprendre...

Wassila : Il abuse, c'est pas bien d'rester sur des trucs comme ça.

- J'sais bien... Mais je peux rien y faire, je fais que de lui parler mais il reste sur ses positions.

Wassila : C'est dommage... »

Wass est allée nous chercher des petites bricoles à grignoter.

« - Wassss !

Wassila : Ouiiiii ?!

- Ramène moi ton chargeur en même temps s'il-te-plait !

Wassila : Ça marche ! »

En revenant elle a tout étalé sur la table, et elle m'a passé son chargeur. J'ai mis mon téléphone à charger puis on a commencé à grignoter toutes les deux.

Lorsque mon téléphone était plein, je suis allée le débrancher. Je m'attendais à ce que mon mari m'envoie au moins un message pour savoir si je rentrais ce soir ou non. Ce n'était pas le cas donc moi aussi je ne le calculerais pas. J'étais quand même un peu dégoûtée, mais tant pis, cette fois ce n'est pas moi qui reviendrai.

2 jours plus tard...

Wassila est venue m'apporter mon téléphone parce qu'il sonnait. J'ai vu que c'était un appel d'Imran. J'ai hésité avant de répondre mais je me suis dis qu'il me manquait bien trop pour que je continue à faire la gamine.

« - Allô ?

Imran : Amira c'est bon t'as fini ta crise là ?! Vas-y rentres à la maison !

- Mais ça va pas toi ?! Tu crois que c'est en me parlant comme ça que je vais rentrer ? »

Sans même lui laisser le temps de me répondre, j'ai raccroché ! J'étais vraiment choquée par son comportement, il avait réellement changé il n'y avait plus aucun doute.

Retour au point de vue d'Imran

Amira venait d'me raccrocher à la gueule, j'voulais la démonter. J'ai posé mon téléphone sur la table basse et j'suis allé m'asseoir en face de Nico.

Pendant qu'il était plongé dans ses dossiers, je me suis passé les mains sur le visage. J'suis totalement dégoûté.

« Nico : Qu'est ce que t'as ? T'as pas l'air dans ton assiette...

- J'ai des petits soucis en ce moment, rien d'grave t'en fais pas.

Nico : Aller racontes à tonton Nicolas !

- J'me suis pris la tête avec Amira.

Nico : Oh je vois, c'est des conflits amoureux... Qu'est-ce-que tu lui as fais ?

- Ehhhh ?! Mais pourquoi ce serait forcément moi le fautif ?

Nico : J'commence à bien te connaître Imran. -rires- T'es maladroit... Donc c'est pourquoi cette fois ?

- J'ai refusé d'aller chez ses parents.

Nico : Mais encore ?

- Parce que je me suis embrouillé avec son père y a assez longtemps et c'est toujours pas passer.

Nico : Donc j'avais bien raison, le problème vient de toi.

- J'suis pas l'seul fautif dans l'histoire.

Nico : Fais lui plaisir un peu, essayes d'y aller et si vraiment tu vois que ça passe vraiment pas, tu trouves un prétexte pour partir. C'est important d'être en bons termes avec beau papa. -rires- »

Il avait pas tord... Peut-être que je devrais mettre ma fierté et ma rancune de côté ?

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khabat* : défoncé

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