36. Humain, mon coeur est plein et bat tout comme le tien...
Les amis d'Imran m'avaient annoncés qu'ils étaient venus ici pour me demander de ces nouvelles, car depuis quelques jours ils ne l'avaient pas vus eux aussi.
Cette annonce m'avait mit la boule au ventre. Je trouvais ça étrange qu'il ne donne de nouvelles à personne....
Retour au point de vue d'Imran
Depuis que je n'ose plus me regarder dans la glace, et que je feins mettre un pied chez moi je dors dans un hôtel parisien.
J'ai besoin de prendre un peu de temps afin de me remettre les idées en place...
Aujourd'hui, j'ai décidé de retrouver le vieil SDF qui m'a en quelques sortes fait prendre conscience de mes erreurs.
Je roulais dans le quartier de Paris, où je l'avais rencontré la première fois. À première vue, je pensais ne pas le trouver aujourd'hui car il semblait n'avoir laissé aucune trace.
Quand j'allais retourner à l'hôtel, je l'ai aperçu, assis sur un banc. J'ai donc garé ma voiture, et je suis allé le rejoindre.
Il ne m'avait pas vu, car j'arrivais derrière lui. Je me suis assis sur le banc près de lui.
« - Belle journée, non ?
SDF : En effet, la température est drôlement agréable aujourd'hui.
- Je suis venu vous remercier pour la dernière fois...
SDF : Ce n'était pourtant rien, tu n'as pas à me remercier.
- Je vous assure que si. »
Je lui ai tendu un menu que j'avais spécialement acheté pour lui... Il a d'abord hésité, puis il a accepté et m'a remercié, un peu gêné.
J'ai par la suite commencé à manger le mien. On mangeait dans le silence, jusqu'à ce que mon nouvel ami le brise.
« SDF : Pourquoi t'es-tu donné autant de peine pour revenir me voir ?
- Quand un ami m'aide, si je peux l'aider à mon tour, je le fais.
SDF : Tu sais, j'ai su que tu étais bon lorsque j'ai vu que tu ne m'avais pas remballé comme toutes ces autres personnes qui me négligent. Certains ne comprennent pas que le milieu d'où l'on vient ne définit pas la personne.
- Je ne peux qu'être du même avis que vous, le milieu auquel on appartient ne définit pas la personne que l'on est.
SDF : Tu peux me tutoyer tu sais. »
C'est d'un simple sourire que je lui réponds, j'ai l'impression que ça fait longtemps que cela n'est pas arrivé.
Je voulais tellement aider cet homme, je ne voulais pas qu'il finisse ses jours dans les rues de Paris. Il n'est pas étonnant que de tels conditions raccourcissent un temps de vie.
On discutait un peu de tout, il m'avait dit qu'il s'appelait Nicolas et je lui ai dit comment je m'appelais également.
On s'est mit à discuter de nos vies respectives.
« Nicolas : Tu sais ça fait plus de dix ans que je suis à la rue. Maintenant, j'ai quelques repères... Je vis au jour le jour, sans réellement me préoccuper de comment sera fait demain. Mon mode de vie ne me permet plus de me projeter dans un quelconque avenir. J'aurais presque pu sombrer dans la folie, en voyant où j'en suis aujourd'hui... Mais je sais aussi que Dieu existe, et qu'il finira par atténuer mes souffrances. Aussi dingue que cela puisse paraître, j'ai toujours espoir de revoir mes enfants un jour... La femme que je pensais être mon âme sœur, s'est empressée de me quitter lorsque mon entreprise a fait faillite... J'étais sur un gros projet, mais tout a coulé au dernier moment. Je sais que ce ne sont que les conséquences de mes actes qui m'ont mené à ma perte, mais je pensais l'amour plus fort que tout... Je me suis trompé. Je ne te juge pas, car moi même je suis passé par l'alcool pour tenter d'oublier et j'en passe, mais au jour d'aujourd'hui je ne touche plus à ça... Je pensais que ça me faisait du bien, mais ça ne faisait que m'enfoncer. Peut-être est-il trop tard pour que je change de vie avant de finir en cendres, mais au moins je serais mort dignement... Je ne serai pas mort d'overdose, ou d'un taux d'alcoolémie trop intense dans mon organisme. Alors, si j'ai bien un conseil à te donner mon ami, c'est de toujours croire au fait que rien ne t'empêchera de t'en sortir. Il ne faut jamais cesser de se battre dans la vie. Certes, tu vas en voir de toutes les couleurs, parce qu'il est vrai que ta vie que tu peux considérer comme douloureuse ne débute que maintenant, mais avec le temps de nombreuses issues s'offriront à toi. »
Ces paroles étaient digne d'un grand homme... Son vécu m'avait touché. J'aurais aimé le rencontrer avant d'avoir causer autant de dégâts.
