38. Enfants du ghetto pourvu que Dieu nous protège
[...]
« - Yemma, t'es sûre qu'il te manque rien ? Je peux passer au magasin si t'as besoin de quelque chose.
Yemma : Non merci wouldi, j'ai tout ce qu'il me faut ne t'inquiètes pas.
- Saha, bon je reviens vite. Salem Aleykoum.
Yemma : Aleykoum Salem. »
Je suis passé chercher ma petite nièce Wahiba, parce que mon frère et sa femme allait passer une journée que tout les deux.
Je l'ai embarqué avec moi au magasin, je lui ai acheté des cadeaux... Au passage j'ai quand même fait les courses pour ma mère.
Après être passé à la caisse, on est retourné la voir. J'ai d'abord monté la petite, puis je suis redescendu pour prendre les courses que j'avais laissé dans le coffre.
Quand je suis remontée, ma mère et Wahiba jouaient toutes les deux... C'était trop mignon.
Je les regardais et je me disais que moi aussi, j'aimerais bien être père... Je voudrais que ma mère voit grandir mes enfants, et qu'elle les voit même se marier...
Mais pour le moment, ce n'est pas réalisable... Je suis pas en mesure d'accueillir un bébé dans ma vie, ce serait trop dangereux et quel genre de père je serais ? Je serais trop absent, je serais le mauvais modèle et c'est pas ce que je veux.
La petite me sort de mes pensées.
« Wahiba : Tonton, tonton, viens jouer ! »
Je l'ai suivis et on a joué. Un quart d'heure après mon téléphone a sonné. C'était une délivrance -rires- elle m'avait trop fatiguée la petite, c'est une pile !
Je vais prendre mon téléphone et je vois que c'est Amira qui m'appelle.
« Amira : Salem Aleykoum !
- Aleykoum Salem !
Amira : En rentrant, tu peux passer à la boucherie ?
- Ouais pas de soucis, envoie par message ce que tu veux que je prenne pour pas que j'oublie. »
La petite était derrière moi, elle était devant la télé en train de rire comme un petit ange.
« Amira : Ohhh! T'es avec Wahibouuu ?
- Comment t'as deviné ?
Amira : Son petit rire là, il est tellement mignon que je le reconnaîtrais même dans la foule. -rires-
- Je comprendrais jamais les femmes...
Amira : Le rapport, chéri ?
- T'inquiètes, je me comprends...
Amira : -rires- Mais t'es chez ton frère ?
- Non, j'ai déposé la petite chez ma mère.
Amira : Oh trop bien ! Viens me chercher alors !
- J'arrive. »
Je vais prévenir ma mère que je lui ramène aussi Amira. Elle était contente, je lui fais un bisou sur le front et je prends la route.
Une fois que j'ai déposé Amira, je décide de les laisser entre femmes. Moi, je vais aller faire un petit tour à la villa.
Après avoir bien roulé, j'arrive sur place. J'ouvre le portail automatique et j'entre avec ma gova* que je laisse dans l'allée d'ailleurs...
À l'intérieur, rien à signaler y avait juste Mourad et Nasser qui surveillaient la maison comme d'habitude...
Nasser il travaille ici depuis l'autre complication qu'on a eu avec Mourad et la folle alliée qui est amoureuse de Mohsîn... Il a à peu près mon âge, je le connais pas personnellement mais il est plutôt gentil d'après ce que j'ai vu de lui jusqu'ici.
Ils viennent me tchèquer, je leur annonce qu'Adama viendra déposer quelques petits trucs tout à l'heure et je les laisse retourner à leur occupation.
Je vais quand même me faire un petit café avant d'aller rendre une petite visite à Nicolas.
[...]
Je rejoins la chambre numéro 113 et je l'ouvre avec le pass que Nico avait en double.
L'odeur du café me chatouillait les narines... Nicolas était à fond en train de gribouiller des trucs sur un tas de feuilles, il avait l'air concentré. J'ai pas voulu le déranger, mais il a fini par sentir ma présence et c'est tourné face à moi...
« - Ça bosse dur ici, on dirait...
