30. Moi quand tu saignes je saigne


« - C'est une espagnole ?

Adnane : Comment tu sais ? -surpris-

- Je t'ai cramé, tu connais, j'ai toujours un œil partout.

Adnane : J'suis choqué sa mère, tu m'as cerné !

- Toujours, toujours.

Adnane : Faut que je parle à Carmen, mais vas-y j'le ferais plus tard, avant qu'on rentre en France. »

Quoi ? Il a bien dit Carmen ? J'me suis trompé sur toute la ligne en faite... C'est Carmen qu'il veut... C'est pour ça qu'il voulait venir en mission... Que tout à l'heure ça lui avait pas plu mon attitude avec elle. Tout s'explique maintenant. J'crois même que c'est elle la meuf avec qui il parlait presque tout les soirs au téléphone. L'connard il me l'a caché longtemps.

Je m'attendais pas à ce qu'elle lui fasse tourner la tête. Au moins j'suis soulagé qu'ce soit pas l'autre pétasse de Maria qu'il lui fait de l'effet. Elle s'prend trop pour une cesse-prin, mais elle mérite que des gifles.

Je le laisse rejoindre sa mra et je remonte dans ma chambre. J'ramasse mon téléphone qui est tombé au sol. J'ai au moins dix appels en absence d'Amira. Elle a commencé à m'appeler hier soir et j'ai eu quelques appels ce matin aussi. J'espère qu'elle a rien de grave, en vrai j'voulais parler à personne actuellement, mais bon, j'préfère l'appeler au cas où elle aurait une galère.

Au moment même où j'allais la rappeler, elle appelle. Je décroche vite.

Point de vue d'Amira

J'en peux plus, j'ai un putain de mauvais pré-sentiment. Depuis hier soir, j'ai une douleur à la poitrine... J'ai peur qu'il soit arrivé quelque chose de grave à Imran. Je n'ai fais que l'appeler, mais il ne répondait pas. J'étais tellement anxieuse que j'en ai fais des cauchemars. Et si son avion avait subit un crache aérien ? Je ne sais pas moi, il aurait pu lui arriver n'importe quoi. Il faut que j'en ai le cœur net, parce que j'suis en train de me torturer à me faire des films comme une paranoïaque depuis hier...

Tant pis je le rappelle quitte à passer pour une folle. Il répond à la deuxième sonnerie, ça me rassure déjà un peu, mais je stresse encore un peu à l'idée que je puisse recevoir une mauvaise nouvelle à tout instant.

« - Allô ? Imran ! Tu vas bien ? J'me suis inquiétée !

Imran : Désolé, oui j'vais bien et toi omri* ?

- J'ai eu la peur de ma vie... -soupir-

Imran : Pourquoi ?! Qu'est-ce-qu'il se passe ?

- Rien, maintenant que tu m'as dis que tu allais bien ça va mieux... J'ai eu un très mauvais pré-sentiment hier... J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose de grave.

Imran : Putain...

- Imran ? T'es sûr que ça va ?

Imran : Oui, t'en fais pas. J'vais bien, t'as pas à t'inquiéter.

- Oui... T'as raison. J'suis désolé.

Imran : C'est pas grave. J'me porte bien.

- D'accord...

Imran : D'ailleurs dès ce soir j'aurais plus de réseau pendant un moment, je t'appellerai une fois qu'on repartira en ville.

- Heu... Ok. Fais attention à toi Imran.

Imran : C'est plutôt moi qui devrais te dire ça.

- Je t'aime.

Imran : Moi aussi. »

Je voulais pas l'inquiéter plus que ça... Alors j'ai fais mine de ne rien voir... Mais je suis pas bête, j'ai senti dans sa voix que ça n'allait pas, même s'il prétend le contraire... J'sais pas ce qu'il me cache mais j'finirais par le découvrir. J'espère qu'il n'a pas eu de problèmes à l'autre bout du monde.

J'étais quand même un peu soulagée parce qu'hier en pleine nuit je me suis réveillée avec ce sentiment sinistre... J'étais limite en sueur. J'ai directement pensé à Imran. J'avais l'impression qu'il était mal et pire que ça j'me suis imaginée milles et un drames. Il m'a dit que tout allait bien alors ce n'est pas la peine que je persiste, j'veux pas qu'on soit en mauvais termes alors qu'il est loin de moi. Je lui en reparlerais quand il sera revenu.