Il venait de me faire prendre conscience que j'étais chanceux d'avoir une femme aussi forte et loyale qu'Amira.
Il fallait que je réussisse à me faire pardonner pour mon comportement, j'espère qu'elle sera encore là lorsque je serais de retour chez nous.
Pour moi, il était clair et net que je devais aider cet homme. Je ne pouvais pas le laisser sans rien faire, alors qu'au final il avait tellement fait pour moi.
Le destin est bien fait, je l'ai sûrement rencontré au bon moment...
C'est vrai que mon argent est sale, mais si je peux aider quelqu'un avec ce n'est pas plus mal. J'aurais aimé lui offrir de l'argent hlel, mais je ne suis pas en mesure de le faire pour le moment.
Alors même si ce n'est peut être pas une bonne action en soi, je suis allé chercher une assez bonne somme afin d'aider mon nouvel ami.
En voyant, cet assez grosse liasse de billet, Nicolas a tout de suite refusé. J'ai néanmoins insisté.
« - Laisses-moi t'aider comme tu l'as fais pour moi.
Nicolas : L'aide que j'ai pu t'apporter, ne vaut pas une telle générosité Imran.
- Elle vaut bien plus mon ami... »
Il est toujours hésitant mais je ne lâcherai pas l'affaire d'aussi tôt.
« - Un nouveau départ s'offre à toi Nicolas, alors accepte le... Après tant d'années, il est tant pour toi de te reconstruire. »
J'ai pu le convaincre, on est d'abord aller lui prendre une chambre d'hôtel pour quelques temps. Il s'est lavé pendant que je suis allé lui acheter quelques vêtements neufs.
On avait prévu qu'il se mette à la recherche d'un emploi rapidement pour qu'il puisse d'après lui pouvoir être en mesure de me rendre ce que je lui ai donné. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il ne me doit rien car un cadeau reste un cadeau. Mais si croire que j'accepterai qu'il me rende l'argent lorsqu'il sera plus stable financièrement, le faisait accepter mon aide ce n'est pas plus mal.
Lui ayant fait un petit débrief sur la situation tendue entre moi et Amira ces temps-ci, il m'a poussé à aller la voir pour arranger les choses. D'ailleurs il a bien insisté en disant que j'avais une perle entre les mains et qu'il ne fallait surtout pas que je la laisse me glisser entre les doigts.
Je suis d'abord passé dans ma chambre d'hôtel pour récupérer mes affaires et allumer mon téléphone qui était resté jusqu'ici éteint.
Il ne faisait que vibrer, j'avais reçu plusieurs appels de tout le monde. J'irais les voir un par un, mais d'abord je veux crever l'abcès avec Amira.
[...]
Je respire et entre la clé dans la serrure, je m'attends à toutes les réactions possibles de sa part.
Je rentre, l'appartement est vide... J'entre dans chacune des pièces pour vérifier, mais je ne la trouve nulle part.
Alors c'est bon, elle est partie ?
Tout se brouille dans ma tête... Peut-être qu'elle a réellement décidé de s'en aller...
Je m'allonge sur le canapé, et je reste là comme un con, totalement dégoûté. J'ai merdé, la situation m'a complètement échappée.
Je fixe le plafond, j'arrive même plus à réfléchir. Ça m'fout le seum de voir que je perd tout ce qui me tient à cœur dernièrement.
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