Nicolas : Tu vas pas en croire tes oreilles, mais j'ai une idée de génie ! En rentrant du pôle emploi, où j'ai d'ailleurs décroché un petit travail, je me suis arrêté dans un cyber café ! Je me suis servis d'Internet, je crois bien que ça fait des lustres que je n'y ai pas touché ! Mais le plus important dans tout ça, c'est qu'en surfant sur le net, je suis tombé sur quelques articles qui présentaient mon ancienne entreprise... Et là, je me suis dis, "aller pourquoi pas Nico? Pourquoi ne pas tout recommencer, et bâtir un nouvel empire !" Alors, tu me suis ?! »
Sa frénésie était sans bordure, il était vraiment trop excité à l'idée de repartir à zéro... Je n'étais pas sûr de pouvoir l'aider sur ce coup, mais la folie de cet homme est capable d'emporter tout homme aussi fou que lui sur son passage.
« - Et comment ?! Bien sûr que tu peux compter sur moi !
Nicolas : Génial ! On fera des merveilles tous les deux... »
Il s'est mis à m'expliquer les quelques grandes lignes du projet... On a aussi parlé du budget, il m'a dit qu'il essayerait de mettre de côté dès qu'il aura sa première paye. Je lui ai dis que j'avais quelques économies dont on pouvait se servir...
Même si notre projet abouti à un échec ça n'aurait pas été faute d'essayer, et puis je ne pouvais pas le remballer comme ça non plus. Il était plein d'espoir, et il en avait assez pour nous deux.
J'ai appelé un livreur de pizzas, je peux vous dire qu'il a bien été choqué quand je lui ai dis qu'il devait nous livrer dans l'hôtel... Mais bon, je la voulais ma pizza.
[...]
Durant deux longues semaines, je voyais Nicolas très souvent après son travail. Quant à moi, je taffais toujours... Adnane, Adama et Nadjib était parti en Hollande. Moi cette fois je n'y étais pas allé, j'avais trop disparu ces derniers temps pour me le permettre.
J'attendais Mohsîn dans mon gamos, il prenait tout son temps donc j'ai décidé de l'appeler pour lui dire de se dépêcher. On avait une course à faire dans un quartier d'paname, mais apparement il en avait rien à foutre.
De loin je reconnais sa démarche bancale, j'allume le moteur en attendant qu'il me rejoigne. Il monte enfin côté passager et on bouge faire ce qu'on a à faire.
Une fois le taf fait, on part en direction de la villa où Mourad nous attend. Soir-ce on se fait une petite soirée entre mec.
On s'est fait livré des grecs, on les a directement entamés et on s'est mis à jouer à la play.
« - Mourad envoie la canette steuplait* ! »
Il me balance la canette, je met pause et je me fais insulter par Moha au passage.
Il prend son téléphone, je jète un coup d'œil à ce qu'il est en train de faire.
« - T'es sur les réseaux sociaux toi ?
Mohsîn : Ouais, c'est un bon moyen pour moi d'aller à la chasse. Y a des petites gazelles qui m'follow.
- Pouhahahaha, t'es un grand fou !
Mohsîn : Et toi Mourad, c'est comment avec ta petite copine ? »
On a vite remarqué que ça l'avait mis mal à l'aise donc on s'est mis à le taquiner.
« Mourad : Bah c'est normal... Juste à cause de l'autre fois là, on dirait elle était un peu traumatisée.
Mohsîn : C'est pas grave, ta beau gosse attitude compense ! D'ailleurs c'est quand qu'on vous marie ?
Mourad : On en est encore loin... Mais un jour in sha Allah.
Mohsîn : C'est moi qui vous paierai votre voyage de noce dans les îles, comme sa votre premier fils vous l'appellerez Mohsîn !
- C'est quoi ce chantage ? Tu sais que leur fils il s'appellera Imran, y a aucun doute.
Mourad : Au pire, j'aurais une fille. -rires- »
Il nous a bien mis un gros recalage, on a tous explosé de rire.
« - Moha, faut que tu te trouve une femme à marier toi aussi, au lieu de t'amuser comme un ado. Tu commences à avoir la gueule d'un papa...
Mohsîn : Ça veut dire quoi ça ? J'ai pas encore de rides, ça se voit que je suis jeune wesh... »
Il disait ça en regardant son visage dans le miroir.
« Mohsîn : Besah*, si t'as une fille bien à me présenter, j'suis preneur !
- T'as cru que je taffais dans une agence matrimoniale ou quoi ? -rires-
Mohsîn : Pff... Je savais que tu servais à rien t'façon. »
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Besah* : Mais si
steuplait* : s'il-te-plaît
gova* : voiture
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