Retour au point de vue d'Imran

Entendre sa voix ça m'a fait un bien fou. J'étais apaisé... C'est quoi cette histoire de mauvais pré-sentiment ? Ça à l'air fou dit comme ça, mais c'est comme si elle avait ressenti ma douleur et tout le mal-être que j'portais en moi la veille. Cette femme c'est mon âme soeur, j'en ai aucun doute.

Ça m'fait mal de dire ça... Pas parce que j'passe pour un pd, parce que c'est pas le cas. C'est ma femme et c'est normal que je pense des bonnes choses d'elle... Le problème c'est que je ne la mérite pas. C'est une femme de bonne famille, droite, pieuse... Elle a tout pour elle. Parfois j'me demande qu'est-ce-qu'elle fait avec quelqu'un comme moi. Quand je la vois prier j'me dis qu'elle mérite mieux que moi.

J'ai tout lâché, j'baigne dans le hram. J'ai peur de mourir dans cette situation... J'suis même pas sûr que l'Éternel me pardonnera mes mauvaises actions. Quand je pense à des trucs comme ça j'déprime, c'est pour ça qu'à chaque fois que je reviens à la raison j'chasse ses idées de ma tête.

J'étais comme un hmar* dans mes pensées quand ça toque à la porte. C'est qui ça encore ? J'peux jamais être tranquille ou quoi ? J'fais semblant d'pas être là pour que la personne parte, mais j'vois que la porte s'ouvre quand même sur Maria. J'ai bien l'impression que j'vais me la farcir jusqu'à la fin elle. Elle est chiante, c'est abusé.

« - Je t'ai dis d'entrer toi ?

Maria : Non... Mais...

- Bouges.

Maria : J'veux vraiment te parler...

- C'est dommage parce que c'est pas mon cas.

Maria : J'voulais m'excuser.

- Tu connais le chemin de la sortie. »

Elle repart la tête baissée. On lui a jamais dit qu'il fallait pas blesser un homme ? Ses excuses j'en veux pas, et même si elle s'excuserai tout les jours auprès de moi, le mal est fait. J'suis un monstre maintenant, alors pourquoi pardonner ?

J'savais pas quoi faire donc j'ai commencé à me préparer pour soir-ce. J'avais pas déballer mes affaires alors j'avais pas à les refaire, j'ai juste mis mes vêtements sales dans un sac plastique que j'ai jeté dans ma valise.

J'avais besoin d'air alors j'suis descendu en bas et j'ai fais un petit tour dehors. C'était une mauvaise idée, parce que je me suis mis à avoir des flash... Je nous revoyais ramener cet homme à Carlos. Mais qu'est-ce-que je croyais ? Qu'ils allaient faire une partie de bille ensemble ? J'ai pas réfléchit, j'suis qu'un con t'façon.

J'me disais bien que Carlos nous mangeait trop dans la main pour les petits services qu'on lui rendait, mais j'me suis douté de rien. J'voyais pas plus loin que le bout de mon nez et ça m'a joué des tours. La seule chose que j'ai gagné en faisant ça, c'est la mort d'un homme sur le dos.

J'essaye d'me rassurer en me disant qu'il a surement dû faire quelque chose pour mériter sa mort, mais même ça c'est pas assez... On est des humains comme lui, c'est pas à nous de décider d'ce genre de chose.

J'me dégoûte... J'ai perdu toutes mes valeurs et mes principes en quelques secondes, sur un coup de tête j'me suis aventuré dans le mal.

J'suis retourné à la villa, j'avais besoin de boire pour oublier ma peine. On était à quelques heures du départ, mais tant pis un verre ou deux ça peut pas m'faire de mal. J'attrape une bouteille puis je m'assois près du comptoir.

J'entends la serrure tourner, j'sais d'avance qui s'est sans même me retourner. Cette folle a fermé la porte à clé, pour être sûre que je l'écoute.

« Maria : Maintenant tu vas m'écouter.

- Tu casses les couilles.

Maria : Je t'ai pas tout dis... J'voulais vraiment te parler avant que tu t'envoles pour Cuba.

- Tu veux quoi encore ?

Maria : Juste que tu m'écoutes, après promis j'te laisse.

- Parle.

Maria : Tout d'abord, je sais que j'ai dis des choses qu'il ne fallait pas, mais si j'ai agis comme ça c'est parce que ça fait des mois que je ramasse les morceaux à la petite cuillère. Carmen était au bout du rouleau et la voir comme ça, ça m'a rendu folle...

- Tu m'expliques c'est quoi le rapport entre Carmen et... et... »

J'avais bégayer comme un bouffon, j'arrivais pas à dire clairement « l'homme que j'ai tué ».

_____________________

omri* : mon cœur/amour
hmar* : âne

_____________________

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top